Parfumeur, parfumé - Ft Aedan

Valdemar va rarement acheter quelque chose avec l’argent que son père lui file. De base, il refourgue tout dans des associations en mettant au nom de Monsieur Vilhelmsen. Actuellement, il avait envie de se faire un peu plaisir et étant donné son milieu initial, il lui arrive, parfois, de le montrer en s’habillant bien – il s’habille toujours bien – et en se parfumant correctement, malheureusement, son Royal Vintage de M.Micallef est malheureusement vide et ça, c’est important de le renouveler ! Autant dire, qu’il avait terminé de boutonner, non, déboutonner le haut de sa chemise, laissant vu alors sur son tatouage des plus visibles. Portant un pantalon noir, dans un effet jean question matière et des Dr. Martens dont la semelle est assez haute, lui qui est déjà très grand, ça rajoute un bon petit 3 ou 5 cm.

Valdemar est classe, Valdemar est beau. Valdemar ne peut malheureusement combler personne. Il soupire un peu en se regardant dans le miroir, il se dit, qu’il fait vraiment tache dans l’arbre généalogique de sa famille. Il aurait pu partir dans la politique, comme maman avant lui, ou opter pour faire des études, un doctorat et partir dans une université prestigieuse comme papa pour enseigner, mais non, il a dévié et il préfère largement ça.

Sortant enfin de chez lui, quittant le bronx à bord de sa voiture, une voiture normale, sans pour autant être neuve, elle roule, elle est jolie et spacieuse, c’est largement suffisant à ses yeux. Ainsi, il sourit un peu, conduire, il aime ça, il fait bien sûr attention de ne pas faire de gaffe en conduisant. Mais en tout cas, il part vers Manhattan actuellement, s’arrêtant alors devant Persephonia.

Son père et ses frères sont connus pour y aller assez souvent ici, mais lui, moins qu’eux, mais il était dans les dossiers clients de l’enseigne.

Le blond se gare, sort et entre alors dans le magasin en souriant. Se dirigeant vers les parfums pas donnés, mais qu’il connaît assez bien quand même.

Deuxième jour de congé en un mois, l'idée en tête de trouver à mon cou pour Elda un parfum qui ne soit pas responsable d'une armada de nausées, donc des nuances faibles. Pas d'effluves à mon col en temps normal, pour ne pas influencer le travail, mais dans les jours de congé comme un caprice le besoin d'y mettre une palette de nuances pour ne pas être transparent. Si elles pouvaient éviter de la faire vomir, elle, cette future ex épouse, amoureuse de toujours, c'était un bon premier pas. Sinon... Il faudrait être vide d'odeurs luxueuses pendant quelques mois. Un petit effort, face à ceux qu'elle déployait elle, le futur qui grandissait dans son ventre, quatrième enfant déjà adoré, qui porterait sans doute ses beaux cils. Alors, je m'étais perdu dans les allées de cette boutique que je dépassais côté rue sans jamais trop m'en soucier, bien plus absorbé par ce qu'il se passait dans le bâtiment voisin, là où la magie faisait naître dans ses chaudrons métalliques des odeurs parfaites du bout des doigts de ces sorciers que je conseillais, mélangeant les effluves les plus surprenantes pour obtenir un produit coloré, épicé, ou fin, selon ce qui était en vogue. Aujourd'hui, le ciel était gris, les hauts-parleurs de la boutique crachaient un vieux son de Marvin Gaye remixé, et mes doigts furetaient entre toutes les couleurs de bouteilles, passant d'un bouchon rayé à une sculpture de torse masculin, sentant sur les bâtonnets, grimaces à la bouche ou aux yeux, le nez froncé quand vraiment c'était trop intense. Il faudrait sans doute envisager des nuances plus vanillées, plus cacaotées, quelque chose qui soit à la fois sucré mais discret, pour colorer la peau sans lui donner une teinte qui fasse frissonner celle qui avait fait battre mon palpitant pendant si longtemps. Une clochette vintage sonna l'arrivée d'un nouveau client dans la boutique, et par réflexe curieux, je tournais la tête. Visage familier, les traits semblables à cet autre, client richissime qui ne passait plus non plus dans ces allées, trouvait directement les bonnes fragrances dans le laboratoire. "Monsieur Vilhelmsen, bonjour." Sourire dans le miroir, et nos yeux s'y croisent un instant, je repose la bouteille ambrée dans mes doigts, m'approche de toi, la main tendue, chaleureux comme toujours. "Vous venez pour votre père, ou pour l'un de vos frères ?" Il n'était pas coutume que l'on t'aperçoive parmi nous, on ne connaissait ton prénom que par les récits de ton père, souvent élogieux, parfois colériques, comme avec tous les enfants ; je connaissais ça aussi, c'était une marque de fierté, mes propres fils m'énervaient parfois, mais la plupart du temps étaient fondamentalement les plus parfaits.