une soirée comme une autre ou presque -Halley

Une soirée au bar, j’aime ces soirées, j’aime mon bar et le moins qu’on puisse dire c’est que les gens l’aiment aussi. Il y a du monde presque tous les soirs, certains sont plus calme, mais j’ai pas mal de succès. J’essaie de ne pas trop me montrer, je ne veux pas que quelqu’un me reconnaisse même si en dix ans j’ai changé, j’ai grandi surtout, quoi que parfois on se demande si j’ai vraiment grandi et si je ne régresse pas de temps en temps. J’ai encore un peu de temps pour finir de préparer le bar pour ce soir, même si je suis aidé, mes collègues, enfin mes employés sont là pour ça bien sûr, mais je n’aime pas rester sans rien faire. Je ne conçois pas le travail de patron comme celui qui ne fait rien, mais je veux leur montrer que je vaux encore quelque chose. Alors je range les tables, je les positionne comme j’aime bien, je sélectionne les musiques avec le DJ et il est rapidement vingt heures, les portes s’ouvrent à cette heure-là. J’ai eu le temps d’aller me préparer dans l’une des Love Room, comme je fais souvent, il y a tout ce qu’il faut, parfois je fais des siestes là, pas que chez moi ça plus confortable, non c’est juste que c’est bien plus pratique, je n’ai pas à revenir ici. Je passe ma vie ici en somme, même si j’ai un bel appartement. Je préfère être ici. J’ai enfilé une petite chemise à carreaux et mon habituel pantalon noir, tous les employés sont habillés de cette manière, histoire qu’on soit raccord sur les couleurs et qu’on différencie les employés des clients. Je passe une main dans mes cheveux, en vain, vraiment ils sont terribles ces cheveux, jamais coiffés. Je les laisse tranquille avant de remonter jusqu’au bar, quelques clients sont là, mais le monde arrive souvent après minuit. Je me sers un verre, je vais voir certains habitués, je discute un peu, ça danse un peu sur la piste, mais ce n’est pas encore plein a craqué comme j’aime, ça rapporte un peu plus, j’ai toujours aimé avoir du monde en soirée.

L’heure arrive donc, passé minuit la salle se remplit, on me demande les clés d’une love room et je le donne, je connais le client, je n’ai pas trop peur de ce qu’il y fera, je ne veux pas non plus que le bar devienne une maison close, je veux juste que les gens puissent se faire plaisir s’ils veulent. Je commence à être bien arrosé, enfin mon cerveau surtout, moi ça va, je n’ai pas encore été bousculé on ne m’a pas encore renversé de verre sans faire exprès, ça arrive souvent ici et j’ai vu une demoiselle entrer, que je ne connais pas. Une grande brune, je ne connais pas tout le monde bien sûr, mais je vois souvent les mêmes têtes, alors quand ce sont de nouvelle tête j’ai pour habitude d’aller les accueillir moi-même.

« Hola, bienvenue au septième ciel, qu’est-ce que je vous serre ? »

Le petit accent espagnol toujours là après dix ans, je crois qu’on ne me l’enlèvera plus.