fight club (lance)

clair de lune même pas visible. l'entrepôt est pris d'assaut. l'odeur est nauséabonde se glissant entre parfum âcre, alcool, sueur et clopes cancérigènes. les parieurs sont présents, enveloppés, pour certains, sous des costards hors de prix. d'autres sont plus discrets mais bien décidés à parier sur le bon cheval. ambroise en fait parti ce soir. ring quatre étoiles. un presque arbitre pour donner le change et éviter qu'une mort n'arrive par inadvertance. certains combats sont à mort. gagner ou mourir. d'autres se contentent d'un KO ou abandon. ce soir, parmi les tristes étoiles, ambre refuse de perdre. les coups pleuvent, s'abattent. sur lui. sur son adversaire. gamin de son âge, sûrement pas du même milieu.
ambroise cherche à ressentir.
ce gamin cherche à survivre.
mais les coups sont à la hauteur des espérances du public. cris, hurlements, insultes. ça réclame du sang, ça réclame des tempes qui s'entrechoquent, des carcasses qui s'abîment. le boxeur pourrait perdre sa place, pourrait perdre et se retrouver dans l'embarras auprès des russes qui l'ont amené ici. il leur doit beaucoup - trop. il leur doit beaucoup d'choses. gamin refusant de perdre, refusant d'abandonner. l'esprit divague. le dernier coup reçu sonne mais l'gamin se relève, se redresse et fonce une dernière fois.
jusqu'au cris de victoire.
jusqu'au corps qui tient plus vraiment debout.
sa main est levée pour signifier une victoire. pas vraiment écrasante, mais une victoire quand même. ambroise tangue sur ses jambes quand il sort du ring. on tape sur son dos, ses bras, sa tête. félicitations d'ordre. félicitations bancales, un peu brutales. le gamin tangue mais se rattrape finalement à une personne. l'inquiétude se lit sous ses traits. les iris se croisent, s'entrechoquent et ambroise accepte l'aide silencieuse en s'appuyant sur l'homme. il m'a pas raté. presque humour, une presque tentative de dérider les traits. vainement. goût de fer dans la bouche. visage sûrement déjà gonflé par endroit. ambroise est dans un sale état.
mais ambroise ressent. c'est finalement ce qu'il est venu chercher.