Family Sloane (Aedan)

Depuis quelques semaines, tu sembles-être accaparé par ce travail pénible qui ne te laisse aucune secondes de répit. Ni même la moindre énergie. Tu as honte de toi. Tu n'as même pas été capable de donner le moindre signe de vie à ton frère aîné, sans parler de tes neveux, la prunelles de tes yeux, que tu évites sans réellement le faire exprès. Quand à Elda, ton ex-belle-sœur, du moins c'est comme cela qu'il est préférable de l'a nommé, tu n'as plus aucune nouvelle. A-vrai-dire, tu étais également aux abonnés absents depuis plus mois, tu es totalement fautif de ce silence pesant. Tu voudrais pouvoir aller vers-elle, lui demander comment va-t-elle, comment se déroule cette nouvelle grossesse mais tu n'en as pas la force. Parce-que tu ne sais pas la moitié des choses qui se sont passées entre elle et ton frère. Tu n'as sans doute pas conscience des péripéties à venir mais à en juger par les lignes du journal Cosmo, cela semble mouvementé. De toute évidence, tu soutiens la chair, ton sang comme Elda que tu as toujours apprécié et respecté. Tu es un Sloane, né avec cette esprit de famille, cet amour unique, ce soutien mutuel. Tu ne peux pas faire autrement comme tu n'as pas l'habitude de lire ses ramassis de connerie. Ces réflexions soudaines n'ont cessées depuis que tu es en route chez ton frère. Tu ne souhaites pas non plus te montrer indiscret, ni-même oser librement parler de ce sujet. Pourtant, tu es un éternel bavard, trop honnête pour rester dans un profond mutisme, certainement un peu trop curieux et audacieux. Tu ne résisteras pas bien longtemps, toi et ta langue pendue. Tu souris, l'air de rien, des sacs pleins de bonbon, accrochés aux mains. Tu n'as pas besoin de sonner pour t'annoncer, tu connais les codes d'entrée par-cœur, en toute logique, même si l'endroit est plutôt bien gardé. Face à la porte d'entrée, tu n'as pas besoin de t'annoncer que tu entends déjà tes neveux, ces petits-démons hurler de joie, comme-ci ils avaient sentis ton odeur au pied de l'immeuble. La voix de ton frère résonne entre les murs et tu attends impatient de revoir enfin ta famille, le cœur léger.

@Aedan Sloane

"Tu peux rentrer, c'est ouvert !" Deux possibilités derrière la porte, compte-tenu de l'agitation des enfants. Soit il s'agissait d'Elda, les bras encore chargés de ces gâteaux au chocolat qu'elle me ramenait régulièrement pour le goûter des enfants, au fur et à mesure que l'odeur lui devenait insupportable. Soit il s'agissait de Jude, mini tonton comme je l'appelais souvent en rigolant, expliquant même à Harrison que bien avant de frotter ses cheveux à lui, j'avais fait ça sur ceux de mon petit frère, sur les tiens donc. Gants pour la chaleur sur les mains, je sors une première pizza du four, en glisse une seconde presque directement. J'entends qu'on ouvre la porte, et rapidement le bruit de l'entrée d'une personne dans l'appartement est étouffé par le bruit du pas de course des enfants. Gazouillis joyeux dans le hall, j'attrape ton regard dans le premier miroir qui me fait face en sortant de la cuisine, ouvre grand les bras, même s'ils restent couverts de ces foutus gants pour le four, me dis que tu n'auras pas grand-chose à reprocher à un peu de chaleur du four avec les températures actuelles, et te serre dans mes bras. "Salut frérot." Je te fais signe d'enlever ton manteau, que je puisse le glisser au perroquet qui gise là dans un coin, sculpté dans un bois trop traditionnel pour avoir pu un jour penser qu'il deviendrait réceptacle à veste. "Tu vois, comme je te l'avais dit ; tu ne leur avais pas du touuut manqué." Clin d'oeil malicieux, les enfants répondent presque aussitôt, ça résonne partout, et Spencer t'attrape la main, t'attire très vite dans une autre pièce ; je me doute qu'il s'agit des toilettes, repeintes en début de mois, dont elle adore la couleur. C'est presque devenu sa pièce préférée, et j'entends ses frères en rire, à leur tour t'attirer dans le couloir, jusqu'à leurs chambres, te montrer les nouveaux jouets, les nouveaux comics. "Les enfants, laissez au moins votre oncle s'asseoir ! Il est là toute la soirée, vous pourrez lui montrer tout ça après. Oscar, la table !" Et ils reviennent presque aussitôt, toujours en gazouillant, jolie colonie d'oiseaux, sauf le cadet, qui traîne un peu des pieds en récupérant assiettes et couverts. Je sers la première pizza à table directement, c'est celle pour les enfants, qui accourent, attirés sans doute par l'odeur de fromage grillé et de sauce tomate. Je range la bouteille de soda que je leur avais sorti pour l'apéritif, la remplace par une bouteille de vin rosé aromatisé à la pêche, sors aussi deux verres, les serre, reviens à table avec nos boissons et un bol de tomates cerises. "Désolé, c'est light comme apéro, mais les enfants veulent regarder leur émission après manger et je préfère qu'il n'y ait pas de différé, qu'ils puissent se coucher tôt." Regards de travers des concernés, je lève les yeux au ciel, rigole, retrouve ton visage à toi. "Mais t'inquiètes, nous on a tout le temps du monde. Alors, raconte frangin, quoi de neuf ?"

@Jude Sloane

Tu rentres sans prononcer un mot, pousser par la voix de ton frère. Tu décides d'éviter les élans de politesse, pour faute, tu souhaites leur faire une surprise. Echec cuisant, lorsque tu vois tes neveux s'élancer vers toi comme des boulets de canon. Ces petits Sloane sont bien vivaces, la jeunesse dans la peau. Tu les entends rire de joie et ton cœur se gonfle de bonheur à l'écoute de leurs rires cristallins. Tu salues avec la même audace ton frère aîné qui semble tout aussi joyeux que ses enfants en ta présence. Tu serres ton frère dans tes bras, cette étreinte chaleureuse a pour effet de te ramener quelques années en arrière. Son sourire devient aussitôt contagieux comme le rire de tes neveux. Tu lui confie ton manteau sous les acclamations des petits monstres qui te suivent partout, comme ton ombre. "T'inquiète pas frangin, ça fais plaisir de vous voir tous. Vous m'avez manqué." Dis-tu avec cet attachement particulier dans la voix. Tu te laisses traîner par ces petits diables dans leurs chambres où ils te montrent avec grand intérêt leurs nouvelles acquisitions. Voitures, lego, puzzles, jeux vidéos, tu ne sais plus où donner de la tête tellement les informations sont intenses. Tu les écoutes avec attention jusqu'à ce que leur père ordonne de te laisser un peu respirer. De retour à la cuisine, tu participes aux tâches en aidant à mettre la table, les couverts et autres ustensiles nécessaires. Tu en salives déjà, toi l'affamé de service. "C'est parfait, surtout que l'on est tous ensembles." Dis-tu solennellement avant de t'installer à table suivis par tes neveux énergiques. Tu les vois rapidement sauter sur la première pizza présentée sur la table, d'un œil amusé. "Rien de spécial, la routine, le train-train quotidien. Pas de potin à te raconter, même au niveau sentimental." Tu hausses les épaules tout en posant le regard sur ton frère. "Et toi, ça va ? Comment va Elda ?" Dis-tu nonchalamment, d'un air distrait.

@Aedan Sloane

Tous ensemble, c'est vrai. Ça faisait déjà quelques temps que l'on ne s'était pas retrouvés réunis ; il y avait évidemment les âmes manquantes, ceux qui étaient occupés ailleurs, ceux qui ne viendraient plus, ou alors trop rarement. C'est le prénom d'Elda qui sort de ta bouche, curieux hasard de nos pensées qui s'entremêlent. "Excuse-moi, je réfléchissais. Je crois que c'est la première fois en plus de dix ans qu'on se voit sans qu'elle ne soit là." Tant aimée, l'exquise rose, qu'elle avait accompagné partout. Peut-être que je m'étais noyé dans notre amour, que j'y avais perdu pied, pendant quelques temps, jusqu'à ce qu'il y ait ce point de non-retour, celui où on se détache de la famille. Peut-être que je t'avais un peu délaissé, et avec toi les parents, et avec eux tous les autres membres de la belle dynastie Sloane. Main qui tape doucement ton épaule, comme pour me rassurer ; tu n'es jamais parti très loin et moi non plus. "Elle va bien. D'ailleurs..." Signe de main aux enfants, happés par l'écran de télévision resté allumé - ou peut-être qu'il s'est coloré de lui-même tout seul, ou peut-être qu'ils ont profité d'un moment d'inattention. Trois paires d'yeux qui se braquent sur moi. "Vous pouvez aller chercher la limonade. Un verre chacun, pas plus. Et c'est vraiment parce que tonton est là." Ils déguerpissent presque aussitôt, et l'on entend les batailles pour le bon verre Disney, les bruits du frigo qui s'ouvre et se ferme, puis se réouvre et se referme, et en attendant sur mes lèvres glisse en confidence le secret. "Elda est enceinte. On ne s'y attendait vraiment pas, avec le divorce et tout ça mais... C'est chouette. On est heureux." Et ils reviennent, les futurs aînés, te laisse sur ta surprise alors que je te fais signe de zip sur la bouche ; ils ne sont pas encore au courant, ce soir, et c'est à deux que l'on a préféré attendre pour leur en parler.

@Jude Sloane

Il n'y a pas de meilleur endroit sur terre. Seulement en compagnie de sa famille. C'est ce que tu penses à chaque fois que tu les regardes, continuellement, à jamais. Ta vie n'est qu'éphémère, inutile si tu n'es pas en mesure de pouvoir donner ta vie pour eux. Invraisemblablement, tu es capable de sacrifier ton âme, tes organes, ton corps pour eux. Tu ne t'es jamais posé la question, ton entourage est la seule chose unique, précieuse qui t'aide jour à près jour à respirer dans un monde un peu plus meilleur. Toi aussi tu es perdu dans tes pensées, tout comme ton frère, a rêver d'un univers idéaliste. "C'est vrai qu'elle me manque. Mais elle est toujours présente dans nos esprits. Puis, peut-être que l'on pourra se faire à nouveau un repas en compagnie d'Elda. Elle ne refuserait pas de voir son magnifique beau-frère." Une petite touche d'humour pour détendre cet atmosphère nostalgique. Ton rire se répercute un peu dans le salon, à tel point que tes neveux, aussi vifs que l'éclair se servent un verre de limonade en écoutant avec attention les ordres de leur papa. Tu es assez stupéfait de constater à quel point ils écoutent leur père, toi tu ne sais pas si tu seras capable d'être aussi patient que lui, un jour futur, avec des enfants accrochés à tes basques. Aussitôt, les enfants disparaissent à nouveau dans le salon, captiver par la télévision, du moins c'est ce que tu crois, avant que ton frère ne te murmure quelques mots silencieux. Ton visage stupéfait mais heureux s'illumine sans te douter que tes neveux sont à nouveau présents à vous observer comme des petites souris curieuses. Tu vas être tonton une nouvelle fois de plus et ton cœur semble battre à toute vitesse, cette joie qui s'insinue dans tes veine. Tu voudrais hurler de joie mais cette confidence doit encore rester secrète. "Dîtes les crapules, vous deviez pas me montrer vos nouvelles voitures ou les dernières figurines Marvel ?" A peine as-tu débité ces quelques mots que tu les vois se ruer dans leurs chambres en poussant des cris enjoués. Ces minutes, vous laisse le temps de discuter à nouveau sans que ce secret soit révélé par inadvertance. "Vous avez toujours été un couple solide. Malgré ce divorce, vous ne cessés de vous soutenir l'un et l'autre. Vous êtes des parents en or, je ne doute pas que cette future petite crapule sera heureuse dans cette famille. Vous-le méritez." Dis-tu en soutenant avec fierté le regard de ton frère sans oublier de lui tapoter l'épaule pour exprimer la joie que tu ressens, avec réserve évidemment, les murs ont des oreilles dans cet appartement. "Ah oui, je passe peut-être du coq à l'âne mais j'ai peut-être oublié de te mentionner que j'ai une colocataire. Soit pas étonné de voir des culottes traînées partout si jamais tu viens me rendre visite." Tu évites de croiser le regard guilleret de ton frère. Tu sais pertinemment ce qu'il va te dire, juste pour t'embêter un peu.

@Aedan Sloane

Éclats de rire sincères quand tu finis par parler de toi ; orgueilleux, Jude, jamais tu ne l'as été. Tu ne le fais que sur le ton de l'humour, ce même ton que je prends pour te répondre du tac au tac, gêné uniquement par un ultime rayon du soleil mourant, les yeux virant à l'émeraude, me décalant pour éviter de m'y cramer la rétine. "Tu en parles comme si elle était morte... Elle est toujours bien vivante, mec ! Elle sera juste absente aux repas de famille. Mais elle sera contente de te revoir aussi." Elda avait toujours eu sa place parmi les Sloane, particulièrement avec toi, qu'elle avait vu grandir, au fil des années passées ensemble. Tu n'étais qu'un mioche quand je l'ai rencontrée, qu'un gamin minuscule quand je te l'ai présentée. La fille aux roses, la fille qui sent bon, l'amoureuse, tu lui avais donné mille surnoms à peu près ; et je n'avais pas pu m'empêcher un temps d'être circonspect quand j'avais cru voir derrière tes iris s'immiscer un rapide crush sur celle qui avait été l'amour de ma vie. "N'oubliez pas le bouclier de Captain, surtout. Tonton adooooore ce personnage." Je sais qu'il est rangé dans une armoire, je sais qu'ils sont débrouillards, se feront sans doute la courte échelle, jetteront des objets solides pour leur faire tomber et le rattraper en plein vol ; ce sont eux les super-héros, après tout, eux qui arrivent à ravager un appartement entier en quelques minutes, eux qui de leurs idées fantasques esquissent les couleurs et les songes d'un monde qu'ils réinventent, réalité qui se crée dans leurs jeux et se jette même dans leurs disputes les plus tempétueuses. Grâce à ce coup de maître, on les entend à peine gazouiller à l'autre bout de l'appartement, et les secrets demeureront muets à leurs oreilles. Tu souris, ça fait revenir le soleil, ça me fait sourire aussi. Je ne peux évidemment pas tout te raconter ; je ne peux pas te dire que ce bébé sera le premier à vraiment être ma chair, je ne peux pas te dire que ça me fait peur, que j'ai l'irrationnelle terreur de délaisser les autres malgré moi. Elda passe son temps à me souffler que ce ne sera pas le cas. Que j'ai été leur père, après tout. Que je le serais pour toujours, peu importe les gamètes. Tu me tires de mes pensées en évoquant ta colocataire, ça me fait éclater de rire. Tête en l'air. "Je serais surtout étonné de te voir toi dans un appart en bordel, avec des... culottes ?! partout..." L'agent d'entretien dans son royaume de culottes au sol. Le rire qui revient à nouveau, je le noie dans quelques gorgées de mon verre, tente de reprendre mon sérieux. "Enfin... Si elle les fait traîner, c'est qu'elle les enlève, je suppose ? Je serais vigilant si tu me fais visiter ton appartement, et si j'en vois une dans ta chambre, je te jure que je ne te vannerais même pas." Les mains levées comme signe de serment, sans doute incapable de le tenir, mais ça me fait rire de t'imaginer au milieu d'un royaume de lingerie, l'image est extraordinaire ; alors les enfants reviennent, nous demandent pourquoi on rigole, je leur fais signe de voir avec toi, me lève pour ramener à table une pizza, le sourire aux lèvres ; les Sloane sont décidément bien différents.

@Jude Sloane

Tu lèves les yeux au ciel en veillant à garder ce sourire unique, galvanisant. Elda te manque, c'est inévitable. Tu n'es pas le mieux placé pour comprendre réellement l'ampleur de leur relation tout comme tu n'as aucun mot à dire à ce sujet. Tu sais rester à ta place, lorsque cela est nécessaire. Evidemment, si l'un comme l'autre souffre, tu serais présent constamment pour les soutenir. Le choix est difficile à faire certainement, même si tu te sacrifierais davantage pour cet aîné, ce frère que tu chéris tant, ce lien fraternel indestructible. "Tu as quand-même eu le temps d'y déposer ta graine, ma petite canaille." Dis-tu avec un humour qui laisse à désirer mais qui ne déstabilise en rien ton frère, puisse qu'il te connaît par cœur, toi et tes vannes loufoques. Aussitôt, tu rentres dans le sujet de ton ainé, fidèle au poste, dévoué aux blagues parfois salaces mais discrètes car des oreilles innocentes sont présentes. "Ouais mais je crois que papa aussi il aime bien Captain America." Tes neveux n'y verront que tu feu, toi par contre t'aimerais pouvoir exploser de rire, vengeance soudaine à la mention des petites-culottes de ta colocataire. "Ce n'est pas drôle, j'ai faillis faire un malaise. Je déteste ce bordel constant. Puis des culottes ? Tu te rends compte, elle veut ma mort." Tu n'as pas l'habitude qu'une personne sème la tempête chez-toi, même si la présence de cette nouvelle furie te fais du bien. L'homme n'est pas habitué à vivre seul, toi non plus même si tu veux pas l'admettre. Il te faudra du temps pour accepter ce changement, tout comme tu n'as pas le choix vue ton état bancaire actuel. "Très drôle Aedan, tu sais que je ne parlerais pas de ma vie sexue...." Tu t'arrêtes rapidement, quand tu vois les petites têtes enjouées de tes neveux apparaître dans le salon, costume de Captain America dans les mains. "Sérieux ? Votre père vous achète vraiment toute la collection ?" Tu es étonné de voir le nombre incalculable de déguisement et jouets dans le salon. Tu souris à tes neveux en analysant les vêtements qu'ils te présente sous les yeux. "Rien, votre papa raconte des bêtises." Dis-tu distraitement, essayant de chercher une excuse bidon, si ces petits loups décident de te poser mille et une question. Les enfants sont assez curieux, tu devrais pouvoir t'en sortir, ou pas.

@Aedan Sloane

Jude qui commence une phrase sur sa vie sexuelle, grimace peinte sur mon visage, traits plissés, à deux doigts de crier bouark ; sauvé par le gong, les enfants qui reviennent, masque bleu à étoile sur le front pour mon aîné, le bouclier en main (enfin, partagé entre quatre mains qui cherchent à se l'arracher) dans les paumes des plus jeunes. Ils se chamaillent, essaient de chacun récupérer le plus vite possible le bouclier qui n'a rien de vibranium, tandis que je lève les yeux au ciel. "Évidemment qu'ils ont toute la collection. Ils ont même le costume de Black Panther, avec des effets à ampoule LEDs." Sur un ton de confidence, la voix à peine plus basse. "Enfin, on continue de leur faire croire que c'est de la magie, Harrison est en train de cramer la supercherie." Et sur les lèvres, sans un bruit, j'articule distinctement comme pour le Père Noël, fichu Santa qui sera forcément dévoilé dans les prochaines années. Élancé vers la cuisine, vagues de chaleur qui s'échappent du four, vague d'odeurs fromagères et de tomate aussi, ça me fait sourire, j'enfile une paire de gants, dégaine une spatule, ouvre le four, fait à peine glisser vers moi la plaque de cuisson... Puis la pizza, qui s'écroule mollement dans la grande assiette ronde. Fut un temps, j'aurais pu rêver d'être pizzaiolo... Juste avant de rencontrer la reine des roses, en tout cas. Ou alors, on aurait pu se lancer ensemble dans la confection de pizzas florales ; ça aurait fait un carton à Brooklyn, ça aurait été la nouvelle trend Instagram, le monde entier aurait rêvé d'une calzone aux pétales caramélisées. "À table, les mioches." Oscar tire la langue, mais s'installe quand même, dans le salon on rigole, je vois qu'ils te regardent en plissant les yeux. "Alors, quelles conne... bêtises vous a raconté tonts cette fois ?" Les mots se mélangent, pépiements incessants, je rigole en leur servant chacun leur tour une part, puis retourne en cuisine, enfourne notre pizza à nous, reviens aussi vite que possible auprès de vous. "Alors, raconte les dernières news ! Mon coeur de quadra rêve d'en savoir plus sur la vie d'un bébé comme toi." Un clin d'oeil, grand sourire. "Tu peux me passer le chapitre sur ta nouvelle amoureuse, du coup. Les enfants détestent qu'on parle de ça dans tous les cas... Pas vrai, Spencer ?" Elle fronce le nez, mime un air dégoûté, puis plante ses dents dans sa pizza, pendant que je hausse les épaules ; les gamins n'aiment le sucre que sur leurs bonbons, pas sur les histoires d'adulte.

@Jude Sloane