he had it coming... ≢ TELLAMY #1

he had it coming ...

he only has himself to blame...

Parfois, certaines enquêtes étaient plus difficiles que d'autres à supporter, surtout dans la branche qu'ils avaient choisi, où le plus souvent, ils étaient témoins de ce que l'être humain pouvait faire de plus vil et de plus dégradant au monde. Certains collègues avaient changés de boulot depuis, trop atteints émotionnellement par tout ça justement mais eux semblaient ne pas être touchés. Je dis bien semblaient, car ils se préoccupaient des autres, sinon ils ne seraient pas devenus flics, vous pensez bien. Disons simplement qu'ils parvenaient mieux que la majorité à se détacher du fardeau que cela pouvait représenter. Étaient-ils devenus trop cyniques ? Insensibles ? Non, disons simplement qu'ils se surveillaient l'un l'autre de ce côté là, puisqu'ils étaient l'un pour l'autre, la personne qui connaissait l'autre par cœur et qui pouvait donc repérer tout changement suspect ou potentiellement annonciateur d'un problème imminent. Et bien aujourd'hui, pour Teddy, il allait être confronté à l'un de ces fameux cas. Ceux qu'il était impossible d'ignorer et pour cause, le type qu'ils avaient emmené en salle d'interrogatoire était un beau salop, à tous les niveaux.

Proxénète de métier, occupation fièrement assumée en plus pour bien commencer et salopard violent pour compléter le tableau. Non seulement avec sa "pouliche" comme il l'appelle si affectueusement, mais aussi avec le fils qu'elle a eu avec lui (dont ils suspectaient d'ailleurs fortement qu'il soit issu d'un viol). Un point qui évidemment, parle à Theodore. Sans doute même un peu trop, voilà pourquoi leur capitaine a décidé de mener l'interrogatoire, ordonnant à ses deux lieutenants de passer dans la salle au miroir sans tain. Et il a bien fait, parce que la partie animal de notre cher ours ne demande qu'à remonter à la surface plus les minutes s'égrainent et plus il entend l'autre ordure balancer  provoc après provoc, comme par exemple que le gamin le méritait, à être toujours en train de pleurnicher et que sa mère ferait de lui une tarlouse à force de le surprotéger comme elle le faisait. Oh oui, à l'intérieur, ça bout à présent chez lui, son sang ne passe plus par le cerveau, ni même ses mains, dont les joints sont blancs à présent tellement il serre les poings et c'est limite si on ne l'entend pas grincer des dents, vu comment il fait de même avec sa mâchoire. La goupille saute, celle qui était encore là, ne tenant plus à grand chose, pour l'empêcher de faire une connerie, mais il n'en a rien à foutre. Ce type méritait ce qui allait lui arriver sous peu. Et encore, il voudrait pouvoir en faire plus mais il a au moins eu la présence d'esprit de laisser son arme de service à son bureau.

Car à peine le type franchit la porte de la salle d'interrogatoire, que Teddy se rue hors de la sienne et se rapproche pour lui coller son poing en pleine figure, visant le nez direct. Il a mal quand ses os rencontrent ceux de son pif mais au son que cela fait, il sait qu'il a visé juste, il venait de lui péter le nez. « Espère d'ordure ! J'espère sincèrement que tu aimes qu'on te défonce parce qu'une fois à Rikers, je peux te jurer qu'ils vont se faire un plaisir de te passer entre eux comme tu fais passer tes filles à tes clients. Les types comme toi qui s'en prennent à des mômes, ils adorent, tu verras ! » Cette logorrhée sort à toute vitesse, crachée telle du venin mais juste au cas où, il continue de lui coller son poing dans la tronche. Jusqu'à ce que Bellamy le tire par le coude, qu'il retient tant bien que mal de s'abattre à nouveau sur le visage ensanglanté du type qui commence à hurler. « Ah ça fait moins plaisir hein, d'être celui qui les reçoit les coups ! On fait moins le malin quand on ne peut pas se défendre... » balance-t-il avec un sourire absolument sardonique sur le visage, alors que son meilleur ami le traine de toute ses forces hors de portée du suspect sous le regard rouge de colère de leur patron. Oh il allait se faire mettre à pied, ça c'est inévitable vu ce qu'il venait de faire, mais bordel, ça lui a fait un bien fou sur le moment. Ils passent donc la porte des vestiaires, et il relève les yeux vers Bellamy qui le fixe sans rien dire. « Quoi ? Ose me dire qu'il ne méritait pas pire... » Son regard exprime bel et bien cet appel à oser, histoire qu'il puisse cogner encore un peu. Foutue pour foutue, sa main pouvait encore bien servir un peu avant de lui faire un mal de chien, une fois que ce rush énorme d'adrénaline serait évacué hors de son système.

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Plus les années passaient et plus les enquêtes devenaient compliquées. Ou alors c’était Bellamy qui prenait de l’âge ? Possiblement les deux. Toujours est-il que le monde ne tourne pas rond pour le lieutenant qui se demande comment l’être humain peut devenir aussi sombre, d’année en année. Une impression erronée ? Pas forcément. La criminelle leur en racontait de belles parfois et il faut dire que leurs deux services se partageaient la palme des histoires les plus sordides qui soient. Pas très étonnant quand on bosse aux mœurs, vous me direz, mais l’humanité était clairement vouée à sa perte. Ça, c’est ce que pensait Bellamy. Il avait certes un peu d’espoir, notamment lorsque l’affaire terminait bien, mais on ne peut pas dire que son quotidien respirait la joie et la bonne humeur. Heureusement, Teddy était là pour illuminer ses journées, même s’il passait aussi son temps à l’emmerder, mais ça, c’était encore autre chose. Autant, il aimait avoir Teddy à ses côtés, parce que c’était son meilleur ami de toujours, celui sur qui il pouvait compter, autant, il avait parfois du mal parce qu’il était aussi son beau-frère. Et ce petit détail -qui n’en est pas un- change la donne et il suffit qu’il y pense parfois trop fort pour que ses journées deviennent aussi sombres que l’enquête en cours.

D’ailleurs, celle sur laquelle ils bossent n’est pas des plus joyeuses. Un proxénète, sa prostituée préférée et au milieu de tout ça, un gamin qui n’avait rien demain à personne. Ajoutez un soupçon de coke, de violence et autres joyeusetés et vous obtenez deux flics à cran. Tellement à cran que le capitaine, qui a le nez fin, on ne va pas se mentir, décide de mener l’interrogatoire lui-même. Bellamy et Teddy sont donc cantonnés à la salle arrière, celle qui se trouve derrière le miroir sans tain. Qu’est-ce qui est pire selon vous ? Mener un interrogatoire ou écouter un monstre déblatérer des conneries toutes plus abjectes les unes que les autres sans rien pouvoir faire ? Bellamy prend son mal en patience, plus agacé qu’autre chose par le discours du proxénète qui, selon sa propre opinion, se donnait en spectacle. Alors certes, ce qu’il dit est très certainement vrai, c’est même sûr, mais cette façon de se pavaner est juste un moyen pour lui de provoquer les flics du poste. Et ça marche, effectivement. Sur Teddy, surtout. Dès le début, Bellamy avait su que cette enquête poserait problème, voilà pourquoi il garde un œil sur son meilleur ami, car il le sait capable de beaucoup de choses et pas forcément des bonnes.

L’interrogatoire touche à sa fin et il n’a pas le temps de dire ‘ouf’ que Teddy lui fausse compagnie pour sauter sur leur suspect. Même s’il aurait du s’en douter, même si c’était prévisible, il l’avait devancé et avait eu le temps d’écraser son poing sur son nez. Bellamy se précipite sur son meilleur ami et tente, tant bien que mal, de le retenir, mais c’est qu’il a de la force le bougre.. Et puis, on ne va pas se mentir, ça faisait du bien de voir cette ordure, prendre un coup. Enfin même plusieurs, car Teddy ne s’arrête plus et là, les choses se compliquaient. Évidemment que la mise à pied était maintenant inévitable, mais au point où on en était, il voulait aussi lui éviter des séances chez le psy ou pire, des explications avec sa sœur. « Teddy, ça suffit !! » Il ne l’entend pas, il le sait, mais il se dit que peut-être, entendre sa voix le ferait réagir. Il finit par l’arracher de là, non sans mal, sous le regard noir de leur capitaine, et le traîne dans les vestiaires où personne ne viendrait les emmerder, surtout avec ce qui venait de se passer. Bellamy ferme la porte derrière eux et laisse échapper un soupir. Soulagement ou dépit ? Bonne question. « On sait tous les deux qu’il méritait pire que ça.. » dit-il en haussant les épaules. « Tu comptes faire quoi ? Me frapper moi aussi ? » demande-t-il en haussant un sourcil alors qu’il voit son regard qui ne désemplit pas de haine. Une haine qui ne lui était pas destinée, mais il savait que dans ces moments-là, lorsqu’on voyait rouge, on ne reconnaissait plus rien. Alors il le laisse tranquille, le temps qu’il redescende un peu et qu’il se reprenne, inutile de lui parler ou d’attendre quoi que ce soit de lui lorsqu’il est dans cet état-là.

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Le monde fonçait droit dans le mur et méritait sa fin, voilà ce qu'il commençait à se dire de plus en plus, à force de bosser ici et de voir le pire dans l'être humain quasi au quotidien. Quand on connaît un peu Teddy, pas surprenant venant de sa part, lui l'éternel pessimiste de service qui voyait les choses comme elles étaient parce qu'il avait été confronté à la dure réalité de ce que l'homme avait de pire en lui dès l'enfance. Désabusé, cynique, misanthrope, des qualificatifs qu'il ne reniait même plus à force mais qui en un sens, paradoxalement, lui permettait de pouvoir continuer à bosser aux mœurs. Ça et la présence de Bellamy à ses côtés, bien évidemment. Tant qu'ils étaient ensemble, tout était censé bien se passer, je dis bien censé. Parce que ce qui va se passer là prouve bien que même s'ils se connaissent sur le bout des doigts, ça ne suffisait pas forcément à garantir que tout irait au mieux. Car là oui, leur suspect se donnait très clairement en spectacle, à se vanter comme un crétin d'avoir fait tout ça comme si c'était des badges d'honneur à ses yeux et à insinuer que le gamin méritait ce qu'il lui avait fait subir. Teddy était peut-être plus très optimiste sur un tas de choses mais il restait persuadé qu'un enfant ne pouvait pas mériter un tel traitement alors forcément, dès que l'autre salopard sort de la salle d'interrogatoire, il lui saute à la tronche.

Oh ce que ça fait du bien putain, de lui coller son poing directement dans le pif et de l'entendre craquer aussitôt. Il s'est fait mal au passage, vu le choc os contre os mais il s'en fout royalement là, seul compte sa colère qui s'évacue un peu dans chaque coup qu'il lui donne. Il n'entend même pas Bellamy lui intimé de s'arrêter tellement il voit rouge. Et dans ces moments là oui, il est parfaitement capable de faire des conneries, de très grosses conneries même et c'est aussi là qu'on s'aperçoit qu'il avait aussi en lui le côté puissant et dangereux de l'ours, pas seulement celui du nounours adorable. Mais il y parvient quand même, à force d'insister et surtout parce que Teddy voit bien au regard de leur patron que s'il ne voulait pas être tout bonnement viré sur place, il était dans son intérêt de suivre Bellamy dans les vestiaires. Mais ça ne le calme pas pour autant, les nerfs trop à vif à présent pour qu'il puisse redescendre dans les tours aussi vite. Pas même le fait que son meilleur ami abonde dans son sens en disant que ce type méritait bien pire. Parce que de le dire c'était une chose, mais de s'assurer que ça devienne une réalité une autre...

C'est la prochaine phrase qu'il dit qui le ramène déjà un peu plus à la réalité. « Dis pas de conneries, tu sais très bien que je t'en collerais pas une, sauf si tu le mérites. » lâche-t-il en soupirant alors qu'il se laisse glisser contre le mur, se retrouvant fesses au sol, se prenant la tête entre les mains, maintenant qu'il réalise pleinement ce que sa mise à pied allait entraîner comme conséquences pour lui. Il se fichait de son dossier, même s'il ne devrait pas, mais là c'est surtout les conséquences à la maison qui l'inquiète. Car il allait devoir expliquer à sa femme pourquoi il se retrouvait sur la touche et là vraiment, ça le faisait chier bien plus que d'avoir un nouvel écart dans son parcours de flic. Ce qui souligne d'ores et déjà le fait que son couple battait de l'aile. Mais bon, ça il ne peut pas réellement le dire devant Bellamy, vu que c'est à sa sœur qu'il était marié. Et oui, ça compliquait vraiment tout. « J'ai pas réfléchi, ok ? Mais de l'entendre dire des trucs pareils et de les penser... J'ai pas pu m'en empêcher. » Et il sait que Bellamy comprend pourquoi il n'a pas pu se retenir, c'est bien l'un des seuls qui sait toute la vérité sur son enfance d'ailleurs. Parce qu'avec lui, il partageait tout et ce depuis toujours. Voilà pourquoi ça l'emmerdait tant de ne pas pouvoir lui parler de ce qui se passait chez lui, même si peut-être, ça débloquerait la situation entre eux, si son meilleur ami savait qu'ils étaient pas loin du divorce...

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Bellamy le connaissait tellement bien qu'il n'est même pas surpris qu'il saute de cette manière sur leur suspect. Pas surpris et surtout, il ne l'en empêche même pas dans un premier temps, car il savait que, déjà, c'était inutile. Empêcher Teddy de faire quelque chose était totalement contre-productif, ça, il l'avait appris à ses dépens ces vingt dernières années et s'y était fait, autant le dire. Inutile donc dans un premier temps et puis leur suspect le méritait quand même un petit peu -pour ne pas dire totalement, mais allez dire ça à leur boss- alors oui, Armstrong ne l'avait, volontairement, pas rattrapé. Vous pourriez penser que la police ce n'est plus ce que c'était, que tous les flics étaient corrompus ou faisaient la loi comme bon leur semblait, mais c'est bien plus compliqué que ça. Tout n'était pas noir ou blanc, contrairement aux enseignements divers et variés que chacun a pu avoir. La vie n'était que nuances de gris -sans mauvais jeu de mots en rapport avec de très mauvais films- qu'on se le dise et malgré une formation très stricte sur ce manichéisme qui régissait soit disant leur vie, les flics se devaient quand même de faire usage de leur libre-arbitre. Il en allait de leur santé mentale à vrai dire parce qu'obéir à des ordres arbitraires pendant toute une carrière, y avait de quoi rendre fou, encore fallait-il se montrer raisonnable et ne pas basculer dans l'excès. Quand je vous dis que le métier de flic n'était pas simple… Toujours est-il qu'ici, le pétage de plomb de Teddy n'était le résultat qu'une trop grande accumulation de beaucoup de choses et après quelques secondes à se défouler, Bellamy décide d'intervenir.

C'est qu'il a de la force Porter, ça, il n'en avait jamais douté. Mais forcément, vu ce qui bouillonnait là-dedans, cela le rendait plus instable, physiquement parlant et Armstrong fait son possible pour l'éloigner du suspect afin d'éviter le pire. Le pire étant une exclusion plus ou moins prolongée de Porter évidemment, ce qui allait arriver à cette ordure ne lui importait peu, du moment qu'il croupisse en taule. Il le laisse reprendre ses esprits pendant un moment sachant pertinemment qu'il allait être sourd à toute réprimande de sa part. Et puis pourquoi le réprimander après tout ? Il le fait revenir à la surface en lui demandant s'il comptait le cogner lui aussi, manœuvre réussie pour Armstrong. Il souffle par le nez à sa réponse, même s'il le méritait, il doutait qu'il lui en colle une, on parlait de Teddy quand même, mais sa réflexion le fait sourire, son meilleur ami était toujours là, c'était le principal. Il l'observe s'adosser au mur puis s'asseoir par terre avant de faire de même, mais contre un des casiers qui était assez proches pour que leurs pieds se touchent. Il fait une légère moue avant de soupirer. « Je sais Teddy.. je compte pas t'engueuler, tu sais ? » Contrairement à sa sœur qui allait sûrement lui en mettre plein la tronche lorsqu'elle allait apprendre ce qui s'était passé, Bellamy n'avait donc aucune envie d'en remettre une couche. Et à quoi cela servirait ? Il avait eu ce qu'il méritait après tout, la seule chose qu'il craignait à vrai dire, c'étaient les conséquences sur son meilleur ami. « Ça m'aurait même fait plaisir de te voir l'amocher un peu plus, mais je n'ai pas envie de perdre mon partenaire préféré.. » avoue-t-il avec un sourire, même s'il savait qu'il allait le perdre pendant quelques jours et cette idée ne le ravit pas plus que ça. « Au moins, tu passeras quelques jours avec ta femme.. » ajoute-t-il avec un haussement d'épaule, sans savoir que c'était la dernière chose qu'il voulait, lui-même un peu résigné quand on pense qu'il aurait voulu être la personne avec qui il allait passer son temps durant sa suspension. Ouais, Bellamy se fait un peu de mal -et à Teddy au passage, mais il est pas censé savoir que leur mariage est déjà mort et enterré- mais c'était quelque chose dont il avait l'habitude maintenant. Ses yeux se posent sur sa main, ensanglantée, lui tirant une grimace avant qu'il capte son regard. « En sortant d'ici, on ira à l'hôpital et c'est non négociable. » lance-t-il en le fixant, s'attendant à un refus, mais il ne céderait pas.

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C'est précisément parce qu'il le connaissait si bien que Bellamy n'intervient pas de suite, évidemment. Déjà parce qu'il sait que ça ne servait à rien de le faire, pas quand Teddy était dans un état pareil et il sait aussi oui, que son meilleur pote a une sacrée force, encore plus quand il était aussi remonté, donc pas fou le type, il évite de s'en prendre une par ricochet. Mais c'est pourtant bien lui qui doit finir par servir de bouclier humain entre cette ordure et Porter parce que personne d'autre n'aurait pu lui faire entendre raison, tout simplement. Pourquoi croyez-vous qu'on les surnomment les "Deux Mousquetaires" au poste ? Parce qu'ils sont toujours collés l'un avec l'autre déjà, avec littéralement une attitude similaire à ces personnages là, du genre un pour tous et tous pour un mais qu'entre eux, bien sûr, et un code de moral bien spécifique à cette même dynamique. Après tout, à force de bosser ensemble depuis si longtemps, sans compter de s'être connu pour ainsi dire depuis le berceau, personne d'autre au monde ne pouvait dire le connaître autant que Bellamy pouvait le faire et inversement, bien entendu.

Alors bien sûr qu'il réussi à le faire redescendre un peu en lui demandant s'il s'apprêtait à le cogner lui aussi -et en effet, même s'il le méritait, Teddy ne porterait jamais la main sur lui- et il tente de changer le sujet après avoir confirmé le fait que le type méritait bien pire mais se faisant, en évoquant sa sœur, il remue le couteau dans la plaie sans le vouloir et pour tous les deux en plus. C'est ballot quand même... « Préféré je sais pas, dis plutôt que je suis le seul à pouvoir te supporter. » Autre petite preuve que Porter était en train de se calmer, le retour de sa verve acérée et de la taquinerie entre eux. Car il préfère en rire ou tenter de le faire que de relever le sens caché de ces mots là venant de la part de son coéquipier et meilleur ami. « Pas vraiment sûr qu'elle sois ravie par cette perspective... » glisse-t-il malgré tout dans un soupir quasi dépité mais bon, quand on sait ce qui l'attendait chez lui, à savoir une bonne grosse dispute avec Margot parce qu'il avait fait une connerie, ouais, ça donnait vraiment pas envie d'y aller et lui préférerait largement les passer avec Bellamy, ça on le sait bien. Mais c'est pas comme s'ils passaient déjà tout leur temps ensemble en plus hein... Et pourtant ça n'était pas encore assez.

Grimace de résignation sur le visage quand il lui annonce qu'ils iront faire un petit tour forcé par la case hôpital mais oui, s'il voulait récupérer l'usage total de sa main par la suite, ça serait nécessaire parce qu'il n'y était vraiment pas aller de main morte -c'est le cas de le dire- sur ce salopard. « Oui maman... » se permet-il tout de même de répondre avant de pousser un long soupire tout en basculant sa tête en arrière contre le mur, les yeux fermés. S'en suit un long silence d'une voir deux bonnes minutes, où il reste ainsi, sans bouger ou dire quoi que ce soit mais c'était le temps dont il avait besoin pour se recentrer et surtout, de chasser de son esprit les vieux démons qui étaient remontés à la surface avec toute cette affaire, mais qui n'étaient jamais très loin de la surface hélas... « Ta sœur va me réduire en charpie... Déjà qu'en ce moment c'était tendu... » Pourquoi venait-il de dire ça ? Aucune idée, il n'en revient même pas lui-même de ce qu'il venait de confier à son meilleur ami mais bon, trop tard maintenant et il ne peut pas réellement faire comme s'il ne l'avait pas entendu et prétendre avoir dit autre chose vu la tête que fait Armstrong soudainement. Allez savoir, peut-être qu'inconsciemment, il se dit qu'il avait tout intérêt à laisser fuiter l'information pour que les choses avancent enfin et qu'ils arrêtent de nier l'évidence une bonne fois pour toute. Ouais, l'espoir fait vivre après tout...

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Remuer le couteau dans la plaie, faut dire que Bellamy était passé maître en la matière depuis que Teddy avait épousé sa sœur. Il arrivait même à le remuer chez lui et chez son meilleur ami, ah bah il ne fait clairement pas les choses à moitié ! Le mariage de Margot et Teddy est sûrement la pire chose qu'il ait pu vivre dans sa vie -et pourtant il en avait vu et vécu des choses, c'est dire- que ce soit la cérémonie en elle-même et le mariage, qui dure encore et encore. Cela ne faisait que peu d'années au final, mais c'était beaucoup trop pour Armstrong qui sombrait peu à peu dans la mélancolie. Donc oui, évoquer Margot lui faisait mal, alors qu'il s'agit de sa propre sœur, mais elle restait celle qui lui avait piqué Teddy… Sans le vouloir, évoquer sa sœur fait également du mal à son beau-frère dont il ignore les doutes et autres remises en question. C'était sa pénitence. Bellamy n'était pas croyant pour un sou, mais il était sûr d'une chose : remettre leur mariage sur le tapis était une façon, pour lui, de se punir pour ressentir de telles choses. Une punition qu'il s'infligeait tout seul lorsqu'il se prenait à rêver d'un futur avec Teddy. C'était risible tellement c'était pathétique, mais très efficace cependant. En parallèle de cela, il devait le côtoyer tous les jours et faire en sorte de garder le sourire quoiqu'il arrive pour n'éveiller aucun soupçon. Mais dans un sens, difficile de jouer la comédie auprès de son meilleur ami, avec lui, il pouvait être lui-même sans crainte de jugement, même s'il ne pouvait évidemment pas tout lui dire.

Teddy se calmait peu à peu, preuve étant la petite pique qu'il lui lance, arrachant un sourire à Bellamy. « T'es surtout le seul partenaire que j'ai, Teddy… » répond-il en souriant. Oh, ils avaient bien essayé de séparer le binôme et les choses ne s'étaient pas bien passées du tout, cela avait même failli dégénérer avant que le Capitaine ne se ravise et reforme le duo de choc, pour le soulagement de tout le monde ou presque. À ce souvenir, Bellamy esquisse un sourire avant qu'il ne se fige et que ses sourcils se froncent. Il ne relève pas la remarque au sujet de sa sœur, mais la met dans un coin de sa tête ne voulant pas s'emballer outre mesure concernant une information qui pourrait tout changer. Les fausses joies, on allait éviter, il ne se relèverait sûrement pas d'un truc pareil, donc aucune réaction de la part de Bellamy qui se dit qu'il ne réagirait que si Teddy insiste. Ce n'était de toute façon, pas le moment d'espérer quoi que ce soit, ils allaient surtout devoir aller à l'hôpital pour vérifier cette main ensanglantée. S'agissant de sa main dominante, il y avait tout intérêt à agir, notamment de faire une radio afin de voir si rien n'était cassé. De toute manière, il ne lui laissait pas le choix, ils iraient dès lors qu'ils quitteraient le poste. Armstrong esquisse un sourire à sa réponse, fier de ne pas l'entendre rechigner et surtout de céder aussi vite. Le pouvoir de Bellamy sur Teddy était réel, même Margot ne l'avait pas, ne lui enlevons pas cette petite fierté.

Petit silence dans la pièce pendant un long moment, pour Bellamy en tout cas qui se met à jouer avec ses doigts, la tête posée contre le casier derrière lui. Seul le bruit ambiant du commissariat filtre à travers la porte, la photocopieuse, le téléphone du standardiste et les blagues à la con de Peterson, bref la routine quoi. Puis Teddy brise ce silence -Dieu merci- et là, Armstrong se redresse aussitôt, comme à l'affut avant de se racler la gorge, ne voulant surtout pas passer pour un gros curieux. « Tendu ? Comment ça ? » demande-t-il finalement. Qu'elle le réduise en charpie, oui ça lui semblait plausible, on parlait de sa sœur quand même. Mais le reste de sa phrase l'interpelle. La première fois, il avait décidé de l'ignorer, mais là, il s'agissait bel et bien d'un appel du pied, non ? « Teddy, qu'est-ce qui se passe ? Tu sais que tu peux tout me dire, hm ? » Façon de parler, y avait des choses qu'il ne voulait évidemment pas savoir au sujet de leur relation. Margot était sa sœur, certes, mais Teddy était son meilleur ami de toujours, il le connaissait bien plus qu'il la connaissait elle, c'est dire. Le coeur de Bellamy s'emballe un peu, sûrement l'anticipation, la peur d'apprendre que leur mariage avait pris du plomb dans l'aile et espérer derrière. Espérer que quelque chose était enfin possible. Espérer pour rien…

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Teddy était doté d'un instinct impeccable dans son boulot, il pouvait suivre ses tripes avec conviction car il se trompait peu, voir jamais, quand il ne sentait pas quelqu'un, en général ça n'était pas sans raison. L'expérience du terrain ou simplement le fait de savoir lire les gens. Mais ce talent là ne lui était d'aucune aide avec Bellamy pourtant et ça l'avait même desservi au final. Car lui avait espéré que le fait qu'il commence à sortir avec sa sœur provoquerait une réaction de sa part, mais rien. Il s'était donc dit alors que ce qu'il avait cru détecter n'était qu'un figment de son imagination, une projection de ses propres sentiments à l'égard de son meilleur ami et rien de plus... Donc oui, quand on y regarde de près, les deux sont des experts en l'art de remuer le couteau dans la plaie et ça faisait bien trop longtemps que ça dure d'ailleurs. La preuve, il n'arrivait même plus à donner le change avec Margot, qui suspectait quelque chose sans pouvoir réellement dire quoi mais elle n'était pas stupide, elle voyait bien que son mari s'éloignait peu à peu d'elle et avec un brin de cervelle, il n'y avait pas 36 000 conclusions à tirer à ce stade, on le sait bien. Et en un sens, peut-être aurait-il mieux valu qu'il le fasse, ça aurait été plus simple car ça lui aurait donné une raison valable pour qu'elle le déteste et demande le divorce. Une raison bien moins pénible et clivante que de lui dire qu'il aimait son frère et pas elle.

Le seul partenaire qu'il avait... Ces mots ont une résonance particulière dans l'esprit de Teddy soudainement et nouveau petit remuage de couteau au passage. Car s'ils étaient en effet partenaires sur le terrain, en vérité, ils l'étaient déjà aussi à la ville, mais sans jamais l'avoir admis. Car oui, Bellamy connaît Teddy mieux que quiconque en ce bas monde -même sa propre mère oui oui- et inversement. Voilà pourquoi il pouvait s'enorgueillir oui, d'avoir un tel pouvoir sur l'ours mal léché qu'est Porter, parce qu'il n'y a guère que lui qui puisse lui faire entendre raison quand il s'obstine. Un signe évident que pourtant ils font mine d'ignorer depuis des années déjà. Oh oui, leur boss avait bien vite compris à l'époque, qu'il était dans l'intérêt de tous de laisser ces deux là ensemble parce que sans ça, c'était le chaos et les plaintes des autres parce qu'ils cassaient les pieds à tout le monde. Puis comme l'avait dit Teddy juste avant, personne d'autre ne pouvait les supporter. C'est donc sans broncher ou presque que notre cher flic accepte d'aller à l'hosto après histoire de faire inspecter sa main -même s'il sait qu'elle n'a rien, si ce n'est quelques égratignures- mais si ça pouvait apaiser Armstrong... il le ferait. Là encore, un signe, mais encore et toujours passé sous le couvert d'autre chose parce que c'était plus simple que d'admettre la vérité.

Pourtant, c'est ce qui sort, en quantité infime, de la bouche de Teddy après un long silence. Il sait qu'il ne devrait rien lui dire, même s'il pouvait en effet tout lui dire. Mais pouvait-il réellement lui dire ça ? C'était prendre un risque bien trop important, s'il en disait vraiment trop et laissait transparaître ses réels sentiments pour lui, ce qu'il était bien parti pour faire après ce qui venait de se passer, encore à vif après cette altercation avec leur suspect. Mais il était peut-être temps qu'il vide son sac justement, car ils ne pourraient pas éternellement continuer ainsi. Ça finirait par les tuer, voir pire, les séparer. « Margot veut qu'on fasse un enfant... Et je lui ai dit que je n'en voulais pas... » Ouais, c'était l'idée de génie de la sœur à Bellamy pour tenter de sauver leur couple, avoir un enfant. Comme si ça pouvait changer quoi que ce soit au fait que son mari aimait quelqu'un d'autre... « Alors rentrer et lui dire que j'me suis fait mettre à pied quelques jours va pas réellement aider à détendre l'atmosphère à la maison. » dit-il tout en passant ses mains sur son visage en soupirant lourdement, grimaçant presque aussitôt de douleur à cause de sa main.

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Ses mots n’avaient pas pour vocation de remuer le couteau dans la plaie. Il était son seul partenaire, comprenez qu’il était tout ce qu’il avait à l’heure actuelle. Ils l’étaient au travail, mais aussi à la ville. Évidemment, aucun des deux ne l’avait admis après plus de vingt ans d’amitié, mais c’était la triste réalité. Et quand je dis partenaire, le mot était faible. Il faut savoir que Bellamy le connaissait mieux que quiconque, même Margot ne faisait pas le poids face à lui et c’était justement le problème ici. Ajoutez à cela que c’était lui qui faisait office de tampon lorsque les choses s’envenimaient au travail. Comme aujourd’hui. Armstrong allait prendre la responsabilité de son partenaire pour les heures qui allaient suivre histoire de changer les idées du concerné et d’apaiser l’esprit de leur Capitaine qui en avait déjà vu de toutes les couleurs. Soulagé qu’il accepte de se laisser traîner à l’hôpital, Bellamy laisse échapper un soupir de soulagement et décide de lâcher un peu de lest avec Teddy. S’il avait pété une pile comme tout à l’heure, c’est qu’il y avait une raison et il était décidé à bien comprendre pourquoi.

Il ne le presse pas, il sait de toute manière que c’est contre-productif d’autant plus avec Teddy. Il le laisse venir et tâte le terrain tranquillement, lui assurant qu’il pouvait tout lui dire et c’était le cas. Il savait maintenant qu’il s’agissait de son couple, de sa relation avec sa propre sœur alors Bellamy prend sur lui et l’incite à parler. Oui, il prend sur lui, car ce n’était clairement pas son sujet favori. Il était son meilleur ami et beau-frère, il devrait être là pour l’écouter sans jugement et à priori, mais c’était bien plus compliqué que ça. Teddy finit par lui annoncer ce qui ne va pas et Armstrong reste silencieux un instant. Depuis quand sa sœur avait des idées à la con comme ça ? Bon ok, il s’était promis de ne pas prendre parti, mais c’était le pire moyen de sauver un couple non ? Et puis il devrait prendre la défense de sa sœur et pas de son meilleur ami… Oui, il était sacrément dans la merde. Bellamy soupire bruyamment, ne sachant pas quoi répondre sur le moment et ne peut que hocher la tête à la conclusion de Teddy. « Ça, je veux bien te croire ouais.. » dit-il finalement, sa grimace ne lui ayant pas échappé. « Margot est peut-être ma sœur, mais elle a de belles idées de merde.. » lâche-t-il en secouant la tête, posant ses mains à plat sur le carrelage. Une impulsion et il est déjà debout. Il tend alors la main à Teddy, essayant de croiser son regard. « Allez lève toi, je t’emmène à l’hosto. Après, on ira chez moi, tu pourras rester quelques jours si tu veux. » Autant de temps qu’il le souhaitait même.

he had it coming ...

he only has himself to blame...

Comment dire... Un proverbe résumait bien la chose au sujet de leur déni continu des deux dernières décennies: il est plus facile de voir la paille dans l’œil de son voisin que la poutre dans le sien, ou encore, dit plus simplement, c'était bien plus facile d'ignorer ce qui était sous leur nez depuis le départ. Mais bon, ça faisait tellement longtemps que ce petit manège durait entre eux qu'à force oui, ça devenait un réflexe de ne pas donner suite aux signes qui pourtant étaient d'une évidence insolente. Car oui, il était indéniable que ces deux là étaient des partenaires, aussi bien à la ville qu'au boulot et il n'y a guère qu'eux pour ne pas le voir. Littéralement. Car dans le fond, même Margot savait.  Et c'était aussi pour ça qu'elle tentait de garder Teddy pour elle avec son idée de génie, qui entraverait Teddy avec elle pour de bon, elle le savait. Il ne laisserait pas tomber sa propre chair et son propre sang, pas après ce que son propre père avait fait avec lui. Elle n'était pas sotte, loin de là. Ouais, mais ça c'était sans compter sur le fait que Teddy justement, ne voulait pas devenir père. Sous aucun prétexte, jamais. Précisément pour ne jamais se donner la moindre chance, ne serait-ce qu'une infime, de devenir aussi pourri que le sien, de géniteur. « Ça tu l'as dit ouais... » concède-t-il en soupirant longuement, finissant par attraper sa main pour s'extirper du sol à son tour, vu qu'au final, sa main avait quand même peut-être pris un choc. « J'espère que t'as d'la bière au frais. J'risque de te squatter le canapé un bon moment, la connaissant... » Oh ça pour squatter... Il n'allait plus partir en vérité, mais ça, pour l'instant, il n'en sait encore rien le Teddy.

Après deux bonnes heures passées à attendre qu'on daigne enfin s'occuper de lui à l'hosto, les deux comparses débarquent enfin au loft de Bellamy où notre ours mal léché va directement s'affaler dans le canapé, las de toute cette attente et quelque peu contrarié de se voir en plus mis sur la touche pendant deux jours, ordre du médecin, après auscultation de sa mimine. Autant dire qu'il est d'une humeur massacrante à présent. « J'entends déjà le divisionnaire me dire que j'peux m'en prendre qu'à moi et ma connerie pour mon ITT. Pourtant il sait très bien pourquoi j'ai fais ça. » En effet, il savait, il était l'un des rares à savoir et à l'avoir quand même recruté tout en sachant, c'est donc que dans le fond, il comprenait mais bon, faut dire que ces derniers temps, il les avaient enchainé les boulettes de ce genre. Sa tête part en arrière sur le dossier du canapé et il passe ses mains sur son visage, soudainement bien las. « Dis-moi au moins que t'as en stock de quoi faire pour que je puisse me mettre minable, sinon j'te jure que j'vais pleurer... » Il plaisantait, bien évidemment, mais peut-être pas tant que ça en vérité. Parce que la remontée de ressentiment envers son père via cette ordure de proxénète, la quasi confession qu'il avait voulu faire à Bellamy et tout le reste, mine de, c'est qu'il en était pas loin de craquer le pauvre mais bon, vous savez ce que ça peut être, la fierté masculine...

he had it coming ...

he only has himself to blame...

Une idée de merde et encore, il pesait ses mots. Comment sa sœur avait pu avoir une telle idée quand on sait que Teddy a pu avoir une enfance comme la sienne ? Alors, oui, Margot n'était au courant de rien, elle ne pouvait donc pas savoir que cet éclair de génie était vraiment mal venu, mais Bellamy, lui, savait -et cela le rendait totalement subjectif pour le coup-. Et il comprenait la réaction de son meilleur ami. Mais sans prendre en compte le lourd passé de Teddy, l'idée était clairement mauvaise. Rien de tel que de faire un enfant avec pour but de garder son mari, que de perdre le mari en question. Non vraiment, en termes de stratégie, Margot était clairement à la ramasse. Et pour rassurer Teddy, en un sens, il ne se cache pas pour lui en parler, lui faisant comprendre qu'il était de son côté. Il était grand temps de quitter les lieux, déjà parce que la conversation prenait un tournant qu'il n'était pas sûr d'assumer, mais aussi parce que la main de son coéquipier commençait à l'inquiéter. Ce n'étaient certes que des contusions, mais il fallait désinfecter et voir si rien n'était cassé. Il est donc soulagé quand Teddy ne proteste pas plus que ça lorsqu'il lui dit de se lever et souffle du nez à sa remarque. « Bière, whisky, tequila, t'auras l'embarras du choix. » répond-il avec un sourire. Oui, Bellamy avait une sacrée collection, disons qu'il aimait un peu trop la boisson depuis quelques temps, c'était sa façon de digérer les faits. Et lui non plus était loin de s'attendre à ce que cet hébergement, normalement temporaire, ne se transforme en cohabitation totalement voulue des deux côtés, comme quoi, de bonnes choses pouvaient en découler...

Après plusieurs heures d'attente, les voilà enfin qui franchissent le seuil de l'appartement de Bellamy. Il n'arrivait pas à comprendre comment ils pouvaient attendre aussi longtemps dans un service quand la plupart d'entre eux étaient inoccupés, un véritable mystère. Mais le principal, c'est qu'ils en soient sortis et que Teddy allait bien. Il allait bien certes, mais le médecin l'avait arrêté pour deux jours minimum, pas étonnant qu'il soit d'une humeur maussade, pour ne pas dire massacrante. Bellamy esquisse un léger sourire. « C'était deux jours d'ITT ou deux jours de suspension… » dit-il alors en haussant les épaules, sachant très bien lui aussi pourquoi il avait fait ça. Leur chef était vraiment sympa avec eux pour le coup et aujourd'hui n'avait pas fait exception. « Il m'a envoyé un message quand tu passais ta radio. Il ferme les yeux sur ce qui s'est passé et ne te suspend pas pour cette fois. » dit-il en guise d'explication. Il ne dit pourtant pas qu'il avait littéralement pris une beuglante et qu'il avait du le convaincre pour l'apaiser, il ne dit rien parce qu'il n'avait pas envie d'ajouter de l'huile sur le feu. Bellamy retire sa veste et observe Teddy se vautrer dans le canapé dans une position qu'il ne connaissait que trop bien : il avait besoin de se prendre une murge. « Fais pas ton bébé.. » dit-il en ricanant, plus pour le taquiner qu'autre chose. Il file dans la cuisine et récupère deux bières fraiches avant de rejoindre son meilleur ami. Il les décapsule rapidement et lui en tend une avant de s'avachir près de lui. Il boit une première gorgée de bière et soupir légèrement de bien-être avant de tourner la tête vers Teddy. « Ça va aller, ok ? »