champagne and cherry, baby

07.2023 - @haisley wood

tes tympans te rappellent à l'ordre, il est temps de t'éloigner de ta table situé juste à côté du DJ pour aller commander une troisième bouteille de champagne. tu venais de rentrer de cancún juste à temps pour cette soirée. même après 4h30 de sommeil, l'équivalent de ton vol retour. te voilà de nouveau dans ton élément. impossible de rater la soirée de la semaine. une boîte huppé, un DJ reconnu, une guest list sélective et une table VIP qui t'avait été promise. la musique à fond et l'alcool à flot qui fait vibrer la grande pomme. même le paradis mexicain n'arrive pas à dupliquer cette énergie bien particulière à new york.. vêtue d’une de tes tenues de soirée préférées : ta petite robe noire (en réalité quasi transparente) et tes yeux félins accentuaient par un smokey eye. prête pour la chasse, la drague, n’importe quoi pour t’occuper et pomper ton coeur d’adrénaline. t'avais dû pousser quelques lambdas qui attendaient pourtant bien avant toi mais ta commande avait été passée. juste une bouteille de champagne.  pas besoin de verre ni de seau. tu voyais un certain charme à te balader avec une bouteille, qui valait le loyer de certain, en main. tes doigts impatient tapotent jouent avec ton collier. ton regard, lui, scanne la boîte à la recherche de têtes familières. bingo. une chevelure brune que tu reconnaîtrais entre milles. t'espérais la rencontrer, comme souvent vous vous croisez. tu remets la faute sur l'exclusivité qu'ont vos trains de vies. un cercle social semblable à un ménage d'auto-tamponneuses où la collision est inévitable. ton côté sentimental, existant bien que minime, préférerait parler de destinée ou fatalité, mais rien que l'idée te donne le haut-le-coeur. bien trop cucul. bouteille tendue, aussitôt empoignée pour te diriger vers la belle. tu glisses derrière elle et par la même occasion dans son oreille « cette couleur te va à merveille. », ta main libre effleure sa taille. « c'est pour moi que tu t'es faite aussi belle ? » approche instigatrice, curieuse de voir la réaction d'haisley. souvent ignorée, voire rejetée et pourtant tu ne te lasses jamais de jouer avec elle.

w/ @raela nasr

( OOTN ) Une musique sourde berçait son âme craquelée en quelques aspérités douloureuses, creusées par le poids des mensonges et les secousses d'innombrables ténèbres courant sous sa peau. L'obscurité rongeait ses chairs et serpentait insidieusement dans ses artères jusqu'à ce cœur agonisant au creux de sa poitrine. Le soleil s'était éteint pour encenser la demi-lune qui se reflétait désormais dans ses onyx. Corps désarticulé, chancelant sous la brutalité du silence, de leurs regards, du vide et d'une solitude devenue soudainement amicale, se réchauffait dans la matrice de l'enfer. Un feu salvateur brûlait dans ses veines et anesthésiait ses ecchymoses violacées, invisibles aux yeux des innocents et des heureux qu'elle contemplait du haut de sa tour d'ivoire. Ils étaient beaux. Ils étaient fascinants. Ils dessinaient le tumulte de quelques arabesques en une danse lascive, et les démons glissaient sur la sueur suintant de leurs pores. En bas, les bleus et ces entailles profondes n'existaient pas. Jalouse, l'effigie trempa ses lèvres dans l'or nacré qu'elle s'était offert et dont les bulles éclatèrent sur ses papilles, étreignant ensuite son œsophage avec douceur. La luxure brillant dans ses pupilles et les envies se réveillant en elle, l'envie de rêver, de vibrer, de voyager, l'envie d'un ailleurs dans lequel se plonger, s'égarer, s'oublier pendant un instant ou une nuit. Le besoin urgent de s'échapper.

Un souffle chaud et inattendu l'effleura délicatement, électrisant le corps chiffon de la poupée. Cette voix suave, de celles ancrées dans sa mémoire et dans ses souvenirs, fit naître une nuée de frissons sur l'échine diapason. Elle balaya aussitôt ses longs cheveux bruns derrière son oreille comme pour mieux l'entendre. Geste instinctif ou le conditionnement tenace dû à la présente vénéneuse qui s'était faufilée derrière elle. Les effluves toxiques de son parfum envoûtaient les sens de la plus jeune qui l'inhalait malgré elle dès qu'elles se retrouvaient. Et sa main naturellement posée au creux de ses reins comme si elle y avait toujours eu sa place. Elle maudissait ses chairs, traitres, de répondre si facilement aux caresses pernicieuses de sa Némésis. La noctambule se retourna, laissant les fines phalanges de l'audacieuse se perdre sur sa hanche, et la fusillant du regard, les repoussa de sa main. « Pour n'importe qui d'autre, mais certainement pas pour toi. » Plaines obsidiennes bordées de cuivre et nimbées d'un éclair de colère s'élevèrent vers les cieux tandis qu'elle crachait un soupire. « Désolé de te briser le cœur encore une fois. » Faux sourire plaqué sur les lippes, elle vida le cristal qu'elle tenait entre ses doigts d'une traite pour se donner du courage. Elle s'éloigna alors d'un pas, ses talons noirs claquant sur le marbre, alors qu'elle lui imposait une distance de sécurité.