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Un navire amarré au port ne craint rien, mais ce n’est pas dans ce but qu’il a été construit ~ Ambroise Wood

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Un navire amarré au port ne craint rien, mais ce n’est pas dans ce but qu’il a été construit.
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OUS ALLONS
VIVRE
ENFIN
Le Barclays Center, une salle de sport réputée, la plus grande de Brooklyn. J’y allais environ 2 fois par semaine pour rejoindre Ambroise, et pouvoir entretenir le corps que j’avais réussi à me construire durant mes années lycée. J’étais un sportif, entre autres choses. Pour moi, c’était le football américain, même si ça n’était pas réellement une passion. C’était une bonne couverture, mais en même temps pas forcément une activité désagréable. Evidemment j’ai pas poursuivi ma carrière dans le sport, et j’étais même pas vraiment talentueux. Mais j’y ai appris beaucoup de choses, ça m’a aussi fait grandir et je ne regrette rien. Et au final, j’ai pu obtenir des abdos et ça, c’est important. Faux, ça n’est pas important.
Je passais la porte de cette salle de sport format XXL, en cherchant Ambroise du regard. On avait pris cette habitude de s’attendre dans le grand hall, tout dépendait de qui avait été le plus rapide à venir. En général, c’était lui, habitant à Brooklyn. Je venais du Queens, alors forcément, j’avais un peu plus de route. Mais cette fois, il semblait que j’étais le premier sur les lieux. J’allais m’asseoir sur un banc, sortant instinctivement mon téléphone. Aucune notification, aucun message, ce qui était étroitement lié au fait que je n’avais aucun ami. Faux, j’en avais peut être un ou deux. J’avais Ambroise déjà. Et puis, cette nouvelle collègue qui m’avait fait un sourire la dernière fois. La tristesse, quand même. Au final, j’avais sorti mon téléphone pour regarder l’heure, et je l’avais rangé sans même y prêter la moindre attention. La vue de cet écran m’avait provoqué une angoisse soudaine qui était aussi une horrible vérité : j’étais seul. Plus de parents, pas d’amis, et je vivais dans le mensonge constamment. Loin d’un conte de fée, ma vie n’était pas non plus un modèle de réussite. Mais bon, c’était ma vie. Et de toute évidence, je devais m’y habituer.
Je levais les yeux sur l’entrée, attendant patiemment celui qui était donc mon seul et unique ami. J’en avais plein avant, des potes. Mais c’était quand j’avais de l’argent, celui de mes parents. Ils m’avaient tous laissé tomber en même temps qu’eux, Ambroise était le seul à être resté. Pire, il m’aidait, de temps en temps. J’avais beau refuser, il arrivait toujours à trouver un moyen de m’aider financièrement. Et ça, c’était gênant, et j’avais parfois l’impression que notre amitié n’était pas réellement équitable au vu de ce qu’il m’apportait. Je n’avais pas le luxe de me battre avec une fougue énorme, j’étais finalement obligé d’accepter son aide. Et il ne m’avait jamais laissé croire que je lui étais redevable. Un ami, un vrai, finalement. L’esprit perdu dans ces pensées, je ne le vis pas arriver, mes yeux pourtant plongés sur cette fichue porte grise sans âme. Je n’eu pas le temps de laisser apparaître ce sourire de façade, pourtant en permanence sur ce masque que je porte.
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merde, merde merde.. affreuse litanie qui s'installe et colle à sa peau. ambroise est en retard. parce qu'il a eu du mal à se lever. pourquoi ? parce qu'il a encore merdé hier soir. cette nuit. il ne se souvient pas de tout ce qu'il s'est passé honnêtement. l'esprit shooté à coup de couleur. de petites pilules de couleur. le gamin est sûrement allé trop loin mais... plus il va loin, plus il pousse ces limites. il se réveille avec un mal de crâne terrible. incapable d'ouvrir ses yeux correctement, il attrape des lunettes de soleil. esprit accablé. physique maltraité. pourtant, le gamin a rendez-vous à la salle de sport.
il s'habille rapidement avant de filer dans les rues. les bruits à l'extérieur font trembler son esprit. son âme hurle au désespoir de retrouver dans le cocon de son appartement. de fermer les volets. de ne surtout pas sortir avant que les étoiles ne soient revenues pour éclairer l'immensité de cette ville. manque de chance, ambroise doit donner le change. ce chaos intérieur doit rester son secret et doit rester à l'intérieur. gueule d'ange caché sous des lunettes de soleil, il n'hésite pas à coller un sourire sur ses lippes. celui qu'il maîtrise le mieux. les ombres s'effacent quand il sourit et qu'il passe la porte de la salle de sport. complexe immense.
aiden est déjà là. c'est rare que ce soit dans ce sens. que son ami l'attende. bon. un souffle. un morceau d'oxygène. ses poumons qui le font souffrir. les excès. les fuites. les failles d'une soirée catastrophique. un soupire et un sourire. hey, salut ! il lance, un peu fort en s'approchant de son ami. son ami qui ne réagit pas et semble s'être perdu dans ses propres pensées. ça fait doucement sourire le brun même s'il sait que ce n'est jamais bon signe. aiden a dégringolé de son statut pour suivre ses rêves. des rêves de musique. ambroise l'a pas lâché, l'a soutenu et continue encore de le soutenir du mieux qu'il peut. en étant là, par exemple. il s'approche jusqu'à déposer sa main sur son épaule pour le faire revenir à la réalité. eh oh. j'crois que t'es parti loin cette fois. désolé, je suis en retard. mon réveil a pas sonné. je sais pas pourquoi. les failles de la technologie, tout ça. qu'il énumère. rien à voir avec une soirée alcoolisée. rien à voir avec les substances qu'il n'a pas hésité à ingurgité pour faire taire ses démons. rien à voir. vraiment. ça va ? tu pensais à quoi ? curieux, toujours. bienveillant aussi. même si ambroise fait croire que ça va, ça ne l'empêche pas de s'assurer que les autres aillent bien. doux gamin bienveillant sous le soleil. chaotique sous la lune.
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Un navire amarré au port ne craint rien, mais ce n’est pas dans ce but qu’il a été construit.
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Je sursautais en sentant sa main sur mon épaule. Parce que je ne l’avais pas vu arrivé, parce que j’étais perdu dans mes pensées. Il avait raison, j’étais parti loin cette fois, mais je préférais de loin lui faire croire que ce n’était pas le cas. Parce qu’il ne savait finalement pas grand-chose de moi. Pour lui, ma vie n’était déterminée que par mon choix de devenir musicien avec les conséquences qui s’en était suivi. Et oui, il y avait un peu de ça. Mais il y avait aussi ce secret, et il me consumait. Il m’empêchait d’être moi. Il m’empêchait de vivre. Il m’empêchait d’aimer. Et ça devenait difficile, difficile d’autant plus que je savais que jamais ça n’évoluerait. Je ne pourrais jamais être moi. J’avais eu l’espoir, pendant quelques temps. Pris par la vague d’indépendance, pris par ce choix de devenir le musicien que j’avais toujours voulu être. Pourquoi ne pas continuer dans cette voie et assumer pleinement qui j’étais, qui je rêvais d’être ? Eh bien, la peur. La peur de décevoir, la peur d’être rejeté, la peur que finalement… ça ne me rende pas heureux, peut-être. J’en savais rien, mais j’en étais loin. Et plus le temps passait et plus l’idée s’éloignait. Alors je n’allais pas avouer tout ça à Ambroise, pas dans une salle de sport impersonnelle qui avait la particularité d’attirer des grands sportifs, mais aussi de sentir la transpiration. C’était normal pour une salle de sport. Mais ce n’était pas un lieu adéquat pour un coming-out. Et puis, je n’en avais pas envie. Je ne m’en sentais pas capable. Jamais. « Je.. Hum, ça va. Désolé, j’étais perdu dans mes pensées, j’ai des petits soucis au boulot mais rien de très grave. Des histoires de chansons à choisir pour une soirée spéciale, tu vois le genre… » Je laissais ce fameux sourire de façade s’emparer de mon visage, afin d’apporter un peu de crédibilité à cette histoire de chansons complètement sortie du chapeau. J’avais honte de lui mentir, mais il était assez bienveillant pour ne pas insister. Il allait se contenter de cette explication, à mon soulagement. Je me levais pour me mettre à sa hauteur, le sac de sport à l’épaule. « Quand tu dis que ton réveil n'a pas sonné, tu veux dire qu’il a pas sonné parce que tu l’as pas mis ou qu’il a sonné mais que tu t’es rendormi ? Je dis pas que je te fais pas confiance, mais quand on sait que des personnes surdiplômés ont probablement beaucoup réfléchi afin de rendre ce réveil parfaitement fonctionnel, je suis assez étonné qu’il ne remplisse pas sa fonction première qui est de te réveiller avec une douce alarme réconfortante. » Cette longue tirade était offerte par moi, alors qu’on avançait vers les cabines permettant de se mettre en tenue pour la séance de sport qui allait suivre. À son habitude, Ambroise allait se mettre à la boxe, et j’allais probablement l’accompagner avant de partir dans le coin musculation. Je venais pour m’entretenir, mais aussi pour passer du temps avec celui qui était finalement mon meilleur ami. Alors pas question que l’on fasse séance à part, quel était l’intérêt ? N’attendant pas plus longtemps, je m’engouffrais dans une cabine afin de me changer, en même temps qu’Ambroise dans une autre. Peu de temps après, j’en ressortais habillé d’un short gris et d’un débardeur blanc. Simple, efficace, suffisant. Et j’attendais Ambroise patiemment, prêt à raconter ma semaine et à surtout écouter la sienne. Parce qu’attention spoiler : ma semaine n’avait rien de passionnante, et je n’avais rien de particulier à raconter. C’était ça, désormais, ma vie.
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le sursaut qui dessine un sourire sur les lèvres du gamin. son meilleur ami était définitivement perdu dans ses pensées. des pensées pas si intéressantes ou qu'il ne souhaite pas rendre intéressantes. ah ouais, dur dur le choix. mais j'suis sûr que tu vas te décider. le gamin assure son ton, déterminé. un léger sourire, toujours collé aux lèvres.
sa longue tirade le fait presque hurler de rire. il secoue sa tête et ose le pousser d'un léger coup d'épaule. mais tu es en train de remettre en cause ma parole ou je délire ? ambroise sourit en douce. peut-être que son réveil a effectivement sonné et peut-être qu'il l'a éteint pour se rendormir avec un esprit fracassé par des heures d'excès. aller parlons pas de ces gens surqualifiés qui merdent, allons utiliser ces machines et transpirer un peu. parce qu'il a sûrement beaucoup de toxine a évacuer le brun.
après s'être changé, ils se rejoignent dans les couloirs pour s'approcher de met préféré du brun. le sac de frappe. meilleur moyen d'extraire toutes les mauvaises pensées. encore mieux quand aiden est là pour le maintenir en place et l'écouter.
les mains qu'il bande consciencieusement en glissant son regard dans ses iris. bon, comment elle a été ta semaine ? j'espère qu'elle a été plus sympa que la mienne. ambroise lance les hostilités sans attendre. un léger regard en biais vers son ami. qu'est-ce qu'il peut lui dire ? qu'il s'est encore enfilé trop poudreuse dans le nez ? qu'il a encore remis le couvert avec camila en le cachant à tout le monde ? qu'il a rencontré un russe chez lui, du genre dangereux et compagnie ? il s'est passé beaucoup de choses mais aiden ne sait pas ce qu'il pourrait partager en toute tranquillité. j'ai encore eu des conversations endiablées avec camila... tu sais la jolie blonde de mon groupe. et le tout, en le cachant à tous les autres. et tu sais le pire ? aucun remord. rien. il confie.
comment regretter ces moments de plaisir ? il pourrait, seulement s'il avait conscience que la jolie poupée s'effeuille pour sa petite soeur... heureusement pour les gamins wood, aucun des deux n'est au courant. pour le moment.
quand aux autres informations ? il les garde sous le coude, s'il y a vraiment des choses à souffler. pour cacher l'évidence de son regard un peu rougi d'une nuit trop mouvementée. à toi. il relance tout en se mettant en position pour commencer son entrainement. des coups simples pour échauffer son corps.
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