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somewhere only we know -- maverick

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“ somewhere only we know ”
ft. @maverick bishop 

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Sous les néons blafards d’une rue offerte à la seule lueur de la lune, se flingue les yeux, Jake, accroupi près de l’entrée des cuisines, le regard rivé à l’écran de son téléphone. Attend patiemment, presque doctement, que figure amicale sorte de son antre, le gratifie d’un bâillement et d’un sourire fatigué, quand ses propres cernes ne sont que plus accentuées encore par les reflets bleutés de son smartphone. Comme bien souvent il est tard, ou très tôt, selon comment l’on se positionne, mais comme bien souvent il n’en a que faire ; tacite tradition à laquelle ni l’un ni l’autre ne voudrait déroger, serait même prêt à faire le pied de grue jusqu’au petit matin – sans doute cela qu’on appelle la loyauté.
Et finalement porte s’ouvre sur l’être attendu, sourire aux lèvres comme il aurait pu le parier. Ne soulignera pas le fait que cette fois, la fermeture est arrivée bien plus tard que la dernière, Jackson, se réjouit silencieusement pour son ami de ces horaires infinis ; ça veut bien dire que les pop-up forks marchent comme sur des roulettes, génie des fourneaux à l’or dans les mains, Rick tient le bon filon. Et mérite que cela se sache dans toute la ville. « Kebabs au parc ? » Les yeux se plissent en même temps que les commissures des lèvres ; la question, posée à la vue du sac dans la main du cuisinier, relève plus de la rhétorique qu’autre chose. Pas la peine de demander, les pas prennent machinalement la direction de la petite épicerie de nuit dans laquelle ils ont leurs habitudes désormais. Mains enfoncées dans la poche centrale de son sweatshirt, Jake reste silencieux un moment, laisse à son ami le temps de décompresser, de se défaire des derniers restes de la soirée, de la semaine, même, qui s’achève à peine. Lui file un petit coup d’épaule, pour lui montrer qu’il est là si jamais, et bien sûr qu’il est là ; depuis toutes ces années, n’est pas prêt à le lâcher.
Rendus à l’épicerie, font le tour des rayons, glanent tels des automates quelques garnitures supplémentaires pour leur pique-nique improvisé, même si le chef garde un droit de veto sur le choix final.  Depuis toujours, c’est ainsi ; l’un soumet, l’autre valide, comme une mécanique bien huilée, comme un ballet bien orchestrée. Alchimie forgée par le temps, il est de ces liens invisibles au gré duquel les mots parfois deviennent obsolètes. Bouteille choisie pour parfaire la recette de leur succès, se battent un moment comme des gosses au moment de payer – non laisse, non cette fois c’est moi, t’as payé la dernière fois, t’es ridicule, et toi tu l’es encore plus, tu m’saoules chuis fatigué, alors laisse-moi payer, avant de filer droit dans ce jardin précis du queens, galvanisés par le frais de l’air qu’ils avalent à grandes goulées dans les rues moins fréquentés de la grosse pomme.
Établissent leur camp de base sur la gomme souple et autrefois colorée de ce square qu’ils ont longtemps fréquenté, devenu aujourd’hui comme ces lieux de pèlerinage ; abandonnés à la merci de l’usure du temps et des subventions qui manquent, friche pleine de souvenirs qui ne tiennent qu’à un fil comme cette vieille balançoire sur laquelle ils passent des heures à discuter, ce toboggan à moitié défoncé sur lequel, allongés, ils refont souvent le monde. Jake pose leurs sacs sur le tourniquet bringuebalant, commence à tout déballer. « Est-ce que t’as vu qu’il y a ta tronche et un article très élogieux dans le journal du jour ? »


( C ) NOCTEM


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“ somewhere only we know ”
ft. @jackson choi 

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juron silencieux, avalé en même temps que la fumée qui s'échappe de la poêle. viande trop chaude, cuisinier échaudé lui-même, la main rougi par la brûlure inattendue, il se contient, Maverick, évite de trop se plaindre. il connaît la règle, appliquée dans tous ses Jazzbab, de l'entrée jusqu'au plus minuscule trou de souris des cuisines ; toujours, d'une aurore à l'autre, il ne doit y avoir qu'ondées positives, que grands sourires ou silences forcés. hors de question de contaminer la nourriture de la mauvaise ambiance, hors de question qu'au dehors les orages se déchaînent et poursuivent leur course de pluie jusqu'à l'intérieur même. les nuages disparaissent au fil des heures, remplacés par la tension, encore et toujours, montant crescendo puis retombant en même temps qu'il défait le noeud de son tablier, s'en sépare pour de bon, enfile par-dessus son t-shirt sali un sweat plus lourd. laine maillée, couleurs claires comme s'il ne fallait pas se perdre dans la nuit, comme s'il fallait briller, luciole grésillante, sous les lampadaires. le stress est encore dans les épaules, il est noué là, n'en sort pas, même quand la porte s'ouvre, même quand il retrouve son meilleur ami, mains liées le temps d'un salut qui leur est propre. quelques pas, des étirements, la clavicule qui se distend dans le fil des mouvements improvisés et puis finalement l'électricité s'en va. adieu les étincelles, au moins le temps du restant de la nuit. il opine du chef, sous Nyx, quand on lui parle de kebab. le mot finira un jour par lui sortir par les yeux. épicerie qui leur offre une nouvelle lumière, clin d'oeil que lui adresse à Jackson, pas encore un mot glissé si ce n'est la salutation, du reste il est resté muet. il y avait du monde ce soir, et si c'est bon signe pour les affaires, ça veut surtout dire que les nuits deviennent courtes. il faudrait sans doute embaucher. il farfouille, Maverick, dans les rayons, tente de se vider la tête en grattant les papiers plastiques d'un sachet de bonbons chocolatés, hésite, puis s'en saisit. un café glacé - tant qu'à ne pas dormir de la nuit, autant s'imbiber -, sac papier autour des mains, Jack est trop rapide, dégaine la carte trop tôt, et ça le fait enrager ; mais il chasse les nuages, sourit, le remercie, et à son tour lui adresse coup d'épaule. le parc s'immisce enfin dans l'horizon, leur horizon à eux en tout cas ; mêmes structures métalliques, même caoutchouc coloré, même solitude épaisse, sensation d'être isolés du reste du monde. c'est agréable, en soi. alors il se laisse tomber en arrière, avec toute la satisfaction et le souffle dans le soupir, de celui qui vient enfin d'achever les douze travaux d'Héraclès lui-même. le café glacé est déjà vidé, entre eux trônent les kebabs, la bouteille, Jake a pris de la hauteur, c'est une pente irisée sous leur denim, et il se démarque face à la Lune. Ricky rit en l'écoutant parler, et ça résonne contre les étoiles. "ouais, j'ai vu ça ce matin en sortant du métro. c'est pour promouvoir le nouveau Jazzbab, vers Brooklyn Bridge. et aussi pour parler d'un type qui a fait ses armes chez moi et veut devenir mon nouveau concurrent." haussement d'épaules, effluves qui viennent chatouiller les narines, lui arracheraient presque un frisson alors que lui préférerait déjà déchirer le plastique, s'imbiber d'un peu plus d'odeurs. "j't'ai pris un de ceux au guacamole et au saumon frit. j'me suis dit que ça te plairait ?" bouteille saisie pendant que le Santa improvisé déballe les affaires, et quelques gorgées aspirées, à nouveau soupir soulagé, satisfait, le monde est beau quand il est fait de sa constellation préférée. "t'as vu du beau monde aujourd'hui ? du très beau monde ? raconte moi un truc qu'il s'est passé."


( C ) NOCTEM