Elle a renoncé. Elle a renoncé à raconter, à expliquer. Elle se contente de renvoyer la balle. (ft charly)
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De certains mots, de certains regards, on ne guérit pas. Malgré le temps passé, malgré la douceur d'autres mots et d'autres regards.
June soupire, l’envie d’envoyer le téléphone à l’autre bout de la pièce est tentant, prenante mais elle n’a pas envie d’en racheter là tout de suite, elle a besoin d’argent pas besoin de le perdre de cette façon. Un soupire, encore, comme si elle se dégonflait, voir déjà les collègues avant la date prévue - qui était demain, quelle idée. Pourtant, après des semaines à ne pas sortir ou à ne voir que Jack, l’idée de voir du monde se trouve plutôt alléchante. D’un geste rageux, elle jette la couverture, à l’autre bout du lit, un léger « putain » se fait entendre quand sa carcasse se tient debout. Elle se fera payer les bières et l’alcool, c’était un fait, pas question qu’elle ne dépense un centime alors qu’on la force à sortir son cul de chez elle. Elle regarde ce qu’elle peut mettre, de quoi ne pas ressembler à un vieux sac. Elle opte pour une robe noire et une paire de botte classique, elle choppe une vieille chemise qui trainait sur sa table de nuit. Quand elle l’enfile, son cœur rate un battement, les regrets d’une étreinte trop courte et le silence d’erreurs qui continuent à lui manger le cœur. Un soupire accompagné d’un geste de la main, pour chasser les fantômes. Charlie est parti, il ne reviendra pas. Et si toute l’affection qu’elle peut lui offrir à cet homme qui lui montrer un pays fait de merveilles, il y a Jack maintenant. Il est présent, il l’aime sans se poser de question. Elle attrape les clés de sa voiture, avant de sortir de chez elle. Le chemin se fait automatiquement, pas de quoi réfléchir longtemps, le chemin trop longtemps fait avant qu’on lui demande aimablement de prendre quelques mois de vacances.
(tenue)Une fois sur le parking, elle reste quelques minutes dans sa voiture, à la recherche d’un souffle, d’un moment de courage. Si elle fait la forte tête, si elle fait croire qu’elle ne laisse rien l’atteindre, son cœur s’épuise, lui. Dans cet endroit où elle se sent en sécurité, il prend un peu de courage, un peu de repos. Ils vont penser quoi les autres, au final ? Est-ce qu’elle va être celle qu’on pointe du doigt ? Une petite claque sur la joue, elle sort en claquant fort la porte de sa voiture. D’un geste assuré, elle rentre dans le pub, elle voit les collègues, elle leur offre un sourire en commençant :
« J’paie rien, tu m’as fait sortir de chez moi, Drew, c’est toi qui paies. »
Elle s’installe à la première place libre, elle ne l’a pas vu, pas tout de suite. La table prise, la disposition des gars, un peu comme si on voulait faire une surprise. L’odeur touche ses narines, son cœur s’arrête, elle a l’impression qu’elle pourrait mourir, là, tout de suite. Il était là, le choc. Il était là, cette odeur poivrée et boisée, de cet homme qu’elle a si souvent serré contre elle. La voix de Drew la tire de ses pensées. « Et t’as vu, tu reprends le même jour que Charlie, ce serait comme à l’époque. » Un sourire gêné, elle ne le regarde pas. Et si elle voulait fuir, elle voit déjà sa bière arrivée. Elle voit les choppes qui se lèvent, avec cette phrase : « Au retour de la meilleure équipe ! » Sa voix se mêlent à celles des autres. June, elle ne le regarde pas, la blonde n’ose pas. Pourtant, elle entend cette voix qui participe à la conversation, celle qui s’est lancé après avoir trinqué. Son cœur brûle, un peu plus, un peu plus fort. Elle sent qu’il s’embrase alors qu’elle cherche à éteindre ce feu. Et dans sa tête, elle compte, un deux trois, à plusieurs reprises, avant que sa voix se mêle à celles des autres. Malgré cette odeur si présente, peut-être est-ce un fantôme ? Mais cette idée s’évanouie aussi vite qu’on propose une photo de groupe, elle doit se presser contre lui pour que tout le monde soit sur la photo, elle se retient de respirer, un sourire factice pour le selfie de groupe. Et puis on montre, il est bien là mais elle détourne l’attention, la sienne, de ce qui lui prend aux tripes. « T’as toujours une sale tronche sur les photos, Drew. Tu ne seras jamais capitaine. » Drew rit, le rouquin pointe du doigt l’homme à côté d’elle, en expliquant : « C’est sûr, surtout que c’est Charlie qui monte en grade avant moi, il sera notre sergent. »
Si un sourire factice, une légère félicitation, du bout des lèvres, June sent tout s’écrouler, revoir Charlie tous les jours, elle a envie de pleurer. Elle se lève, s’excuse, elle a besoin de fumer. Elle s’en va prés de sa voiture, pour aller chercher ses cigarettes. Elle l’allume, elle espère que c’est la dernière, qu’elle finirait par mourir une fois le poison usé.
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Ce message lui arrache immédiatement un sourire. Durant les quelques mois qu'il a passé dans le Queens, ce qui lui a sans doute le plus manqué c'est ça : l'esprit de camaraderie et de famille qui a toujours régné au Bronx. Bien sûr, comme partout, certaines affinités se créent et avec le stress, il n'est pas rare que les esprits s’échauffent un peu. Mais l'équipe reste soudée, quoi qu'il advienne et ce genre de réunion (parfois très alcoolisé, parfois pas vraiment) participe sans aucun doute à conserver leur équilibre. Parmi les choses qu'il appréhendait le plus avec son retour, c'est que ça ait pu changer durant son absence, que le groupe se soit perdu. Et aussi que son nouveau grade l'éloigne de ceux dont il a été si proche, pour certains durant près de vingt ans. Alors l'occasion de retrouver tout le monde de façon aussi informelle est parfaite. Le chemin qu'il prend pour se rendre au pub, il l'a fait des dizaines, voire des centaines de fois auparavant. En toute saison, dans toutes les circonstances possibles. Moins, pendant l'année qui vient de s'écouler, évidemment. Il a tenté de créer des liens dans son commissariat du Queens, de s'aligner avec les habitudes de l’équipe. Mais les siennes ont la dent dure et quand on lui a proposé de revenir, il a sauté sur l’occasion. Il est aux anges, tandis que ses anciens coéquipiers l'accueillent avec de francs sourires et une bonne pinte. Sa place est ici, il n'y a pas de doute. La place vide à côté de lui, il n'y fait pas vraiment attention Charly. Trop heureux de ces retrouvailles et de se rendre compte que malgré le temps écoulé, rien n'a changé. Plusieurs mois viennent de défiler, pourtant, il a la sensation d’être parti hier. Il prend des nouvelles des uns et des autres, s’intéressent aux affaires en cours qui ne manquent pas d’être évoqué, car, même en de telles circonstances, le travail n’est jamais bien loin, il fait parti d’eux.
Elle ne le voit pas tout de suite lorsqu’elle pousse à son tour les portes du pub d’un pas décidé, clamant haut et fort qu’elle ne paiera rien ce soir. Elle s’installe machinalement à ses côtés, toujours sans faire attention à lui. Lui, son coeur s’arrête un instant lorsque son regard bleuté se pose sur elle, détaille sans même le vouloir sa silhouette et ses courbes de rêve qu’il a tant exploré mais dont il ne pourrait probablement jamais se lasser. Elle est sublime, comme toujours et il la déteste immédiatement pour ce qu’elle lui fait ressentir, pour ses sens qui s’éveillent malgré lui et cette odeur si familière et en même temps si lointaine qui titille ses narines. Il t’a manqué son parfum Charly, si souvent et si intensément. Il savait qu’il allait la revoir bien sûr, parce qu’il s’est bien informé sur l’équipe qu’il aurait sous ses ordres et que de tous, c’est probablement elle qui lui donnerait le plus de fil à retordre. Il savait mais il ne se doutait pas une seconde de l’effet qu’elle aurait encore sur lui. Ou peut-être que si, peut-être que c’est ce que tu attendais. Pour se sentir vivant. Encore. Les regards s’évitent et il reprend pied avec la réalité, tente de savourer l’instant en ignorant la présence à ses côtés. Le souffle se fait plus court, le corps plus raide lorsqu’il doit passer un bras autour de ses épaules pour la photo de groupe. Et c’est d’autres images, bien plus intimes de vos corps qui se pressent qui s’imposent à toi. Mais t’as pas le droit Charly, tu dois pas penser à ça. Il a chaud, un peu trop alors il décide d’aller prendre l’air. Il l’a vu sortir bien sûr, mais il n’imagine pas qu’ils se retrouveront seuls. L’endroit est bien plein ce soir, alors il trouvera bien un collègue auprès de qui se redonner une contenance. Évidemment, il n’y a qu’elle. Il est (presque) pas mécontent cependant, parce qu’il peut relâcher un peu la pression et s’appuyer contre le mur quelques secondes en se prenant la tête entre les mains. Il souffle, Charly. C’est dur de la retrouver, beaucoup plus qu’il ne l’aurait pensé. « T’as du feu ? » qu’il lui demande en franchissant les quelques mètres qui les séparent encore. Il fume pas tout le temps, mais là, il a besoin de ça. Pour calmer son flot de pensée, pour profiter malgré tout du reste de la soirée. Pour briser la glace aussi, parce que tôt ou tard ça devra arriver.[/justify]
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Puis y'a eu l'accident et t'es parti. Parce qu'au même titre que la passion puissante te dévorait, la colère qui t'animait désormais était incontrôlable, destructrice. Tu lui en voulais terriblement à June. Mais maintenant que t'es dehors et que vous vous faîtes face, tu te rends compte que tu lui en veux peut-être d'avantage pour ce qu'elle réveille chez toi que pour ce qu'elle a fait - ou non - ce jour là. L’ambiance est glaciale, évidemment et tu penses d’abord qu’elle engagera jamais la discussion. Tu tires doucement sur ta clope en l’observant à la dérobée. Elle est furieuse, mais l’éclat de rage que tu vois briller au fond de ses prunelles azurées te donne tout sauf envie de fuir. T’imagines au contraire comment tu pourrais utiliser cette colère à ton avantage, comment elle pourrait vous servir à tous les deux même. « Mmmm… sympa mais trop calme, j’aurais pas pu rester là-bas sur du long terme… » Tu le savais quand tu étais parti d’ailleurs, que tôt ou tard si tu en avais l’opportunité tu reviendrais dans le Bronx. Tu réalises en même temps qu’elle serre sa chemise contre elle pour se tenir chaud que c’est une des tiennes, que tu pensais avoir perdu au travail et tu te retiens de sourire. L’idée qu’elle l’ait gardé suscite un peu trop de joie chez toi. Ton coeur cogne lourdement contre ta cage thoracique tandis qu’elle écrase sa cigarette et qu’elle comble la distance qui vous séparait encore. Si tu tendais le bras, tu pourrais aisément l’attirer à toi. Tu sens son souffle sur tes lèvres et tu devines en même temps que sa colère le désir que cette proximité éveille en elle. « J’ai jamais eu besoin de me prouver que je pouvais commander, je le fais, c’est tout. » Et ce n’est pas au travail que tu penses à cet instant mais à son corps, brûlant sous tes baisers, à ses bras que tu maintenais parfois au dessus de sa tête pour qu’elle soit à ta merci. « Ça t’as jamais dérangé je crois… » Les yeux dans les yeux, tu sais que tu joues avec le feu, mais tu peux pas t’en empêcher. Et t’as beau te convaincre du contraire, en vrai, tu rêves déjà de te brûler.
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C'est dangereux ce que tu fais Charly. T'en as conscience à la seconde où tes pas te mènent dehors et où tu constates qu'elle est seule. Cette limite, tu t'es promis de pas la franchir en revenant. Pour votre bien à tous les deux. Parce que tu sais le mal que tu as dû lui faire en partant, ce que tu as brisé. Tu sais - ou du moins tu imagines - le manque qui a pu la ronger, pour la simple et bonne raison qu'il a aussi été le tien. Tu savais que ce serait difficile quand t'as pris la décision d'accepter la proposition qu'on te faisait et d'aller travailler quelques temps dans le Queens. Tu savais que ton équipe allait te manquer, que les choses seraient différentes. Tu imaginais ce que tu pourrais ressentir en perdant June. T'y as pensé avant de prendre ta décision, bien sûr. Mais t'étais aveuglé par la colère à ce moment là, t'avais l'impression que tu tu pourrais pas lui pardonner ce qui était arrivé à ta soeur, qu'elle était responsable. Les jours sont passés et le film a défilé des centaines de fois dans ta tête, encore et encore. Tu le revivais sans cesse, comme pour te punir de n'avoir rien pu faire, d'avoir été là, impuissant, à regarder Meghan souffrir. Le film a défilé sans cesse, de sorte que tu ne puisses pas faire autrement que de voir la vérité en face : elle y était pour rien la jolie blonde, pas plus que toi. Certes, elle avait eu cette seconde d'hésitation au moment où elle avait reconnu son frère, mais qui ne l'aurait pas eu ? Qui aurait tiré malgré tout, au risque d'engendrer la mort ? Mais le mal était fait et c'était mieux comme ça sans doute, tout du moins, t'as essayé de t'en convaincre. Sauf que maintenant qu'elle est là, en face de toi, t'as du mal à te souvenir de toutes les raisons que t'as pu trouver pour pas la rappeler, pour laisser l'histoire s'arrêter là, malgré tout ce que tu pouvais ressentir, malgré le vide abyssal qui grandissait au fond de toi à mesure que t'essayais d'accepter l'idée que c'état fini, que ce qui avait été brisé ne se recollerait jamais. T'avais peur qu'elle t'en veuille, peur que les choses changent alors t'as préféré disparaître que d'affronter la réalité en face.
"J'avais pas le choix, June." Ou peut-être que tu ne te l'ai pas vraiment laissé. Peut-être que t'as fait pénitence, en quelque sorte, comme si ça allait changer quelque chose pour ta soeur. Peut-être - sans doute - que t'as fais une erreur et que c'est plus facile de t'enfoncer dans tes retranchements que d'avouer que t'as eu tort. Fierté tenace qui bloquent les mots au fond de ta gorge, même si dans le fond tu sais que ça vous feraient du bien à tous les deux de les entendre. Parce que la vérité, c'est que malgré les mois écoulés, rien de ce que tu éprouvais pour elle n'a disparu. Tu joues, tu provoques, tu t'amuses presque de ses réactions et de sa tête des mauvais jours quand tu sens que t'as touché juste. "Je suis pas supérieur à toi. Ça me convient très bien d'ailleurs." Face à la force du désir qui vous animent, vous êtes égaux tous les deux. Incapable de le contrôler ou de l'ignorer. Plus elle te pousse et plus tu peines à ne pas attraper ses bras au vol pour l'attirer à toi. Mais tu te contiens, tu restes stoïque. Un peu parce que tu sais que ça la rend dingue quand tu réagis pas. Beaucoup parce qu'elle a raison et qu'il n'y a pas grand chose que tu puisses rétorquer. Tu recules et tu la laisses faire, en la dévorant des yeux. Quand c'est plus ses poings que tu sens sur ton torse mais ses lèvres qui viennent s'unir aux tiennes, tu sais que c'est foutu, que peu importe les belles promesses que t'as pu te faire avant de revenir, tu n'en tiendras aucune. Tu n'auras plus envie d'en tenir aucune. Tu grognes doucement contre sa bouche, t'entends à peine ce qu'elle marmonne en reculant, trop occupé à attraper son bras, puis ses hanches, pour la ramener contre toi. À ton tour, tu viens capturer ses lèvres doucement, chastement presque. Tout ce que vous n'êtes pas. Tu te contiens, tu savoures l'instant mais t'en veux déjà bien plus. D'un geste, tu inverses les positions pour qu'elle se retrouve contre le mur, dos à toi. Tu presses ton corps contre le sien et déposes quelques baisers sur sa nuque. "On va retourner à l'intérieur. Trente minutes, puis tu seras un peu fatigué et je proposerais de te raccompagner. Que tu vois à quel point tu as pu me manquer." De nouveau, quelques baisers sur sa peau et ton bras qui glisse doucement le long de ses hanches. Puis tu t'arraches à elle, presque douloureusement pour rejoindre les autres à l'intérieur du pub.
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