perdu dans ton regard (kayden)

« T’es sûre que ça va aller m’man ? » qu’il demande, inquiet. Elle est tombée. Le médecin a dit que ce n’est rien de grave mais il ne sait pas faire autrement que de s’inquiéter Rory. Parce que sa mère est tout pour lui et qu’il veut qu’il ne lui arrive strictement rien. Il veut que tout aille bien pour elle. « Mais oui. Je n’ai pas fait attention mais je vais bien. Ce n’est qu’un petit hématome et regarde, je bouge très bien mon bras. » Rory plisse les yeux alors qu’elle bouge effectivement très bien le bras. « Hm. » qu’il dit dans sa barbe. Bon. Si elle dit qu’elle va bien, c'est qu’elle va bien. Rory se détourne d’elle et va ouvrir le frigo pour aviser ce qu’il y reste. « J’irai te faire des courses demain après le boulot. » annonce-t-il en refermant le frigo. « Je peux aller faire mes courses. » « Hors de question que tu portes des sacs alors que tu as le bras en vrac. Et c’est pas négociable m’man. » qu’il dit, le visage résolu. Elle finit par sourire et lui de sourire en retour. Il s’approche et la prend dans ses bras avant de déposer un tendre baiser sur son front. « A demain alors. » « D’accord. » « Je t’aime m’man. » « Moi aussi je t’aime mon chéri. » Ils se regardent un instant sans rien dire de plus. L’échange est silencieux mais fort. Oui, ils s’aiment. Et ils sont tout ce qu’il reste de leur famille à présent. Il n’y a plus qu’eux, eux deux. Alors ils s’accrochent l’un à l’autre. C’était déjà le cas avant la mort de Finn, c’est encore plus le cas aujourd’hui. Rory lance un petit clin d’oeil complice à sa mère et récupère son casque de moto avant de sortir de l’appartement. Il n’habite pas près d’elle pour la bonne et simple raison qu’il lui a trouvé un appartement dans un des quartiers le plus calme de la ville. Pour qu’elle y soit bien. Et lui, il a son petit studio dans Brooklyn, ce qui lui suffit largement. Il préfère que ce soit sa mère qui ait tout le confort qu’il lui faut. Rory, de son côté, peut se contenter d’un mode de vie très spartiate.

Une fois arrivé en bas de chez lui, il gare la moto en bas de l’immeuble haut de quelques étages, sans ascenseur. Lui vit au dernier étage mais il est sportif alors monter les marches ne le dérange pas. Casque en main, clés dans l’autre, il file donc jusque chez lui. Petit studio oui, avec un lit, un meuble avec une télé dessus, une armoire, un meuble d’aquarium et l’aquarium dedans (ça lui a coûté plus cher que tout le reste en fait), une petite cuisine et dans la pièce d’à côté la salle de bain et les toilettes. Le studio bien que petit est d’une taille raisonnable pour quelqu’un qui vit seul, sans enfants, sans animaux de compagnie en dehors des poissons dont il s’occupe d’ailleurs bien rapidement après être rentré. Ils ont l’habitude et se pressent à la surface de l’eau lorsqu’il leur donne à manger et ça le fait sourire Rory. En fait, ça lui rappelle son boulot à l’aquarium, la façon dont les poissons et autres créatures ont l’habitude de sa présence. Il a même, si on peut dire, sympathisé avec un poulpe qui le colle quand il vient nettoyer son petit récif. Finalement, ce boulot solitaire et calme lui convient très bien. Il lance au micro ondes le réchauffement du plat de mac n’cheese qu’il a fait cuire la veille : jamais de gâchis avec Rory. Jamais. Pendant ce temps-là, il file prendre une bonne douche, en profite pour se laver les cheveux. Il enfile finalement un bas de pyjama noir et un t-shirt blanc avant d’aller récupérer son plat de pâtes. C’est devant une série sans grand intérêt qu’il mange. La soirée passe finalement plutôt vite et le voilà qui va se coucher. Il pose son téléphone sur la petite table de chevet à côté de son lit et éteint la lumière.

Le sommeil n’est pas parfait, car il ne l’est jamais. Il y a souvent des cauchemars, le visage de son petit frère qui revient à lui. Et ça le réveille Rory mais il se rendort vite. Il fait avec. Heureusement il ne fait pas d’insomnies, c’est déjà ça. Il est soudain sorti de son sommeil quand il entend frapper à la porte. Sursaut. Il attrape tout de suite son téléphone pour regarder l’heure : un peu plus de deux heures du matin. Et aussitôt, il sait de qui il s’agit. Il ne peut y avoir qu’une seule personne pour débarquer chez lui à cette heure, en pleine nuit : Kayden. Le coeur de Rory s’emballe à la pensée. Il s’emballe sans doute trop pour son propre bien. Seulement voilà, c’est Kayden. Il ne laisse rien paraître Rory, quant à son attachement à l’homme mais c’est là. Il faut dire qu’ils se fréquentent, enfin si l’on peut dire, depuis un moment maintenant. Et Rory a l’habitude que Kayden débarque en pleine nuit, secoué par des cauchemars. Il vient chercher réconfort et tendresse. Il vient chercher les bras de Rory et l’irlandais ne refuse jamais de les lui offrir. Jamais. Alors il se redresse en allumant la lumière et s’approche de la porte. Il déverrouille et ouvre sans attendre. Lorsqu’il pose son regard sur le visage de Kayden, le coeur s’emballe un peu plus mais il se serre aussi : il voit bien dans le regard de l’ancien militaire qu’il ne va pas bien. « Viens là. » qu’il dit en tendant la main vers lui pour le faire entrer à l’intérieur du petit studio.