Just another art lover (Camila

just another art lover
avec @camila renfield

Il lui avait fallu tout au plus quelques jours pour que le loft qu'il avait commencé à louer peu de temps après son arrivée ressemble à un gigantesque atelier d'un artiste qui s'éparpillait entre toutes ses idées. Il y en avait sincèrement dans tous les coins. Des meubles recouverts de pots de pinceaux, de crayons, de fusains, de palettes, de pots de peintures à moitié entamés. Des chevalets et des toiles installées un peu partout, exposés ou simplement glissés entre une armure et un mur. Des feuilles, des dessins, des esquisses accrochés là où il y avait de la place. Leonel était comme ça, lorsqu'il laissait sa passion pour les arts englober son quotidien. A décider d'en faire sa vie, cela en faisait littéralement partie. Son esprit avait bien vite oublié les réflexes et les habitudes de sa vie d'agent immobilier, pour les remplacer par des idées en pagaille ; des assemblages de couleurs, de traits, de bouts d'argile...

Mais s'il espérait se débarrasser de son tout sauf intéressant job de caissier, il fallait bien qu'il tente de faire connaître son art. Son compte Instagram n'en était qu'à ses débuts, mais le nombre des abonnés commençait un peu à augmenter et il se sentait simplement heureux de poster régulièrement l'une des œuvres que sa tête avait soudainement choisi de créer.
Peut-être qu'il avait été un peu surpris quand il avait reçu son premier message d'une personne intéressée pour acheter une de ses œuvres. C'était une forme d'accomplissement qui lui plaisait, laquelle il n'espérait pas absolument mais qui le rassurait d'une certaine manière ; ce n'était pas qu'un rêve idiot, qu'une simple passion qu'il ne pourrait pas mener plus loin. C'était au contraire le premier pas vers ce à quoi il aurait voulu s'adonner dès le début, avant de suivre les traces de son père.

Il avait tenté de ranger un peu - un minimum, pourrait-on dire - ce qui lui faisait office de logement débordé. Mais il fallait bien avouer qu'il ne voyait pas bien où mettre tout le bazar que son esprit produisait. Alors il avait fini par laisser tomber ; parce qu'au fond, il aimait l'ambiance que cela créait chez lui.

Large chemise en lin sur les épaules, cheveux bouclés un peu en pagaille, il n'avait pas forcément cherché à vérifier qu'il était un minimum aussi présentable que son intérieur - et sans doute que l'intérieur expliquait justement son allure ébouriffée. Il était affalée sur son canapé, carnet de croquis en mains, lorsqu'on frappa à sa porte. Il ne voyait pas bien où il aurait pu donner rendez-vous à sa première cliente, alors il avait juste donné son adresse.

Il se leva prestement, rejoignit l'entrée en quelques enjambées souples et ouvrit la porte avec un air avenant. He-lloooo... La surprise se dessina un instant sur ses traits alors qu'il découvrait la silhouette blonde derrière sa porte. Ce n'était pas spécialement son genre, de suivre toute la vie des personnalités publiques ; les acteurs et actrices, il les suivait simplement dans leurs films. Mais c'était donc suffisant pour lui pour reconnaître la jeune femme qui se tenait sur son pallier.
Il s'empressa néanmoins de reprendre contenance, arborant un sourire sympathique à l'égard de l'actrice ; il poursuivit comme s'il l'avait à peine reconnue, ou simplement comme s'il la voyait comme n'importe qui, dans un anglais parfait mais teinté de son petit accent espagnol. Merci d'être venue, et merci de l'intérêt pour mes œuvres; ça fait plaisir ! Il s'écarta un peu pour indiquer l'intérieur : Entre, je t'en prie !