(ayun) i'll embrace the wounds you shed

ootd -Ça va passer.
Ça va aller.
Respires.

S’il-vous-plaît. Ça ne prévenait pas, ça ne prenait pas rendez-vous. Sinon, cela serait facile. Il en avait lâché ses courses, avait porté sa main à sa poitrine qui le comprimait. À quoi pensait-il avant pour qu’il se sente mal soudainement ? Il avait fermé les yeux, avait supplié que ça ne se calme. On lui demanda s’il avait besoin d’aide, il chassa les passants d’un sourire forcé en disant que ça irait. Il se recroquevilla pourtant sur lui-même et sentit sa respiration sauter d’un bond… puis chuter dans le vide. Et c’était la même mélodie, la ritournelle incessante qui s’insinua dans ses esprits et augmenta la cadence d’un coup aléatoire.
Quand on le reconnut. Dans la rue, dans cette rue quelconque. Il se redressa, rabattit son bonnet sur sa tête et s’enfuit. Il lui était difficile de courir mais il laissa son corps le porter aussi loin qu’il en était capable. Il n’avait pas envie de leur parler, il ne désirait pas leur signer des autographes. Il n’avait que faire de ce que ces personnes ressentaient comme elles n’allaient se soucier qu’à peine de ce que lui ressentait. Il n’y avait que la musique qui importait, elles n’auraient dû ne voir que ça et le respecter tandis qu’il perdait pied. Ne pas le prendre en photos, ne pas poster ça sur les réseaux sociaux. Comment espérer que leur groupe ne s’envole avec ce qu’il représentait ? Il se mit à pleurer.

Que quelqu’un ne m’aide.

Car le psychologue faisait de son mieux mais ça ne fonctionnait pas. Parfois, il ne parlait pas durant les séances. Il fixait ses mains, il se demandait quel était son talent alors qu’il avait créé sa propre descente dans son pays natal. Il était venu jusqu’ici et en quoi s’en sortait-il mieux ? Il était resté le même, il n’avait pas évolué. Sa famille devait avoir raison ; trop ancré aux émotions, trop accroché à ce qu’était un être humain. Minable, pathétique.
Et il tomba entre les bras de quelqu’un. Il bredouilla des excuses, faillit ne pas relever la tête et ne passer que son chemin. Mais il reconnut ces mains entre mille personnes. Ses yeux humides croisèrent les siens et l’espace d’un instant, il ressentit un léger calme l’envahir comme une bouée de sauvetage. Sauf que les vagues continuaient de se déchainer et aucun mot ne sortit de sa bouche. Il hoqueta, secoua la tête et porta sa main à sa gorge qui continuait de se serrer. Comment allait-il chanter si la boule à l’intérieur grossissait ? Alors ses doigts secoués de tremblements s’agitèrent et cela lui fit tellement mal qu’il les enfonça dans ses poignets avec brutalité.

Ayun.

@ayun sin

( outfit ) Alors la vie a repris son cours. Peut-être à la fois plus douce et moins surprenante. Un quotidien classique quand, dans le cœur, les sensations sont différentes lorsqu’il pense à cette rencontre. Est-elle vraiment arrivée ? Ces paroles échangées, les signes, les regards, et ces baisers. Ayun l’a embrassé en premier, cela ne lui est pas arrivé depuis longtemps. Il ignore de quelle manière définir ce qui l’a touché chez Hisoka. Le musicien lui a montré comment entendre alors que ses oreilles ne font plus le travail. Les années ont passé, personne n’a aussi le toucher de la sorte. Que cela soit par un réel contact ou par toutes ces façons de communiquer. Ayun est sourd ; nombreux sont les aveugles. ( Aveuglé ) par la cruauté de leur condition d’humanité. C’est triste à souhait. Pensées qui s’échappent tandis que les pas s’avancent, quittent l’établissement afin de retrouver le confort de son appartement. Enfouir son nez contre le pelage doux et soyeux de ses chats. Par réflexe, Ayun glisse un index contre l’un des deux appareils qui ornent ses oreilles. Ils ne servent plus qu’à l’avertir lorsqu’un bruit très fort survient – c’est très rare à présent. Les réglages sont bons ; son ouïe est très mauvaise. Ayun choisit de vivre avec plutôt que de le subir. C’était différent
avant,
lorsqu’il était enfant.
Finalement, il ne lui faut qu’une dizaine de minutes de marche après avoir quitté le bus pour entrer dans son quartier d’habitation. Obligé de prêter attention à tout ce qui l’entoure pour ne pas se faire surprendre par un quelconque événement impromptu, Ayun rattrape immédiatement la personne qui manque tomber. Elle se percute contre lui tandis qu’il laisse glisser son sac au sol pour la soutenir. La silhouette frêle n’est pas bien lourde et il faut plusieurs secondes à l’étudiant avant de s’apercevoir qu’il la connaît. Il le connaît. Hisoka. La coïncidence aurait pu lui tirer un sourire s’il n’avait pas senti les soubresauts de ce corps contre le sien. Que se passe-t-il ? Ayun, frustré, aimerait hurler n’importe quel son pour tenter de le rassurer. Mais ça ne ferait que l’effrayer
( le faire fuir ).
Leurs regards se sont croisés à l’instar de leurs chemins et le plus âgé sait qu’il ne pourra pas l’abandonner dans cet état. Les digues sont ouvertes, les plaies béantes sur son être ; toute sa silhouette crie une douleur qu’Ayun voit sans être capable de la comprendre. Tout le monde a ses démons, mais ceux d’Hisoka lui apparaissent particulièrement virulents. Aussitôt qu’il le voit planter ses ongles dans la chair de ses poignets, Ayun vient y poser ses phalanges. Il se rappelle de cette mélodie, celle que son cadet lui a joué lorsqu’ils se sont embrassés. C’est à son tour de pianoter sur sa peau, comme pour lui signaler qu’il est là. Ils se sont retrouvés. Il espère le ramener doucement à l’instant présent et lorsqu’il pense que c’est le bon moment, il le cache contre lui.
Ayun est dos à tout ce qui les entoure, blottissant presque le jeune homme contre son torse. Il l’abrite de son ombre du regard des autres, le couvre avec toute la douceur dont il peut faire preuve. Son cœur se serre sans qu’il ne puisse savoir de quoi il s’agit. Ayun comprend qu’il va devoir se montrer patient, attendre que cette crise se tarie. Il n’ose pas vraiment le toucher, pourtant ses bras continuent de l’encercler – de le contenir.

@Hisoka Sun

ootd - C’était Ayun. Il avait pensé à lui, à leur rencontre, et il avait espéré le revoir. Le retrouver. Mais dans quel état se présentait-il face à lui ce soir ? Il avait honte quand les doigts de son interlocuteur s’agitaient sur sa peau. Une mélodie, un mouvement connu de lui seul qu’il s’était appliqué à transcrire pour un être privé de l’un des plus beaux cadeaux de l’univers. À la fois touché que sa musique l’ait atteinte, à la fois perturbé qu’elle puisse à son tour le calmer. Une chaleur apportée, un réconfort qu’on ne s’attendait pas à recevoir, et il s’y laisse prendre. Il posa délicatement ses mains sur son torse, y colla son front et ferma les yeux en se blottissant doucement contre lui. En attendant que la crise ne passe, en attendant qu’il ne reprenne possession de tous ses moyens.
Malheureusement, c’étaient dans ces instants que le passé survenait, les souvenirs prenaient la tangente. Sa première crise avait été tôt, il n’était âge que d’une dizaine d’année. C’était plus simple avant, en maternelle ou en primaire. Il n’avait pas eu besoin de regarder de plus près la réalité en face jusqu’à ce que le collège ne se présente. Il s’était vu chuter, comme aujourd’hui. Il avait eu très peur, et cela n’avait pas inquiété sa famille. Son état ne s’était pas amélioré aussi vite qu’il ne l’aurait dit et il avait compris. Compris que ce qu’on attendait de lui n’était pas qu’une farce, compris que quelque chose n’allait pas. Là, au plus profond de lui. Il y avait dû avoir un déclic un jour, il ne l’avait pas aperçu et il s’était planté. Il avait perdu.
Il paniqua. Ses phalanges blanchirent en resserrant la veste d’Ayun et il eut honte de lui faire subir ça. Ils ne se connaissaient pas, pas assez. Il releva le visage vers le sien et il eut envie de s’échapper. Ayun ne méritait pas des problèmes comme les siens, Ayun ne méritait pas qu’il ait pu penser aussi souvent à lui car Ayun était lui aussi différent des autres. Ils ne feraient que s’embourber, il devait s’en aller. Pourquoi ne le fais-tu pas ? Il rabattit une nouvelle fois son bonnet plus bas, sur ses yeux encore humides, et de ses doigts tremblants, il signa.

« Je suis désolé. »

Il s’essuya les joues avec le bout de sa manche, referma les yeux. Une seconde, deux secondes, et s’il s’échappa de son étreinte, ce ne fut que pour se faufiler dans la ruelle d’à côté. Là où il y avait moins des passants. Il posa une main sur le mur et vomit. Sauf qu’il n’avait rien à recracher si ce n’était de la bile. Cela était douloureux qu’il s’en tint l’estomac, chercha à reprendre une respiration normale. Puis, son poing s’abattit une fois contre le mur car chercher une autre douleur était parfois la solution. Ou se couper du monde extérieur. Et Ayun ?
Ses yeux revinrent trouver les siens, refirent peuplés de larmes sans qu’elles ne coulent. Il déglutit péniblement et eut l’impression que c’était peine perdue. Il allait le laisser, c’était certain. Comment n’aurait-il pas pu lui faire peur en cet état ? Il voulut se rapprocher, n’osa pas et il baissa le regard. Se demanda pourquoi fallait-il à chaque crise qu’il ne pense à ses parents.

@ayun sin

( outfit ) L'impuissance est probablement ce qui permet à la colère d'Ayun de grandir. Cette incapacité d'aller naturellement vers les autres, de parvenir à résoudre les conflits qui naissent, assaillent, chacun. Quasiment sourd, il a fini par être également muet. Hormis ses doigts qui s'agitent dans l'air, cherchent presque à respirer, il n'y a rien d'autre qui lui est possible. Alors Ayun laisse cette seule possibilité à Hisoka ; celle qu'il se raccorche à lui comme à une bouée de sauvetage.
Pour ne pas se noyer.
Bien qu'ils se connaissent encore très mal, ils ne furent après tout qu'un ou deux baisers d'un soir, il y a une certaine connexion qui s'étire entre leurs silhouettes. Les mains pianotent, s'agrippent, se rappellent la mélodie. C'est semblable à une ritournelle, peut-être un peu insistante, pour s'ancrer dans le présent. Ne pas s'offrir à la culpabilité du passé.
Est-ce de cela dont il s'agit ?
Hisoka s'agite, s'échappe. Glisse entre les bras du plus âgé qui ne sait pas dans quelle direction il part. Il lui faut une minute pour se rendre compte qu'il n'est pas allé très loin. De l'autre côté de la rue. Mais pourquoi s'enfuir si ce n'est pas pour s'enfuir plus loin ? Il s'est excusé, et après ? Et alors ? Ayun a les bras perdus le long du corps. Que faire ? Quoi faire ? Comment le faire ? Ayun n'est pas doué pour ça. Il n'a jamais su se conforter lui-même.
Un pas après l'autre et les doigts qui viennent chercher le poing abîmé. Ayun lui fait non, de la tête. Ne recommence pas. Une demande, plus qu'un conseil. Les prunelles qui ont retrouvé le coeur des orbes de son cadet. Ayun y voit des vagues, des remous dans les embruns. Il comprend que le navire d'Hisoka a chaviré il y a longtemps. Il n'est qu'un rescapé sur des planches en bois ;
celles qu'il entretient pour y chanter, y jouer de la guitare.
De son autre main, Ayun lui tend un mouchoir. Pour essuyer sa main, ses lèvres ou ses yeux.
- J'habite juste là.
L'invitation qui se signe tandis qu'il ne quitte pas la silhouette de son interlocuteur. Ayun souhaite lui donner un peu de chaleur, lui permettre de se cacher de tous ces yeux un peu trop curieux. Il n'a pas peur de l'emmener chez lui, c'est un sentiment qu'il n'a pas connu depuis un moment. Pas d'appréhension. Pas de doutes non plus.
Il lui tend la main.
Viens.

@Hisoka Sun

ootd - Combien de fois avait-il appelé ses parents en son for intérieur lors de chaque crise ? Ils n’étaient jamais venus. Blessé l’enfant prodige, brisé l’enfant aux qualités virtuoses de la musique. Ils ne l’avaient jamais vu. Et s’il avait hurlé, s’il les avait appelés ? Ils ne l’avaient jamais entendu. Il était plongé dans l’incompréhension que ses crises continuent malgré le fait qu’il ait accepté cette dure vérité et qu’il se soit éloigné d’eux. Le fait était qu’il s’était seulement fourvoyé et qu’il avait fui. Il le lisait dans le regard de sa psychologue lorsqu’il en parlait. Il avait l’impression d’avoir tout essayé mais, peut-être pas. Il avait arrêté et il était venu jusqu’ici. À chuter plus bas.
Sauf que, ce soir, il y avait une main pour le rattraper. L’intimer de ne pas recommencer. Il n’aura pas moins mal en cherchant à se faire du mal. Je sais. Il saisit le mouchoir, s’essuya la bouche, les doigts et son coeur bondit maladroitement contre sa poitrine à l’invitation placée devant lui. Il se remit à trembler, il songea que ce n’était pas une bonne idée parce qu’il n’avait pas le droit de lui imposer ce qu’il était. Il était la mauvaise pièce sur l’échiquier, il ne lui apporterait pas la bonne partie attendue. Il faillit se mettre à secouer la tête, prêt à refuser et à lui répondre que lui aussi habitait dans le coin. Mais, Ayun réitéra son geste d’une autre manière.
Il lui tendit la main.
Il lui demanda de venir.
Les larmes se remirent à couler. Il glissa ses doigts entre les siens, se laissa entraîner. Pleura silencieusement. Ironique quand Ayun n’entendait pas. À l’entrée de son appartement, elles s’étaient taries. Son corps ne s’était pas complètement calmé, il avait la bouche pâteuse et l’impression que chaque pas était une torture. Il tremblait, avait une boule coincée dans la gorge. Être à l’extérieur n’était pas aisé face aux spectateurs non souhaités mais l’air frais lui apportait du bien. Ici, enfermé, se sentirait-il mieux ? Un miaulement lui parvint aux oreilles. Il se retourna et aperçut un chat. Tout doucement, il s’accroupit et sourit.

« Salut petit chat. », souffla-t-il.

Il y en avait même un deuxième. Alors il finit assis par terre, à essayer de les attirer jusqu’à lui. À rire légèrement. Il n’avait pas enlevé son bonnet, il l’avait gardé pour cacher ses yeux rougis par ses pleurs. Par ceux qu’il contenait toujours. Il avait le dessus de la main éraflée par sa bêtise, ça ne lui faisait pas mal. Il regardait, ébahi, les félins qui n’approchaient guère et préféraient lui montrer de l’intérêt autrement. Peut-être qu’en leur soufflant une mélodie, cela fonctionnerait-il. Il essaya, entoura sa taille de ses bras. Ferma les yeux.
Prit une profonde inspiration.

No matter how much I smile, I feel so lonely
Like aliens trying to blend in with Earthlings

Lorsqu’il eut fini, l’un d’eux était assis juste à côté de lui. Il leva la main, prêt à le caresser, et il le vit bondir et partir en courant. Lui aussi avait-il pris peur ? Par la vie.

@ayun sin

( outfit ) au-delà de le ressentir, ayun le voit. il le voit presque tressaillir, avoir ce mouvement de recul. alors c'est pour cela qu'il lui tend la main. il'linvite par ses gestes en plus que par ses mots. le corps de son interlocuteur est encore secoué des sanglots qui l'ont animé un instant auparavant et, au creux de ses yeux, les larmes continuent de stagner. prêtes à s'échapper.
ce poids trop lourd sur les épaules ; ayun en ignore tout. en réalité, il ne sait pas de quelle manière gérer les larmes d'hisoka. il en serait presque gêné pour lui s'il ne se montrait pas si craintif à son égard. où est passé le musicien de leur première rencontre ? il se cache quelque part, il abandonne son masque pour se dévoiler à la lumière du jour.
fragilité
c'est le mot qui vient à l'esprit d'ayun.
alors il insiste un peu, bouge ses doigts, l'attire ainsi jusqu'à lui. et puis hisoka cède. il se laisse aller et ayun l'entraîne à sa suite. il ne le tire pas, il le soutient. il l'attend ; lui permet de marcher doucement, de respirer un peu. ayun est un peu nerveux quand il déverrouille la porte de son appartement, le fait entrer d'abord.
c'est flèche, le petit chat noir, le plus jeune, qui s'approche de cet invité imprévu. il est curieux, renifle et ayun le voit miauler. il passe une main dans sa nuque, disparaît une minute ou deux dans la salle de bain. il récupère de quoi apaiser les blessures sur la main du guitariste, revient à ses côtés. lion a montré le bout de son nez lui aussi, mais s'enfuit très vite. le gros chat roux n'est pas le plus aisé à apprivoiser.
ayun s'installe finalement en face de son cadet. en tailleur, une serviette sur les jambes, il fait signe à hisoka pour qu'il lui donne sa main éraflée. ayun remarque déjà le sang qui a séché. il attend qu'il accepte avant de le soigner.
- lui, c'est flèche. et lui, lion.
il lui signe le nom de ses chats en espérant que son interlocuteur les comprenne. il a lui-même choisi ces prénoms pour que cela soit plus facile à exprimer. et puis, il faut avouer que cela leur va plutôt bien. flèche est très tonique, tandis que lion est aussi roux qu'un véritable lion. léger sourire qui tente d'apparaître sur le visage d'ayun, à la recherche de l'étincelle dans les prunelles d'hisoka. il aimerait être capable de faire plus que ça. il fait malheureusement partie de ces personnes qui ne savent pas s'y prendre.
- tu ne dois pas être désolé.
il reprend les mots qu'il lui a donné dans cette ruelle. ayun a hésité avant de les tracer de ses doigts. il ne veut pas le faire fuir. mais, bien qu'ils ne se connaissent qu'à peine, il est désireux de lui avouer qu'il ne doit pas être désolé d'être qui il est. jamais. c'est un combat qu'ayun mène lui-même depuis bien des années et, aujourd'hui, même si ce n'est pas facile tous les jours, il ne s'excuse pas. il ne le fait plus. il s'adapte. il essaie. il ne baisse pas les bras. c'est un peu de cette force d'esprit qu'il souhaite communiquer au plus jeune.
ses phalanges se dirigent vers la silhouette d'hisoka. elles relèvent doucement le bas de son bonnet pour le remonter sur son front ; dégager son visage, dévoiler l'éclat de ses yeux. y voir mieux.

@Hisoka Sun

ootd - Pourquoi ? Pour quelle raison lui avait-on donné la vie ? Il ne le comprenait pas. Il essayait, mais il ne le comprenait pas. Il avait arrêté de chercher à comprendre, il avait plus d’intérêt à trouver pour quoi il vivait aujourd’hui ou pour qui. Pour lui, la musique ? Il avait monté sur la première marche menant au chemin tracé d’une carrière prestigieuse en tant qu’idol et il avait cru pouvoir franchir la deuxième avant de dégringoler. La vérité, il n’y avait que lui pour la connaître et il l’avait clamé mais ce n’était pas lui qu’on avait écouté. Il s’était résolu au fait que sa destinée ne devait pas de devenir ce qu’il rêvait d’être. Il y avait réfléchi, avait convenu pour calmer ses esprits ravageurs que si sa route avait déviée ce n’était pas dû qu’au hasard.
Il tendit sa main égratignée vers Ayun, le laissa s’occuper de lui. Apprit le prénom des deux félins qui le fixaient à l’autre bout de la pièce. Il les avait compris, il l’espérait. Il avait écumé les sites internet, les vidéos lors de son temps libre et s’était rappelé. À peu près. Il avait appris la langue des signes coréennes et ici, c’était la langue des signes américaines qui prônait. Ne serait-ce pas plus aisé pour Ayun ? Il s’en était écoulé des mois depuis qu’il était arrivé ici, sans changement, sans avancée. Ce soir, qu’en était-il ? De toutes les personnes qu’il avait pu rencontrer, il avait fallu qu’il ne tombe sur la seule ayant réussi à lui procurer un peu de souffle.
Sa vue se troubla aux nouveaux mots tracés devant lui. Eux, il était certain de les avoir saisis et son corps fut secoué d’un léger spasme. D’un indistinct sursaut lorsque son bonnet fut relevé à son front et que ses prunelles rougies par le temps se présentèrent à des yeux probablement plus fatigués que les siens. Alors il releva la main pour retirer complètement son bonnet et, doucement, permit à son corps de s’épancher une nouvelle fois. Il se plia en deux et posa son front contre la serviette posée sur les jambes d’Ayun.
Pourtant, je le suis. Tu ne me connais pas et tu prends soin de moi comme personne d’autre n’a pu le faire. Sans comprendre, sans parvenir à le faire car je ne parviens pas à te communiquer ma détresse.
Il finit pourtant par se relever, essuyer ses yeux et ravaler le haut-le-coeur qui fit son apparition. Et il décida d’être honnête.

« Je suis malade, signa-t-il en collant son dos contre le mur derrière lui, Et il n’y a pas de médicament à ma maladie. »

Il lui sourit tristement. Il aimait se dire que ça ne dépendait que de lui, néanmoins, il n’y avait véritablement pas de remède à ce qu’il vivait à l’intérieur de lui. Il regarda ailleurs, l’espace d’un instant, puis se permit d’attraper la main d’Ayun. De sentir la chaleur de sa peau et de se l’approprier un peu. D’espérer, peut-être.

@ayun sin

( outfit ) alors que leurs yeux se rencontrent, qu'ayun tente de savoir de quelle manière parvenir à atteindre hisoka, ce dernier n'est pas long avant de fondre en larmes. plié en deux, le visage contre les jambes d'ayun, il en est d'abord surpris avant de laisser une main se poser contre l'arrière de son crâne. ayun ne sait pas, ne comprend pas. il ignore tout de ces sentiments qui paraissent étouffer le coeur de son cadet. mais hisoka craque, s'abandonne totalement. quelque part, ayun ne peut s'empêcher de songer que c'est très courageux de sa part. lui ne parvient pas à le faire. par honte peut-être plus que par fierté.
depuis plusieurs semaines, ayun se perd après les cours. il se rend dans une salle de sport, observe les sacs de frappe. il y a, au creux de ses paumes, des fourmillements. ce désir un peu improbable d'abattre ses phalanges sur une cible. y déverser sa colère, ses peurs. se confier de cette manière et, pour autant, le conserver pour lui. personne n'a besoin de voir cela. c'est moche. ça ne donne pas envie. que dirait le monde de voir un sourd frapper ?
léger rictus qui se perd sur ses lippes avant qu'hisoka ne se redresse.
ayun replie délicatement la serviette, pose la petite trousse de soins à côté de lui. ses chats se sont enfuis dans sa chambre, résolus pour le moment à ne pas quémander à manger. ils ont peut-être compris que les humains ont autre chose à penser. de plus important. qui sait ? l'aîné détaille les phalanges abîmées qui s'agitent devant lui. tentent de s'exprimer ; de s'expliquer. il finit par froncer les sourcils. il ne répond pas au sourire, laisse néanmoins sa main dans celle d'hisoka.
une minute ou deux. le temps d'organiser ses songes.
- il n'y a pas de remède pour mon handicap non plus. et alors ?
qu'est-ce que ça peut bien faire ?
parfois, oui, c'est compliqué. parfois, ayun aimerait bien retrouver sa vie d'avant. celle où il avait encore huit ans. qu'il était un petit garçon un peu réservé, mais qui entendait. qui appréciait la musique, le chant de l'océan et le miaulement des chats. et puis, l'autre partie du temps, ayun se dit qu'il n'a pas envie de tout ça. il a fini par vivre avec, l'accepter du mieux qu'il le peut ;
alors le temps fera le reste.
- tu ne te résumes pas qu'à elle.
les doigts en suspens, pas hésitants, plutôt... gênés. peu enclin à parler de ce qu'il ressent. de ce dont il a pourtant bien envie. ayun fait partie de ces personnes qui se contentent de ce qu'on leur donne. acquiesce ou recule, tout simplement. comment faire autrement ? mais dans les obsidiennes de son cadet, il y plonge comme jamais.
- c'est toi que j'ai envie de connaître.
ses mains retombent contre son corps. il ne sait pas trop si ce sont des mots qui aideront hisoka à aller mieux. à lui permettre de se relever, de respirer. et puis, ensuite, il lui demande s'il veut prendre une douche, s'il a un peu faim. ayun sait cuisiner et, pour deux, ça lui arrive rarement. même s'il se doute que le musicien ne dînera qu'à peine, il veut lui offrir de cette chaleur réconfortante.

@Hisoka Sun

ootd - Malgré tout, il aimait ce qu’ils étaient en train de partager. Cet instant émotionnel n’appartiendrait qu’à eux, il ne comptait le partager avec personne d'autre. Il commençait à se sentir un peu mieux, la tempête se faisait lointaine et avait terminé de causer des dégâts. Non réellement conséquents cette fois-ci, sûrement plus réalistes. C’était le temps, le temps qui soignait d’un autre côté et il aurait dû savoir qu’il n’avait qu’à attendre mais il avait attendu. Attendu que ses parents ne réalisent leurs erreurs, attendu que son grand-frère ne lui tende une main, attendu qu’une main n’attrape la sienne. Qu’il ne l’accepte. Qu’il ne la prenne et qu’il ne conçoive qu’un petit pas en avant vers la lumière ne lui fera aucun mal. Ne plus se terrer dans l’obscurité.
Et ce qui se passait entre eux était beau, il le trouvait. Les doigts d’Ayun s’agitèrent sous ses yeux, l’adoucirent. La chaleur l’enivra, sens en émoi d’une ivresse qui se tissait envers une âme autant en peine que la sienne. Quelle est ton histoire ? Il déglutit, péniblement, et eut envie de former lui aussi ses pensées avec ses mains pour s’exprimer à lui sans le faire parce qu’il ne possédait que des bases précaires dans cette communication différente. Il comprenait néanmoins, devint plus fébrile et tomba un peu plus. Pour Ayun.
Il n’eut conscience de son geste que lorsqu’il l’eut fait. Ses lèvres rencontrant les siennes, une nouvelle fois. Ses sentiments ricochant contre les siens, effervescence enflammée. Il partit à la rencontre de son regard et se recula. Accepta de prendre une douche, renfila ses vêtements bien qu’il ait laissé trainer sa veste sur le dos d’une chaise. Découvrit de la nourriture préparée avec une bienveillance unique. Lui avait d’ailleurs laissé tomber ses courses dans la mêlée, il espéra que cela ait pu faire le bonheur de quelqu’un quand ses moyens financiers restaient maigres.

« Est-ce que tu peux m’apprendre la langue des signes américaines ?, signa-t-il, J’apprendrais aussi à côté. »

Il le remercia pour le repas, même s’il n’avait pas faim. Il se servit, grignota et ses traits parurent moins fatigués car c’était bon.

« Moi aussi j’ai envie de te connaître. »

Et de l’embrasser encore. De se sentir vivant différemment. Son problème restait qu’il puisse tout ressentir excessivement mais cela ne serait-il pas de bonnes sensations que de partager cette délicate tendresse avec Ayun ? Il glissa ses doigts à son poignet, y pianota comme lors de leur rencontre et alla plus loin.

« J’ai une mélodie, Ayun, sourit-il, J’ai hâte de la composer. »

Il retira ses doigts et souffla un bon coup. Il était épuisé, il avait de nouveau le besoin de pleurer mais autrement. Tout son corps était patraque et il avait l’impression qu’à tout moment il allait s’effondrer. Il ne parvenait pas à calmer les tremblements qui le parcouraient et il songeait qu’il allait devoir rentrer chez lui. Ce n’était pas très loin, le Queens restait un grand quartier et ce n’était pas non la porte à côté. Mais il n’allait pas non-plus déranger Ayun plus qu’il ne l’avait fait.

@ayun sin

( outfit ) ayun ne lui livrera pas son histoire. pas encore. pas maintenant. pas comme ça. ce soir, il ne s'agit pas de lui. il reste plutôt concentré sur la silhouette de son cadet, tente de comprendre un minimum ce qu'il peut ressentir. il l'observe agir, agiter ses propres doigts pour formuler ses pensées. ayun souhaiterait lui dire qu'il peut parler. il le fera ; un peu après.
après ce baiser qui revient se poser sur ses lèvres. il en reste plus décontenancé que surpris tandis qu'hisoka part se doucher. ayun se demande ce qui vient de se passer. flèche et lion le regardent depuis le canapé et il finit par se redresser à son tour. il pose le nécessaire de soins sur le bord de la petite table et s'attelle à la cuisine. ce n'est pas grand-chose, mais il se rappelle à chaque fois les mots de sa mère : la chaleur d'un bon plat aide toujours à se sentir mieux.
- oui, je peux.
il le laisse se servir, prendre ce qu'il souhaite, manger un peu. ça suffit à convaincre ayun de faire de même. souffler sur le bouillon avant de le goûter. regard qui gravite à nouveau au creux de celui de son interlocuteur et derrière ses cheveux, le bout de ses oreilles a rougi. la réciprocité. pourquoi ? il a envie de l'interroger.
- si tu veux me parler avec ta voix, je comprendrais. tant que tu restes près de moi.
il espère qu'hisoka saura déchiffrer tous les signes. ayun fait de son mieux pour ne pas esquisser les mots trop vite. comme il a reposé ses couverts sur la table, l'aîné songe que le musicien en profite ainsi pour glisser ses doigts sur son poignet, son avant-bras. un peu plus haut que la première fois.
ayun ne bouge pas. il le laisse faire. à la fois obnubilé et réchauffé. il essaie d'imaginer les notes, de les lier entre elles pour qu'elles forment un tout. une mélodie, comme lui avoue hisoka. de quoi parle-t-elle ? de quoi s'inspire-t-elle ? cela fait si longtemps qu'ayun n'a pas eu la chance de pouvoir écouter de la musique. il n'y a que les basses les plus fortes qui parviennent encore à faire vibrer son corps.
cependant, hisoka n'a guère besoin de basses.
à son tour, ayun a envie de l'embrasser. et il le fait. il se relève, s'approche et se penche pour joindre ses lippes aux siennes. peut-être avec davantage de conviction, qui sait ? le coeur en branle. il n'y saisit pas grand-chose. sa main s'est lovée contre la nuque d'hisoka. son front trouve le sien. il n'entend rien, ayun, mais il sent. ressent. les tremblements.
il se détache et enveloppe les épaules d'hisoka de sa propre veste. retourne manger son potage.
- tu dors avec nous ce soir ?
h i s o k a.
pourquoi ne peut-il pas le prononcer ?
ce serait si laid.

@Hisoka Sun