curtain fall (aaron et dorothy).

@Aaron Ainsworth et Dorothy
Elle a le coeur au bord des lèvres, l’estomac noué et les mains moites Dorothy. L’angoisse lui broie les os, lui tord les tripes et lui piétine le cerveau. Il y a cette odeur de fumée âpre qui hante encore ses narines et le bruit de la sirène à incendie de l’école qui berce parfois ses nuits, comme si l’été deux mille vingt-deux n’avait pas suffit. C’est le destin qui semble prendre un malin plaisir à jouer avec ses nerfs, comme voulant tester ses limites, qu’il peut être têtu ce destin. Ou bien plus déterminé que têtu peut-être.

Elle a le coeur au bord des lèvres, l’estomac noué et les mains moites Dothy. Une fois la porte franchit, elle re contrôle par trois fois d’en avoir bien verrouillé la serrure, elle n’est plus maitresse d’elle-même, enfin plus vraiment, plus maitresse de rien. Sa vie semble hors de tout contrôle et c’est comme si le temps lui coulait entre les mains. ‹ mette un pied devant l’autre, un pas puis le suivant. › tel est le mantra qu’elle se répète. L’angoisse lui broie les os, lui tord les tripes et lui piétine le cerveau. Heureusement, grand bien lui fasse, le ciel bleu et le soleil lumineux qui gratifient new-york d’une journée de printemps particulièrement agréable en cette période de l’année, l’encourage sur sa lancée tandis qu’elle descend la rue à grandes enjambées.
Arrivée au café du coin de la rue elle entre sans trop se faire prier ‹ bonjour. › et passe commande. Elle n'a rien oublier Dorothy, pas même en neuf ans. Elle n'a rien oublié de cet homme qu'elle a aimé, ni de la douceur de sa voix ni de la musicalité de son rire. Se souvient-elle encore de la douceur de ses lèvres sur son front ? Pour sûr. Elle n'a rien oublié, pas même ses goûts en matière de boissons chaudes, à supposer qu'ils n'aient pas changés, évidemment. Elle secoue ses mains tremblotantes, s'imaginant peut-être que fouetter l'air permettrait de faire disparaitre cette peur panique dans laquelle elle se noie depuis une semaine. Depuis ce fameux épisode de l'incendie. ‹ comment ? bon sang, mais comment lui expliquer.. › L'encéphale en ébullition, elle tente d'anticiper la conversation tout en descendant la rue pour rejoindre l'entrée principale du Central Park.

ABANDON, ANESTHÉSIE DU REFUS
‹ n'abandonne pas › son pas ralenti à mesure qu'elle approche du but, ‹ n'abandonne pas › et le claquement du talon plat de ses bottines se fait plus sourd. De l'autre coté de la rue son regard se fixe sur lui, elle saurait le retrouver entre mille, même perdu dans la foule. Il se tient là, mains dans les poches, adossé au mur de briques rouges sous l'horloge. Est-il aussi mal à l'aise qu'elle ? Probablement, ou bien peut-être pas. Dothy s'arrête au feu pour traverser et le temps d'un instant elle pense croiser son regard lorsqu'un bus traverse son champ de vision, son coeur a un raté. Son oreillette droite loupe une contraction, ou peut-être est-ce la gauche, peu importe son coeur s'emballe. Tachycardie.

‹ - Tiens, c'est pour toi. › lui dit-elle, tendant le gobelet à bout de bras une fois à sa hauteur. ‹ - On marche un peu ? › Marcher, les longues ballades dans Central Park ont toujours été un plaisir pour elle et tout moyen est bon pour ne pas avoir à regarder cet homme dans les yeux, aussi s'élance-t-elle.