« Frères et sœurs séparés par la distance, unis par l’amour. » || feat. Wesley
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« Frères et sœurs séparés par la distance,
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Poupée de chiffon, ballotée de déperdition en déperdition. Tu te sens tel un pantin avec lequel on a trop joué, brisant ses fils délicats, avant de le balancer aux ordures sur le bas-côté d’une route peu fréquentée, à la merci des intempéries. Depuis ta « libération », tu n’arrives plus à respirer correctement. Ni à t’empêcher de pleurer. Si tu le pouvais, Margaret, tu t’enfilerais les dizaines de médicaments qui traînent dans ta trousse, savamment rangée dans ce tiroir magique de ta table de chevet, près de ton lit. C’est ce qui t’obsède le plus, en ce moment : oublier. Effacer les chagrins et les effrois qui consument tes nuits pour les ensevelir sous des cauchemars éveillés. Ils ne disparaissent jamais, petit ange déchu. Ils demeurent dans ton esprit brisé qui se meurt. Tu te résignes à demeurer debout. Pour l’instant. Parce que tu sais que tu n’es plus seule dans ce vaisseau qui te sert d’enveloppe charnelle. Bien qu’il s’agisse d’un passager clandestin indésiré, lui provoquer une once de souffrance t’apparaît inconcevable. Pensées irrationnelles qui maintiennent ta tête hors de l’eau, t’évitant ce naufrage programmé. Dans quelques semaines, toutefois, ce ne sera plus qu’une énième blessure supplémentaire à ajouter à ta longue liste. A croire que lorsque le sort s’acharne contre vous, il ne vous lâche plus jamais. N’avais-tu point assez souffert, Margaret ? Belzébuth pouvait te laisser en paix, désormais : tu lui appartenais. Il t’avait marquée au fer rouge, te rendant prisonnière. Jusqu’à ton dernier souffle.
C’est donc l’âme en peine que tu attends patiemment l’arrivée de ton frère. La nuit est tombée et les buildings éclairent les rues avec engouement. Spectacle magnifique autant qu’il est affligeant. Fourmilière dont les fondations pouvaient s’effondrer en un cataclysme de mère Nature. Les êtres humains sont si insignifiants, finalement. C’est sur cette sombre songerie que l’interphone retentit dans le duplex. Tu et hisses sur tes jambes avec fébrilité, te rendant jusqu’au bouton te permettant d’ouvrir les portes de ta nouvelle cage dorée. Nouveau foyer qui était supposé t’apporter du réconfort, effaçant les traces de Judï en quittant l’ancien, mais qui respirait désormais les effluves néfastes de ton récent kidnapping. Une entreprise était chargée de changer les verrous, en fin de semaine. Précaution que tu savais inutile mais qui te conférait une once de contrôle sur ton existence précaire. Tout comme refuser les innombrables appels en absence de vos géniteurs, probablement en quête de ton silence quant à leurs magouilles foireuses. Tu n’avais point la force de les affronter. Tu repoussais cette échéance parmi les autres. Avant eux, il y aurait Judï. Et avant lui, encore, il y avait Wesley.
Ta moitié incomplète. Ce jumeau dont tu fus autrefois si proche mais qui, avec les années, était devenu un presque étranger. Lien fragile qui vous unissait encore ; celui d’avoir partagé cet utérus et tant de souvenirs durant les premières étapes de vos vies. Il demeurait essentiel à ton équilibre bien qu’il brillât par ses manquements et son absence. Tout comme il pouvait émettre le même avis te concernant. La séparation fut lente, sans coup d’éclats. Le temps avait juste œuvré contre vous. A moins que des éléments faisaient défaut à ta mémoire sélective – ce qui n’était pas une impossibilité.
Lorsqu’il se trouva derrière la porte, tu le sus d’instinct. Il n’eut point le temps de sonner que, déjà, tu lui ouvris. Jogging, survêtement trop large et cheveux dans un chignon négligé, tu n’avais rien d’une « lady » fortunée. Tu n’étais plus qu’une gamine dans un sale état et qui manquait cruellement de réconfort. Le voir apaisa déjà tes émotions négatives, tel un baume salvateur sur des plaies encore vives. Tu lui souris, ravie de sa présence. Enfin, il était là ! « Entre ! » lui lances-tu d’une voix enjouée, malgré la morosité de ton apparence – ce qui reflétait l’état de ta psyché. Comme convenu, il avait dû se charger du vin – qu’il boirait seul – et du dessert. Tu le laissas enlever ses chaussures et sa veste dans l’entrée. « Je n’ai pas encore commandé le repas comme je ne savais pas ce qui te ferait envie, ce soir. » lances-tu par-dessus ton épaule alors que tu te diriges vers la cuisine et que tu t’approches des placards. « Tu veux un soda, en attendant ? A moins que tu préfères directement attaquer le vin ! » lui quémandes-tu, par taquinerie, sans te douter des propres démons avec lesquels il cohabitait désormais. Tu ouvres alors un autre placard, farfouillant dedans. « J’dois avoir un paquet de chips quelque part… » grommelles-tu, persuadée qu’il n’était pas loin. Bien que tu ne te chargeasses pas des courses – tu avais une gouvernante pour cela qui palliait à tous tes besoins – tu savais malgré tout ce qu’il se trouvait dans tes affaires. Question de principe ! Ceci dit, en lui offrant sa soirée, tu allais devoir te débrouiller sans aide pour dénicher le précieux sésame.
- Spoiler:
Chronologie : RP se déroulant le mercredi 18 octobre 2023
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Les dernières semaines passées t'avaient éprouvé, Wesley. Elles avaient marqué ton visage au burin, t'avaient fait vieillir plus que de raison. Tu avais le cerveau en coton, ces temps-ci. Soucieux déjà d'avoir basculé dans cet autre univers, ce fantasque monde de liqueurs et de flammes qui brûlaient trop fort ton épiderme, soucieux aussi car tu te rendais peu à peu compte de tout ce que tu ratais. Il y avait eu le dîner parental, il y a dix jours, projet abandonné ; tu n'avais pas eu la force, le marteau qui tapait sur tes tempes, le corps recroquevillé de froid sous tes draps, de lutter à la fois contre une sale gueule de bois et contre tes sales parents. Tu n'avais pas eu de nouvelle de Maggie depuis longtemps, pas eu de nouvelles de Novalyn non plus, il n'y avait qu'Ambroise, parenthèse acidulée à ta vie, souffle d'espoir, souffle de renouveau. Il allait s'en sortir, c'était certain. Et peut-être qu'en le voyant prospérer, tu allais pouvoir te convaincre à ton tour. Lutter contre tes propres machinations colériques, contre tes propres addictions, cavales aux sabots qui tapaient fort contre tes os, contre ton coeur, contre ton estomac et contre ton cerveau. Même quand tu étais seul, tu avais commencé à vouloir boire. Pour faire passer le temps, pour envoyer balader Nyx ou Hélios, pour passer plus vite à l'affaire suivante au travail, à l'amant suivant le soir venu, à la fête suivante quand le crépuscule s'abattait sur les rues new-yorkaises. Dans ce miasme indigeste, y avait-il seulement de la place pour ta famille ? C'étaient les Hawkins, le noeud du problème. Tu t'étais si souvent battu, lutte infernale et interminable, contre ton père, contre ta mère, qui ne disait rien, spectatrice silencieuse que tu aurais voulu secouer, lui demander si elle cautionnait réellement toute cette brutalité. Tu t'étais si souvent battu, seul, contre Margaret, elle qui n'écoutait pas, souffrait, ne se rebellait jamais vraiment. Tu l'avais vue souffrir, et chaque violence était devenue un bleu sur ton coeur ; c'était la malédiction des jumeaux, certainement. Liés par blessures et par amour, par destin et par tragédies. Protagonistes tous les deux d'une histoire sinistre, d'un récit qui vous avait échappé bien trop de fois ; tu gueulais fort, tu gueulais souvent, mais ce n'était jamais suffisant pour éteindre les incendies déclenchés par vos parents.
Il y avait eu le mariage raté. Le sommeil venu bercer les paupières, pendant la cérémonie, que tu avais pu attribuer à une trop lourde fatigue auprès de ceux qui s'étaient rendus compte de la supercherie. La fuite du marié, la fuite de tes amis. Tu n'avais pu suivre personne, et la vérité avait un goût acide, un goût que tu peinais à recracher. Tu ne t'étais pas vraiment endormi, et tant pis si tu ne digérais pas ça. Tu avais juste souffert, tu avais planté, programme informatique complètement buggé. Tumulte de pensées qui t'avaient saisies en même temps ; pourquoi Ambroise avait l'air si triste, pourquoi Nova n'était pas là, pourquoi Maggie t'avait à peine adressé un signe pour te saluer, pourquoi les parents vous avaient détruit, pourquoi tout s'acharnait encore et toujours à te ramener seulement à une chose.
Tes verres. Les bouteilles. L'alcool, pour inonder les synapses, noyer tout le reste.
Tu perdais de plus en plus le fil de ta vie, ces temps-ci. Mémoire qui flanchait, équilibre incertain entre deux mondes. Pas tout à fait absent, mais réellement pas là en même temps. Tu te réveillais d'un coup du mode pilote automatique, et tu étais ailleurs. Avec d'autres personnes, dans d'autres circonstances. Cette après-midi, tu étais au soleil, bières à la main, sur le bord de Coney Island, avec d'autres jeunes avocats, à festoyer. A célébrer quoi, d'ailleurs ? Le trou noir. Apocalypse. Black-out.
Tu ne te souviens pas comment tu es arrivé là. Ni quand ; c'est sans doute récent, c'est un vestibule, tu as ta veste sur le dos. Maggie est en jogging, Maggie a l'air fatigué, malgré ses sourires, malgré tout le charme qu'elle met à vos retrouvailles. Toi, tu portes ton costume de parfait avocat, la cravate bleue, le veston gris, la chemise blanche. Combien de chemises blanches ont été déchirées malgré toi, ces derniers mois ? Râles de plaisirs ou mort liquoreuse, tu perdais le fil ; tu perdais le fil ; tu perdais le fil. "Je... Salut, Maggie." Tu ne sais pas si tu te répètes, si tu lui as déjà dit bonjour, tu es penaud, tu ne veux pas faire de faux pas, pas alors que la réconciliation est si proche, qu'elle a tant besoin de toi. J'ai le monde sur mes épaules, est-ce qu'Atlas buvait à en perdre la tête ? Tu la suis alors qu'elle marche, ta bouteille heurte doucement le mur, tu ne t'étais pas rendu compte que tu l'avais amené. Du vin, blanc. Et une bouteille de rouge. Un sachet en plastique de supérette, et pourtant des grands crus. Gamin doré ne s'enivre qu'à de belles liqueurs ; c'est faux. Est-ce que tu as voulu donner le change ? "Je... Apparemment, j'ai pris du blanc pour l'apéritif. J'veux bien un verre et... Un pour toi aussi ? Je pense ?" T'es paumé, t'as pas les cartes, tu vas t'asseoir, la laisse se débattre avec ses réserves en cuisine, tu vas t'asseoir dans son canapé, tu tombes lourdement, les mains sur les genoux, l'air inquiet. Quelques secondes pour revenir à la normale. Tant que tu ne black-out pas avec ta soeur, ça ira. Le soda, ça a quel goût déjà ? "J'veux bien un verre de Coca Zéro si t'as ça, quand même." Tu grommelles. "Ça m'fera sans doute du bien." Et elle revient, chargée de vos victuailles ; et tu te relèves, le visage déplié, tentant au maximum d'avoir l'air serein, même quand tu manques te prendre les pieds dans le tapis. "J'étais hyper inquiet, Maggie. Je... J'pensais que t'avais quitté le pays, ou qu'il t'était arrivé un truc horrible et... J'me rends compte que c'est vraiment le cas, et j'me sens con, je... Ça va, au moins ?"
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Fracture invisible bien qu’indélébile ; la sensation épidermique que tu n’es plus tout-à-fait toi ni complètement une autre. Un « avant » et un « après » dans lesquels tu oscilles en permanence, te laissant virevolter au gré des intempéries émotionnelles qui te submergent. Tu tournoies sans but, dans cette errance de l’existence. Avec fermeté, tu t’accroches au moment présent. A ce qui compte, aujourd’hui. Demain ? Ce sera une histoire que tu raconteras si on te le permet. Carpe Diem serait un excellent mantra, même si tu n’y portes aucun intérêt. Toi, la maniaque du self-control et de la planification, tu te retrouvais en proie à la folie et aux tourmentes. Heureusement, la présence de Wes te délivrait de tes ronces épineuses qui s’amusaient à te transpercer l’âme. Telle une bouée de sauvetage, il était apparu à nouveau ; appel du cœur ou de la raison, il avait su sans un mot que tu n’allais pas bien. Tout comme la réciprocité était réelle. Deux mômes écorchés au lien brisé qui tentaient désespérément de se réunir pour ne pas sombrer. Tableau pathétique qui n’est que la conséquence de la négligence parentale et des mauvais choix de chacun. « Je... Apparemment, j'ai pris du blanc pour l'apéritif. J'veux bien un verre et... Un pour toi aussi ? Je pense ? » Proposition alléchante que tu n’aurais point refusé, jadis. Cependant, il y avait ce « mais » au fond de ton esprit qui t’assourdissait de ce son cruel de la réalité. Tu n’avais pas le droit de consommer un délicieux nectar enivrant. Pas tant que ce pois chiche résidait dans tes entrailles. Sourire poli, mais crispé, qui vient se loger sur ton minois pâle aux traits fatigué. « Non merci… » lances-tu sans une once d’explication supplémentaire. Ton désir de rester sobre le surprendrait peut-être. Peut-être pas. Tu avais envie de hurler, Margaret ; tes lèvres demeuraient closes. Mutisme de ce qui te ronge progressivement et te bouffe de l’intérieur. Conversation esquivée, probablement momentanément. « J'veux bien un verre de Coca Zéro si t'as ça, quand même. Ça m'fera sans doute du bien. » Tu t’exécutes, attrapant boissons dans le réfrigérateur et chips au vinaigre enfin dénichées au fond de l’armoire. Tu t’approches, venant tendre la canette fraîche en direction de ton ancienne moitié ; celle comparable à un miroir dans lequel tu apercevais désormais chaque fêlure. « Tiens! » souffles-tu avec un sourire douceâtre, avant de prendre place sur le canapé moelleux – et hors de prix – qui ressemblait à s’y méprendre à un nuage cotonneux. Idéal pour y somnoler ! « Tu peux t’asseoir, tu sais. » le nargues-tu avec un léger rire enfantin. Tu tentais d’éloigner d’un revers de la main votre malaise trop palpable. Hypocrisie ou besoin de viscérale d’insouciance ? Un brin des deux, sans nul doute.
Tu ouvres ta boisson, la déversant dans ton verre allongé, laissant ses bulles pétiller sous ton nez. « J'étais hyper inquiet, Maggie. Je... J'pensais que t'avais quitté le pays, ou qu'il t'était arrivé un truc horrible et... J'me rends compte que c'est vraiment le cas, et j'me sens con, je... Ça va, au moins ? » Douloureuse réalité que tu te reprends en pleine tête sans guère de préambule. Oxygène coupée qui ne s’insinue plus le moins du monde au sein de tes poumons durant plusieurs secondes. Regard planté dans ses iris, l’air grave et solennelle. Tu mets plus de temps que tu ne le voudrais à reprendre une once de contenance. « Je… » souffles-tu, encore abasourdie par son inquiétude – légitime ; l’un des rares à en avoir éprouvé par ton absence. Ça aussi, tu avais du mal de l’accepter. Tu te sentais seule, Margaret. Si seule. Perdue. Abandonnée. « Non… pas vraiment… » admets-tu dans un murmure, baissant ton faciès en direction de ton contenant gazéifié que tu roules entre tes doigts nerveux. T’en prends une gorgée. Ça picote. Ça te rappelle ton enfance, près de la piscine par une chaude soirée d’été dans une époque lointaine remplie de rires, de jeux et désinvolture. Tout cela te paraît avoir été rêvé. Dans une autre vie, même. Tu sens les larmes te monter aux yeux et ta gorge se contracter. Tu inspires. Tu expires. « Pendant deux semaines, j’ai été prise en otage par un mafieux à cause d’eux et de leurs magouilles pas très légales. » Tu t’es mise à trembler. De rage. D’effroi. Des émotions contradictoires qui se mélangeaient en toi, ravivant la flamme de la perdition qui te consumais. Aveux difficiles que tu lui offres afin de le prévenir. De le protéger. « Il m’a promis qu’il me laisserait tranquille si je gardais ma bouche fermée, maintenant que ses affaires sont rentrées dans l’ordre. » Est-ce qu’il allait réellement t’offrir la paix d’esprit après avoir chamboulé ta vie de la sorte ? Tu n’en étais pas convaincue. Il n’était pas le genre d’homme à laisser une proie utile s’envoler sans rien y gagner en échange. Néanmoins, il avait su faire preuve de compassion avant de te relâcher. Secret savamment gardé dont tu ne piperais mot envers ton frère. Souvenirs nébuleux que tu conserverais aussi précieusement que cruellement dans ta psyché détraquée. Tu relèves tes mirettes humides vers Wes, sentant ce poids inhumain sur tes épaules venir te broyer les os. « Mais qu’arrivera-t-il s’ils commettent à nouveau une erreur? Qui me dit que ce ne sera pas toi, la prochaine fois, qui finiras kidnappé? Ou même qu’il ne fera pas pire que de se contenter de nous mettre en cage et attendre sagement la réparation de leurs torts? » Perspective peu réjouissante mais qui était une vérité crue. Amère. Tu n’avais nullement envie de te retrouver avec une balle entre les deux yeux sous couvert des tromperies mal orchestrées de vos géniteurs. Tu frémis. Foutu destin merdique ! Tu les maudissais de t’avoir mise au monde, étant donné ce que tu traversais par leurs idioties. Tu reposes ton verre sur la table basse, sentant tes nerfs se tendre. « Wes, on est supposé vivre avec cette putain d’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes pour le restant de nos jours, grâce à nos parents. Comme si j’avais besoin de ça en plus du reste! » maugréas-tu contre eux, crachant ton venin et pestiférant, ravalant toutefois tes larmes par fierté. Tu ne voulais pas craquer devant lui ; ne pas lui infliger de voir ce qui se dissimulait derrière ton apparence orgueilleuse. Tu étais brisée, Maggie. Terrifiée. Et enceinte. Information semi abordée, incapable de franchir les barrières de tes lippes.
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J'étais hyper inquiet. C'est faux. Tu le sais, Wesley. T'as été inquiet quelques jours, avant ça, tu n'avais même pas remarqué son absence. Maggie, cette partie inévitable de ta vie, ce fragment de ton âme. Margaret, ta soeur jumelle, Margaret dont tu avais tant haï les pleurs, tant détesté l'impuissance. Parce que la détester te défoulait, t'empêchait de coller ton poing dans un mur, dans la table, dans un fauteuil hors de prix. Parce que lui t'éloigner te permettait d'être égoïste, Narcisse à deux balles, de ne pas avoir à ressentir sa douleur, de ne pas avoir à épouser sa peine. On dit que les jumeaux ont un lien immuable, qu'ils partagent les émotions, que lorsque l'un des deux est anéanti, l'autre est au plus bas aussi. Est-ce que tu pouvais lui cacher, à Maggie, le désastre qu'était devenu ta vie ? Est-ce que tu pouvais faire comme avec les cadavres de bouteilles, les cacher derrière un rideau, derrière un sourire ? Mille habitudes étaient nées du tourment des derniers mois ; tu te brossais les dents six fois par jour, pour camoufler dans ton haleine l'odeur des liqueurs fortes, tu te lavais les mains toute la journée car tu les trouvais collantes, tu ne supportais plus ni la lumière, ni le bruit. La tête entière devenue une fanfare, cacophonie permanente, et toujours à l'oreille une foutue nymphe pour te glisser aux tympans, d'une voix stridente, que tu avais soif, que tu avais besoin d'alcool. Sans l'alcool, tout s'effondrait, tu retournais à l'état primaire, tu pleurais, tu tremblais, tu criais. Un Soleil consumé, un Hélios tourmenté, en proie à toutes les pires influences. Les pensées étaient devenues un étang sombre, un marasme de conneries qui te traversaient l'esprit, lui-même devenu gruyère, dédale à cent issues, égouts d'une oreille à l'autre.
Pourtant, tu es là. Tu n'as pas forcément lâché tous les rênes. Tu as aidé Ambroise, du mieux possible. Tu es dans le salon de Margaret, et si ta jambe est folle, s'agite, tu es bien assis, pas avachi. Tu sens la sueur sur les tempes. Les mots résonnent, est-ce que ta soeur a refait l'insonorisation de la pièce ? C'est un opéra cruel, une pièce avide de sens, et les tiens s'affolent, tu es comme hypnotisé, comme torturé, mais tu ne laisses rien voir. Sourire de façade, pour éclipser toute la douleur, pour cacher toutes les hontes qui s'agitent, te retournent l'estomac. Bête de nausée, avatar du dégoût de soi-même. Il y a un problème. Tu le comprends enfin. Et tu écoutes ta soeur, t'efforce de ne pas l'interrompre, mais tu comprends qu'il y a bien plus d'un problème. Tu comprends que l'univers entier est en train de se foutre en l'air, que le monde s'effondre, et que tu giseras le premier sous les débris, pour une bouteille de whisky. "Comment ça, rentrées dans l'ordre ?" C'est une zone d'ombre, un grand trou noir dans cet univers compliqué qui naît de la bouche de ta soeur. Comment tu as pu louper tout ça ? Tu te revois au mariage, l'esprit endormi, les yeux grand ouverts, automate complètement cassé. Tout ça, c'est la faute de tes parents. T'aimerais t'en persuader, tu te répètes la maxime du matin jusqu'à la nuit, mais si l'aube se fond dans l'horizon, le crépuscule devient le réveil, et tu as perdu le fil au moins du rythme des jours. "Ils ont payé ? Ou est-ce qu'ils ont trouvé une autre manoeuvre qui nous retombera dessus tôt ou tard ?" Tu dis nous, comme si c'était toi, les poignets liées, la bouche muette, la peur au ventre. Tu dis nous, parce que t'avais commencé à le sentir, en toi, que ça n'allait pas. Ça avait été comme un déclic, comme un interrupteur qui s'actionne bruyamment, et t'avais eu les boyaux en folie, les intestins noués. Tu l'avais compris, quelque chose arrivait à Maggie. Puis il y avait eu les messages sans réponses, les appels rejetés, le répondeur rempli, toute la suite dont tu n'avais aujourd'hui que des bribes de mémoire.
Main qui attrape le verre, à l'aveuglette, se dirige vers le vin, presque innocemment. Tu le portes à tes lèvres. Tu as la peau aride, les lippes craquelées, le coeur qui bat la chamade, la respiration brûlante. Sans doute de la fièvre, le cerveau en compote, tu t'éclaircis la gorge, trempe la bouche dans ton verre, et aussitôt, l'extase. Le vin qui coule, tu te retiens de ne pas finir le verre en une seule fois, les sourcils froncés, pendant que Maggie reprend, et tu clignes des yeux, comme si l'univers reprenait un sens, inhibé de nouveau. Et puis la voix de Maggie s'emballe, le volume reste égal mais le ton monte, elle évoque les serpents, vos parents à écailles qui ont répandu le poison depuis le berceau. Gamins maudits, nés dans la mauvaise famille. Gamins maudits, qui n'avaient même pas su s'épargner la fameuse lame au-dessus de leur tête. Si j'avais été présent dans ta vie, il ne t'aurait pas touché. Tu te crois puissant, Wes, suffisamment fort pour repousser ce type qui a mis ses sales pattes sur ta soeur. La vérité, c'est que t'aurais rien fait, que t'aurais fini par trinquer avec la lune, en pleurant sur tes incapacités. Tu déglutis, difficilement. "Qu'est-ce qu'on peut faire, Maggie ? On est grands, maintenant. On n'a plus besoin d'eux. On n'a jamais eu besoin d'eux. Je suis prêt à tout." La voix se brise à peine, et tu la noies de nouveau dans du jus de raisin. Tu sens une goutte glisser le long de ta joue. La fièvre, la chaleur, le besoin. Tu finis ton verre, à peine trop vite, expire profondément, ferme les yeux une demie-seconde de trop pour que ce soit naturel. Mais il y a le sourire, toujours, le sourire qui reste bien en place, malgré la jambe qui s'agite encore, remue toute ta carcasse.
- hrp:
désolé du retard, j'espère que ça te plaira
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