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While you were sleeping (Dorothy)

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⊰ While you were sleeping ⊱
ft. @Dorothy Brooks & Jayson Novak


Le néant. Ce lieu vide, inanimé et sombre. Cette immensité de noirceur, sans échos, ni parfums. Une vaste étendue de... rien. Il y avait dans cet abysse insipide, une impression de sérénité, celle que l'on convoitait les trois-quarts de notre vie, sans jamais l'effleurer. En cet endroit, il n'y avait aucune contrariété, seulement un calme lénitif, réconfortant. J'suis mort. Une possibilité qu'il concevait, bien qu'il n'avait aucun souvenir d'avoir été abruptement happé par la fatalité. Peut-être que c'était courant, de n'avoir aucune réminiscence de nos derniers instants d'existence une fois achevée la descente au cercueil. Aucune importance. Non, aucune, puisqu'il se sentait bien, dans cet ailleurs sans nom. Tout était silencieux, agréablement éthéré, c'était... c'était... C'est très bien, mais ça commence à être long. Jayson ignorait depuis combien de temps sa conscience errait dans cet intangible, dans cette "contrée" étrange fardée d'un sombre chimérique, mais il lui semblait que la durée se distendait un peu trop. J'dois faire quoi, maintenant ? Attendre. Patienter que l'obscurité se dissipe ou qu'une légion d'angelots au cul béni apparaisse pour lui indiquer où se trouvait le majestueux Jardin d'Eden. Visiblement, la ponctualité, c'est pas leur point fort. Ils auraient pu au moins installer la télé. Big fail...

❖❖❖

Un coup cinglant lui irradie la mâchoire, l'éjectant brutalement hors de cette obscurité dans laquelle il s'était enlisé. Complètement déphasé, Jayson vacille périlleusement, et doit s'appuyer contre le muret afin de ne pas bêtement s'étaler au sol pour une seconde fois. Le coup de poing ne l'avait pas tant assommé, mais la rupture soudaine de son indolence sibylline l'avait rudement déstabilisé. Les paupières clignent frénétiquement, la carcasse se cabre, tandis que les mirettes égarées tentent d'assimiler l'éveil à la réalité. Les sourcils se froissent d’appréhension, et lentement, les souvenirs tressaillent entre les tempes. J'suis entré dans c'bar. J'ai trinqué du rhum jusqu'à plus soif. Après, j'ai déserté l'endroit pour rentrer à la baraque, à pied. Ensuite... Ensuite, il avait emprunté une charmille obscure, peu fréquentée, tellement enivré qu'il n'avait pas réalisé qu'il s'éloignait de son patelin plutôt que de s'en approcher. C'est à c'moment que j'les ai vu brutaliser c'pauvre gaillard. J'pouvais pas le laisser comme ça, à s'faire tabasser par trois crétins. C'est pas humain. Parce que Jayson était un bon diable, malgré sa tête d'écervelé et sa grande gueule. Parce qu'il n'appréciait pas que l'on puisse écorcher les plus vulnérables, et qu'on puisse impunément piétiner les codes d'éthique. J'accepte pas qu'on puisse faire ça. Ça m'donne envie d'gerber. Alors, qu'avait-il fait, ce grand éméché au cœur vaillant ? Il avait tenté de pondérer les rancœurs, de sa voix apaisante et de ses jolis mots courtois...

« Hey, assholes ! S'en prendre à plus chétif que soi, c'est minable. On croirait voir une bande de trolls décérébrés, et avec votre sale tête, ça n'aide pas. Ça fait presque d'la peine à voir... Presque ! »

La méthode laissait à désirer, mais s'était avérée efficace pour faire diversion, le temps que le "chétif abruti", prenne vitement la poudre d'escampette. Et maintenant, c'est moi l'abruti. Une pluie de rage se déverse sur sa charpente, et bien qu'il tente d'esquiver les baffes qu'il reçoit... ils sont trois, et il est seul... ET défoncé au rhum. C'est pas fairplay. Une offense aussi fracassante qu'un bulldozer, à tel point qu'il se retrouve à nouveau au sol, bombardé de coups de pieds. On ne lui laisse aucune chance de se défendre, si bien qu'il doit abdiquer ses tentatives et se résigner à se recroqueviller, contractant les muscles au possible afin de minimiser les dégâts. Et enfin... ils cessent leur session "défouloir" lorsqu'ils réalisent qu'il est à moitié inconscient sur le bitume, réagissant à peine aux coups et insultes. Ils le laissent, à moitié dans les limbes, sans plus se soucier de lui.

WHAT A WONDERFUL WORLD

Quinze minutes s'évadent. Lentement, il remue, tente de se relever sur ses deux guiboles flageolantes. Il est abîmé, Jay', l’œil droit enflé, la babine éclatée, et le reste du corps horriblement douloureux. Péniblement, il se hisse, se déplace, et parvient - par on ne sait quel miracle - à retrouver le bar qu'il avait quitté plus tôt. Néanmoins, il n'entre pas à l'intérieur, préfère se poser sur un banc à proximité afin de passer un appel. Maladroitement, il fouille une poche de son jacket, et se saisit de son téléphone. J'peux pas faire ça. J'peux pas encore la déranger. Elle finira par me détester. Dorothy. La douce et charmante. En vérité, il la connaissait à peine, Dorothy. Jamais il n'avait été "intime" avec elle, seule sa défunte femme connaissait les splendeurs de son âme. Lui, n'avait été qu'un spectateur de leur lien indélébile, une franche amitié qu'il avait su apprécier, de loin. J'la connais pas, mais j'devine qu'elle est beaucoup trop gentille pour venir chercher un pauvre con d'ivrogne comme moi aux p'tites heures du matin, sans broncher. Ce ne serait pas la première fois... Il soupire sèchement, Jayson, et lance l'appel, le malaise au creux des tripailles. Sonnerie, sonnerie, sonnerie, et une voix émerge, encore bercée par le sommeil. Il hésite, songe à couper court la communication sans daigner lui répondre, mais il embraye, malgré l'inconfort qui lui tenaille le bide.

« C'est moi... Jayson... »

Avait-il besoin de préciser ? Sans doute que non. Personne ne devait l'importuner aussi tôt. Il n'y avait que lui pour le faire. J'en suis pas fier, Dorothy. J'te jure que non. Mais j'aime bien entendre le son d'ta voix. Ça m'donne l'impression qu'ma femme est toujours près d'moi. Après un bref instant de silence, il reprend, un peu brouillon.

« J'savais pas qui appeler, et j'peux pas... J'suis pas en état d'retourner chez moi tout seul... Tu crois qu'tu peux venir me chercher au bar ?... J'ai... J'ai besoin d'ton aide... »

Pitié, me déteste pas. J'suis pas méchant, j'suis seulement désespérant.


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while you were sleeping

@Jayson Novak et Dorothy
Ce trop plein, excès, surplus, abondance, ce trop plein de choses. Il lui faut toujours courir, Dorothy, tête vigoureuse à l’âme délicate. Cavaler sans jamais vraiment prendre le temps de s’arrêter. Immuablement. Boulot, maison, enfant, rêves envolés, la vie ne semblant plus qu’être une course effrénée, incoercible, inarrêtable. Un cri au coeur du foyer, sonnant le glas, vingt trois heures trente, réglé comme comme le coucou d’une horloge. ‹ encore un cauchemars.. ›

I HEAR BABIES CRY, I WATCH THEM GROW

Il s’écoule presque une heure avant que Dorothy ne puisse en fin de compte se glisser dans ses draps de soie, infini et bienveillant plaisir. Accomplissement d’une assommante journée. Apaisée d’avoir endormi son fils et de savoir l’enfant au pair à proximité, elle s’endort d’un sommeil lourd et morne.

THEY’LL LEARN MUCH MORE THAN I’LL EVER KNOW

Trois sonneries, hachées de vibrations. Il est trop tôt pour le réveil, trop tard pour le rappel de ses cachets, gélules et autres comprimés. Le téléphone. Dothy quitte difficilement sa somnolence. Trois vibrations entremêlée de sonneries. Elle tend le bras jusqu'au meuble de chevet et ramène le petit appareil à son visage, l'écran criard et aveuglant indique ‹ deux heures du matin, Jayson › Affolement, l'appréhension lui saisit la trachée, comme pour se frayer un chemin dans sa poitrine. Mauvaise combinaison, qu'elle commence à bien cerner, appel de Jay aux tardives heures de la nuit. Mauvais augures. Elle répond d’un ‹ - allo ? › ralenti et d’une voix encore niché au creux des vagues d’un demi-sommeil. ‹ Je ne savais pas qui appeler, et j’peux pas… › Bien sûr qu’il le peut, il sait pourtant bien. Il le peut et il le pourra toujours. Entre devoir de mémoire et curiosité de rencontre.

Il est un ‹ moi › esquinté comme elle, un esprit endommagé comme elle, une âme amochée comme elle. Violemment semblables. Jayson est le veuf terrassé de son infirmière préférée et amie dévouée, laissés pour compte du flambeau dans leur commune noirceur. Ils ne se sont pas croisés souvent et pas vraiment connus, ils n'ont échangé que quelques banalités, évidences et lieux communs, jusque l'été deux mille vingt deux. Pourtant, elle n'oubliera jamais la sapidité salée qu'avaient laissées les larmes du deuil sur ses joues, ce jour là.

Tu crois qu'tu peux venir me chercher (…) J'ai besoin de ton aide… › Quelle question, la réponse est si évidente qu'elle semble couler de source. ‹ - Évidement, envoie ta localisation et surtout ne bouge pas. › Intonation autoritaire, rebelote, fâcheuse et inopportune habitude.

AND I THINK TO MYSELF

Dans la précipitation elle bondit hors du lit et manque presque de s’aplatir au sol, harponne le premier pantalon à portée de main dans l’armoire et dévale l’escalier sur la pointe des pieds aussi silencieusement qu’une insignifiante petite souris en prise à l’effroi, avant de prendre la route en vitesse.
À peine descendue du véhicule, Dorothy s’engage dans la ruelle mal éclairée qu’indique son GPS, ambiance funèbre presque macabre de film d’horreur dont il ne manque que les cruor sur le bitume. Et, d’aussi loin qu’elle soit, elle discerne sa carcasse d’ivrogne abattu sur un banc. Nul besoin d’une longue vue pour le reconnaitre, pour savoir que c’est lui, avachit là. Son armature fêlée de toute part, ne resemblant à aucune autre, plus endommagée que toutes les autres. ‹ - Bon sang Jay, mais qu’est-ce que t’as fichu ? › Accablée, elle s'assied sur le banc près de lui et pause sa main sur son visage sans le quitter des yeux un instant. ‹ - Tu t'es pas raté cette fois… Où as-tu mal ? Comment va ta tête ? › Infirmière improvisée d'un patient inconscient des risques, elle se retrouve à l'occulter là, sur ce banc dans la scélératesse de la nuit. Plaie, dermabrasion superficielle, à la mâchoire. Oedème peri-orbital d'un oeil qui ne cligne plus. Lacération de la lèvre. ‹ - Tu dois voir un médecin, viens je t'emmène aux urgences. › Elle l'attrape sous le bras et l'aide à se relever, prête a le traîner, le trimballer jusque la voiture.