Quand tu m'as oublié (Kieran)

  @Kieran Ahlgren   

---

(OOTD) Vendredi soir ? Non, samedi soir... comment en être sûr quand tous les jours se ressemblent et qu'aucun ne se suit vraiment. Perdu dans une faille temporelle de laquelle il se sent tout bonnement incapable de sortir depuis qu'il a croisé ses yeux bourrés de reproches et senti ce corps amer se brusquer contre le sien. Dualité exigüe qui avait eu raison des derniers remparts. S'il avait fait d'son mieux pour se maintenir à la surface, retrouver Barbie avait eu l'effet d'une main pressante sur son crâne pour l'enfoncer plus encore dans ses propres abysses. Perdu, paumé, à fleur de pot ou juste stupide au point de croire que tout pouvait un jour s'arranger. Son thérapeute qui l'appelle sans obtenir de réponse et la fin de tout. Désormais livré à lui même dans une ville trop grande, errant parmi les vivants en se sentant particulièrement mort. Boire n'est plus un supplice quand le calice qui déborde d'alcool est un véritable délice. Nectar affriolant qui ne fait que le ramener à un état de semi-léthargie dans lequel plus rien ne compte sinon l'instant présent. Ne plus ressentir, c'est son unique et dernière mission. S'effacer, doucement mais sûrement. Disparaître, au fond, rien de moins, rien de plus. Alors quand encore une fois, on s'en prend à lui de manière tout à fait ostentatoire en réclamant une chaise vide qu'il n'occupe même pas, Lieb s'emporte. Se dresse maladroitement sur ses deux jambes vacillantes et serre le poing. Le coup part seul, la mâchoire craque sous l'effet des phalanges serrées et l'atmosphère s'électrise. Il entend crier autour de lui, il sent des mains qui l'attrape par derrière et compressent sa poitrine. Il se sent partir, hurler d'hystérique alors qu'on le traine à l'extérieur. L'air le frappe, la nuit l'enveloppe. On le relâche mais l'homme sombre, tombe. A genoux sur l'asphalte, il lève un regard accusateur vers la bête responsable de son exil. Espèce d'enfoiré, je vais te faire la peau. qu'il grogne entre ses dents, prêt à se relever quand l'apesanteur lui rappelle que le dernier verre bu était sans doute celui de trop. Tremblant de sueur et de frustration, il tente tant bien que mal de se relever mais tombe à nouveau. Le cul vissé au sol, les cheveux trempés... la pénombre se moque de lui, les badauds le pointe du doigt. J'vous emmerde, tous. qu'il clame haut et fort alors qu'il sent le temps lui échapper. Les yeux se ferment, le souffle s'accélère. Il ravale salive et sanglots mais se sent dépossédé... vendredi ? Samedi ? Tout lui échappe alors qu'il s'agrippe à une poubelle pour se relever sur ses jambes blessées.