who the fuck are you ? ft. Jay

Jay & Lou

Who the fuck are you ?

La tournée s'était terminée et voilà que le Cosmic Burn revenait à New-York, épuisé mais heureux d'avoir fait cette expérience. Ils avaient un peu de temps avant de bûcher sur un prochain album. Lou était bien décidée à oublier ce qui s'était passé avec Leven et jouait à la perfection le rôle de celle qui ne se souvenait pas. Plus simple. Elle était rentrée chez elle, avait jeté ses affaires sur le sol à l'entrée de l'appartement, déposée avec amour et respect ses deux guitares encore dans leurs housses rigides et s'était vautrée dans son lit, crevée par le trajet de retour. Elle dormit douze heures d'affilées, n'entendant pas son vieux téléphone qui avait fini par se décharger.

Le lendemain, la tête toujours dans le cul, parce que trop dormir n'était pas bon non plus, Lou se décida après une longue douche - autant en profiter - d'aller voir son père. Personne ne venait le voir à part elle et à chaque fois qu'elle était venue à l'improviste, elle était tombée sur un des gardiens qui acceptait de la rajouter vu qu'il n'y aurait personne. Son père se tenait bien, malgré quelques bagarres dont il n'était pas à l'origine. Elle s'habilla, récupéra ses affaires qu'elle glissa dans cette veste qu'elle gardait depuis des années où les poches internes étaient le lieu de maints secrets. Une veste qu'elle avait lorsqu'elle vivait dans la rue, à présent lavée. Elle avait du mal en s'en défaire. Parce qu'elle était pratique. Téléphone, clope, clés, papiers d'identité. Une vie qu'elle n'avait pas besoin de mettre dans un sac. Appelant un taxi, elle alla à la prison au nord du Queens et de Brooklyn, sur l'île de Rikers island. Son père y était depuis l'âge de ses 13 ans alors qu'elle allait sur ses 26. Ayant pris pour vingt cinq ans, il en avait encore pour quelques années et mais elle allait le voir tous les mois et avait arrêté de lui mentir quand elle avait enfin pu lui dire qu'elle était dans un groupe et qu'elle allait devenir célèbre, ce qu'il lui avait toujours souhaité. Lou pouvait lui dire enfin la vérité, omettant de parler des années de galère qu'elle avait eu.

Quelle surprise elle eut lorsque le gardien qu'elle connaissait lui annonça qu'elle ne pouvait être ajoutée cette semaine car une personne y était inscrite. Sourcils froncés, entre mécontentement et interrogation, Lou chercha à connaître le nom de l'individu. Une des membres du cartel ? Non, ils ne prendraient pas ce risque. Un membre caché de sa famille ? Impossible. Et lorsqu'elle demanda à s'y inscrire pour la semaine suivante, cette personne s'était enregistré pour les prochaines semaines. Lou, déstabilisée, était repartie bredouille, décidant dans la semaine d'y retourner et de trouver ladite personne. Elle n'avait aucune idée de comment faire. Alors, elle insista la seconde fois pour obtenir le nom et après avoir saoulé le gardien, elle parvint à obtenir contre un autographe pour sa femme de Leven - pourquoi lui !?! -, le nom de cette fameuse personne. Jay Anderson. Inconnu au bataillon. Et la musicienne n'avait pas l'idée de fouiller sur Internet pour voir si elle pouvait dénicher des informations, découvrir sa tête sur Facebook ou autres. Ce fut au final quatre semaines après son retour de tournée, maintes soirées et répétitions, qu'elle alla observer les aller-venue des personnes venant à l'heure du rendez-vous. Trois individus étaient venus à cette même heure, une femme et deux hommes. Éliminant la femme, elle attendit une heure plus tard pour se diriger vers le premier sorti qui se allait vers le parking, coincé dans un couloir de grillage. Elle lui rentra dedans "sans faire exprès", récupérant son portefeuille pour constater que son nom était Mark Grayson. Jetant son portefeuille par-dessus le grillage, elle attendit et fit de même lorsque le coréen sortit de la prison, se dirigea vers le parking, passant par ce couloir grillagé. Elle récupéra son portefeuille de cette main de maître, s'excusa et poursuit sa route, pour découvrir les papiers d'identité. Jay Anderson. Celui-là même qui volait ses heures de visites. Jetant le portefeuille en direction de la prison, elle fit quelques pas, le ramassa ouvert et parla à haute voix.

Excuse-moi, mais je crois que t'as fait tomber ça !

Elle portait un t-shirt à l'effigie des Beatles, un jean noir pate d'eph et ses Dr Martens aux pieds ainsi que ladite veste, en jean elle aussi. Des lunettes de soleil pour protéger ses yeux bleus de ce soleil, malgré le vent qui soufflait et qui permettait aux nuages de défiler. Ses yeux découvrirent dans un second temps ce qu'elle n'avait pas voulu voir. L'insigne d'un flic qui s'était incrustées dans le portefeuille. Aïe. Mais elle n'en démordit pas et alors qu'elle se rapprochait de lui en fermant avec précaution le portefeuille que le "hasard" avait ouvert, elle lui demanda une fois à sa hauteur :

T'es Jay Anderson ? Le Jay Anderson ?

Non, à ce stade, elle ne l'avait pas encore reconnu. Parce que Lou était nulle pour retenir les prénoms, que Leven s'appelait Irvin et qu'elle avait vu tellement de visage indifférent à sa condition qu'il lui serait difficile de tous les retenir. Pourtant, le sien l'avait marqué, son regard aussi, sa bienveillance. Mais il lui faudrait quelques instants avant de faire le lien parce que Lou n'était pas Lou si elle n'était pas un boulet.