(tw : tentative de suicide) I'll come to you in pieces (( Yerin ))

01.09.2023 || Epuisé, il l’avait longtemps été. Aujourd’hui, il touchait le fond. Littéralement. Il ne pensait pas pouvoir tomber plus bas qu’il ne l’était déjà, mais la vie lui avait prouvé une nouvelle fois qu’il se trompait. Était-ce seulement parce qu’il avait perdu son plus précieux repère ? Théo aurait bien voulu dire que oui, néanmoins ce n’était pas vrai. Il s’agissait d’un mélange de tout à la fois, d’un ras le bol, d’un manque de motivation, d’une honte profonde de ce qu’il était devenu, de l’incapacité à faire face à ceux qu’il aimait sans appréhender leurs regards sur sa personne… Il savait que, de toute façon, quoi qu’il ferait, il décevrait quelqu’un. Si ce n’était pas son coach, ce serait ses fans. Si ce n’était pas ses fans, ce serait sa famille, et si ce n’était pas sa famille, ce serait ses autres proches, et ainsi de suite. Il n’avait plus l’envie, ni même le courage de tous les affronter, il n’en pouvait réellement plus… A quoi bon en parler ? Son entraîneur répondrait que c’était dans sa tête, qu’il se faisait des idées et qu’il devait juste se concentrer sur les matchs à venir. Sauf que même les matchs, Théo en avait plus qu’assez… Il ne prenait plus aucun plaisir sur le terrain, il se forçait, alors que sa jambe le torturait et qu’il était obligé de se gaver de cachets, ou d’infiltration, afin d’effacer toute sorte de souffrance. Ce n’était pas une vie, et même s’il souhaitait faire plaisir à son entourage, à présent il n’y parvenait plus. Pour qui se battait-il au juste ? Pour quelle raison ? Ses coéquipiers ne cessaient de râler dans son dos, comme quoi tout serait tellement mieux s’il n’était plus dans l’équipe, parce que toute la gloire était pour lui, à chaque fois. Aucune reconnaissance envers sa volonté à les aider, il n’y avait toujours que la critique et la jalousie. A croire qu’il n’avait jamais réussi à se créer une place au sein de cette équipe ou, tout du moins, ils avaient tous fini par s’éloigner de leur but premier, à cause de leur avidité. C’était mieux s’il n’était plus là, c’était ce que tous répétaient et lui commençait également à s’en convaincre. Parce qu’il n’y arrivait plus, parce que tous disparaissaient les uns après les autres, et parce que même s’il avait encore sa famille, malgré tout, il éprouvait cette drôle de sensation d’être toujours aussi seul. Comme s’il était coincé dans une cage transparente et qu’il n’y avait personne pour le sortir de cette prison affreuse, mais aussi douloureuse.

Et c’était pareil pour ce soir, alors qu’il affrontait le froid effroyable de sa maison, causé par un vide immense. Pourquoi vivre dans une habitation aussi grande alors qu’il n’y avait que lui ? Parce qu’il l’avait achetée pour lui, mais également sa petite amie – enfin, ex-petite amie désormais… Parce qu’il avait tout prévu, parce qu’il ne voulait plus être loin d’elle, et vivre pour toujours à ses côtés, lorsque la saison de baseball serait terminée. Hors, elle était partie elle aussi. Ce n’était pas de sa faute, il ne lui en voulait pas, il la comprenait même… Il n’avait pas été le meilleur homme pour elle, il n’avait pas été fichu de la retenir non plus, ni de lui dire tout ce qu’il avait sur le cœur, donc il ne s’en prenait qu’à lui-même. Deux mois déjà que Yerin et lui n’étaient plus ensemble, et bien qu’ils ne se voyaient pas souvent avant, son absence s’était ressenti avec plus d’intensité ces dernières semaines. Peut-être parce que justement il avait besoin de quelque chose à laquelle s’accrocher, une bouée pour ne pas couler, mais il n’avait pas eu d’autres choix que se rendre à l’évidence. Elle ne reviendrait pas. Malgré tout, il ne s’était pas laissé atteindre, il avait continué d’avancer, il s’était entraîné, avait joué, sur la demande de son coach qui n’avait visiblement aucune limite, et aucune compassion. Sa blessure ne s’arrangeait pas mais, encore et toujours, l’homme parvenait à trouver les bons mots pour le motiver à entrer sur le terrain, pour ne pas le faire vaciller, sans voir pourtant les signes d’alerte que Théo semblaient envoyés.

Personne n’avait rien vu venir, sûrement pas lui-même, et encore moins ses coéquipiers qui préféraient cracher sur son dos, plutôt que lui tendre cette main dont il avait besoin. Si on avait prêté plus attention à son désespoir, si au lieu de lui souhaiter le pire dans l’équipe, on l’avait approché et remercié, si on s’était un peu plus intéressé à lui, en serait-il là désormais ? Assis sur son lit, une boîte de cachet entre les mains, à hésiter. Oui, il était exténué et non, il ne savait pas ce qui était mieux, ce qui ne l’était pas. L’envie d’avancer n’était plus présente, l’espoir de ne pas se réveiller au matin devenait de plus en plus conséquente au fil des jours, et à se ressasser sa vie des jours passés, cela lui paraissait être la meilleure solution. Il n’avait plus la force de se battre de toute façon, ni d’affronter qui que ce soit, autant donc être lâche jusqu’au bout… Et finalement, il avait tout avalé. Sans plus réfléchir, sans penser rationnellement, sans réaliser qu’il y avait sûrement d’autres moyens, et qu’il n’était pas nécessaire d’atteindre une telle extrême. Hors, lorsque plus rien n’allait dans l’esprit et dans le cœur, il était difficile de s’apercevoir à quel point, en vérité, on était probablement malade. Parce que, oui, l’esprit pouvait attraper froid lui aussi, être tourmenté et lorsqu’il n’était pas soigné correctement, son état ne faisait que s’aggraver. Nombreux étaient ceux à ne pas vouloir le voir et pourtant, dans le monde, il y avait des milliers de personnes touchaient par une maladie aussi violente. Théo n’y échappait pas mais, de plus bel, personne n’avait rien vu, ni son désespoir, ni sa détresse, et sa chute n’en avait été que plus tragique.

Ce soir là, certainement que non, le garçon ne pensait plus jamais voir le jour ; la raison pour laquelle, lorsqu’il ouvrit ses yeux avec difficulté, le blanc des murs l’attaquant de plein fouet, il se demanda bêtement si c’était ça l’au-delà. Il lui fallait plusieurs longues minutes avant de revenir à la réalité, l’aiguille plantée dans sa main lui indiquant ainsi que, non, les anges ne l’avaient pas encore attrapé. Cette silhouette installée à ses côtés, ses doigts entrelacés aux siens, le força cette fois-ci à se questionner, savoir s’il s’agissait d’un rêve ou bel et bien la réalité. « Rin ? » Prononça-t-il d’une petite voix, un faible murmure, presque inaudible. Que faisait-elle ici ? Était-il vraiment bien vivant ou c’était à ça que ressemblait le paradis ? Si c’était le cas, il n’avait rien contre l’idée d’y rester, et si ce n’était qu’un simple rêve, il ne voulait pas se réveiller.

01.09.2023 || Il faut du temps pour soigner les blessures du cœur. En tout cas, c’est ce que Yerin avait entendu dire de la part de ses amis. Voilà, déjà deux mois que la jeune femme s’était séparé de l’homme avec qui, elle avait espéré passer le reste de sa vie à ses côtés. Une séparation dont elle fût l’auteur, mais qui encore aujourd’hui la blessa énormément. Ce jour-là, lorsque le jeune homme s’en était allé, sans hésitation, les larmes avaient coulé et une douleur lancinante s’était installée au creux de sa poitrine. Une douleur, qui même après ces deux mois, persistait toujours dans sa poitrine, lui ôtant toute joie de vivre. Son sourire, si joyeux, avait disparu, laissant place à une expression empreinte de tristesse et de regret. Oui, elle regrettait son choix, mais revenir en arrière était impossible. De plus, pouvait-elle vraiment rivaliser face à son amante ? Il était probable qu’ils passaient des moments heureux ensemble depuis deux mois et qu’il l’avait tout simplement oubliée, alors qu’il était omniprésent dans l’esprit de la coréenne. Accepter cette séparation était une épreuve difficile, presque insurmontable, car la moindre chose lui rappelait Théo, dont l’absence pesait également auprès de ses deux chiens, qui le cherchaient constamment. La trentenaire était à bout, tout à New York lui évoquait leur relation et les moments qu’ils avaient partagés ensemble. Elle avait besoin de s’éloigner, de retrouver les siens et peut-être prendre un nouveau départ ailleurs. Elle avait pris des congés, laissant son associé gérer seul leur entreprise, afin de retourner dans son pays natal dans l’espoir de trouver du réconfort et peut-être envisager un nouvel avenir là-bas. Les billets étaient achetés, ses chiens confiés à une amie, et elle s’était dirigée vers l’aéroport avec sa valise, impatiente de retrouver sa famille. Tout semblait aller comme prévu : l’enregistrement était fait, sa valise enregistrée, et il ne lui restait plus qu’à passer le contrôle avant de patienter dans la salle d’embarquement. Mais une terrible nouvelle, la poussa à tout abandonner pour attraper le premier taxi.

Théo Hwang a été retrouvé inconscient chez lui. Il a immédiatement été transporté à l’hôpital, les raisons de son inconscience demeurent encore inconnues. Nous vous tiendrons informés dès que nous aurons plus d’informations sur sa condition. fût ce que Yerin lu sur un article via son portable alors qu’elle s’apprêtait à passer la barrière de contrôle. Elle avait laissé tout en plan, son vol, sa valise présente très certainement dans l’appareil, suite à cette nouvelle concernant son ex-petit-ami. L’inquiétude et la peur l'avaient submergée d’un coup, provoquant un départ de l’aéroport impulsif et non réfléchi, la seule chose qui occupait son esprit était de rejoindre l’hôpital pour connaître l’état de cet homme qu’elle aimait toujours malgré tout. Le trajet lui sembla interminable, incitant le chauffeur à appuyer sur l’accélérateur, tandis qu’elle cherchait désespérément plus d'informations sur l’état de Théo sur internet, une idée qu’elle savait mauvaise, car elles ne firent qu'accroître son anxiété. Chaque minute qui s’écoulait devenait une torture et son coeur battait violement contre sa poitrine. Elle ne pouvait s’imaginer le pire, sans en comprendre les raisons. Finalement le taxi arriva. En sortant, elle tendit quelques billets au chauffeur, sans réellement compter la somme exacte, donnant bien plus que ce qui était demandé. Puis, elle fila avant que le chauffeur ne puisse lui rendre le surplus. Devant l’hôpital, Yerin fût confrontée à un assaut de journalistes, bloquant l’accès et rendant presque impossible toute tentative de rentrer. Elle tenta de se frayer un chemin, mais la difficulté la repoussa vite en arrière. Alors qu’elle cherchait un moyen de contourner la foule de journalistes, ses oreilles captèrent des bribes de conversations parmi eux. « Tu as entendu ? Il paraît qu’il aurait avalé des cachets ? » « Quoi ?! Comment as-tu eu l’info ? » Les mots résonnèrent dans l’air, glaçant le sang de Yerin. L’inquiétude pour Théo s’amplifia, elle devait à tout prix rentrer par n’importe quel moyen. Une faille se présenta, offrant à la jeune femme l’opportunité de se frayer enfin un chemin et de pénétrer dans l’établissement. Une fois à l’intérieur, elle s’approcha d’un soignant, lui montrant plusieurs photo d’elle et de Théo pour témoigner de leur proximité, et lui demanda avec inquiétude des nouvelles de son état. Le soignant lui expliqua que pour le moment, Théo était toujours pris en charge aux urgences par l’équipe médicale et qu’il ne pouvait pas lui en dire plus pour le moment malheureusement. Yerin devait donc prendre son mal en patience, attendant avec angoisse des nouvelles du jeune homme.

L’attente avait été une épreuve pour la jeune femme, chaque minute s’étirant comme une éternité. Perdue dans ce flot d’émotions qui lui tiraillait l’âme. Elle n’avait aucune idée du temps qui avait bien pu s'écouler depuis son arrivée à l’hôpital. Les journalistes étaient presque tous partis, à l’exception de certains qui comme elle était restée afin d’obtenir des informations sur l’état du joueur de baseball. Alors qu’elle se tenait là, assise sur cette chaise, à se ronger les ongles en attendant que quelqu’un vienne la sortir de ce cauchemar. Enfin une infirmière vint à elle, apportant enfin des nouvelles tant attendues. Théo était en soins intensifs et malheureusement, pour le moment, les visites ne pouvaient être autorisées. Yerin sentit un mélange d’inquiétude et de soulagement, sachant qu’il recevait les meilleurs soins, mais ressentant également l’angoisse de ne pas pouvoir être à ses côtés. Elle essaya d’insister, mais l'infirmière lui expliqua avec douceur que les règles étaient strictes et qu’elle ne pouvait pas faire d’exception. Désemparée, Yerin se résolut à partir pour le moment. Elle prit son téléphone et appela une amie, cherchant du réconfort et du soutien pour les jours à venir.

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Trois jours s’étaient écoulés depuis le tragique événement. Durant cette période, Yerin avait vécu un véritable enfer. Les larmes avaient coulé en abondance, trouver le sommeil était devenu difficile et manger était devenu une tâche compliquée alors que l’appétit n’était plus là. Pendant ces trois jours, elle ne fût que l’ombre d’elle-même jusqu’à qu’un appel vienne la prévenir que Théo était enfin sorti d’affaire. Sans perdre un instant, elle s’était mise en route vers l’hôpital, et une fois arrivée là-bas jusqu’à sa chambre où elle le découvrit inconscient sur son lui. Ses mains tremblantes étaient venues prendre la sienne alors que son prénom glissa entre les lèvres de la jeune femme. « T..Théo. » Les yeux de l’homme restèrent clos, mais la chaleur provenant de sa main suffit à apaiser le coeur de la trentenaire qui malgré tout ne put s'empêcher de verser encore quelques larmes à le voir ainsi. Le temps s’écoula à nouveau, Yerin restait là, veillant silencieusement sur lui, sa main toujours posée sur la sienne.

La journée passa, Yerin n'avait pas bougé de la chambre ne serait-ce que pour boire quelque chose ou même manger. Une infirmière était venue lui offrir une bouteille d'eau, insistant sur l’importance de rester hydratée. Yerin avait acquiescé, elle savait qu’elle devait prendre soin d’elle, ne serait-ce que pour pouvoir rester présente pour lui. On lui avait proposé qu’elle aille faire un tour pour s’aérer, qu’un appel lui serait fait dès qu’il montrerait des signes de réveil. Mais Yerin refusa de quitter son chevet. Finalement, épuisée, la fatigue prit le dessus sur elle et elle s’endormit à ses côtés, leurs mains toujours l’une dans l’autre. Un sommeil qui ne dura qu’une petite heure, interrompu par un son très faible qui vint la cueillir. Son coeur bondit dans sa poitrine, alors que ses yeux s’ouvrirent subitement. Elle tourna son regard vers le visage du trentenaire. Son visage était pâle, mais ses yeux semblaient chercher les siens, cherchant un réconfort dans leur éclat familier. « Théo… » souffla-t-elle, les larmes embuant doucement ses yeux, submergée par l’émotion de le voir réveiller. Ses deux mains englobèrent la sienne alors qu’elle y déposa son front en répétant « Merci, merci.... merci... » à plusieurs reprises, reconnaissante qu’il se soit enfin réveillé. Bien que les yeux mouillés, les larmes ne cédèrent pas encore, ses yeux revenant se replonger dans ceux de celui qu’elle aimait. « J’ai cru que je ne te reverrai plus jamais. » Les mots résonnèrent dans la chambre, porteurs de l’angoisse qu’elle avait gardée en elle. La rupture qui les avait séparés semblait maintenant insignifiante face à la perspective de sa perte imminente. « J’ai eu peur. » La peur de le perdre ainsi, sans avoir pu exprimer toutes les angoisses qui l’avaient tourmenté depuis plusieurs mois. La présence de cette autre femme dans sa vie, qui semblait les avoir éloignés, et la douleur qu’avait engendrée leur rupture, tout cela pesait sur son coeur. « Merci d’avoir ouvert les yeux. » D’être revenu parmi le monde des vivants.

01.09.2023 || Trois longs jours où Théo jongla entre la vie et la mort, placé en soin intensif à cause de la dose de cachets qu’il avait avalée. Lorsqu’il s’était réveillé pour la première fois, tout lui avait paru si flou, si lointain et quand il avait réalisé, il n’avait pas eu la force de résister, le sommeil revenant le gagner à plusieurs reprises. Il ne comprenait pas pourquoi on l’avait sauvé, il ne savait pas lui-même ce que cela signifiait, juste qu’il n’avait plus aucun courage pour affronter l’avenir qui se dessinait devant lui. Participer aux prochains matchs, il ne le souhaitait plus, il était trop épuisé pour cela. Physiquement, psychologiquement, plus rien n’allait… Et Théo savait qu’il décevrait ses proches, que ses parents lui en voudraient certainement d’abandonner si près du but ; il pouvait aisément deviner les critiques qu’on raconterait sur lui dans les médias, parce qu’il décidait de ne plus jamais jouer. On le traiterait de faible, on dirait que l’équipe n’avait pas besoin de lui de toute façon, pourquoi en faire tout un drame ? Sauf que lui en était arrivé au point où il n’était plus en mesure de savoir pourquoi tout lui paraissait si fade et morose, pourquoi sa vie auparavant si colorée était ternie de gris, il n’avait plus goût à rien tout simplement. La raison pour laquelle il n’avait pas retenu Yerin lorsqu’elle avait pris la décision de le quitter, parce qu’il ne lui apporterait jamais le bonheur tant désirée, parce qu’en broyant du noir comme il le faisait, il ne ferait que l’enfoncer un peu plus et elle méritait tellement mieux que ça. Pourtant elle était là aujourd’hui, à ses côtés. Et il avait l’impression de rêver, car elle était son unique source d’espoir dans ce tunnel obscure. Hors, si c’était un rêve ou la réalité, qu’est-ce que cela changeait ? Ils n’étaient plus ensemble et, malgré tout, lui n’avait toujours pas l’énergie de la rendre heureuse. Il n’avait pas l’énergie de la réconforter, d’essuyer ses pleurs et s’excuser, parce qu’il n’était pas désolé. Aussi triste que ça pouvait être, Théo ne regrettait pas l’acte qu’il avait commis, il regrettait probablement de ne pas avoir réussi. Il n’était plus ce garçon que la jeune femme avait connu, il n’était plus que l’ombre de lui-même et il ne méritait aucunement ses larmes qu’elle lui accordait. Etait-ce la raison pour laquelle il retira doucement sa main des siennes ? Peut-être. Tout ce qu’il savait était qu’il ne voulait pas autant d’attention, puisqu’il ignorait comment interpréter ses actions. Yerin était celle qui avait décidé de s’en aller, et s’il lui était reconnaissant d’être à son chevet, il ne comprenait pas. Il ne savait pas quoi lui répondre non plus. Elle le remerciait d’être en vie, elle continuait de le pleurer, de clamer ô combien elle avait eu si peur, mais lui ne parvenait à dire ce qu’il voulait. Une part de lui était heureux de la voir auprès de lui, l’autre avait honte et souhaitait se réfugier dans un puits et ne jamais en ressortir. Ses pupilles ne brillaient d’aucune étincelle, parce qu’en cet instant précis, Théo avait l’impression d’avoir perdu son chemin et de ne plus savoir qui il était, il était là sans réellement l’être.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » L’interrogea-t-il d’une petite voix, neutre, alors que ses doigts s’étaient détachés de ceux de son ex-petite amie. Il avait besoin de comprendre et que, même si c’était logique, même si c’était par pure inquiétude ou par amour, il avait besoin de l’entendre de vive voix. Il ne lui en voulait pas de se tenir auprès de lui malgré la rupture qu’elle avait initiée, au moins elle lui donnait l’opportunité de la voir une nouvelle fois, néanmoins ça le torturait plus que cela lui faisait du bien. Puisque, une fois que tout serait arrangé, elle s’en irait à nouveau, n’est-ce pas ?

01.09.2023 || Le temps lui avait paru interminable alors qu’il demeurait plongé dans l’inconscience. Chaque seconde s’étirait en minute, puis en heure, comme si le monde avait ralenti. Seul le battement régulier de son cœur, affiché par le moniteur, indiquait qu’il était encore en vie, loin de cette mort qui avait failli le cueillir. Finalement, le jeune homme émergea lentement de son sommeil profond, réveillant Yerin qui était restée à son chevet. Ses yeux s’emplirent de larmes, Yerin ne pouvant contenir l’émotion qui l’envahissait. En cet instant, elle était à la fois submergée par une joie intense, remerciant le ciel de l’avoir ramené, tout en ressentant encore une pointe de crainte persistante. Ses doigts se crispèrent autour de cette main qu’elle n’avait pu se résoudre à lâcher, mais que le jeune homme retira subitement. Cette brusque séparation lui serra le coeur, la laissant momentanément sans voix. C’est vrai, ce n’était plus sa place à présent. La jeune femme le savait, mais lorsqu’elle avait appris ce qui lui était arrivé, elle n’avait pas réfléchis une seule seconde, ne souhaitant qu’une chose d’être à côté de cet homme qu’elle aimait toujours. « J’ai su ce qui s’est passé et… je ne pouvais pas partir en sachant que tu étais entre la vie et la mort. » Peu importe qu’ils n’étaient plus ensemble, la vie de Théo restait précieuse pour.


Ses mains, encore posées sur le matelas, revinrent à elle, jouant nerveusement ses doigts. La jeune femme sentait que sa place n’était peut-être pas là à ses côtés, même si elle en avait envie. Elle fixa un instant le visage de Théo, laissant l’amertume pincer son coeur. Elle savait que cette place, celle qu’elle avait occupé autrefois, appartenait désormais à l’autre femme qui avait réussi à conquérir le coeur de son ex. « Désolé, c’est déplacé de ma part d’être là. » Yerin baissa les yeux, sentant un mélange de gêne et de tristesse l’envahir. « Je suis tout de même soulagée de te savoir sauf. » La coréenne ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’elle aurait fait si les choses avaient pris une tournure différente. L’idée de le perdre lui glaçait le sang. Un moment silencieux s’installa, laissant la trentenaire se perdre dans ses propres pensées. Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment une relation qui avait été si intime avait pu se transformer en une toile d’incompréhension et de douleur. « Ma présence te met peut-être mal à l'aise. Je ferais mieux de partir avant son arrivée... » Le fait que cette femme, qui ne s’était pas montré depuis l’hospitalisation du jeune homme, ne soit pas présente à ses côtés, étonnait Yerin. Comment pouvait-elle le laisser seul ? Tandis qu’elle se tenait là, à ses côtés alors qu’elle ne le devrait peut-être pas.

01.09.2023 || Était-ce un rêve ou bien la réalité ? Une question qui ne cessait de tournoyer sans que Théo ne parvint à trouver la réponse. La présence Yerin à ses côtés ne faisait pas de sens, elle l’avait quitté… C’était forcément un mirage, une hallucination qui se dessinait devant lui pour l’aider à garder la tête hors de l’eau, ne pas retourner près des portes de la mort qui le tentaient. Seulement, il était épuisé de toute cette histoire, il n’avait plus la force de se battre, pas même le courage. Mais, voir sa petite amie une dernière fois était agréable, au moins ça apaisait son cœur en peine ; ça calmait ce torrent qui noyait son âme et lui permettait de souffler, ne serait-ce que quelques minutes. S’il s’agissait d’une hallucination, il souhaiterait que cette dernière reste pour toujours, et s’il rêvait, il aimerait ne jamais se réveiller. Puisque Yerin était l’unique douceur dans sa vie, elle était ce voile de lumière qui lui permettait de ne pas plonger dans les ténèbres, elle était ce sourire qu’il n’avait plus, et s’il pouvait s’en aller avec son image auprès de lui, Théo n’en demanderait pas plus. Sa sentence serait moins douloureuse, beaucoup plus facile à encaisser. Pourtant, mirage ou pas, retirer sa main fut machinal… Parce qu’il était perdu, parce qu’il était incertain mais, surtout, parce qu’il ne la méritait pas. C’était comme si ce toucher la brûlerait, et il se le refusait.

Yerin parlait. Pour un mirage, elle paraissait plutôt réelle, et c’était d’autant plus troublant, mais lui resta silencieux. Tout ce qu’il parvenait à faire était de l’observer muettement, incapable de prononcer le moindre mot alors que, vraisemblablement, la jeune femme se trouvait réellement à son chevet. Que voulait-elle dire par partir ? Avait-elle prévu de s’en aller quelque part ? Peut-être était-elle vraiment une hallucination finalement et que, oui, elle était venue pour le secouer, l’empêcher de commettre l’irréparable une nouvelle fois. Mais à quoi bon, si elle n’était pas là ? Lorsqu’elle s’excusa, la confusion ne fut que plus forte, lui permettant un peu plus à accepter la réalité… Ce n’était ni un rêve, ni son imagination. Cependant, il ne trouvait pas sa présence déplacée, bien qu’elle lui faisait mal au cœur, car ça lui faisait réaliser ô combien tout était terminé puis qu’elle ne se tiendrait plus jamais à ses côtés. « Hein ? » Un mot qui s’échappa machinalement de sa bouche, sous l’incompréhension, alors que Yerin mentionnait quelqu’un d’autre. « L’arrivée de qui ? » Probablement parlait-elle de sa famille hors, jusqu’à maintenant, il n’avait jamais eu le courage de leur parler de sa rupture avec la jeune femme. Certes, son frère et sa sœur étaient au courant, toutefois il n’avait pas voulu inquiéter ses parents… Peut-être que ces derniers savaient désormais, Yohan ou Sun Hee leur en avaient sûrement parlé, néanmoins ils n’étaient pas du genre à se formaliser, ni reprocher à la jeune femme leur rupture. Elle n’avait donc aucun souci à se faire.

01.09.2023 ||  Avait-elle légitimement sa place aux côtés du jeune homme alors que leur histoire touchait à sa fin ? Ou du moins, presque terminée, car son cœur refusait de l’oublier, tout comme son esprit. C’est pourquoi lorsqu’elle apprit la tragique nouvelle, Yerin avait renoncé à son vol pour se précipiter à l’hôpital afin d’être vers celui qu’elle aimait toujours, malgré la douleur provoquée par une trahison présumée. D’ailleurs où se trouvait cette femme qui lui avait volé l’amour de sa vie ? « Tu sais très bien... » souffla-t-elle, un mélange d’amertume et de tristesse empreignant chaque mot. Son regard devint fuyant un instant, se mordant la lèvre intérieure tandis que ses poings se resserraient sur ses cuisses, s’efforçant de rassembler la force nécessaire pour ne pas laisser les larmes couler à nouveau. « Je suis au courant, plus besoin de me le cacher. » lâcha-t-elle, tandis que la demoiselle osa le regarder à nouveau, mais resta perplexe face à l’imcompréhension se lisant sur le visage du Hwang. « Vas-tu vraiment me faire croire que tu ne sais pas de quoi je parle ? » Souhait-il jusqu’au bout la prendre pour une idiote en restant silencieux sur ce qui avait détruit cette histoire qu’elle avait espéré éternelle ?

Pourquoi encore la douleur était vive et douloureuse ? Ses yeux la piquaient. Instinctivement, Yerin chercha à les frotter avec sa manche, ne réalisant qu’à ce moment-là qu’elle pleurait. « Ça me soule. » lâcha-t-elle tentant de se calmer. Elle leva les yeux en l’air, renifla légèrement et tenta d’éponger les quelques larmes qui coulaient sous les yeux de Théo qui ne semblait toujours pas bien saisir la situation.  « J’avais espéré qu’on n’en parlerait pas, mais je crois que nous n’avons pas le choix. » déclara-t-elle d’une voix teintée de résignation. Depuis le début, lorsque les soupçons s’étaient manifestés, au lieu d’en discuter, Yerin avait choisi de fuir, considérant cela comme une forme de protection pour éviter d’entendre directement de la bouche du trentenaire qu’il ne l’aimait plus et qu’il fréquentait quelqu’un d’autre. « Je sais que tu me trompe…  avec cette femme. » En tout cas, c’était ce qu’elle avait déduit en le voyant tout souriant avec cette femme, et si ce n’était pas elle, peut-être était-ce avec une autre, sinon pourquoi s’était-il montré si distant avec elle ?

01.09.2023 || Théo ne comprenait pas, hors il ne savait même pas si, dans son état actuel, il avait réellement la force de comprendre. Il était exténué, il venait de se réveiller et la lourdeur de son corps lui criait de se rendormir, parce qu’il n’y avait rien de positif à affronter la réalité. Hors, la présence de Yerin à ses côtés, tel un mirage en plein milieu du désert, le motivait à garder les yeux ouverts encore quelques minutes, parce qu’elle était cette once de lumière dans ses ténèbres obscures… Pourtant, il ne saisissait pas ce qu’il se passait, ni ce qu’elle lui disait. Pourquoi sa présence le mettrait mal à l’aise ? Qui dérangerait-elle ? Ce n’était pas les Hwang qui diraient quoi que ce soit, ils la connaissaient tous depuis longtemps et avaient appris à l’accepter, à la considérer comme un membre à part entière de leur famille. Cependant, plus la jeune femme parlait, moins il comprenait… De quoi était-il censé être au courant ? La confusion se lisait sur ses traits fatigués, sans qu’il ne parvienne à lui répondre immédiatement, le manque de force l’en empêchant. « Je ne sais pas de quoi tu parles… » Répliqua finalement le garçon, après quelques instants de silence, un soupir las s’échappant de ses lèvres. Qu’est-ce que Yerin racontait ? Ca ne faisait aucun sens… De ses doigts, il se frotta les yeux, manière subtile de se tenir éveillé, alors que son ex-petite amie disait être saoulée par toute cette histoire. Probablement que Théo ne faisait aucune chose correctement et que, par ses agissements, il l’avait encore blessée davantage. Néanmoins, il n’avait pas été en mesure de penser à elle, ni à aucun de ses proches, en commettant l’irréparable ; il avait été lâche et égoïste, puisque c’était tout ce qui lui restait et, la vérité était certainement qu’il regrettait d’avoir échoué. Des pensées qu’il ne pouvait pas avouer à haute voix, pas quand Yerin affichait une telle expression et lui reprochait ses actions. Non, Théo n’avait pas songé que les reproches étaient liés à un quiproquo, préférant instinctivement se dévaloriser et incriminer son comportement, sa lâcheté. La raison pour laquelle la surprise brilla dans ses prunelles aux accusations de la jeune femme…

Lui, la tromper, c’était impensable. Qui lui avait mis une telle idée dans la tête alors qu’il l’aimait tellement ? La bague achetée se trouvait toujours soigneusement dans l’un des tiroirs de sa chambre, parce que, oui, il avait toujours eu pour projet de s’épouser. Toutefois, il souhaitait attendre la fin de la saison de baseball, attendre d’être mieux dans sa peau et un homme meilleur, avant de poser le genou à terre puis la demander en mariage. Mais rien ne s’était passé comme prévu, par sa faute, car il n’avait pas été fichu de vaincre ses démons et il les avait laissés le dévorer. « Qu’est-ce que tu racontes ? » Souffla-t-il, la voix faible. « Pourquoi est-ce que je te tromperais ? » Une question qu’il se répétait sans arrêt dans son esprit, ne saisissant pas ce qui avait motivé Yerin à songer ici. Était-il un homme si peu digne de confiance ? En réalité, Théo n’était pas si étonné… C’était vrai qu’il n’était pas un exemple, incapable de rendre heureuse la femme qu’il aimait ; c’était normal qu’elle finisse par douter de lui.

01.09.2023 ||  Yerin avait espéré éviter cette conversation, mais comment pouvait-elle garder son calme devant l’ignorance de son ex-petit-ami ? Ou bien se moquait-il d’elle ? Les sourcils froncés, les mots qu’elle avait gardés enfermés dans son coeur pesaient désormais trop lourd. Enfin, Yerin avouait qu’elle était au courant de tout, y compris de la femme avec qui il la trompait. Les larmes menaçaient de couler à nouveau alors qu'il persistait à nier ses paroles. Elle détourna le visage un instant, se mordant la lèvre inférieure pour réprimer les sanglots qui commençaient à lui mouiller les yeux. Elle refusait de verser à nouveau des larmes pour cette histoire qui l’avait tant blessée. « Pourquoi tu me fais ça ? »  Pourquoi encore maintenant était-il capable de lui infliger une telle douleur ? À tel point que contenir ses larmes fût bien trop difficile, la jeune femme balaya de sa main ses joues mouillées avant de le regarder à nouveau. « J’ai vu comment tu lui souriais alors que tu ne le faisais plus en me regardant. » dit-elle tout en laissant échapper un soupir de tristesse. À ses côtés, l’homme semblait avoir perdu de sa joie, de son intérêt pour elle comme s’il ne l’aimait plus. « Tu t’es montré tout un coup distant du jour au lendemain. Tu semblais toujours trouver une excuse pour qu’on ne se voit pas. » La première fois, elle l’avait cru. Jamais elle n’avait douté de lui, car il avait toujours un homme droit et digne de confiance jusqu’à ce qu’elle découvre qu’il lui mentait. « Des excuses ou plutôt dirais-je des mensonges… Tu m’as menti plusieurs fois quand tu me disais que tu étais à l’entraînement, alors que tu n’y étais pas. » Parce qu’elle était là, présente à chaque fois sur les lieux quand il lui disait y être. Une chose qu’il ignorait puisque Yerin avait demandé à ses collègues de ne rien lui dire. « Tu étais avec elle ? » Elle ne voyait que cette raison, sinon pourquoi il lui aurait menti si ce n’était pas parce qu’il voyait une autre femme. « Comment peux-tu me dire pourquoi, alors que ça ne peut être que pour cette raison ? » Elle le regarda, les larmes glissant à nouveau sur ses joues, incapable de les retenir. « Tu n’as même pas chercher à me retenir quand j’ai mis fin à notre relation. Tu semblais même soulagé que je le fasse. » Tandis que pour elle prendre cette décision avait été douloureuse.

01.09.2023 || Evidemment que non, Théo ne comprenait rien de ce qui était en train de se passer, ni ce qui traversait l’esprit de la jeune femme. Pourquoi la tromperait-il ? Une question que le garçon se ressassa à maintes reprises, alors qu’il songeait ô combien Yerin était l’unique femme qu’il aimait et aimerait toujours, à quel point elle était formidable et à quel point il ne l’avait jamais méritée. Cependant, elle insistait sur le fait qu’il avait préféré la délaisser pour une autre, quand jamais il n’avait posé les yeux sur une autre femme qu’elle. C’était vrai qu’il n’avait pas été le petit ami le plus présent ces derniers mois. C’était vrai aussi qu’il avait souvent inventé des excuses pour annuler leur rendez-vous, mais c’était à cause de son état qui l’en empêchait… Parce qu’il n’avait pas le courage de l’affronter, parce qu’il n’était plus en mesure de regarder son reflet dans un miroir, parce qu’il ne voulait pas l’inquiéter, et parce qu’il savait ce qu’elle lui dirait. Elle avait toujours su lire en lui comme dans un livre ouvert, elle aurait deviné ses doutes, ses craintes et ses doutes. Mais à quoi ça avait servi de se cacher à elle quand, au bout du compte, il s’était laissé couler, rongé par ses maux qui l’avaient tiré sous l’eau ? Et à cause de son incompétence, celle qu’il aimait était à nouveau peinée, blessée, seulement lui était beaucoup trop épuisé pour la consoler. Epuisé de ne pas avoir réussi ce qu’il avait tenté, épuisé par la vie, et même par le chagrin de la jeune femme. Parce qu’il n’avait pas la force, encore moins l’énergie, de se justifier maintenant. Pourtant, il souhaiterait être en mesure de lui dire que personne n’avait jamais compté autant qu’elle, qu’elle se méprenait à son sujet et que cela faisait des mois qu’il attendait, pour enfin poser son genou à terre puis lui mettre la bague au doigt. Hors, sa noirceur avait dominé tout le reste, son quotidien se teintant de gris, perdant chacune de ses couleurs, et le bijou était encore à présent enfermé dans sa boîte, dans l’un des tiroirs de sa chambre.

« Yerin… » Souffla doucement le garçon d’une voix faible, presque inaudible. « Je suis fatigué. » Il ne cherchait pas à fuir cette conversation – à moins que peut-être un peu – il était sincèrement exténué. Il n’avait pas non plus envie de se battre avec elle, il n’avait pas spécialement envie de se justifier ; bien que ça lui faisait plaisir de la retrouver, Yerin étant son doux mirage en plein désert, sa faible lueur d’espoir, celle qu’il ne pensait jamais revoir, Théo n'était pas assez courageux pour la garder auprès de lui. Dans sa condition actuelle, il ne parviendrait jamais à la rendre heureuse ; il ne ferait que la faire pleurer encore et encore. « Je ne comprends rien à ce que tu me racontes. Je suis juste fatigué. » Et si elle était ici pour lui embrouiller l’esprit, pour le culpabiliser davantage, il était probablement plus judicieux qu’elle ne reste pas à ses côtés. Dieu seul savait de quoi le jeune homme était capable, avec toutes ses idées noires qui dévoraient chaque parcelle de son âme, et l’empêchait de penser rationnellement.

01.09.2023 || Quel est l'intérêt de continuer alors que l'état de Théo ne lui permettait pas d'avoir une conversation aussi sérieuse ?À la dernière phrase du trentenaire, clamant qu'il était fatigué, un soupir s'échappa de ses lèvres. Elle aussi en avait assez. Parler de cela lui comprimait le cœur et elle avait déjà bien du mal à contenir ses larmes en cet instant. « Je vais te laisser te reposer. » Tant que le jeune homme ne récupérait pas, il était impossible d'engager une nouvelle conversation. Ils devraient attendre qu'il aille mieux pour pouvoir discuter à nouveau à propos de cette femme. En cet instant, elle n'avait pas envie de rester avec lui. La colère la rongeait, prenant le dessus sur l'inquiétude et la peur qu'elle avait ressenties en apprenant son hospitalisation. Les raisons qui l'avaient conduit à l'hôpital ne faisaient qu'exacerber sa frustration. Elle avait besoin de s'éloigner pour calmer les émotions tumultueuses qui bouillonnaient en elle. « Tu as encore besoin de dormir. » Sur ces mots, la jeune femme se leva pour quitter la chambre. Après quelques pas, une soudaine baisse d'énergie l'obligea à s'appuyer contre le mur. Les larmes qu'elle retenait jusque-là finirent par couler librement.

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Plusieurs jours s'écoulèrent. Le lendemain, Yerin revint à l'hôpital, mais les échanges avec Théo restèrent superficiels. Elle se contenta de lui poser des questions pratiques sur sa soif, sa faim, et son confort, sans jamais aborder les sujets qui la tourmentaient vraiment. Malgré la colère qu'elle ressentait, elle n'osa pas exprimer ce qu'elle avait sur le cœur. Puis, Théo fut transféré au service de psychiatrie, où les visites étaient strictement restreintes et limitées. Malheureusement pour Yerin, elle ne put s'y rendre pendant tout son séjour là-bas. Impuissante, elle dut se contenter de demander des nouvelles via les membres de sa famille vivant à New York. Aujourd'hui était le jour de sa sortie. Théo pensait certainement que ce serait sa sœur ou son frère qui viendraient le ramener chez lui, mais c'est bien Yerin qui se présenta à sa sortie. Peut-être que cela ne lui faisait pas plaisir de la voir, mais Yerin avait insisté auprès de sa famille pour être celle qui viendrait le chercher. Elle estimait qu'il était important pour elle de le faire, malgré tous les sentiments contradictoires qui l'habitaient. « Donne-moi ton sac. » Tout en disant cela, elle s'approcha pour prendre le sac d'affaires que sa famille avait probablement apporté pour son séjour à l'hôpital. « Ne cherche pas à les appeler, j'ai insisté pour te ramener. » Elle précisa cela d'avance, indiquant qu'il n'avait pas besoin de contacter sa sœur ou son frère pour le ramener chez lui, car cela avait déjà été arrangé avec eux. Yerin le regarda attentivement, se demandant sincèrement s'il allait bien. Les jours passés à l'hôpital avaient laissé des traces sur son visage et dans son regard, et elle cherchait à déceler les signes de son état émotionnel et mental sans succès.« Je voulais vraiment être celle qui te raccompagne chez toi. » Ce n'était pas parce qu'elle désirait reprendre leur conversation là où elle s'était interrompue, mais parce que pendant les jours où elle n'avait pas pu lui rendre visite, Yerin avait beaucoup réfléchi. Ces réflexions l'avaient amenée à prendre certaines décisions qu'elle était désormais déterminée à suivre.