talk that talk (maverick)

Evelyn, elle tentait de garder la tête haute en ce moment. Son fiancé qui avait déserté il y a peu. Le fait est qu'elle avait traversé une réelle peine d'amour. Les préparatifs du mariage qui avait fait replongé Evelyn dans ses troubles alimentaires. Rien pour l'aider alors que son ex, n'avait rien vu, parce qu'elle cachait bien ses démons, Evelyn. Telle une junkie, elle était douée dans les mensonges, mentir à ses proches, pourtant, elle disait souvent que c'était pour leur bien. Cela ne faisait aucun sens alors qu'elle savait que si la vérité sortait, la plupart d'entre eux feraient tout pour l'épauler et l'aider. Et c'était sans doute une part du problème. Elle ne voulait pas que ses proches se prennent la tête avec ça, elle n'a pas envie d'être un poids sur les épaules des autres, Evelyn, elle l'avait trop souvent été avec sa famille. Elle était revenue d'une cure et d'un voyage. Elle avait bonne mine la blonde. La cure qui semblait fonctionner jusqu'à maintenant et le voyage qui lui avait permis de souffler suite à la rupture brutale qu'elle avait subit.

Elle se promenait dans Central Park, un endroit qu'elle affectionnait la new-yorkaise. L'appareil photo autour du cou, elle aimait se promener en prenant quelques clichés. Evelyn, était en train de prendre un plan sur la nature alors qu'elle se reculait sans vraiment regarder où elle allait. Elle aurait pu foncer sur n'importe qui, un inconnu était plus probable. New York était vaste et pourtant, le karma semblait lui coller aux fesses. Elle était tombée sur nul autre que Maverick. Evelyn, elle avait toujours été proche de son ami, jusqu'au moment où ils s'étaient retrouvés tous les deux dans le même programme d'aide. Elle, comme patiente et lui qui offrait son aide avec le restaurant. Des mois, à lui mentir et à lui cacher ce mal-être et ses habitudes malsaines qu'elle avait avec la nourriture. Elle évitait son ami depuis Evelyn, mais le temps de lui faire face était arrivé. Oh, Maverick, c'est toi... Cela pouvait se sentir comme une déception, alors qu'elle était juste mal à l'aise de le revoir après autant de mensonges, cette amitié qui était maintenant fragilisée. Excuse-moi, je ne regardais pas trop où j'allais. Et c'est tout ce qu'elle avait à lui dire ? Des excuses pour lui avoir piétiné sur les pieds et non pour lui avoir menti sur toute la ligne ? Non. Du moins pas pour le moment. Elle ne pouvait pas s'excuser. La maladie, ce n'est pas quelque chose qu'on choisissait, mais les mensonges, c'était autre chose.

Cycles qui se répétaient ; d'abord, la brise qui venait souffler dans les cimes de Central Park, faisait voleter quelques légers bébés nuages de poussière à même le sol ; et puis la brise naissait de nouveau à chaque pas, quand les semelles se levaient, et elles écrasaient les poussières, les métamorphosaient en une rapide illusion. Les traits tirés, la fatigue ancrée jusqu'au coin des yeux, les cils sans doute boudeurs, Maverick n'y prête dans tous les cas plus attention. Il a appris à se détourner des miroirs, ces temps-ci, appris surtout à se détourner des pensées invasives ; il a déjà bien trop à gérer du côté des sentiments qui affluent, tout un planning d'émotions qui s'entremêlent, forment des dédales dans lesquels il se perd inévitablement. Il y avait eu le retour de Milas, l'ouverture du nouveau restaurant, le programme d'aide pour les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire, il y avait aussi eu la grippe attrapée la semaine précédente, les mensonges - ou plutôt les secrets - d'Evelyn, il y avait enfin eu les dates désastreux, ces types aux grandes mains et aux petites idées, qui ne voyait de futur que le souffle perdu dans un rideau au matin, quand ils s'enfuyaient, le corps courbaturé de plaisir et le silence lourd ayant remplacé les râles qu'ils avaient voulu arracher. J'ai la tête pleine. Si pleine qu'il n'écoutait plus jamais de musique, en promenant Nótt, aux premières notes du crépuscule. Si pleine qu'il ne saluait plus jamais de la même façon le portier, en bas de l'immeuble, même s'il caressait Dag en les voyant passer. Non, Maverick s'était fait pour la première fois à l'idée qu'il n'avait en laisse que ses deux chiens, et pas le destin tout entier ; point de char sur lequel trôner, empereur descendu des cieux pour se perdre parmi les mortels, juste ses jambes fourbues de toujours courir, qui se plaisait à ralentir le pas lors des promenades canines.

Élysée qui se paillette d'un jaune annonciateur de la venue nocturne, lui jette un regard distrait autour de lui, et pour la première fois depuis longtemps, alors que ses semelles écrasent le sol, il prend conscience d'un cycle. Nuages dont les reflets naissent le matin, agonisent le soir, semelles qui écrasent le sol, et puis du sol on semble écraser les siennes. Il trébucherait presque, relâche quelques millisecondes la laisse de Nótt, mais elle reste bien droite, à quelques mètres de lui, sans s'échapper. Tête penchée quand il découvre la bourreau de ses orteils. "Tiens, salut Evie." Ils n'avaient pas trop parlé ces derniers temps, alors il ne bouge pas, attend de voir ce qu'il peut dire, mais le silence s'éternise, et lui les déteste, alors il fait venir ses chiens au pied, et glisse quelques mots sans trop savoir sur quel territoire il s'aventure. "T'inquiètes pas, je ne regardais pas où j'allais. Tu vas... bien ?" Il hésite, évidemment, a conscience maintenant des problèmes qu'elle a traversé dans la plus crasse solitude, et si ça l'agace, il n'en montre rien, dessine même sur son visage un léger sourire.