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une décennie dans le coma ((vesper))
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Il déteste la musique. Surtout celle qui frappe le crâne dans les entrailles d’un New York gangréné par ces putains de VIP dénué de charme. La musique est trop forte lorsqu’il se penche pour la énième fois au-dessus de ces traces à volonté, la fabuleuse poudreuse, éveillant ses sens constamment endormis, pourquoi se priver d’une vague au coeur d’une vie de sécheresse ? Un collègue se penche sur lui et l’embrasse, Blue, de marbre, garde les yeux ouverts, réprobateur à jouer son rôle d’Aphrodite, ce soir le goût des lèvres d’un autre pourrait presque le répugner s’il était capable d’une telle émotion. « Tu es aussi chaleureux qu’une porte de prison ! » lui sort son collègue avant de lui tendre un short d’arsenic couleur vipère qu’il avale comme de l’eau. « J’ai toujours voulu savoir, Blue, toi qui viens de LA, pourquoi tu es venu ici ? » il écrit de sa voix grave à travers cette musique à peine supportable. Blue, de son regard bleu abysse, dévisage son interlocuteur sans jamais lui répondre.
Lui-même n’étais pas sure lorsqu’il avait refoulé le bitume de New York quelques mois plus tôt, les seules racines qu’il avait pourtant connues, l’odeur n’avait pas changé même après dix ans de séparation. Les premières semaines, il les avait passés à pied dans la ville, cherchant son visage dans celui des étrangers, passant en revue chaque regard, cheveux, nez, grain de beauté sous les lèvres pour y trouver celui qui s’était échappé de sa mémoire.
« Si je te recroise dans cette ville, je n’aurai pas le choix que de te tuer, tu m’as bien comprise ? » avait-elle dit, sa main tenant fermement son menton enveloppant un sourire mécanique. « Faites qu’on se recroise vite alors, mère. » Mais ce n’était pas elle qu’il cherchait de ses iris océan.
Un jour t’es apparu devant moi
Devant un fleuriste, à observer les fleurs en agonies
Pourquoi l’enfant dont on ne pouvait lire les couleurs
Se trouvait là, à essayer de déchiffrer les roses.
Il n’avait rien perdu de ses talents de chasseur, une fois sa proie en vue, il ne l’avait rarement lâché des yeux, prenant note de ses routines, des personnes qui gravitaient autour de lui, ses horaires de taff et ses saignées à l’hopital. Blue s’était réfugié dans cette obsession refoulée, maturé sans pouvoir y succomber, le regarder de loin lui convenait, pour le moment, mais plus le temps avançait, plus l’orage grondait, à tel point qu’il lui fallait sa dose tous les jours, même si ce n’était qu’un rapide coup d’oeil à travers la fenêtre de son appartement, attendre ses sorties du strip-club ou manger quelques tables derrière lui à ce diner qui servait des pancakes aux odeurs de beurre fondu qu’il aimait tant.
Le Bronx lui offre une bouffée d’air frais lorsqu’il sortit sa carcasse du club, s’allumant une clope dans une mécanique bien précise d’avoir l’air occupé pour pas qu’on l’emmerde. Ses pieds se sont mis à bouger, la drogue hacker de neurone lui fit fouler ses pas jusqu’à l’entrer d’un autre club, pas loin de là où il était, jamais loin de là où il est. Sa montre lui indiqua l’heure à laquelle il devait sortir, il devait le voir, avoir sa dose cette nuit avant de rentrer à l’autre bout de la ville dans son appartement-témoin. Lorsque sa clope brûla jusqu’au filtre, il le vit, Vesper, sortant des entrailles du vice.
Chassant la nuit, il le suivit comme une ombre, n’ayant rien perdu de ses dons déprédateurs, un lézard fuyant la lumière pour ne pas se faire voir. Son dos, il l’avait étudié, Vesper avait changé, avait vieilli, s’était épaissi, ses cheveux avaient poussé, sa démarche plus assurée, le gamin qu’il avait connu s’était transformé en une dangereuse faucheuse d’âme. Mielleuse odeur qui se dégageait de sa crinière lorsqu’il arrivait à le frôler à certains jours bénis. T’es devenu quoi Vesper, quand je suis parti ? T’as toujours autant peur du noir ?
Le voilà, Blue, à le suivre jusqu’à devant sa porte sans pouvoir s’arrêter. Pupilles dilaté à en avaler tout son bleu, son corps le démange, ça fait des mois qu’il n’est que ténèbres, celui qui déteste le soleil, ce soir l’envie de s’y brûler est plus grande que jamais. Alors dans une poussée qu’il ne saurait définir, surtout causée par la drogue, il s’approche de Vesper alors que ce dernier sort les clés de chez lui. Ses bras se referment autour de sa proie, plaquant son dos contre son torse, ses mains agrippent ses avant bras pour le mobiliser et sans retenue, il plonge son nez dans ses cheveux et le renifle sans vergogne. Sa prise n’est pas douce, ses ongles se plantent dans sa peau lorsqu’il reconnaît, dernière l’odeur de la cigarette, l’alcool et du cul, sa note de fond, son odeur à lui, celle qu’il a cherché une décennie sans pouvoir la retrouver sur aucune autre peau que la sienne. Comme un chien, il renifle plusieurs fois, s’imprimant de lui dans ses neurones en suspend, l’interdisant de ne faire aucun geste, encore protégé de son regard, il savait que ce soir il allait être démasqué alors sourire aux lèvres, ses lippes contre son oreille il chuchote« Salut petit frère. ».
Arraché du fardeau de vie
Il y a une décennie
Te revoilà dans mes bras
Je te lâcherai pas
Lui-même n’étais pas sure lorsqu’il avait refoulé le bitume de New York quelques mois plus tôt, les seules racines qu’il avait pourtant connues, l’odeur n’avait pas changé même après dix ans de séparation. Les premières semaines, il les avait passés à pied dans la ville, cherchant son visage dans celui des étrangers, passant en revue chaque regard, cheveux, nez, grain de beauté sous les lèvres pour y trouver celui qui s’était échappé de sa mémoire.
Un jour t’es apparu devant moi
Devant un fleuriste, à observer les fleurs en agonies
Pourquoi l’enfant dont on ne pouvait lire les couleurs
Se trouvait là, à essayer de déchiffrer les roses.
Puis c’était toi, Vesper,
Et je me suis réveillé après une décennie dans le coma.
Et je me suis réveillé après une décennie dans le coma.
Il n’avait rien perdu de ses talents de chasseur, une fois sa proie en vue, il ne l’avait rarement lâché des yeux, prenant note de ses routines, des personnes qui gravitaient autour de lui, ses horaires de taff et ses saignées à l’hopital. Blue s’était réfugié dans cette obsession refoulée, maturé sans pouvoir y succomber, le regarder de loin lui convenait, pour le moment, mais plus le temps avançait, plus l’orage grondait, à tel point qu’il lui fallait sa dose tous les jours, même si ce n’était qu’un rapide coup d’oeil à travers la fenêtre de son appartement, attendre ses sorties du strip-club ou manger quelques tables derrière lui à ce diner qui servait des pancakes aux odeurs de beurre fondu qu’il aimait tant.
Le Bronx lui offre une bouffée d’air frais lorsqu’il sortit sa carcasse du club, s’allumant une clope dans une mécanique bien précise d’avoir l’air occupé pour pas qu’on l’emmerde. Ses pieds se sont mis à bouger, la drogue hacker de neurone lui fit fouler ses pas jusqu’à l’entrer d’un autre club, pas loin de là où il était, jamais loin de là où il est. Sa montre lui indiqua l’heure à laquelle il devait sortir, il devait le voir, avoir sa dose cette nuit avant de rentrer à l’autre bout de la ville dans son appartement-témoin. Lorsque sa clope brûla jusqu’au filtre, il le vit, Vesper, sortant des entrailles du vice.
Chassant la nuit, il le suivit comme une ombre, n’ayant rien perdu de ses dons déprédateurs, un lézard fuyant la lumière pour ne pas se faire voir. Son dos, il l’avait étudié, Vesper avait changé, avait vieilli, s’était épaissi, ses cheveux avaient poussé, sa démarche plus assurée, le gamin qu’il avait connu s’était transformé en une dangereuse faucheuse d’âme. Mielleuse odeur qui se dégageait de sa crinière lorsqu’il arrivait à le frôler à certains jours bénis. T’es devenu quoi Vesper, quand je suis parti ? T’as toujours autant peur du noir ?
Le voilà, Blue, à le suivre jusqu’à devant sa porte sans pouvoir s’arrêter. Pupilles dilaté à en avaler tout son bleu, son corps le démange, ça fait des mois qu’il n’est que ténèbres, celui qui déteste le soleil, ce soir l’envie de s’y brûler est plus grande que jamais. Alors dans une poussée qu’il ne saurait définir, surtout causée par la drogue, il s’approche de Vesper alors que ce dernier sort les clés de chez lui. Ses bras se referment autour de sa proie, plaquant son dos contre son torse, ses mains agrippent ses avant bras pour le mobiliser et sans retenue, il plonge son nez dans ses cheveux et le renifle sans vergogne. Sa prise n’est pas douce, ses ongles se plantent dans sa peau lorsqu’il reconnaît, dernière l’odeur de la cigarette, l’alcool et du cul, sa note de fond, son odeur à lui, celle qu’il a cherché une décennie sans pouvoir la retrouver sur aucune autre peau que la sienne. Comme un chien, il renifle plusieurs fois, s’imprimant de lui dans ses neurones en suspend, l’interdisant de ne faire aucun geste, encore protégé de son regard, il savait que ce soir il allait être démasqué alors sourire aux lèvres, ses lippes contre son oreille il chuchote
Arraché du fardeau de vie
Il y a une décennie
Te revoilà dans mes bras
Je te lâcherai pas
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