The sugar to heal the heartbreak (yohan)

Son appartement était plongé dans une semi-pénombre, les rideaux tirés pour bloquer les rayons du soleil. Yerin gisait sous une couvertures, son visage enfoui dans l’oreille, alors qu’une nouvelle crise de larmes venait d’éclater. Les sanglots secouaient son corps frêle, tandis que les souvenirs douloureux se mélangeaient à la réalité cruelle de la rupture. La télévision murmurait doucement, mais Yerin semblait à peine la remarquer. Sa main tremblante attrapa la cuillière et la plongea dans le pot de glace en train de fondre qui reposait sur la table basse. Elle en prit une bouchée, savourant la froideur qui brûlait son palais. Le silence régnait, brisé seulement par les sanglots étouffés qui s’échappaient de temps en temps, ainsi que les petits gémissements inquiets de ses deux chiens qui rôdaient autour d’elle, sentant la détresse de leur maîtresse et cherchant à lui apporter du réconfort.

Une semaine s’était écoulée depuis cette rupture douloureuse avec Théo, une semaine de solitude et de tourments. Yerin avait fait ce choix, elle le savait, mais elle restait inconsolable. Son esprit était en proie à un tumulte incessant, tourbillon entre la tristesse et la colère. L’idée que Théo puisse l’avoir trompée la tourmentait, comme une ombre persistante qui ne la lâchait pas. Elle se sentait telle une naufragée, perdue en pleine mer d’émotions déchaînées. Chaque bouchée de glace était à la fois un refuge temporaire et une épreuve douloureuse.

La sonnette retentit, rompant brusquement l’ambiance lourde de l’appartement. Yerin resta figée sur son canapé, le regard vite et perdu. Elle n’avait pas la force de répondre, pas en ce moment. Un court moment passa avant que la sonnette ne se fasse entendre à nouveau. Elle savait qu’elle devait y aller, mais chaque fibre de son être résistait à l’idée de quitter le cocon de tristesse qui l’enveloppait. Finalement, après quelques minutes, elle rassembla le peu de force qu’elle avait pour se lever, les jambes tremblantes la portant lentement vers l’entrée. La sonnette retentit une troisième fois, mais cette fois-ci Yerin était prête, ou presque, à ouvrir et faire face à cette personne qui insistait pour la voir. Elle ouvrit sa porte sans se soucier de son apparence désastreuse, pour découvrir son beau-frère, ou du moins ex-beau-frère à présent. « Yohan ? » Que faisait-il ici ?

Tu avais été surpris – et le mot était faible – quand tu avais eu vent de la nouvelle. L'incompréhension sur le visage, tu avais fixé Joy toute la soirée en essayant de comprendre. Mais tu n'avais aucune information en mains, ni aucune carte. Impossible de savoir, de comprendre. Et tu voulais pourtant, comprendre. Pas tout savoir parce que l’entièreté de l'histoire ne te regardait pas toi, personnage extérieur, spectateur de ces chapitres que tu avais vus s'écrire sous tes pupilles ébahis. C'était pas ton rôle de fouiner, allant jusqu'à vouloir percer le moindre petit point qui te paraissait étrange. Tu voulais juste savoir pour mieux comprendre ensuite, et mieux agir. Loin de toi l'idée de vouloir blesser qui que ce soit en disant ce qu'il ne fallait pas, ou en étant là où il ne fallait pas. Tu avais alors pris la décision de rendre visite à Yerin, confiant ta fille à la voisine le temps d'aller lui rendre visite. Tu aurais pu l'emmener avec toi mais si la discussion devenait trop sérieuse, tu ne voudrais pas la perturber. Pas qu'elle puisse l'être réellement mais les enfants comprenaient beaucoup de choses, trop vite et parfois mieux que vous, les adultes. Sachant que toi-même tu découvrais encore parfois des petites choses de la vie ou sur toi...

Arrivé devant la porte, tu t'assuras d'être présentable, espérant ne pas la déranger. Tu n'insisterais pas si elle te disait de t'en aller, t'étais pas là pour l'embêter non plus. Mais toujours dans l'idée de comprendre – mais de lui tenir compagnie, aussi. Tu appuyas sur la sonnette une première fois, te raclant discrètement la gorge, les pupilles cavalant sur la porte. Pas de réponse. Tu clignas des paupières, penaud, patientant encore un peu avant de réitérer ton geste. Geste que tu répétas une troisième fois. Et tu sursautas faiblement quand la porte s'ouvrit enfin. « Yerin » que tu répondis bêtement, contemplant sa frimousse. « Bonjour. J'espère que je ne dérange pas ? », tu lui offris un léger sourire, embêté mais aussi compatissant. « Je voulais... enfin j'ai appris pour... », tu agitas vaguement les doigts, le même sourire aux lèvres. « Désolé », tu baissas un instant les pupilles. « Je voulais m'assurer que tout va bien », et les prunelles détaillèrent un instant sa chevelure, retombant ensuite dans son regard. « Si tu ne veux pas que je reste je comprendrais. Je voulais juste te voir », prendre de ses nouvelles, comprendre et organiser tes pensées.