Lovely night (Rosa)

(OOTD) Rosario a de la chance. Pas uniquement ce soir parce que son petit ami l’emmène dîner dans un restaurant trois étoiles, mais cette chance est quotidienne. Vivre dans un si bel appartement, pouvoir acheter ce qu’elle souhaite quand elle le veut, vivre de sa passion, avoir quelqu’un qui l’aime à ses côtés, ce n’est pas donné à tout le monde. Elle le sait et elle est reconnaissante pour toutes ces choses qu’elle n’aurait jamais pensé avoir étant enfant. C’est seule que la jeune femme arrive au restaurant, conduite par un Uber depuis le loft qu’ils partagent, prenant garde à ce qu’il n’y ait pas de journalistes dans les parages. Deux ans d’amour qu’ils taisent au grand jour parce qu’il ne veut pas passer pour l’homme plus âgé en pleine crise existentielle et qu’elle ne tient pas à jouer le rôle de la femme intéressée par la renommée et l’argent. Mais tout le monde ne l’entend pas de cette manière, alors ils redoublent de vigilance. Assise en face de Kayce, son regard se perd un instant sur Central Park, cet endroit qu’elle aime depuis son arrivée à New York. La nuit habille le parc, le rendant encore plus étincelant. Le retour du serveur la tire de ses rêveries passagères, et quand son regard croise celui de celui qu’elle aime, la voilà qui sourit enfin. Elle ne peut s’empêcher de laisser échapper un rire lorsqu’il parle de la différence entre leurs deux gardes. Amusée, elle baisse le menu pour se rapprocher légèrement de lui. « Chéri, regarde la montre que tu as au poignet. C’est évident que, de toi et moi, c’est toi qui paies. Je dirais même qu’ils doivent penser que tu m’entretiens. » Ce stéréotype agace Rosario, dont la mère a élevé une femme indépendante. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle insiste régulièrement pour inviter monsieur. Avant qu’elle ait le temps de dire quoi que ce soit d’autre, il enchaîne en disant qu’il ne comptait pas échanger son menu. « Ah parce que tu surveilles ce que je mange ? Tu sais normalement c’est plutôt ma mère qui me fait ce genre de remarque. » Sa mère à qui elle ne parle plus autant qu’avant, un crève-cœur pour la fille qui a toujours tenu à elle. Elle a du mal à comprendre comment sa mère peut accepter la trahison de son mari. Elle se doute qu’elle a ses raisons, mais pour l’instant, elle ne souhaite pas les entendre. Un sourire se dessine sur son visage, teinté d’amertume à cause de ces pensées. « Je me demande même comment je fais pour être encore autorisée à aller à la cafétéria. » Rosario finit par ouvrir sa carte, regardant les plats, fronçant régulièrement les sourcils. Les plats sont tous plus énigmatiques les uns que les autres et elle peine à déchiffrer leur contenu. L’anglais n’est pas sa langue maternelle, et le français mêlé à l’anglais devient un charabia dont elle ne comprend rien. « Tu ne veux pas choisir en premier ? » Comme ça elle n’aura qu’à choisir la même chose. « Ou alors leur demande de nous surprendre. Parce que là… C’est trop pour moi. » Elle ferme sa carte pour la poser sur la table avant de replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Au fait, on a eu les dates de tournage en extérieur tout à l’heure. J’ai que deux semaines complète, sinon ce sera pas plus de trois jours. »