arme-toi sans avoir peur (ayun)

short enfilé, bandages en place autour de ses phalanges et ses poignets. ambroise écrase ses poings serrés contre le sac de frappe en face de sa carcasse encore abîmée. des jours qu'il est sorti de sa dernière défaite. un tas d'argent perdu. les russes n'ont pas apprécié sa défaite, sombre. un détour par l'hôpital pour le soigner. il a encore des tas de dégâts sur sa peau même si le plus gros s'est effacé de son épiderme.
le gamin a merdé. sérieusement. s'étendre sur le ring clandestin alors que la poudre blanche était encore récente dans son organisme ? ses réflexes ont été atroces, infâmes. les coups se sont écrasés contre sa carcasse jusqu'à ce que ses paupières se ferment.
aujourd'hui, ambroise essaie de se recentrer. pas tout seul. sans avoir vraiment le choix d'ailleurs. le myocarde encore tremblant de ses actes et ses pensées. croiser la route de vadim n'était finalement pas un hasard. le mafieux connait trop de choses, s'accrochent à ses origines et quand la génétique s'en mêle ? tout peut éclore.
en attendant, ambroise se recentre ici, dans ce fief où il traîne la plupart de son temps. mains protégées cette fois, il étend ses bras avant de prendre une pause pour souffler. il traverse la salle peu remplie. sûrement parce qu'il est tard. banc qui l'accueille, gourde entre ses doigts jusqu'à ce qu'il pose son regard sur le nouveau venu. un rictus s'étend sur ses lippes, parce qu'il le reconnait. habitué des bancs, habitué de l'hésitation. le gamin s'infiltre dans la salle sans jamais vraiment s'approcher des sacs de frappe. d'ailleurs, il ne lui souffle pas un mot d'habitude. ils se regardent, s'épient jusqu'à ce qu'ambroise l'invite à le rejoindre. en tout cas, il lui souffle de ne pas hésiter. mais à chaque fois, le gamin s'en va. silencieusement. alors... c'est la bonne cette fois ? qu'il lui glisse, rictus toujours sur ses lèvres. ambroise ne sait pas ce qu'il a ce gamin. peut-être juste timide. j'sais pas de quoi t'as peur, mais y'a personne qui te jugera ici. et si ça arrive ? ambre serait capable de s'en charger. peut-être n'est-ce qu'un protecteur des douces âmes. à défaut de trouver qui peut le protéger lui, il s'arme pour protéger les autres. aux services des autres.

@ayun sin

( outfit ) Il ne sait pas pourquoi aujourd'hui plus qu'un autre jour. Parce qu'ils s'enchaînent, sans arrêt, depuis des semaines. Ayun vient ici, observe, s'en va et recommence. Ce n'est pas régulier ; c'est probablement quand le coeur a besoin de cogner et que la raison lui dit non. Ce n'est pas raisonnable. Ce ne sera pas
possible
alors il déglutit et regarde les autres.
Il ne peut pas les entendre, il les voit. Il remarque les poings bandés, les mains fermées qui s'agitent sur les sacs de frappe. Il ne peut qu'imaginer le bruit que cela fait quand elles s'enfoncent dedans. Est-ce que ça soulage les maux ? Est-ce que ça permet de déverser une certaine... colère ? L'intérieur des paumes de ses propres mains le démangent. Pourtant, il reste là, sur le banc de touche. Ou presque.
Il ne pense pas que surdité et boxe aillent bien ensemble.
Comment anticiper et entendre le corps de l'adversaire ?
Comment être capable de se concentrer s'il se prend un coup mal placé ?
Il grimace comme s'il venait d'en prendre un à l'instant. Passe une main dans ses cheveux. C'est cet instant que choisit un garçon pour l'approcher, lui parler. Ce n'est pas la première fois qu'ils se croisent et Ayun se demande le regard qu'il doit avoir sur lui. Sur cet asiatique un peu bizarre qui entre là, puis repart. Ayun lit les lèvres, comprend ce qu'il lui dit, n'en montre toutefois pas signe.
Pas encore.
Il se relève, mais son sac reste à côté de lui. Son portable aussi. Il a envie d'essayer. L'énergie de son interlocuteur, ses paroles ou peut-être seulement le moment... il ne sait pas s'il attendait un signe, mais voilà Ayun qui s'avance. Un pas après l'autre. Puis, une fois devant son aîné, il montre ses mains ; il n'est pas équipé. Peut-il cogner sans rien ? Parce qu'il a bien observé ceux qui pratiquent depuis probablement des années.
Son regard glisse de ses mains ouvertes entre la silhouette de son vis-à-vis et la sienne aux yeux du plus âgé. Les lèvres scellées, aussi silencieuses que son audition. Pourtant, Ayun sent les battements de son coeur sous sa poitrine. Prêts à s'envoler.

@ambroise wood

gueule d'ange aux pupilles douces.
ambroise tente sa chance en lui soufflant quelques mots d'encouragement. ambiance sereine. repos éternel. ici, les jugements n'existent pas. la plupart son exclus, réduits au néant. le brun s'invite dans cette salle pour être lui-même. juste lui-même avec ses nombreux démons qui ne cessent de cogner contre son âme. gamin perturbé, enclin à se rompre à chaque nouveau pas. s'immiscer dans cette salle et cogner contre les sacs de frappe insuffle ou précieux espoir. morceau d'oxygène qui s'empare de ses poumons, l'impression de respirer - mieux.
rien qu'un instant.
les obsidiennes s'écrasent dans les siennes. les regards se croisent, s'accrochent et le son est toujours manquant. pas un mot. pas un son. juste... un regard presque trop doux. des questions, des émotions. ambre est incapable de le saisir, de tout comprendre. bizarre est le mot, pourtant ambroise s'en fiche. il se contente de le regarder se redresser, se lever sans ses affaires pour une fois. le regard brun s'étire jusqu'à la silhouette qui approche et qui finit par mettre en évidence ses mains. des mains sans aucune égratignure. rien. pas une trace de lutte. pas un morceau de chaire. des mains qui ont presque l'air précieuses. surprenant.
le sourire s'étire sur les lippes d'ambre. sourire qui se crayonne alors qu'il hoche sa tête. peut-être qu'il est juste muet. la pensée traverse son esprit. il s'en fiche, il n'a pas besoin de ses mots s'il n'a pas envie de lui en souffler. ambroise se contente de son regard remplit. hm, t'es pas équipé. attends, bouge pas. qu'il lui glisse avant de filer vers son sac qui traîne dans un coin.
quelques secondes. pas plus.
comme sous l'emprise d'une nouvelle mission.
ambroise se retrouve dans ces gestes. simples. doux. bienveillants.
le gamin retrouve son semblable et lui montre les bandes blanches, encore enroulées. neuves. faut mettre ça pour t'protéger. surtout que tes mains ont pas l'air d'avoir beaucoup frappé. il raconte. parle. continue. ambroise tend le morceau élastique et s'approche de l'asiatique. doucement. l'impression de faire face à un animal qui pourrait fuir à tout moment, craignant de lui faire peur.
aucun pas en arrière, alors ambroise s'autoriser d'enrouler les bandes élastiques autour de ses phalanges avant de descendre sur ses poignets. appliqués, le gamin retrouve des gestes naturels sans savoir dans quoi il s'engage. mais il y va, fièrement. regain d'énergie, soupçon d'envie. ça va, c'est pas trop serré ? qu'il questionne. il ouvre et ferme ses propres poings pour lui montrer comment faire en sachant qu'il n'aura sûrement pas de réponse.   



@ayun sin

( outfit ) Il ne sait pas tellement pour quelle raison il a choisi de se mouvoir jusque-là. Sans jamais oser. Sans jamais, peut-être, s'avouer le besoin de frapper.
Les mains ouvertes devant lui, il attend. Il observe. Il analyse la silhouette de son interlocuteur qui semble désireux de l'aider. De l'accomapgner, même, dans cette expérience à laquelle il veut prendre part. C'est tout nouveau. Ayun ignore s'il reviendra ici après ça -
et en même temps, il ne veut plus fuir.
Alors, il ne bouge pas. Il l'attend.
Lui et ses bandes blanches.
Ayun a encore les mains tendues vers l'avant. L'autre lui dit qu'elles sont propres. Qu'elles paraissent si pures, intactes.
( i m p a c t )
d'un souvenir, malgré lui, quand ses poings sont partis. De cette unique fois où il a permis à toute sa colère de se déverser contre celui qui l'avait bien cherché. Pourtant, la violence n'est pas une réponse. Ayun avait simplement perdu le contrôle à ce moment-là. Il voulait se défendre, il voulait se faire entendre.
Les lèvres s'entrouvrent une brève seconde, rien n'en sort, pourtant.
Son camarade est précautionneux, s'applique à cette tâche. Bientôt, les deux mains d'Ayun sont encerclées de tissu. Il les serre, les ouvre, écarte les doigts. Il agit en miroir et il s'habitue progressivement à la sensation.
Il sait qu'il va bien falloir répondre.
Il choisit d'acquiescer d'un mouvement de la tête, un fin sourire qui se trace au bord des lippes. Et maintenant, quelle est la suite ? Il ne s'imagine pas un instant en train de balancer ses mains contre les sacs, de quoi aura-t-il l'air ? Les doutes s'immiscent, ceux du passé rattrapent. Ayun porte ses mains devant son visage, les tourne, retourne.
Et puis, les pupilles brunes rejoignent le visage de son interlocuteur. Un pas de plus vers lui, il espère lui faire comprendre qu'il est prêt à commencer.
Tout au fond de lui, et probablement depuis des années, Ayun songe que ce n'est pas parce qu'il a un handicap, qu'il est incapable de faire ce dont il a envie. Il serre les poings le long de son corps.

@ambroise wood

( outfit ) les mains bandées qu'il observe, presque certain de faire fausse route. ayun se dit pourtant qu'il est là pour une bonne raison. depuis plusieurs jours, à regarder, à avoir cette étincelle au fond de lui ; à s'échapper malgré les regards échangés. aujourd'hui, l'appel résonne d'une façon différente et ses poings sont entourés de blanc --
prêts à frapper.
il se laisse guider par les bons soins et conseils de son interlocuteur, plus doué qu'il ne le sera probablement jamais. ayun avance d'un pas, puis d'un autre. chaque chose en son temps. l'autre ne semble pas lui tenir rigueur de ses lèvres qui demeurent closes. à ne rien déclarer. à ne rien avouer. au contraire, il l'invite à le rejoindre, plus proche de cette vérité qu'il ne saurait oser.
ayun s'approche, n'entend pas le moindre son. il reste sur ses gardes, se concentre sur le visage du garçon en face de lui. il a fini par apprendre à lire sur les lèvres, toutefois ce n'est pas toujours la solution la plus efficace pour qu'il ne perde pas le fil de la conversation.
un sac de frappe se présente sous leurs yeux. ayun continue de regarder tous les gestes de son camarade. de son mentor. il ferme ses propres mains en deux poings, les pouces orientés de sorte à ne pas se blesser au premier essai. ce serait idiot. sous sa poitrine, ce sont les battements de son coeur qui cognent. il se demande ce qu'il va ressentir ; ce qu'il doit ressentir. il n'a jamais frappé quelqu'un qu'une seule et unique fois.
son professeur de fortune est celui qui lance l'expérience. sa rapidité surprend ayun, bien qu'il remarque que le coup porté n'est pas très fort. il cligne plusieurs fois des paupières, peu certain des dernières paroles du brun. il reporte son attention sur ses poings, puis vers le sac. à lui, n'est-ce pas ? mais s'il le fait, y a-t-il seulement un retour en arrière possible ? qu'est-ce que cela signifie réellement pour lui ? ayun marque quelques secondes d'arrêt.
et puis ses phalanges s'écrasent sur la cible face à lui.
le coup lui vient jusque dans le bras, dans l'épaule. le fait vibrer tout entier. ça le désarçonne à peine tandis que son sang afflue dans toutes ses veines. une lueur au creux des prunelles qui reviennent chercher de l'aide, du soutien. ayun a un petit sourire au coin des lippes.
ça fait du bien.

@ambroise wood

( outfit ) tandis que l'adrénaline semble se répandre dans tout son corps, ayun observe finalement ses mains en silence. fermées, puis ouvertes. face à lui, entre le sac de frappe et son professeur. initiateur ? ayun ne saura seulement comment le nommer lorsqu'il lui aura demandé son prénom. dès lors, ce sont des dizaines de sentiments qui paraissent s'étendre. parmi le plus puissant ; la colère.
celle-là qu'il retient peut-être depuis trop longtemps et qui, enfin, réussie à s'extérioriser d'une manière ou d'une autre. mais c'est difficile de s'y abandonner totalement. d'avouer qu'en effet, elle est ce qui lui a toujours donné envie de faire de la boxe. décharger, se défouler, tout lâcher. néanmoins, face à un inconnu, ayun demeure sur la réserve. ce garçon lui offre une aide précieuse et l'apprenti n'a qu'une envie : revenir et cogner seul.
son regard remonte vers son aîné. ayun acquiesce, ne peut pas mentir. ça fait du bien de sentir cette force en lui déferler sur quelque chose qui n'est pas quelqu'un. ayun aimerait recommencer et il se concentre au mieux pour capturer toutes les paroles de son interlocuteur. il parle vite, c'est normal, parce qu'il ne sait pas qu'ayun ne peut plus entendre tout ça. le coréen le regarde se positionner, comprend qu'il souhaite encore l'aider. il lui tient le sac, peut-être pour éviter qu'il ne se le prenne en pleine figure ? ça lui paraît plausible.
ayun lui sourit à nouveau. c'est bref, rapide. mais ses lèvres esquissent un sourire. ayun prend confiance peu à peu, n'a pas l'impression d'être jugé. en revanche, il sait que s'il veut avoir une véritable conversation avec son camarade, il n'a pas beaucoup d'autre choix que de lui montrer son handicap. alors, ses doigts bandés se mettent à signer.
- je ne peux pas entendre.
phalanges qui désignent ainsi l'une de ses deux oreilles touchées. il dégage ses cheveux, dévoile le minuscule appareil qui ne sert pas à amplifier grand-chose d'autres que les bruits les plus forts.
mais ayun ne demeure pas longtemps dans cet échange. il reprend la position, prêt à frapper et ses poings se reforment pour cogner. une fois, deux fois, trois fois et plus. son coeur bat rapidement sous sa poitrine, il frappe plus vite et plus fort. il ne sait pas trop à quoi ç'a ressemble du point de vue de son camarade, qu'importe. ce n'est que lorsqu'ayun sent une légère pellicule de sueur sous les mèches qui recouvrent son front qu'il arrête.

@ambroise wood