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j'ai le blues du rose

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LE BLUES DU ROSE.
J'ai le blues du rose, ce bleu m'indispose, nostalgie de quand j'étais différent
Le blues du temps, du temps de l'apothéose, où tout petit pourtant j'me sentais géant
J'ai le blues du rose, je vis la fleur au fusil, cette fleur tout l'monde le suppose, cette fleur c'est...

A THOUSAND YEARS AGO.
Blizzard mordant, déchaîné par volutes frigidaires, de tes yeux jusqu'aux miens. J'aurais pu vouloir te faire fondre toute une vie, tu ne m'aurais jamais accordé la moindre goutte. Pas de sueur. Pas de larme. Rien d'autre que les fluides que s'échangeaient parfois nos corps, quand je t'emportais dans mes tornades fauves, ces vents rosies par des désirs de luxure et de perdition. J'avais les flammes les plus incapables. Incapables de te faire te mouvoir. Incapables de te faire m'enlacer. Incapables finalement de lécher autre chose que celle de tes chairs qui te faisait t'agiter sous mon palpitant qui s'emballait, parce que j'étais d'incendie. Il fallait se faire une raison. Les glaciers ne tomberaient jamais sous le joug d'une petite braise, aussi irisée soit la trace qu'elle laisserait en expiant dans la neige.

NOWADAYS.
Drôle de climat, drôle de réveil, drôle d'enchaînement pendant le service, et pourtant rien de tout ça ne réussissait à me faire rire aujourd'hui. Le seul sourire qui s'était esquissé au fusain délicat d'une commissure de mes lippes à l'autre avait eu vocation au fil dentaire, cette arme de plein vol qui s'élargissait sous mes doigts pour me donner des dents d'une blancheur à en faire pâlir la mâchoire de l'Arctique. J'avais pas mal voyagé, ces derniers temps, d'une ville à l'autre principalement, celle du pont doré devant accueillir prochainement son premier Jazzbab. Mais rien ne m'avait jamais tenté dans les contrées reculées et divisées par les flammes bleues. Pas de baignade, et pourtant mon plongeur se faisait sermonner toutes les trois secondes. Pas de randonnée, mais j'accumulais les pas, la montre connectée qui vibrait, de pair par les notifications qui s'accumulaient depuis quelques jours, d'impair par les succès déverrouillés tout au long de la journée, dès que j'avais passé la porte principale pour venir prêter main forte à la brigade azur. D'azur il n'y avait que ces carafes d'eau gelées, que les tabliers noués dans le dos de chacun, que les liserais sur les belles colonnes de marbre à l'entrée. J'aimais le spot azur d'une force déraisonnable, d'une de ces intensités qui me poussaient à mettre une pression au moindre employé pour que tout se passe bien, parfois. Et nous étions dans la probabilité perdante ; les orages avaient couvert la ville de leurs épais manteaux grisonnants, comme pour prévenir de l'arrivée imminente d'un éclair électron libre au sein des larges avenues. Combien se feraient électrocuter avant d'avoir pu trouver refuge ?

"Javier, tu en es où de ta solution miracle pour le dessert de la 3 ?" Je n'aimais pas le coup de feu, pas plus que je n'aimais les salles bondées. Il n'y avait que dix tables à la brigade azur, de quoi alimenter des conversations qui tenaient du volume sonore d'un feu de cheminée, apaisantes, doucereuses, presque muettes, contraste intransigeant de la brigade carmin, au nord de la ville, qui s'écharpait de mille sonorités et d'à peu près autant de remerciements enflammés. La boutique azur avait cela de beau qu'elle était la première de toutes, l'accouchement même du projet, et qu'elle s'était parée de ce bleu glacial comme si elle pouvait exorciser la sainte phobie que j'avais pour cette nuance depuis des années. Rien à faire ; j'étais sans doute superstitieux, cavalier sorcier au chien noir qui aboyait à la Lune sans pouvoir la rattraper dans sa course effrénée, mais le bleu évoquait de mauvais souvenirs, comme des pages d'un album photo que l'on avait arrachées en espérant pouvoir les recoller un jour, quand ce serait moins douloureux. Mais les déchirures restaient ; comme ma main, trop longtemps sur l'épaule du brun qui en riait déjà, me tendant une assiette impeccablement lisse et pourtant d'une profondeur inouïe. Il était talentueux, peut-être même qu'il l'était plus que le reste du monde, mais il avait épousé la brigade azur comme on prenait une maîtresse dans un port étranger en continuant en secret à lui adresser des mots parfumés. Coude qui glisse sur le front, éponge la sueur, puisqu'il fait chaud en cuisine, et que je suis une bête de flamme, du genre à faire regretter à Cerbère les douces températures de sa niche dans les jardins de Perséphone. Une tape dans son dos, il me rend mon sourire et je passe la porte blanche - dérobée dans un marché pour un prix dérisoire, venue tout droit d'un restaurant grec en faillite, mais j'aimais l'histoire et l'odeur du bois de bouleau repeint de cinquante couches d'une pureté de colombe. La table trois se dessine sous mes yeux sans même que j'ai à la chercher, comme on retrouve au matin les objets du quotidien accumulés au pied du lit, comme on enfile des pantoufles pour ne pas brûler la plante des pieds sur le givre d'un marbre rafraîchi. "Madame, voilà pour vous. Mon collègue a remplacé le café marbré des écorces d'oranges baignées dans le chocolat. Vous êtes notre première goûteuse ! Passez une belle journée, tous les deux, et à bientôt, j'espère." Le ton doux. Pas moi. J'ai jamais parlé comme ça. Pas à des inconnus aux joues rosies. Sourire commercial, à nouveau les mains baladeuses sur les épaules de son fiancé qui s'enorgueillit, ne manquera pas de raconter lors de son prochain dîner qu'il a vu le type du Forbes, qu'il est aussi sympa qu'il le pensait. Soupir qui m'échappe, se mue en sourires quand je dépasse des clients régalés, avant de retrouver le calme des pluies tombantes au dehors. Le rideau est épais, on n'y voit presque rien ; les manteaux sur le perroquet de cuir, à l'entrée, sont tous imbibés, il a fallu qu'on installe une serpillière recouverte de triangles colorés. Je m'assois sur le perron voisin, les cheveux vaguement humidifiés par un appel d'air, laisse échapper la tension. Une clope qui se glisse entre mes lèvres, sale habitude que le paquet parfumé à la menthe, toujours rangé dans la poche de mes tabliers, dans chaque brigade. Flamme qui crépite, illumine mon visage dans l'obscurité diurne, drôle de contraste. Je m'étire un peu, laisse une gouttelette de pluie envahir le col de mon T-shirt, réprime un frisson. Et puis, au coeur de la pluie, un cercle se forme, m'offrant la netteté entière d'une silhouette, regard congelé qui fait déjà chuter des grêlons lorsqu'il croise le mien.

Tu es , Blue.
Blue, l'azur de mes soleils d'adolescent.
Blue, ma phobie peinturlurée.
Blue, chassé, Blue, rejeté, Blue, adoré.
Pas d'autel à ta gloire mais tu t'es faufilé pour te promener parmi les mortels, sous une pluie qui ne me surprend pas même comme décor à ton périple. Je ne sais pas si c'est la goutte ou nos iris entremêlés, mais je frissonne presque aussitôt.
(c) AMIANTE

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“ j'ai le blues du rose ”
ft. @maverick bishop 

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Main prisonnière d’une menotte plâtrée, l’odeur aseptisée de l’hôpital l’entête, Blue, vierge de tempête, regarde son médecin sans cacher son mécontentement. ‘- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu m’as mis un plâtre, une attelle aurait largement suffi. - Parce que je sais très bien que t’aurais fini par la retirer, cette attelle.’ Blue offre alors son plus beau sourire mécanique à Santiago, étirer les lèvres pour montrer ses dents, plisser légèrement les yeux, lui avait-on appris - surtout lui, les jours de paresse, lorsqu’ils attendaient que leurs caleçons tâchés de vices finissent leur cycle dans le sèche-linge de la laverie. Deux gosses se faisant face, l’un de marbre, l’autre peint d’émotion aussi vive que la sève de vie. Etrange tableau, comme si Aurige de Delphes essayait de mimer les Nénuphars de Monet mais ce n’était que Blue et Maverick jouant aux jeux des émotions. Moquerie déchiffrée par son médecin. Santiago le renvoya dans ses roses et il partit sans demander aucun reste car l’odeur n’était pas celle du tissu brûlé qui l’envahissait lorsqu’il mettait sa tête dans le sèche linge pour y ressortir ses secrets les plus saturiens.

Le ciel crache ses larmes sur sa peau lorsqu’il marche dans la rue, à la recherche de quoi rassasier sa faim la plus primaire. Les gens se bousculent sous ce vent déchainé, Dieu pisse sur les cons dont la seule peur est de finir trempé alors que Blue accueille ce bout d’océan dans ses cheveux, épaules, main - qu’il finit par lever, celle plâtrée, buvant chaque goutte qui s’y pose, elle restera vierge de toute marque d’affection, aucun mot n’y sera posé, ses murs relationnelles aussi aseptisés de ceux de l’hôpital, pourtant même blanche vierge, les gouttes s’y posent pour y laisser leurs traces - Blue, presque envieux de cette matière, s’amuse à penser à la réaction de son médecin lorsqu’il l’appellera pour lui dire que son plâtre est foutu à cause de Dieu. Créateur d’emmerde, partenaire de danse de la faucheuse en personne, Blue avait encore joué avec la mort durant son dernier tournage mais s’en était sorti presque idem. Le miraculé, l’appelait-on, sous son azur glacial, un rire étouffé s’écoulait de sa gorge. Dieu l’avait exempté de peur au prix de l’amour, créant cette chimère aux allures d’une Vénus dépecée de son myocarde.

Ne lui avait-on jamais tendue une main
Comme celle qu’il tend pour récupérer la pluie
Et la porter jusqu’à ses lèvres
Accueillant l’étreinte du Tout-Puissant

ou bien

N’avait-il jamais eu le courage
De gouter à certaines peintures
s’y tâcher les lèvres
Et ne plus pouvoir s’en détacher


Maintenant trempé par l’affection du ciel colérique, Blue s’engage dans une rue marchande déserte de toute âmes s’étant réfugiées dans les magasins voisins. Une saveure d’écorce activa ses sens en manque d’émanation, sous l’odeur d’une eau poétiquement polluée, s’y trouvait un orchestre de sapidité, non loin de lui. Il suivit, comme une bête affamée, l’endroit qui pouvait le mener à la page finale de sa chasse. Une porte s’ouvre non loin de lui et l’éclat de saveur s’innicent dans ses neurones, activant ses pupilles dont le noir recouvrirait presque son bleu mais bien vite c’est le sens de la vue qui prit le dessus sur sa salive perlant aux coins de ses lèvres.

Maverick.

Tremblement dans son azur, les gouttes fondent dans sa vue qu’il refuse de fermer face à ce visage familier. Presque méconnaissable sous sa barbe mais ses boucles n’auraient jamais eu l’audace de changer avec le temps. Maverick vêtu d’un tablier, dont la peau fut recouverte d’un prima moitié sueur moitié pluie, s’assit sous le regard interpelé d’un passé non si loin de lui. Et c’est dans une contorsion de sa profonde nature que Blue se met à sourire sans s’en rendre compte.

‘C’est comme ça qu’il faut dire bonjour aux autres, tu étires les lèvres, montres tes dents, plisses un peu les yeux et tu dis bonjour.’ Sous l’agitation d’un tambour purgatoire qu’offrait la laverie du coin de la rue, l’été de leurs treize ans, la pluie tombait en averse offrant un répit après une semaine de sécheresse. Assis l’un en face de l’autre, il laissa les doigts de son ami jouer avec son visage, peintre d’émotion sur une statue de pierre, il avait essayé de lui apprendre durant des années ce simple sourire mais c’est que lorsqu’il touchait ses lèvres avec les siennes que le mime arrivait à jouer à la perfection le tableau du maitre.

T’étais où Maverick ?  Durant ces années où je t’ai imité pour me fondre dans la masse.
Je t’ai souvent oublié mais il ne me fallait que le son d’une laverie en plein rush d’un dimanche,
Ou l’odeur d’une lessive bon marché pour me rappeler de ta peinture sur mon visage,
Et de certaine de tes gravures sur mon corps.

Premier lien à l’humanité, misanthrope élevé par des marchands de cadavres. Promis à une vie sans autres couleurs que le bleu d’un regard rempli de rien, trou noir en forme d’amande dans son crâne, jamais Blue n’aurait eu besoin d’un ami ou d’un amant mais l’aquarelliste en avait jugé autrement, récoltant chaque poussière de fabulation que le blues aimait lui faire croire sans jamais s’avouer qu’il y croyait lui aussi. ‘Fake it until you make it.’ Aimait lui rappeler son ami tous les jours, très souvent lorsque leurs chairs se rencontraient, laissant son coeur algide se faire brûler par la fièvre de son auteur en quête d’inspiration.

Tu m’aurais presque manqué
si je n’avais pas un trou noir dans le cerveau
pour avaler ces séditions carnins.


Blue s’approche de son souvenir, sourire toujours inconsciemment dessiné sur ses lèvres. Il s’invite devant lui, imposant sa mémoire à celui qui aurait voulu l’oublier mais la compassion n’est pas une option pour celui qui écrit à l’encre noire des maux sur la peau des déchus. ‘Maverick Bishop.’ Décrit-il à voix haute comme pour lui annoncer qu’il fait encore partie de sa mémoire. Dans un flegme déroutant, il sort un paquet de clopes de sa poche et en enfile une entre ses dents.

’T’as du feu ?’
Allume-moi.
Si tu oses.





( C ) NOCTEM


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LE BLUES DU ROSE.
Larmes des cieux qui viennent inonder mon épiderme congelé, filtre ininterrompu alors que je suis captif, dans une cage d'eau, bulle de verre prête à éclater dès le premier coup. Nos regards sont fixes, je ne te vois même pas avancer, vulgaire panthère en peluche prête à décimer le pelage des troupeaux zébrés d'un déluge diluvien. Et tu la sabres, d'ailleurs, les épaules qui s'articulent, impératrices désavouées, comme toujours, tu te fraies un chemin sur la route, rejoins la grande porte en bois de la cour intérieure. Je ne vois plus la rue. Je ne suis même pas sûr de respirer encore. Pourquoi on m'a arraché à l'oxygène ? Empereur des danaïdes, tu te faufiles, tu frôles les pavés, je reconnais tout de toi, ta démarche, tes cheveux, tes yeux si particuliers, et déjà tu me happes complètement. Bâton de tabac qui échappe à mes doigts, malheureux dé d'un destin qui le jette dans une subtile flaque formée entre mes pieds.

Est-ce que je suis trempé, Blue ?
Est-ce que tu pourras reconnaître mes larmes entre toutes les échappées et tous les ravages d'un dieu pluvieux ?
Est-ce que je peux réussir à te faire face, ou faudra-t-il que je me sculpte un masque d'argile, un de ceux dont tu m'avais donné le secret ?

Je t'avais vu autrefois entre des effluves de vanille amandée et des esquisses de rhum ambré. Il faisait chaud, nous avions un âge qui m'échappait parfaitement. Les sabliers avaient pas mal tournés sur eux-mêmes depuis ton départ, depuis ta disparition. Sur le littoral, un panneau criait en lettres colorées le nom de l'île de tous les hasards, de ce hameau de jeux et de confiseries. Coney Island, il y a plus de dix ans. Tu étais passé devant le stand de glaces en cônes où j'étais accoudé, libéré bien malgré moi de mes amis de la journée. Ils m'avaient abandonné à l'autre bout de la ville, et mon frère était privé de téléphone. La voûte n'avait plus rien d'ensoleillée, un prince de l'enfer avait commencé à souffler une brume grisâtre, et j'allais bientôt m'évaporer dans un brouillard que je ne comprendrais jamais. Mais au milieu des masses cotonneuses, prêtes à me dévorer pour me faire devenir l'un des enfants perdus des parcs d'attractions, tu étais apparu. Ce n'était pas la première fois que je te voyais te former, créature céleste, devant mes yeux ébahis. Tu m'avais toujours intimidé, on ne s'était jamais souris et les autres aimaient me montrer leurs dents. Alors, dans la nuit qui chutait, je t'avais attrapé par le bras, avais refait des lacets invisibles, et je t'avais lâché en rigolant. On m'avait insufflé un courage extraordinaire, et j'avais réussi à m'enfuir, à te dépasser, convaincu que sur ton chemin il n'y aurait aucune monstruosité, alors j'avais fendu les brumes pour tracer ce qui serait ton sentier dans les minutes suivantes. J'étais loin de savoir que les créatures m'attendaient à la maison. Je l'oubliais dès que je sortais ; la violence du paternel, l'indifférence maternelle, la pauvre clouée au lit sous le poids des gélules et des maladies. Pourtant, dans tes yeux, je l'avais vue danser. Une flamme bleue, j'étais loin de savoir quand posant mon poignet sur ton bras, je développerais une obsession enflammée, tu n'avais pas su réagir, et tu aurais pu me brûler les ailes, m'empêcher de rejoindre les cloîtres d'Hadès, mais tu étais resté mutique.
Ainsi avais-je élaboré ma toute nouvelle mission. J'allais dessiner un sourire sur tes joues, même s'il fallait glisser des craies rouges dans mes poches de veste, même s'il fallait m'égratigner les genoux en chutant devant toi. Je voulais être le premier que tu illuminerais de tes canines, sans me douter jamais
que tu serais le premier à les planter dans ma carotide,
vampire assoiffé de ma chaleur
avant que je ne redevienne une pierre morte
et plus jamais ton Soleil.

Mais d'Hélios je n'avais aucun sillage quand tu étais arrivé près de moi. Toujours ton aura, cette foutue aura qui m'aurait donné envie de peindre mon coeur couleur bleue. Des années après, tu avais le magnétisme jusqu'au bout des syllabes, la capacité de me fasciner dès la première phalange tendue. Quelques secondes avant de réaliser. Tu avais prononcé mon nom. Tu ne m'avais pas oublié, pas comme il y a des années quand tu étais parti avec des bagages que j'imaginais remplis mais qui étaient sans doute aussi vides que ta cage thoracique. Combien de kilomètres m'avais-tu accordé, à me prélasser dans tes pensées, Blue ? Je t'avais tendu la flamme, échange intemporel, comme pour t'offrir la possibilité encore une fois d'allumer le feu du foyer, de me laisser me glisser sous tes draps, de m'y noyer, histoire de ne plus jamais prendre d'autre air que celui qui sentirait ton odeur. Les paupières qui déconnent un peu, pour être honnêtes, elles clignotent, et j'ai du mal à comprendre ce qui arrive. Le coeur qui bat ; le tien ne s'était sans doute même pas affolé, tu avais eu ton briquet, tu allais pouvoir repartir, peut-être même que tu te contenterais de me souhaiter une bonne journée. "Blue." Une seule syllabe qui glisse entre l'ourlet de mes lèvres curieusement asséchées, alors que j'allume une nouvelle cigarette. Nuage mentholé qui m'échappe, glisse le long de tes cils. Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais redressé ; pas rendu compte avant qu'Atlas ne me signifie que j'étais son héritier, que j'avais les rames d'un canoë rose pour glisser dans le torrent de tes iris, qu'il venait de se dérober à sa tâche, m'avait attaché sa cape ancestrale dans le dos, pour me laisser porter le zéphyr à bout de poignets.
Nous étions proches.

Trop proches.

Nous l'avions toujours été, au propre comme au figuré ; et pourtant, rien n'était si propre quand il s'agissait de mes mains sanctifiant ta silhouette de chair, déjà en adoration, on se le serait figurés. "Tu es en ville depuis longtemps ?" Piège à loups, les dents métalliques prêtes à se refermer sur ta langue pour te faire taire à jamais si tu étais revenu il y a des années sans même songer à moi. Et pourquoi y aurais-tu pensé, Blue ? Poings serrés contre mes cuisses, je me retiens de fissurer le mur de mes éclats de rancoeur. Tu n'avais jamais pensé à moi. J'avais été une autre de ces poupées prises dans tes bras, et tu m'avais fait danser dans les scénarios qui t'inspiraient. Pas d'applaudissements, tout au plus un fin sourire, mais parce qu'il était de convenance plus que tu ne voulais vraiment me l'offrir. Le projecteur est braqué sur toi, mon azur.

Si tu es ici depuis longtemps sans m'être revenu, je fermerais les volets, je ne changerais plus l'eau des fleurs, je me laisserais sombrer.
Si tu viens d'arriver et que tu choisis de disparaître presque aussitôt, il faudra que je me fasse à l'idée que tu n'étais qu'une main tendue pour me sortir d'une vague assassine.
Et je pourrais t'en mordre les doigts.
(c) AMIANTE

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Des musées, il en avait parcouru, à la recherche d’une couleur qui aurait pu lui donner vie, à goûter aux zincs et à l’azur sans jamais y trouver son vermillon, le même qu’il portait au fond de ses poches pour lui recouvrir son visage de mille nuances d’alizarine. L’enfance lui échappait, à Blue, bâfré par ce chaos dans son crâne mais sa couronne de boucle n’aurait jamais pu s’échapper par cette porte de sortie, s’emmêlant dans ses méninges comme lorsqu’il emmêlait ses doigts albâtre durant leurs nuits d’insomnies.

T’étais bien plus acharné
Que l’amande dans ma cervelle
Prophète de ma mansuétude
J’ai voulu t’oublier
Pour m’esbigner de ta douceur


La flamme allume sa petite mort aux bouts des lèvres, grésillement d’une braise, son évocateur d’une mémoire charnelle évanouit dans le temps.  Ses yeux pleurent le cadeau de Dieu, l’azur ne peut se détacher de la moitié de son âme lorsqu’il se relève en face de lui. Blue essaye de le lire mais les notes sont teintées de rancoeur. Son prénom s’échappe de ses lèvres et le sourire du marbré s’agrandît, offrant une satisfaction visible en miroir avec le désarroi de son reflet. Blue sonnerait presque chaleureux au creux de son souffle.

‘Un an, un an et demi.’ Aurait-il dû mentir pour préserver le délaissé ? L’ange marmoréen était incapable de falsifier une vérité dans le seul but de préserver son prochain. Il ne l’avait jamais fait avec lui, une décennie plus tard, rien n’avait changé. Il n’était pas allé à sa rencontre même si parfois il l’apercevait sur certains visages d’étrangers, attrapant chaque boucles de New York dans l’infime espoir d’y trouver les siennes, peut-être même avoir la chance d’y rencontrer son regard de braise mais sans jamais activement partir à sa recherche. Car la Vénus était remplie d’amertume, même inavouée, lorsqu’il lui avait tendu sa main de glace, offrant une fuite à deux et que pour la première et dernière fois, le feu s’était refusé à lui, Blue avait tourné les pieds, s’éloignant de lui, sentant le poids de son bagage sur le dos l’engouffrer.

C’est bizarre, tu ne trouves pas ? J’aurai dû me sentir plus léger après m’être dépecé de cette ineptie ?
A croire que le poids d’une âme perdue est bien plus lourd que ta main dans la mienne.


Et les premiers mois, sans lui, sans eux, sans personnes, errant dans les rues d’une ville à la chaleur des abîmes. Il se regardait dans le miroir dans un cours espoir d’y voir son reflet mais ce n’était que son azur qu’il rencontrait, lui donnant presque le mal de mer. Il pianotait sur son visage, essayant d’y jouer un sourire mais Blue n’avait rien d’un artiste, il n’était qu’une toile blanche sur laquelle un enfant y avait déposé des traces de mains avant de les recouvrir d’un coup de Gesso bâclé.


Il aurait fallu des milliers de couches
Pour recouvrir tes traces sur moi
J’ai jamais eu l’audace
De détruire l’oeuvre de tes mains
Sur mon visage


Les premières nuits allongées à côté de lui. Blue, dompteur des ténèbres, passait chaque minute qui les séparaient de l’aube à le regarder dormir. Chassant les monstres en dessous de son lit, veillant à ce que le chef d’orchestre se repose pour pouvoir lui jouer ses plus belles symphonies à la lumière du jour. Parce que même s’il était incapable de certaines émotions, regarder un océan déchainé pouvait désaltérer sa maudite sécheresse à l’intérieur de lui, lui offrant quelques secondes au coeur d’une pluie purgatoire. Blue essayant tant bien que de mal de préserver cette rose sans épines, devenant lui même celui qui pique.

Apprivoiser les vagues alors qu’on s’y noie, parfois Maverick était l’incendie qu’il ne pouvait contrôler, incapable de l’éteindre entre ses bras, enfant océan face à l’enfant désert, Blue sentait la chute libre lorsqu’il lâchait la main de son ami quand le réveil sonnait, laissant avaler l’écume de ses émotions par le trou noir dans sa tête.

Blue s’approche de sa vétuste rédemption, portant une main sur le col dérangé de son tablier pour le remettre en place, l’autre apportant fumé dans ses poumons, recraché par ses naseaux, dragons sous forme d’Azazyel.’T’es devenu chef ?’ Sa main s’attarde sous son menton sans jamais toucher sa peau au risque de s’y brûler. T’es devenu quoi Maverick ? Que font tes mains après m’avoir sculpté durant des années ? Inventes-tu des nouvelles couleurs pour rassasier les boulimiques d’art ?

As-tu trouvé une nouvelle toile sur laquelle vomir tes émotions ?
Me vois-tu toi aussi dans le reflet du miroir lorsqu’il fait trop sombre ?


Il reste près de lui, proximité exaltante, regard noir d’une retrouvaille impromptue. Blue, accro à l’adrénaline ne pouvait rêver de mieux qu’un shot de sa tempête personnelle en intraveineuse. Rictus non dissimulé sous sa fumée atrabilaire, il aurait voulu coller son visage sur le sien pour lui dessiner à son tour un sourire sur ses lèvres.

J’ai eu dix ans pour m’entrainer aux coups de pinceaux,
Laisse-moi te dessiner la suite,
Sur tes lèvres, sur ton corps,


Peut-être même oserais-je
De mes mains eucharistiques
Te sculpter une azurite
Au creux de ta conscience







( C ) NOCTEM


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LE BLUES DU ROSE.
Sous la pluie, il n'y avait que le coeur fêlé, marbre rompu par l'enchantement d'un maléfice que j'avais pris à pleines mains. Je t'avais porté aux nues, porté à ma bouche, porté dans un coin de ma cage thoracique, perchoir d'os sur lequel tu avais mis un léger oiseau doré. Tu lui avais appris à siffler, et curieusement, dans ces moments-là, je te voyais sourire. Comme si souffler sur mon épiderme, l'irriguer d'un torrent enflammé, te permettait de ressentir ne serait-ce qu'un millième de ce que j'éprouvais. Mais rien n'y faisait. Tu étais formellement proscrit de pouvoir m'aimer. On t'en avait donné l'ordre, quand on t'avait fait passer dans cette usine où l'on t'avait scotché des bras, scié des muscles, pour te faire création sublime, créature divine, prêt à répandre sur terre les brumes d'un envoûtement sans aucune commune mesure.

Bleu était l'orage, quand tu m'avais abandonné. Bleue était la nuit qui m'avait regardé, silencieuse, me vider de mon chagrin inconsolable. Bleus étaient les myosotis le lendemain, bouquet ficelé d'un étrange noeud azur, comme un remède à toutes mes blessures. Les bouquets s'étaient entassées pendant des jours, les fleurs avaient fini par périr, les pétales asséchées, et mes amours s'étaient fanées en même temps.
Pourtant,
dans mon carnet à pensées
il y avait ton nom
entouré d'un pollen rosé
et de mes larmes.

Tes doigts jouaient sur mon col comme s'il s'agissait d'un instrument maîtrisé, comme si tu pouvais recommencer à dicter le ton, la conduite, comme si tu avais de nouveau le pouvoir unique de réfréner les tempêtes, de protéger le monde de mes ouragans. J'aurais voulu t'emporter dans une tornade, sentir m'envahir toutes tes odeurs, jusqu'aux plus intimes, alors que l'on aurait tournoyé l'un autour de l'autre jusqu'aux confins de l'univers. Mais c'était impossible. Il n'y aurait pas de vent ravageur, il n'y aurait même pas une feuille qui serait portée par le mistral. Il n'y avait finalement que ta paume trop proche de mon cou, me faisant me demander si tu pouvais toujours l'entourer de tes mains pour sentir se glisser sous tes empreintes mes râles les plus marqués de désirs. De la salle, on aurait pu croire que l'on s'embrassait, nos lippes se frôlant de la même façon que nos nez s'identifiaient. Je reconnaissais toutes tes senteurs, la plus petite note, symphonie que j'avais appris par coeur pour pouvoir un jour espérer te retrouver au milieu d'une foule pleine de semblables. Puis j'avais grandi, j'avais compris. Il n'y aurait jamais la fanfare de mille toi, c'était impossible ; ton organe était figé dans la glace, si profondément enfoui que même une caresse du Soleil n'aurait pu l'en déloger. Et puis tu parles, et c'est une autre effluve qui vient se déverser, inonde ma bouche d'une salive traîtresse. Je n'avais eu envie de rien avant toi. Pas passionné des autres, uniquement de la sensation délicieuse d'être entouré. De ne jamais être seul. Et tu m'avais préparé, pendant de longs crépuscules, à l'idée qu'un jour ou l'autre il faudrait que je sache être vagabond. Tu t'étais volatilisé, et j'aurais aimé que ce soit moins dur. Peut-être que j'aurais pu moins pleurer. Peut-être que j'aurais moins imploré Thanatos et Hypnos. Ravages d'une adolescence tourmentée pendant laquelle on rêvait trop souvent d'absolus sans jamais se rendre compte qu'ils n'avaient rien de délicieux. "Pourquoi ?" La question fuse entre les lèvres, les mots teintés de quelques herbes façon mojito. Pas de rhum qui glisse entre mes canines, pourtant, même si elles rêveraient de se planter dans ton cou, en prendre l'alcool, la chaleur, comme un prix que tu aurais eu à payer pour m'avoir indignifié, pour m'avoir transformé en un autre de ces spectres qui se baladaient sans but.

J'avais eu un but, autrefois.
C'était toi. J'avais voulu pénétrer la glace.
Sentir l'eau froide m'emplir les poumons.
Sentir ma peau se durcir, ma chair se geler.
Et puis j'aurais été prêt à siéger à tes côtés.

Je n'aurais pas eu besoin de t'aimer, j'aurais pu me contenter de te regarder comme un égal. Sans jamais regretter de ne pas avoir pu voir la couleur d'une larme portée par les brumes de Sélène lors d'une nuit sans étoiles. Ma question a fusé, elle s'est plantée dans ton torse, et j'en profite pour reculer. Tu ne m'auras pas toujours dans ta poche, Blue. Ton panier est percé, et j'en tombe, souris grise qui s'échappe, alors que je plaque mon dos au mur, reprenant un peu de l'air qui ne s'est pas déjà perdu dans tes branchies. "Oui, je cuisine." Tu devrais t'en douter. La réponse est sortie seule, a dévalé ma langue pour caresser ta joue, tendre, bien trop tendre. J'aurais aimé ne pas savoir quels étaient les meilleurs morceaux de ta carcasse s'il fallait un jour que je me décide à la goûter de nouveau. J'aurais pu faire comme avec les gratte-papiers, comme avec les lunettes et les sourcils froncés au-dessus de mes menus, comme toutes ces âmes venues s'égarer dans mes champs pour me réclamer le fruit du verger. Ils voulaient tous le récit. Ils voulaient comprendre. Sortes d'erratiques qui se gargarisaient de mes histoires comme pour se rassurer de la transparence de la leur. Je n'aimais pas être leur berger. Je ne restais jamais discuter avec eux. Sauf avec les lippes de carmin, sauf avec les sourires sincères. Ils étaient rares. On me voulait comme bête de foire. Retour seize annuitées en arrière, quand je n'étais qu'un spectacle parmi tant d'autres. Sur mon piédestal, j'étirais les commissures, me blessais les zygomatiques, tout ça du haut des cinq marbres, sous les projecteurs des iris adolescentes. Je n'avais d'yeux que pour toi, je voulais tes yeux, je voulais ta peau, je voulais m'y baigner, m'en faire un costume, Peau d'âne revisitée. Tu m'avais donné les allures d'un personnage de fiction, tu m'avais insufflé l'air d'un conte, me faisant enfant rebelle et prince déluré, tout à la fois, quand de mes doigts j'écartais tes lèvres pour y déposer un sourire pour mieux amortir le baiser qui s'ensuivait. Un an et demi. C'était long. Pendant combien de mètres sur les larges avenues avais-tu pensé à mon corps fait de triangles acérés et de sentiments éberlués, derrière l'ombre d'un lampadaire étendu par un astre solitaire ? "Tu veux que je te fasse à manger ? On ferme dans pas longtemps." Curiosité malsaine, piqué au vif par l'échange de nos regards, parce que tu déshabillais mes cils et que j'aurais pu perdre tous mes tissus juste pour entendre ton coeur bercer le mien.

Était-il resté congelé ?
Ou bien y avais-tu déposé la bouche en amande d'un autre, la laissant l’autopsier, hiéroglyphes d’une tribu refroidie, pour mieux me faire regretter les années perdues ?
(c) AMIANTE

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