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moment hors du temps ☆ al
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Les victoires et les défaites font partie de la vie de tout athlète, mais il faut avouer que les victoires sont toujours bonnes pour le moral. Par chance, après plusieurs journées où les entraînements ont été intensifs, c'est sur cette touche positive que se termine notre journée. En plus d'être une bonne nouvelle pour moi, ça l'est aussi pour toute l'équipe et c'est ce que j'aime le plus dans le football : en plus de vivre quelque chose personnellement, il y a aussi le collectif et les joies qu'il peut apporter. Après avoir salué les joueuses adverses sur le terrain, ainsi que les différents arbitres, nous rentrons toutes au vestiaire pour écouter ce que la coach a à nous dire. Avec ce résultat, l'ensemble de son discours est positif, même s'il y a toujours des choses à peaufiner pour la prochaine rencontre. Mais nous nous attarderons sur ce genre de détails au prochain entraînement. Pour l'instant, il est important de profiter de ce que nous avons fait et de la fête qui va suivre. Cette dernière commence – gentiment – lorsque l'entraîneuse quitte la pièce et que plusieurs des joueuses commencent à en asperger d'autres d'eau. Ce n’est peut-être qu’un match de saison régulière, mais c’est pour nous un pas de plus vers notre objectif final : le titre. Après plusieurs chansons et quelques cris de joie, le vestiaire retrouve petit à petit son calme. Les filles les plus rapides filent déjà à la douche, alors que je fais partie du groupe qui tarde un peu plus. Mon maillot retiré, je pianote légèrement sur mon téléphone pour répondre aux quelques notifications que j’ai raté durant le match. Cette tâche terminée, je relève la tête et pose mon regard sur l’une de mes coéquipières, Al. « Est-ce que tu as prévu quelque chose après ? » Si la soirée est déjà bien entamée, rien ne nous empêche de la faire durer jusqu’au bout de la nuit encore. Certaines le feront avec des amis, avec leur moitié ou dans une fête étudiante. Ce que je compte faire de mon côté ? Je l’ignore. C’est bien pour ça que j’interroge la jeune femme sur ses plans. « On pourrait se faire un truc à deux. Ou avec celles qui le veulent. » Dans un vestiaire, de femmes qui plus est, les oreilles indiscrètes sont monnaie courante et je ne voudrais pas en vexer certaines avec ma proposition. Je m’entends bien avec chacune d’entre elles, mais je ne sais pas, avec Alexis, il y a quelque chose en plus et forcément, j’ai plus souvent envie de passer du temps avec elle qu’avec certaines autres filles.
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Gagner, c’est vraiment un truc que j’aime. Je crois que j’ai toujours aimé ça. Du genre à m’énerver quand je me retrouvais fauchée au Monopoly parce que j’avais mal géré mes achats, ou à courir partout dans le casino la première fois que mon père m’a fait utiliser une machine à sous et que 3 signes identiques sont apparus... Ouais, peut-être que ça me vient de lui tout ça, d’ailleurs. Mais toujours est-il que gagner des matchs de foot, ça reste la meilleure sensation du monde. Meilleur qu’à peu près tout le reste. Alors forcément, quand Coach se casse enfin après son habituel discours somnifère, je fais partie des premières à foutre le bordel. J’ai marqué une fois aujourd’hui, j’ai envie de fêter ça. Bon, vu mon poste, c’est plus que normal puisque c’est ce que je suis censée faire, mais si j’aime gagner, j’aime aussi célébrer les victoires... Ce qui me fait souvent passer pour l’une des pires fêtardes de l’équipe, mais j’aime l’idée. Après un temps, certaines partent à la douche. Maillot et short retirés, je me mets à contempler la vie, me demande si j’y vais aussi ou si je rentre direct chez moi histoire de profiter d’eau vraiment chaude. Ta voix me sort de mes hésitations.« Hm? »
Je cligne des yeux plusieurs fois, me demande ce que tu viens de dire, avant que l’info me monte enfin au cerveau.
« À part une bonne douche et probablement un énorme burger, nan, pas grand-chose. »
En parlant de burger, mon ventre se met à gargouiller assez fort et je rigole toute seule, avant d’écouter la suite. L’idée me fait aussitôt sourire. Une petite soirée toutes les deux, ça me tente bien. Enfin... Si elle finit pas par tes lèvres sur les miennes, ces pensées relou en tête, toi qui t’enfuis et demain tout qui recommence comme si de rien n’était. Je sais que pas mal de nos coéquipières ont prévu des trucs, j’ai rejeté une ou deux invitations. Faire la fête, ouais. Mais sortir en boîte après un match, franchement, la flemme.
« Je sais que certaines sortent en boîte, si ça t’tente. Mais sinon, t’es carrément la bienvenue pour partager un bon burger et quelques onion rings bien graisseux chez moi. J’avais prévu de commander, ouvrir une petite bouteille de vin... P’tite soirée tranquille quoi. »
J’avoue que je reconsidèrerai peut-être tout ça si tu décides de suivre les autres en boîte. Plus le temps passe, plus j’ai l’impression d’être attirée par toi comme un aimant. Peut-être le côté inaccessible, qui rassure mon envie de jamais me poser sérieusement avec quelqu’un. Peut-être parce que t’es la personne en qui j’ai le plus confiance en dehors de Robbie.
« Sinon si t’as une autre idée, shoot. Sauf si ça implique de courir, j’suis carrément morte, là. »
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Le match terminé, les esprits sont déjà tournés vers autre chose. Par chance, avec une victoire dans la poche, ce sont vers les festivités que toutes les pensées sont orientées. Les programmes sont variés, d’après les bruits de couloirs qui remontent jusqu’à mes oreilles. Mais moi, la seule chose qui m’intéresse, c’est ce qu’Alexis a prévu de faire. Nous sommes amies et pourtant, il y a quelque chose de plus avec elle. Les baisers que nous avons déjà eu l’occasion d’échanger lors de soirées devraient me mettre sur la voie et pourtant, je ne cesse de me convaincre que nous sommes amies, juste amies. Mais est-ce normal qu’en tant qu’amie, je sois déçue lorsqu’elle annonce des plans en solitaire ? Sûrement pas. Mais une nouvelle fois, je me voile la face. Surtout que rapidement, elle m’indique que je suis la bienvenue, si je n’ai rien d’autre de mieux. « Courir ? Non, du tout. Je pense que nous méritons une petite pause. Au moins jusqu’au prochain entraînement. » Qui arrivera bien assez vite comme ça. Alors profitons des moments de repos quand nous en avons l’occasion. « Comment est-ce que je pourrais dire non à un hamburger ? À des frites surtout. » Et à une soirée avec elle. Seules, en tête-à-tête. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? « Des soirées, en boîte ou ailleurs, il y en aura plein d’autres. » Des soirées chez Alexis aussi. Mais ça, je me garde bien de le dire – je ne voudrais pas que ça lui fasse changer d'avis. « Je passe rapidement à la douche, je reviens. Attends-moi. » Ni une, ni deux. Je retire mes derniers vêtements, attrape mes affaires, produits pour la douche et serviette, et file sous l'eau. À mon retour dans le vestiaire, au niveau des casiers, je remarque que plusieurs filles sont déjà parties – certainement celles qui étaient les premières sous la douche. Je m'essuie rapidement et enfile l'une des tenues que j'avais prévu : quelques choses de décontracté. « En route Baker, je suis prête ! » Dis-je à la jeune femme, après seulement quelques minutes, alors que je viens finir de ranger les affaires dans mon sac. Lorsqu'elle est prête aussi, nous saluons les autres joueuses et quittons le vestiaire, puis l'espace réservé aux sportifs, pour rejoindre l'entrée de l'université. Sur le chemin, je ne peux m'empêcher de venir passer l'un de mes bras autour des épaules de mon amie. À croire que vouloir la rapprocher un peu plus de moi est devenu monnaie courante, même si c'est ici un geste qui se veut purement amical – aux yeux de tous, et des miens aussi certainement, c'est plus simple comme ça. « Je ne te l'ai pas encore dit, mais tu as fait un super match aujourd'hui. » Les points négatifs sont souvent mis en évidence, pour s'améliorer. Mais je trouve qu'il est aussi important de souligner les bonnes choses quand il y en a.
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Une pause ? Alors là, on pourrait pas être plus d’accord. Certes, j’ai tendance à avoir tellement d’énergie que ça soule tout le monde, mais refaire le moindre sport après m’être autant donnée sur le terrain, c’est mort. Bon, je dis pas que je suis calme non plus, si on me met la bonne musique je me mets à danser comme une dingue, hein... Mais ouais, petite pause, c’est pas trop mal. Un large sourire étire mes lèvres en t’entendant dire que t’es partante pour un burger et si j’étais du genre fleur bleue j’irais peut-être jusqu’à dire que mon cœur a eu des battements pas tout à fait normaux à l’idée qu’on se retrouve toutes les deux. Sauf que c’est pas mon genre et que je le dirai pas. Voilà. « C’est clair, surtout avec cette équipe de dégénérées. »
Ça râle et ça m’insulte de tous les côtés et j’éclate de rire, secoue la tête. J’adore ces filles. Je me suis jamais sentie aussi à l’aise dans une équipe, et ça me fait un peu flipper de me dire qu’il me reste pas tant de temps que ça à passer avec elles. Pas du genre à flipper pour rien, mais j’avoue que l’avenir me fait un peu peur, maintenant que je me sens aussi bien ici. Mais bon, ça, c’est des réflexions pour Al du futur, pas pour moi. Moi, je te regarde juste partir à la douche, détourne le regard bien rapidement pour éviter de trop le laisser traîner, et décide de me rhabiller. Enfin, de remettre ma tenue de foot. Flemme de remettre mes fringues juste pour retourner jusque chez moi. Je me doucherai là-bas, pas la peine de me changer vingt fois. Je profite de ton absence pour rallumer mon téléphone, traîner un peu sur les réseaux, poster une story de victoire comme j’en ai l’habitude, commander un uber pour rentrer... Et te revoilà. Grand sourire dans ta direction, je finis de ranger mes affaires et on se casse, bien vite dehors. Avant que je dise ou fasse quoi que ce soit, y’a ton bras autour de mes épaules et je lutte pour pas passer le mien autour de ta taille, t’attirer encore plus contre moi. Avec toi, je sais jamais trop sur quel pied danser, je sais pas si t’attends quelque chose ou pas, alors j’évite d’en faire trop. Ton compliment me fait encore sourire et j’hausse les épaules.
« J’pas fait grand-chose de plus que d’habitude. T’as été géniale, toi. Un bon p’tit rottweiler comme on les aime. J’ai cru qu’elles allaient finir par chialer tellement tu laissais rien passer. »
Léger rire et je secoue la tête, t’ébouriffe les cheveux. Et puis je sors mon téléphone, vérifie où se trouve notre chauffeur. L’appart de mon père est pas forcément à côté et j’ai la flemme de marcher. On monte et le trajet se passe en silence, pas franchement long au final. Quand on arrive, c’est vide. Forcément. Mon vieux est à Vegas pour une transaction ou une autre, j’avoue que je suis plus trop en ce moment.
« Tu connais la baraque, mets-toi à l’aise ! J’vais aller prendre une douche, donc fais comme chez toi. Ah et tiens... »
Je te donne mon téléphone, ouvert sur une appli de livraison.
« Commande ce que tu veux et prends la même chose pour moi, s’t’euplaît. J’ai la giga dalle. »
Pas grand-chose à cacher, je me fous pas mal que t’ailles fouiller si t’en as envie. À part des conversations un peu épicées avec certaines filles rencontrées sur des applis, y’a rien de compromettant. Et puis t’façon, c’est pas comme si je te faisais pas confiance. Je file dans la salle de bain, prends une douche rapide et ressors, serviette autour de mon corps, me dirige vers ma chambre. Jogging, débardeur, et me voilà prête pour une soirée de folie. Je passe par la cuisine, attrape une bouteille de vin français et deux verres, puis te retrouve dans le salon. Certes aucune de nous n’est majeure, mais je bois depuis assez longtemps pour connaître mes limites, et c’est pas comme si on allait avoir des problèmes en buvant ici. T’es posée dans le canapé et je te rejoins, pose les verres sur la table avec la bouteille ouverte. Flemme de servir.
« Tu veux mater un film ? Jouer à un truc ? Faire une bonne grosse sieste ? »
Je ris légèrement à ma propre connerie, puis me penche par-dessus toi pour récupérer mon téléphone. Je cherche même pas à regarder si j’ai des notifications, je verrai ça plus tard. Pour l’instant, je veux juste profiter de cette soirée avec toi.
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« C’était notre terrain, hors de question qu’elles passent ! » J’aimerais dire pareil dans les autres stades, mais ce n’est pas toujours évident. Aujourd’hui a été une réussite, des deux côtés du terrain, et c’est bien le plus important. Rapidement, nous retrouvons le Uber qui va nous emmener jusqu’à l’appartement d’Alexis. C’est peut-être un peu niais, mais j’aime beaucoup regarder défiler les lumières de la ville sous mes yeux à cette heure-ci – on ne peut pas dire que ce soit celles que je vois quand je rentre dans le Bronx. Arrivées sur place, mon amie s’absente pour aller prendre sa douche et me laisse la responsabilité de commander à manger. Je vais m’installer dans le canapé et ouvre le site de Black Iron Burger. Ce n’est pas la première fois que je fais cela, alors en quelques minutes seulement, la commande est passée et le livreur peut se mettre en route. J’ai été tellement rapide qu’Alexis n’est toujours pas revenue. Alors pour combler le temps et en tant que jeune qui se respecte, j’ouvre mes réseaux sociaux et scrolle à tout va. Jusqu’au bruit d’une notification. Ce n’est pas sur mon téléphone, mais sur celui de mon amie. Je sais que ce n’est pas raisonnable, mais la curiosité est bien trop grande pour résister. Sur l’écran, le prénom d’une fille s’affiche et à partir de là, j’ai comme l’impression d’être en colère contre le monde entier. Contre elle aussi, surtout elle, on ne va pas se mentir. Elle ne fait que féliciter Alexis pour son but, mais ça m’énerve – là encore, nous ne sommes pas dans une réaction amicale normale. Lorsque j’entends du bruit derrière moi, je m’empresse de verrouiller l’écran et de poser le téléphone à côté de moi. Faire comme si de rien était, c’est un peu ce que je fais tous les lendemains de soirée avec elle, alors je devrais pouvoir m’en sortir cette fois-ci encore. « J’ai toujours du mal à trouver le sommeil après les matchs, nous allons devoir rester debout jusqu’au bout de la nuit. » Même si elle plaisantait, je ne trouve rien de mieux à faire que d’ajouter cette petite anecdote. Et pour le coup, peut-être que j’aurais dû aller en boîte de nuit pour me dépenser au maximum et espérer rejoindre les bras de Morphée sans trop de mal. Néanmoins, c’est ici que je suis pour finir cette soirée et j’ai la sensation d’être exactement là où je suis censée être. « Pourquoi pas jouer à un truc ? Tu as dit que tu ne voulais pas courir, mais je suis sûre qu’un peu de compétition ne te déplaira pas. » Nous avons pour habitude de jouer à FIFA, que ce soit ensemble ou avec d’autres joueuses de l’équipe. À croire que nous n’avons jamais assez de foot dans nos vies.. Et d’ennuis aussi, car entre le choix des équipes, les buts marqués et les célébrations qui vont avec – nous vivons le jeu à fond, ce n’est pas toujours une partie de plaisir pour celle qui perd. La jeune femme à côté de moi bouge un peu et l’odeur qui est venue remplir mes poumons il y a quelques secondes revient à la charge. « C’est un nouveau parfum ? » Est-ce une bonne idée de s’y intéresser ? Si seulement je n’avais pas eu à le remarquer, cela aurait été si facile. Peut-être qu’il faut que j’arrête de me prendre la tête aussi, ce n’est qu’une odeur parmi tant d’autres, non ? « Je te laisse le choix du jeu. Est-ce que tu préfères FIFA et le fait de te faire écraser ? Ou alors, un jeu comme Lara Croft où on se partagerait le temps de jeu ? » Plus soft, moins de risques de bagarres – amicales bien sûr. Même s'il y a toujours la possibilité de vouloir s'arracher des cheveux avec des niveaux trop compliqués. En espérant que c'était bien ça qu'elle avait derrière la tête quand elle a parlé de jouer à quelque chose. Avant même que le choix soit fait et que les hostilités soient lancées, quelqu'un sonne à la porte et il ne faut pas avoir fait de longues études pour comprendre qu'il s'agit de notre nourriture. « Choisis. Je vais chercher la commande ! » Je me lève du canapé à toute vitesse et marche jusqu'à la porte d'entrée, comme si c'était mon logement. Je récupère le sachet et offre un large sourire au livreur – en espérant que ce soit suffisant comme pourboire, car je suis venue les mains vides jusqu'ici. Je reviens ensuite dans le salon et lève la commande. « Voilà deux Chicken Burger, des frites et des onion rings en supplément. J'ai demandé plusieurs sauces, j'espère qu'ils ne les ont pas oubliées. » Je n'ai pas pris de boissons avec, comme Alexis avait évoqué la bouteille de vin. En parlant d'elle, elle est toujours posée sur la table, à côté de deux verres vides. Alors après avoir posé le sac de la livraison sur la table, je veille à faire le service du liquide. « Finalement, je crois que j'ai les crocs aussi. » Autant dire que je ne vais pas me faire prier pour croquer dans ce burger à pleines dents.
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Ça me fait sourire, de te voir defender notre terrain avec autant de hargne. Je sais pourtant que tu as la même quand on joue à l’extérieur, c’est pas pour rien que t’as ce surnom qui te suit. On est un duo du tonnerre, toi et moi. Défense de fer et attaque incessante, c’est comme ça qu’on obtient des résultats. Mais en dehors du terrain aussi, on est un bon duo. Liées dès la première seconde par notre arrivée commune, mais par pas mal d’autres trucs depuis, aussi. Les soirées comme ça en font partie. Y’en a pas eu des milliers non plus, où on s’est retrouvées que toutes les deux, mais chacune a été assez mémorable. J’aime ces moments, même si c’est parfois assez confus quand on se sépare, que je comprends pas trop ce qu’il se passe dans ma tête. Forcément, je te propose de faire quelque chose, parce qu’on va pas juste bouffer et rien dire ou faire pendant des heures. Mon idée de sieste a pas l’air de te plaire, plutôt logique. Rester éveillée jusqu’à demain, ça me va carrément, plutôt habituée à pas dormir des masses. Bien envie de faire une blague vaseuse en te proposant des activités qui pourraient t’aider à dormir, mais je me retiens, parce que j’ai pas envie de te faire flipper. Le locker-room talk c’est une chose, être lourde de sous-entendus graveleux, c’en est une autre. T’acceptes de jouer à un truc et ça me fait sourire. L’esprit compétitif, c’est comme une religion pour moi. Je l’ai dit, j’aime gagner, au point de tricher parfois quand je sens que le vent commencer à tourner en ma défaveur. « T’as envie de perdre, c’est ça ? »
En vrai, t’es probablement la seule personne contre qui ça me déplaît pas complètement de perdre. Je récupère mon téléphone et souris en t’entendant parler de mon parfum. Quoi, ça te perturbe ? J’aimerais bien que ce soit le cas. Que ça te fasse de l’effet.
« Ouais, de chez Dior. Tu peux m’en prendre si tu veux il est dans ma salle de bain. »
Geste vague dans la direction que je viens d’indiquer, avant de plisser les yeux dans ta direction.
« Tu penses vraiment que tu peux me sécher à FIFA ? Elle est marrante celle-là. C’est toi qui vas chialer comme un môme quand je t’aurais mis huit buts d’affilée. »
Vu le temps qu’on a passé dessus, je pense qu’on a clairement le même niveau, toi et moi, mais ça m’empêche pas de me vanter comme j’adore le faire. Avant qu’on puisse se décider, ça sonne à la porte et tu pars chercher notre commande. J’en profite pour déverrouiller mon téléphone, décidée à laisser un pourboire généreux au pauvre type qui nous a apporté nos burgers à coup de vélo. Je suis distraite dans mon objectif par une notification et me mets à sourire, décide de répondre. Mon père m’a félicitée – il a vu les résultats entre deux négociations – et je lui indique que je l’appellerai demain. Y’a aussi des félicitations de la part de Cara, cette fille avec qui il m’arrive assez souvent de prendre du bon temps, sans aucune attaches. Ça fait déjà près de deux ans qu’on se voit elle et moi, mais ça a toujours été clair. Moi je suis allergique au fait de me poser, elle est complètement amoureuse de l’un de ses collègues. Souriant toujours, je la remercie, lui propose qu’on se voie un peu plus tard, ce qu’elle accepte rapidement. Quand je verrouille à nouveau mon téléphone, t’es déjà de retour, et je lève un bras victorieux à l’annonce du repas.
« Par-fait. Si tu veux du soft y’en a dans le frigo. »
Je préfère proposer même si t’as plutôt l’air motivée par le vin, que tu sers rapidement. Je prends un verre, te donne l’autre, et on trinque avant que je prenne une longue gorgée.
« Rien de meilleur qu’un bon petit vin français. »
Je sors la nourriture des sacs et étale le tout sur la table basse avant de m’affaler à nouveau contre les coussins.
« J’ai pas choisi, au fait. T’as été trop rapide. Tu préfères FIFA ou Mario Kart ? Non parce que de toute façon je vais t’éclater, mais tu peux quand même choisir sur quel terrain je vais t’humilier. »
Sourire narquois qui étire mes lèvres tandis que je prends quelques frites, les dévore rapidement, soupire. Merde c’est carrément délicieux. Y’a mon téléphone qui fait que de vibrer, je finis par y jeter un coup d’œil, ris légèrement en voyant que c’est Cara. Flemme de regarder les douze mille messages qu’elle m’envoie, soit pour me parler de son futur mec soit pour m’expliquer d’autres trucs qui m’intéresseront vachement plus. À la place je me lève, attrape la télécommande et allume la télé et la console, te lance une manette. Commençons par FIFA, histoire de prolonger le match. C’est pas comme si on avait pas toute la nuit pour se battre sur d’autres trucs.
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À sa question, je ne peux m'empêcher de soupirer et forcément, je le fais de manière excessive. Plus c'est gros, plus ça passe, non ? Et puis comme ça, il n'y a aucun doute sur mon sérieux ou non. Perdre.. ce n'est pas quelque chose que j'apprécie – présentez-moi la personne qui aime ça d'ailleurs – et forcément, que ce soit Alexis ou n'importe qui d'autre en face, je suis capable de mettre toute mon âme dans le jeu pour arriver à un résultat positif. Mais là, si j'en arrive à être déstabilisée par son parfum, je ne donne pas cher de ma peau. Je vais tout de même essayer : avec le ventre plein, peut-être que j'ai tout de même une chance. Et ça tombe bien, puisque notre commande ne tarde pas à arriver. Un peu de distraction pour mon cerveau et du temps à Alexis pour qu'elle choisisse un jeu, c'est tout ce que nous apporte cette petite pause. Lorsque je reviens dans la pièce, mon amie pose son téléphone et presque naturellement, ma mâchoire se serre. Reste calme, ce n'était que de simples félicitations. Ce n'est pas comme si cette fille était sa copine. Est-ce que c'est sa copine ? L'air de rien, je viens poser notre repas sur la table. « Je vais te suivre. » Dis-je, alors qu'elle m'indique la présence de boissons softs dans le réfrigérateur. Ce genre de vin, je n'en bois qu'ici – ma mère ne serait pas ravie d'apprendre que je bois, même si elle doit s'en douter un peu, et ce n'est pas une bouteille qui rentre dans son salaire – alors pourquoi se priver. « Est-ce que ça te dérange si je reste dormir ici ce soir ? » Ce ne serait pas la première fois, mais je préfère demander plutôt que de m’imposer ici. Son père n’est pas là ce soir, mais à son retour, il voudra peut-être passer du temps avec sa fille, sans que je sois dans leurs pattes – même si parfois, je sais comment partir vite d’ici, avant même qu’Alexis ne se réveille. Bref.. si je lui demande ça, c’est aussi pour savoir le nombre de verres que je vais pouvoir prendre : si je dois traverser la ville pour rentrer chez moi après, je préfère être sérieuse et me contenter de quelques verres seulement. Comme j’ai été rapide avec le livreur – et elle sûrement trop occupée à répondre à ses messages – elle n’a pas eu le temps de choisir le jeu sur lequel nous allons nous affronter. « Disons FIFA. » Tout comme elle, je viens prendre quelques frites pour me remplir le ventre, avant de venir croquer une première fois dans mon sandwich. Si notre appétit laisse un certain silence dans la pièce, il est rapidement interrompu par des messages qui semblent arriver sur le téléphone de la brune. « Tu as l’air beaucoup demandée.. » Faire comme si de rien était, comme si je n’avais pas déjà vu qu’une fille – au moins – avait essayé de la contacter un peu plus tôt. « Méfie-toi, il ne faudrait pas que ça te distrait. » Elle se lève du canapé, allume la console et y glisse le disque du jeu. Maintenant que l’écran est allumé, nous n’avons d’yeux que pour lui. Je laisse à Alexis le choix de son équipe, alors que moi, je me range du côté d’une équipe du championnat anglais. Très vite, le match est lancé et hormis quelques phrases de motivations à destination de nos joueurs virtuels ou des mots pas très orthodoxe lorsque nous ratons, il n’y a plus rien qui s’échappe de nos lèvres. Jusqu’à.. « BUT ! » La manette dans une main, je me lève et viens réaliser le célèbre geste de Cristiano Ronaldo. C’est peut-être bête, mais quand je marque sur FIFA, cela a une saveur particulière. Sur un vrai terrain, ce n’est pas mon rôle et rares sont les fois où je peux célébrer. En plus, là, face à ma meilleure partenaire et l’une des plus brillantes attaquantes de l’université, c’est d’autant plus plaisant. « Je suis bien meilleure que ce que tu pensais. » Je la regarde, fière de mon coup. Heureusement que ce n’est pas elle qui a marqué ce premier but. Car pour être honnête, que ce soit sur un vrai terrain ou sur un jeu, elle est drôlement belle quand elle célèbre sa victoire et là, je n’ai pas besoin de ça. Après le visionnage de l’action, nous reprenons le match. « DOUBLÉ ! » Cette fois-ci, plus soft, je me contente de lever les bras en l’air. Je tourne ensuite la tête vers la jeune femme et lui tire la langue. C’est ça de me sous-estimé. Ou alors, comme je le disais un peu plus tôt, elle a peut-être l’esprit occupé avec autre chose. Avec une fille par exemple, certainement très mignonne et qui.. non. Je ne dois pas penser à ce qu’Alexis pourrait faire avec cette fille et ce que cette fille pourrait lui faire. Voir son nom sur le téléphone de la brune, c’était déjà suffisamment douloureux comme ça. Alors inutile de vouloir me faire encore plus de mal. Même si pour le coup, ça semble arriver si facilement. « On aurait peut-être dû jouer à Mario Kart finalement.. » Je hausse légèrement les épaules et essaye de me remettre sur le droit chemin comme je peux. Avant que la partie ne reprenne, je récupère plusieurs frites et les fais disparaître dans ma bouche.
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Parfait, je vais pas être la seule à boire. Bon, j’en doutais pas vraiment, te connaissant un minimum, mais c’est plaisant d’en être sûre. Et puis tu demandes si tu peux rester dormir et ça me fait sourire un peu plus. C’est sûrement juste pour pas te retrouver dehors avec de l’alcool dans le sang, mais j’aime l’idée un peu plus que je devrais. Je sais qu’il se passera rien, parce que t’es pas comme ça, parce que toi et moi ce sera jamais rien de plus que quelques baisers volés quand tu baisses la garde, avant de la remonter encore plus. « Bah bien sûr que tu peux. J’t’ai dit, fais comme chez toi. »
Pas la première fois, pas la dernière. Il nous est même arrivé de dormir ici à 11, c’est pas comme si y’avait pas la place. Avec mon père quasiment jamais là, c’est comme si c’était chez moi, et j’y fais à peu près tout ce que je veux. Héberger du monde, pour une nuit ou pour plus, c’est même carrément régulier. Je préfère me réveiller en sachant qu’il y a quelqu’un d’autre qui vit dans cet endroit immense, que j’y suis pas entièrement seule. Pas que j’aie peur d’être seule, hein, c’est carrément cool d’être indépendante. Mais c’est parfois sympa d’avoir un peu de compagnie. Tu préfères FIFA, ça me fait encore sourire. T’as vraiment le don pour ça et ça devrait m’énerver, me foutre en rogne, mais non. Je crois que j’aime juste ça, que tu sois capable de me faire sourire. C’est pas le truc le plus évident, même si t’en as aucune idée. Sourire pour faire l’imbécile, me forcer à le faire pour paraître normale, c’est des trucs auxquels je suis habituée. Mais à part Robbie et mon père, y’a pas beaucoup de gens qui sont capables de me faire sourire aussi innocemment, aussi naturellement, depuis James. Toi, il suffit que tu dises le bon truc, que tu me regardes de la bonne façon, et ça fait juste de la lumière dans ma tête. Paf, sourire. Putain ce que c’est niais... Tu remarques que mon téléphone fait que de vibrer et j’hausse les épaules, prends une bouchée de mon burger que je mâche lentement avant d’enfin répondre.
« Meh, c’est mon ex. ‘Fin pas vraiment mon ex, mais... Bref. T’inquiètes. Pas moyen que ça soit assez distrayant pour m’empêcher de te botter le cul. »
Petit clin d’œil dans ta direction tandis que je glisse le jeu dans la console avant de m’installer à nouveau sur le canapé, manette en main. Olympique Lyonnais – chauvinisme un peu étrange qui me saisit de temps en temps – sélectionné, voilà que le match débute, et on s’affronte à coup d’insultes amicales et peut-être un peu d’antijeu de mon côté (non, je t’ai pas donné un coup de coude, de quoi tu parles ?). Malheureusement pour moi, tu marques le premier but et je peux pas m’empêcher de te fixer pendant toute ta célébration, riant doucement, même si je lève aussi les yeux au ciel parce que ça m’énerve un peu que tu gagnes. Mais la partie n’est pas finie. Je tire la langue en guise de réponse à ta provocation et te fais signe de reposer ton cul par terre pour qu’on puisse reprendre. Tu recommences tes conneries, trompe mon gardien et marque encore, et je grogne, te fais une pichenette sur le front quand t’oses me tirer la langue. Je profite de la petite pause pour reprendre une gorgée de vin, secoue la tête en t’entendant parler.
« Arrête de faire la maligne, on est à peine à la mi-temps. »
Je plisse les yeux dans ta direction, termine mon burger, puis me replace sur le canapé, décidée à me concentrer un peu plus cette fois et à plus te laisser me distraire. J’t’aime bien, mais faut pas déconner non plus. Le match reprend, et j’arrive rapidement à marquer un but, mais ne fais aucun mouvement, reste scotchée à l’écran. Hors de question de perdre ma concentration tant que je t’aurai pas rattrapée... Ce qui arrive après plusieurs minutes d’une lutte acharnée entre nos deux équipes.
« PO-PO-POOOOOO ! »
Me voilà debout, à effectuer ma célébration habituelle ; bras croisés sur le torse, un coude vers le ciel, hochements répétés de la tête. Et puis je me tourne à nouveau dans ta direction, sourire goguenard aux lèvres.
« Alors, qui sous-estime qui ? »
Je me laisse à nouveau tomber sur le canapé, soupire un bon coup. Voilà, largement mieux. Je finis mon verre de vin d’une traite, m’en sers un nouveau. Je me fous pas mal de gagner, maintenant que j’ai réussi à te rattraper.
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crédit/ tumblr ✶ alexis
Ce n'est qu'une formalité, mais je suis tout de même soulagée lorsque la brune vient me confirmer la possibilité de dormir ici. Avec cette réponse, je peux naturellement boire un peu plus. Même si je ne compte pas non plus vider la bouteille à moi toute seule, ça me ferait faire des bêtises sinon. À bien y réfléchir, avec ce qu'elle dit ensuite, ça ne serait peut-être pas une si mauvaise idée. Une ex, mais pas totalement une ex.. pardon ? C'est pour m'achever qu'elle me dit ça, ou pour.. m'achever. Je ne vois que cela en fait. Je dois reconnaître que les choses sont parfois bizarres entre nous et comme il n'y a pas de mot sur ce qui se passe, comment est-ce que je pourrais lui reprocher de voir d'autres personnes ? C'est d'ailleurs ce que je fais de mon côté, des baisers par-ci, par là, l'air de rien, pour effacer les soupçons – pour effacer la chaleur qui se crée au bas de mon ventre quand ils sont partagés avec elle. Jouer. Et manger. Il n'y a que ça de vrai, pour m'éviter de trop penser à elle, à Alexis avec cette fille. Je ne sais pas si c'est la jalousie ou bien la distraction du côté de la brune, mais le début de partie se passe plutôt bien pour moi. Peut-être même trop, puisqu'avec cette confiance accumulée, je perds ma concentration et lui laisse l'occasion de revenir. « Je ne voulais pas que tu déprimes, c'est tout. » Il y a sûrement un peu de ça, mais pas totalement. Alexis est bonne, avec un ballon au pied ou une manette entre les mains, ce n'est plus à prouver maintenant, plus auprès de moi en tout cas. Je laisse quelques temps à mon amie, après son deuxième but. Elle vide un peu son verre, alors que je viens croquer une nouvelle fois dans mon hamburger. Le jeu est ensuite relancé et maintenant, tout est à refaire. Mais c'est quand même mal embarqué pour moi. « Comment ça penalty ?! Je n'ai rien fait, je t'ai effleuré ! Et encore ! » Toute défenseure qui se respecte un minimum n'avouera pas sa faute comme ça, à moins d'en avoir la preuve par image. Et d'ailleurs, en parlant de ça, le replay du tacle que je viens de faire faire à mes joueurs se dessine sur l'écran et je ne peux m'empêcher de grimacer un peu. Bon.. d'accord.. j'y suis peut-être allée un peu fort. Mais je ne pouvais pas laisser le champ libre à Alexis, je ne pouvais pas la laisser marquer aussi facilement – même si avec un penalty, le résultat est plus ou moins le même. Je plisse légèrement les yeux, pour ne pas voir le désastre, mais pour quand même essayer de limiter la casse. « Vas-y, crucifie-moi.. » Un peu de mélodrame, ça ne peut pas faire de mal. Sans trop de surprise, le ballon fini au fond du filet. « Il est joli, je dois le reconnaître. » En pleine lucarne, le genre de tir que l'on souhaite tous. Quand l'avantage n'est pas de mon côté, j'ai l'impression que je cherche à relancer le jeu au plus vite. Et puis.. à quoi ça sert de revoir encore et encore un but offert comme celui-ci. La fin de la rencontre approche à grands pas et je suis malheureusement à la traîne maintenant. Mon jeu de jambes – celui de mes joueurs – et ma patience finissent par payer, puisque je viens marquer un but dans le temps additionnel. Pour achever Alexis, je crois que je ne pouvais pas faire pire. Enfin si.. ce but aurait pu être celui de la victoire, là il ne me permet que d’avoir un résultat neutre. « J’ai eu chaud ! » Dis-je, tout en soupirant légèrement, alors que le coup de sifflet final retenti. Je pose ensuite la manette sur la table et viens m’allonger quelques minutes sur le canapé, ma tête posée sur les genoux de la jeune femme. Est-ce que je recherche une certaine proximité ? Non – est-ce que je suis si prévisible que ça ? Sans me déplacer, je me tourne légèrement et viens attraper de nouvelles frites. J’en mange une et tends l’autre à Alexis. « Je suppose que tu veux remettre ça, pour me montrer que de nous deux, c’est toi la meilleure marqueuse. » Ou peut-être qu’elle a d’autres idées.
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Pourquoi je me retrouve à te parler de Cara, au juste ? C’est pas comme si je me cachais de mes relations, d’habitude, mais je sais pas, ça sonne bizarre de te parler d’elle. Surement pour ça que je m’attarde pas sur le sujet. Vaut mieux se concentrer sur le match virtuel qui se passe sous nos yeux, c’est quand même vachement plus intéressant. Surtout quand je me mets enfin à marquer et à revenir au score. Forcément, c’est joie et célébration, parce que même si c’est pas aussi grisant que sur un vrai terrain, marquer c’est toujours une sensation de fou, un truc qui m’apporte un plaisir dingue. Depuis toute petite, c’est probablement la sensation que j’aime le plus au monde et ça a jamais changé malgré les années. « Ouais ouais, c’est ça. C’est beau qu’à ton âge tu croies encore aux histoires. »
Le jeu reprend de plus belle et je me concentre encore plus une fois mon deuxième but marqué. J’éclate de rire en t’entendant râler sur la décision de l’arbitre. Bien un truc de défenseur, ça. Si on avait été sur le terrain, je t’aurais clairement soutenue, quitte à me prendre un carton. Mais là je me contente de me foutre de ta gueule et de t’enfoncer bien comme il faut quand l’action est rejouée encore et encore sous nos yeux, répétant à quel point t’es une joueuse agressive. Au fond, c’est pas faux, mais c’est ce qui fait ta maîtrise excellente du jeu et qui fait de toi une coéquipière incroyable. Honnêtement, j’aurais pas aimé être dans une équipe adverse avec toi en face. Le cauchemar des attaquantes, je l’ai juste à côté de moi.
« Ouais, comme t’as effleuré la capitaine des Bruins quand on les a affrontées la dernière fois. »
Ça s’est pas terminé en carton, mais honnêtement ça aurait pu. T’as eu de la chance, sur ce coup. Et nous aussi, parce qu’être privées de ta défense ça aurait pas été très fun. Bien évidemment, je tire le penalty, me mets même debout, bras tendus et écartés pour un peu plus d’effet dramatique, et il rentre aussitôt. Tu reconnais sa beauté et je m’incline légèrement en guise de salut, avant de me laisser à nouveau tomber dans le canapé pour reprendre la partie. 3-2 c’est plutôt un bon score, mais j’aimerais bien t’en remettre encore un ou deux histoire de te faire fermer un peu ta gueule et reconnaître ma supériorité. En vérité, je m’en fous pas mal de gagner, là, tout de suite, mais t’as le don de faire monter mon côté compétitif, apparemment. Mais me voilà emmerdée par le temps additionnel, qui te permet à nouveau de marquer, et je m’agace encore plus sur les dernières minutes, cherchant à tout prix à marquer un dernier but histoire de nous départager... Ce qui n’arrive malheureusement pas. Je grogne alors que tu soupire, et laisse ma tête partir vers l’arrière.
« Abusé, j’aurais carrément dû gagner. »
Et puis soudain, y’a un poids sur mes genoux et ça me fait relever la tête, glisser aussitôt ma main dans tes cheveux, petit sourire aux lèvres. J’aime bien que tu fasses ce genre de truc, même si ça me fait ressentir des trucs que je préfèrerais pas savoir. Tu me tends une frite et je croque dedans, avant de froncer les sourcils face à ta proposition.
« Alors déjà j’pense que j’ai pas à le prouver, hein. Et ensuite... On finit peut-être de manger avant ? Histoire que t’aies le ventre plein quand je finirai de te foutre la misère. »
Petit sourire moqueur dans ta direction. Ma main, qui était dans tes cheveux, se décale peu à peu vers ton visage, trace la courbe de ton nez... Et je me rends compte de ma connerie. Je me racle la gorge en même temps que j’enlève ma main de là où elle devrait pas être et me lève sans plus de cérémonie. J’attrape mon verre de vin et le vide d’un coup avant de le reposer sur la table basse et de m’éloigner vers la cuisine. Puisqu’elle est entièrement ouverte, on peut encore discuter et je décide qu’il vaut mieux complètement éviter de parler de mon petit écart.
« T’as encore faim ? Ou soif ? On peut commander autre chose si tu veux. »
Tentative de changement de sujet carrément pourrie, mais on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, non ?
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