mieux vaut tard que jamais - Jun-Ho

Une adresse trouvée sur un dossier de police que je n’aurais pas du regardé, je n’ai pas pu m’en empêcher, quand il est allé faire des photocopies j’avais regardé le numéro du type qui nous a trouvé quand j’ai eu cet accident, Jun-Ho Jeong, je n’ai pas encore été le voir, je me suis promis de le faire quand j’irais mieux, ça fait quatre mois. Si je vais mieux ? Non indéniablement non. Je suis toujours en béquille, ces fichu béquille que je déteste, ma jambe a été écrasé, je dois faire de la rééducation, je déteste ça aussi. J’ai mal aux mains à force d’appuyé sur mes deuxième jambe. Je me suis dis que c’était le moment d’y aller, sinon je n’aurais jamais le courage de le faire. Je sonne à la porte de ce jeune homme. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, s’il ne veut pas de mes remerciements et de la boîte de chocolats que j’ai ramenés ? S’il m’envoie balader j’aurais l’air un peu con, mais je doute qu’il le fasse, s’il nous a aidé une fois, je suis certain qu’il ne m’enverra pas balader, enfin presque certain, j’ai toujours un doute, on ne peut jamais être sûr de rien en réalité. Ce que je sais c’est que je ne pouvais pas ne pas venir. J’ai retenu l’adresse, je l’avais noté quelque part et j’ai remis ça à plus tard et plus tard c’est maintenant. Je ne sais pas si je suis vraiment prêt à reparler de ça, à revivre ce moment, mais je lui dois la vie, bien sur mon fils ne s’en est pas sorti, mais je sais qu’il l’a aidé aussi, il est mort sur la table d’opération, ils ont fait tous ce qu’ils ont pu. J’ai failli y rester aussi. J’aurais préféré je crois, au moins je serais toujours avec mon enfant. J’ai revu mon ex-femme, elle ne m’en veut pas, enfin pas au point de ne plus me parler, même si je m’en veux à sa place. J’attends qu’il vienne m’ouvrir en espérant qu’il se souvienne de moi et qu’il ne m’envoie pas balader. Je me tiens à mes béquilles qui ne m’ont pas encore quitté depuis l’accident, je n’ai pas trop le choix je ne peux pas encore faire ça, la voiture à tapé dans une barrière de sécurité, j’ai été quelques peu écrasé et une autre voiture et venu s’écrasé sur la porte passager, ce qui n’a rien arrangé, mais au moins je marche, avec quelques difficultés, mais les médecins ont bon espoir.

Je suis là à me demander si je fais bien, à me dire que peut-être je ne devrais pas débarquer comme ça chez un inconnu, mais après tout, qui ne tente rien n’a rien non ? Je veux juste le remercier, est-ce qu’il y a quelque chose de mal à ça ? J’attends donc après avoir sonné, quelques instants pas plus, heureusement parce que ces béquilles m’agacent. J’ai encore du mal avec ces trucs, vivement que je sois totalement sur pied. Mais je devais venir. Sans lui on serait sans doute tous les deux morts. Il a fait ce qu’il pouvait et beaucoup n’en aurait pas fait autant. Il me salue et me dit que si je cherche son colocataire un certain Judi, il sera là d’ici une heure. J’ai un petit sourire et je fais non de la tête avant de lui dire :

« Oh non, c’est vous que je suis venu voir. Vous êtes bien Jun-Ho Jeong ? »

Je demande mais s’il n’y a personne d’autre dans cet appartement il est surement celui que je cherche. Il ressemble en tout cas à la photo que j’ai pu voir sur le dossier de la police, dossier que je n’aurais pas dû voir évidement, mais je n’ai pas pu m’empêcher de regarder, de fouiner. Je suis un fouineur que voulez-vous, j’aime bien savoir les choses, j’aime bien enquêter, peut-être que dans une autre vie j’aurais été détective. Je me lance alors restant sur le pas de la porte :

« Je m’appelle Dallas … je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, mais en décembre j’ai eu un accident de voiture … il semblerait que ça soit vous qui avez appelé les secours. Je sais que c’est bizarre de débarquer comme ça après tout ce temps, mais je voulais juste … Je voulais juste vous remercier. Je … Je ne serais surement pas là si vous ne l’aviez pas fait. »

J’ai préféré tout dire d’un coup, en évitant de parler de mon fils évidement, qui lui n’a pas survécu, mais ce n’était pas de sa faute. C’est de la faute de personne, enfin si de la mienne … parce que c’est moi qui conduisais, j’aurais du être plus prudent, même si je ne pouvais pas prévoir que la neige et le verglas seraient autant dangereuses. Je ne sais pas tellement quoi dire de plus, peut-être qu’il n’a pas envie de me revoir et de revivre ça.