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(maverick) flashbacks.

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( outfit ) la chaleur de cette fin de soirée d'été. les phalanges blanchissent autour de la hanse du sac poubelle qu'il traîne jusqu'à l'extérieur. parce qu'aujourd'hui, son petit boulot est peut-être pas le plus agréable. frotter, nettoyer, ranger. au moins, il aura de l'argent pour payer son loyer la semaine prochaine.
ayun ne s'en plaint pas ; c'est comme ça. il n'en a pas le choix.
les lèvres pincées, il soulève le sac noir qui pèse aussi lourd que tous les déchets qu'il contient. les clients de cet endroit ont fait beaucoup de gaspillage. ils auraient pu manger pour trois chacun. pas étonnant que le reste finisse dans la benne.
à la une, à la deux, à la trois.
le sac s'écrase sur les autres. ayun referme le couvercle qui, malgré tout, demeure à moitié ouvert. il ne pourra pas faire mieux que ça. il doit retourner à l'intérieur, finir ses dernières tâches. tenter de comprendre les autres quand aucun des employés n'a daigné faire le moindre effort pour le comprendre lui. ça aussi, ça pèse lourd.
le nez qui s'élève une minute supplémentaire vers la voûte étoilée, espère peut-être un peu d'air. sentiment d'étouffer, là, au beau milieu de l'allée des poubelles. certains diront que ce n'est pas si étonnant. ( la belle affaire. )
le garçon essuie les paumes de ses mains sur le tablier ceint à sa taille. il ne se rend pas tout de suite compte de la silhouette un peu plus loin. ayun n'entend pas. n'entend rien. plus rien. c'est trop facile de le surprendre. il est tout le temps dans son monde, ils disent. ce n'est pas comme s'il avait la possibilité de faire autrement. ne pas se couper des autres.
ce sont ses oreilles, qu'il faut remettre en question.
léger soupir qui s'échappe de ses lippes et puis les obsidiennes reviennent à la réalité, se froncent et observent.
les pas s'approchent après avoir récupéré une bouteille d'eau. ayun s'accroupit en face de lui. inconnu. il lui tend cette bouteille en plastique pour avoir les mains disponibles.
- ça va ?
les doigts s'agitent, esquissent ces deux petits mots dans l'atmosphère qui les sépare.
il voit bien que non, ça ne va pas. mais c'est plus facile à communiquer qu'un est-ce que tu as mal quelque part.

@Maverick Bishop
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( outfit ) fournaise étouffante, l'impression d'être un dragon tapi dans les cavernes de la grande cité, cavernes sombres, cavernes de bitume que l'on foule, jour après jour, sans vraiment comprendre ce qu'est le tissage ; fil du temps qui s'entremêle, forme des noeuds, s'échappe, sans cesse, se mélange aux lacets des sneakers. nyx elle-même n'est ce soir qu'en un bikini de crépuscule, ciel sombre qui ne trahit aucun secret sur l'orage qui fera valser les buildings, demain soir. on n'attend que ça depuis des semaines maintenant. un geste d'ouranos, une pluie fraîche, diluvienne même si possible, et qu'elle vienne couvrir les pores des peaux fatiguées d'autant de gouttes de rosée qu'on voudrait bien nous l'accorder. j'essuie d'un revers de coude les gouttelettes tièdes qui se forment à la racine de mes cheveux. concentration trop aride, sans doute, et je me mords les lèvres. je ne pourrais pas rater une fois de plus. je sens le regard perçant du fauve derrière moi, ses iris sans doute cachées par le plissement des paupières, comme un rapace à l'affût, juché sur mon épaule, promontoire de providence. "c'est de la merde, bishop, recommence." je frissonne presque, cauchemar qui étreint les côtes, me fait serrer les poings. la brisure de sucre s'éparpille, sur le plan de travail, on dirait une armée de petites poussières furieuses. je secoue la main, chasse de la chaleur. "oui, chef, tout de suite." je ferme les yeux une demie-seconde, juste pour chasser les pyramides de panique qui s'accumulent, frotteront bientôt la voûte des synapses tourmentés. "non, tu sais quoi, abandonne. t'es bon à rien, depuis lundi. casse-toi, et reviens quand tu seras prêt à vraiment bosser." j'hésite, quelques grains de sablier. et puis je défais mon tablier, le chiffonne entre mes mains. "okay, chef." pas accélérés qui frappent le carrelage, mélopée de départ en trombe, je jette le tissu blanc dans mon casier, claque la porte... et la nuit m'enveloppe. en même temps, ou presque, que l'angoisse monte, vagues qui me submergent en un instant, poing serré contre les briques, penché, la respiration courte. j'ai envie de crier à la lune, de la supplier de m'épargner, rien qu'un soir, de ne pas toujours m'opposer ce cerbère aux ordres gueulants, aux manières rustres. quand-est ce que le succès viendra frapper, plus que les coups d'infortune d'un désarroi pleutre ? je respire fort, et j'ai l'impression de sentir la ville résonner. j'ai l'impression que tout bouge, abstraction des sens, la tête qui se perd en des cercles, le ventre toujours plus creux. à bout de souffle, et pourtant, il attire une ombre, quelqu'un qui se penche, dessine la conversation avec les doigts. incapable de répondre, je secoue la tête, fuit le regard qui cherche un signe pour apporter de l'aide, serre un peu plus les phalanges. et puis dresse la nuque vers le ciel, grand soupir qui calme tout - en apparence. avec les doigts, comme si c'était une évidence, je pointe les cuisines, esquisse autour de ma mâchoire serrée la frustration. "c'est rien, c'est juste cet enfoiré, et le travail, et..." les mots me manquent, signes qui fuient, syllabes qui glissent à l'oral. "je suis pas certain de réussir à faire ça toute ma vie si j'échoue tout le temps."

@Ayun Sin
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( outfit ) silhouette qui s'étire, face à l'obscurité. jusqu'aux étoiles, s'il le pouvait. nuque relevée, ayun tente de capturer un instant son regard, s'assurer qu'il s'adresse bien à lui. alors ses doigts laissent la bouteille d'eau à ses pieds, ceux de son interlocuteur. obsidiennes qui vont et viennent des cuisines à la créature inconnue. ayun tente de comprendre. se doute que l'homme ne doit pas avoir passé une bonne soirée. il cherche les explications sur ses lèvres, s'y raccroche avec l'espoir de parvenir, peut-être, à soulager une partie de ses plaies.
- alors, qu'est-ce que tu vas faire ?
il ignore si l'autre le comprend. s'il saisit ses idées qu'il jette dans l'air comme des milliers de particules. il signe doucement, petit à petit. reste bien en phase avec l'instant, et puis se recule un peu. un pas ou deux. pour ne pas l'étouffer. depuis plus de quinze ans, c'est devenu difficile de communiquer. souvent, ayun est silencieux. se contente d'observer sans s'imposer. ça lui convient. si on le respecte.
ses mains finissent par attraper un petit carnet glissé dans son tablier. un crayon à papier dans la main gauche et l'écrit qui s'anime. hésite avec le coréen, et puis l'anglais. bien sûr. pas longtemps. quelques mots qui s'échappent à l'instar des maux de son camarade. là, au fond de cette ruelle ; qui d'autres qu'eux-mêmes pour les surprendre ?
- tu me ferais goûter ta cuisine ?
papier déchiré qu'il tend à son aîné. peut-être pas de grand-chose. quelques années. l'asiatique attend sa réponse. il pense qu'il cuisine, parce qu'il y a une évidence. dans ses yeux. dans les traits de son visage. sur cette main qu'il a tendu vers les cuisines. s'il n'était qu'un simple serveur, il ne serait pas dans un tel état. ayun s'y connaît un peu. lui, il récupère les plats, les jette, les nettoie. il ne se prétend pas cuisinier quand il se débrouille un peu pour lui-même et ses amis.
finalement, il range son moyen de communication. dénoue son tablier pour en faire un petit paquet qu'il coince sous son bras. ce n'est qu'à cet instant qu'il s'aperçoit qu'il a naturellement avoué sa surdité à l'autre. ses doigts ont battu l'air, ont tenté d'esquisser des phrases entre leurs deux silhouettes. pour lui venir en aide.  

@Maverick Bishop
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( outfit ) gestes incertains, parce que si j'ai compris aux premiers signes qu'il faudrait parler la langue des mains, je n'en connais que les bases, que ces signes de politesse que l'on adresse tous les jours sans s'en rendre compte. j'essaie de calmer ma respiration, et dans un second temps, de canaliser mon inspiration, de la glisser à travers mes doigts, pour comprendre, pour articuler. l'impression d'être compris, l'impression de comprendre aussi, les choses sont plus douces quand elles sont dites dans le silence, parce que je traduis mes pensées en même temps que j'esquisse de mes doigts des signes que j'espère distinctifs. en face de moi, peu éprouvé par la respiration pleine de soubresauts, il me répond, parle un peu trop vite, mon cerveau peine à tout appréhender, mais la réflexion diminue le rythme cardiaque. peut-être que ça me fait du bien, de ne pas être tout à fait compris, et en même temps qu'il capte tout d'un coup d'oeil. peut-être que c'est ça, l'origine de la panique ; la peur de ne jamais être moi, la terreur de voir le monde entier me regarder étrangement. "j'en sais rien. je vais recommencer ?" i'mma do it again, comme un mantra depuis des mois, puisque le chef est insistant. il sait que je voudrais sa place, un jour, que je voudrais me jucher à son poste, regard de façon un peu plus bienveillante les équipes. tenter leur cuisine. les laisser expérimenter. offrir à tous les cuisiniers la chance que j'aurais aimé avoir, la chance que j'avais frôlé des doigts, un soir, avec l'ancien chef, dans l'ancien restaurant ; ancienne vie, photos qui appartiennent déjà au passé, et ruminer les souvenirs n'apaisera pas la panique. oui, je vais recommencer. je ne peux pas créer avec lui, je ne peux pas faire mes couleurs, mes formes, m'amuser des saveurs, des épices et des cuissons. mais je peux apprendre, acquérir de nouvelles techniques, et un jour, il viendra dîner, un jour il s'extasiera de ce que je lui servirais, le chef, et il me tapera dans le dos en me félicitant, sans doute un peu ému, ou alors il s'en ira en silence, à regretter de ne pas avoir su tout miser sur moi. casino géant des talents à venir, machines à sous qui rappelleraient presque Vegas ; mais la brume à New York est moins étouffante, et l'on y perd moins l'âme, au fil des allées. je vois les mains qui s'agitent de nouveau, tracent dans l'air des phrases qui me font froncer les sourcils, jusqu'à ce que je les comprenne. soit il m'a reconnu à mon tablier de cuisine, alors que le sien tombe, s'enfouit dans ses mains, soit je porte sur mon col les effluves de panique et de viande cuite. à moins que ce ne soit les poivrons caramélisés ? "je n'ai pas le droit tout de suite mais..." légère hésitation. puis bras qui se lèvent, renverseraient presque la voûte. "et puis tu sais quoi, merde !" les mots explosent à l'oral, brisent le silence, s'accompagnent des gestes alors que je m'engouffre par la porte, récupère à la hâte l'assiette ratée (encore chaude), une paire de couverts, une nappe aussi. dans l'allée sombre, j'attrape une poubelle, y glisse un carton, puis un second, pyramide incertaine qui, recouverte de tartan, fera office de table. celle-ci est dressée, et je m'éclipse à nouveau une seconde. "je reviens, tu ne bouge surtout pas." et réapparais avec des chaises volées à la salle, et tant pis pour les regards noirs qui m'ont suivi ; s'il faut que je rende le tablier, autant faire profiter à quelqu'un pour de vrai ce que je sais faire. je m'assois face à toi, le regard qui brille presque, attendant ton avis, une grimace, un sourire, n'ose pas toucher ma fourchette tant que la tienne ne s'est pas faite au plat ; pavé de soja aux poivrons dorés, cuisson à la flamme et sauce aigre-douce, quelques gouttes de miel éparpillées, ma touche à moi, celle que le chef a détesté.

@Ayun Sin
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( outfit ) deux âmes abandonnées au milieu de la ruelle. les poubelles, les colères. tout ça réuni. les échecs, apparemment. ayun, lui, se contente de l'observer. tenter de comprendre pourquoi. ce qu'il fait vraiment là. est-ce qu'il va retourner dans le restaurant ? se remettre à préparer des plats ? les tester, les rater, les recommencer ? il s'interroge lui-même tandis que les mains s'agitent, veulent se faire comprendre de son interlocuteur. même s'ils ne se connaissent pas, ayun a saisi qu'il s'agit d'un rêve. d'une ambition, certainement. se hisser sur les plus hautes marches afin de proposer des saveurs nouvelles aux clients.
- tu dois recommencer.
les phalanges qui s'exclament tandis que son faciès reste pourtant serein. ayun n'a jamais été très doué pour exprimer ses émotions. les montrer. quand il devient proche d'une personne, il est un peu plus blagueur, plus tactile aussi. franchir cette distance n'est pas immédiate, pourtant, il est toujours là. il lui demande s'il veut bien lui faire goûter sa cuisine. ses préparations. comme ça, sur un coup de tête. ayun apprécie la bonne nourriture, mais ce n'est pas toujours facile d'en préparer lorsqu'on est étudiant et qu'on travaille pour subvenir aux dépenses.
il ne se plaint pas, c'est comme ça. ses parents font de leur mieux pour l'aider de temps en temps, lui envoyer un peu d'argent. ayun se débrouille dans cette grande ville, trouve des emplois instables qui lui permettent malgré tout de ne jamais avoir de loyer en retard ou des heures d'études impayées. c'est tout ce qui lui importe.
et puis il est surpris. par l'effervescence qui parait emporter son interlocuteur. quelque chose s'est réveillée en lui et le voilà qui s'active. lui demande de rester là. ne surtout pas bouger ; mais ayun se dit qu'il n'a pas vraiment d'autre endroit où aller. il le regarde, intrigué. qu'est-ce qu'il fait ? petit à petit, une table de fortune se construit et, bientôt, une assiette est déposée dessus. ayun cligne plusieurs fois des paupières, peu certain de tout saisir dans cette scène qui est en train de se dérouler.
un pas, puis deux, vers la chaise en face du cuisinier. ayun lui a demandé de goûter ses plats, voilà de quoi le faire, n'est-ce pas ? alors l'asiatique s'installe, songe que ce n'est pas tellement l'endroit idéal pour un bon repas. il a presque honte de toucher la fourchette de ses mains qui viennent de jeter les poubelles. son regard va de cette assiette aux odeurs divines au faciès de son hôte. son tablier plié sur les jambes, ayun questionne son interlocuteur en silence.
finalement, il se lance. plante délicatement sa fourchette dans le pavé de soja, le porte une brève seconde sous son nez avant de le mettre à la bouche. d'en sentir une explosion de saveurs. encore, ayun cligne des paupières. sa manière à lui de tout assimiler au mieux ; un tic, pour d'autres. il permet à son palais de s'habituer à cette farandole d'associations, à sa langue d'en explorer les contours.
- c'est délicieux... pourquoi est-ce que ton plat n'a pas été servi ?
un fin sourire sur les lèvres, il a reposé son couvert près de l'assiette, ne veut pas se montrer vorace. en réalité, ayun se sent à la fois chanceux et égoïste de penser l'être. qui est-il pour avoir l'opportunité de découvrir une telle nourriture ? l'employé des poubelles du coin.
 
@Maverick Bishop
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( outfit ) j'ai désobéi, je suis devenu le propre architecte de cette scène chaotique. le chef m'avait demandé de me casser, de ne pas revenir avant d'être prêt à me plier à ses recettes basiques, d'être prêt à mettre de côté en enfilant mon tablier tout ce qui rendait mes créations uniques. non seulement je n'étais pas parti, mais j'avais en plus dérobé une table libre, une nappe propre, une paire de couverts nettoyée à la va-vite, les bras déjà bien chargés. pas d'inquiétude à avoir, j'ai bien rincé le liquide vaisselle, je ne prendrais pas le risque d'intoxiquer la seule personne de cette soirée qui veuille bien essayer, rien qu'essayer, de comprendre ce que je peux tricoter quand je suis le seul aux commandes de mes laines. je m'installe en face de toi, t'as l'air un peu ahuri, je hausse les épaules, comme pour te faire croire que c'est normal. comme pour te laisser penser qu'on compte ouvrir une seconde salle ici, dans une ruelle, entre les poubelles, pas trop loin du bruit des voitures, pas trop loin non plus d'une série de deux lampadaires qui grésillent si bien qu'on ne voit pas trop ce qu'on peut avoir dans son assiette. je n'ai pas la tête à articuler d'autres mots du bout des doigts, rien que pendant quelques minutes, je veux uniquement décortiquer tes expressions, tenter d'en savoir plus sur les pensées que chaque bouchée t'inspire ; comme si je t'offrais une palette chargée de nuances, et que j'attendais impatiemment de voir quel genre de peinture tu pouvais bien en tirer. le portrait est-il risqué, audacieux, ou bien est-ce que tu trouves ça trop fade, manquant d'épices ou de couleurs dans l'obscurité de la petite rue ? je sens ma jambe se mettre à vibrer, sous la table, je sens le bout de ma semelle frapper plusieurs fois le pavé, en silence, comme pour y décharger quelques unes des étincelles qui ont envahi ma colonne vertébrale. et puis, tu reposes la fourchette. tu as l'air de réfléchir quelques secondes, vraiment pas longtemps, puis tu signes, et mon sourire renaît ; je ne m'étais même pas rendu compte qu'il avait disparu. je comprends que tu as trouvé ça bon, très bon, et je vois dans tes mains l'incompréhension ; si tu savais, j'ai la même. l'angoisse me paraissait loin, et pourtant me replonger dans la discussion - enfin non, dans les cris - du chef semble suffire à lui inspirer le courage de renaître. je fronce à peine les sourcils, hésite avec mes mains, ne sait pas trop comment t'expliquer ; les gestes sont flous, incertains, et puis finalement, j'hausse à nouveau les épaules, frotte mes paumes l'une contre l'autre, comme l'air de dire qu'on s'en fiche, que je m'en lave bien les mains de ce qu'il peut penser. "le chef trouve que je cuisine mal. il voudrait que je sois plus..." je me mordille les lèvres. "plus conventionnel. que j'arrête de rajouter ma touche, que je serve des trucs insipides, mais j'aime pas les trucs insipides, personne n'aime les trucs insipides. tu aimes, toi ?" les doigts qui désignent l'assiette, comme pour confirmer que c'est bien elle qui m'intéresse, elle et ce qu'elle t'apporte, et pas les idées trop grisâtres du chef ; il est déjà loin, je ne pense même plus à sa silhouette ni à ses mots hurlés trop près de mes tympans. et puis je me lève, approche ma chaise de la tienne, comme pour apporter plus de confidence, signe à nouveau, plus sûr de moi. "je ne t'ai même pas demandé, t'es qui ? qu'est-ce que tu fais là ? pourquoi t'es... gentil ?"

@Ayun Sin
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( outfit ) la fourchette reposée à côté de l'assiette, ce n'est pas l'envie de tout manger qui manque à ayun. mais le jeune homme veut se montrer prudent. conserve un semblant de contenance malgré son ventre qui lui en demande davantage. de temps en temps, lui-même s'adonne à cuisiner un peu. bien sûr, cela ne mérite aucune étoile comparé à ce plat que son interlocuteur vient de lui servir. il y a des saveurs qu'il n'avait jamais goûté jusqu'alors. et le fait qu'il s'agisse de soja et non de viande est très intéressant. nouveau.
ayun interroge donc son aîné. ses doigts s'agitent avant que ça ne soit ceux du cuisinier qu'il continue d'observer maintenant qu'il s'est rapproché. comme des confidences. est-ce bien de cela dont il s'agit ? pourtant, les lèvres demeurent scellées. dans ce dialogue, il n'y a qu'eux seuls capables de s'entendre. se comprendre.
- si c'est fade, ça ne nourrit pas. ça ne nourrit rien.
ni l'estomac, ni l'esprit.
la cuisine est une forme d'art, pense ayun. et quel que soit l'art, il est nécessaire de le respecter pour qu'il puisse s'étendre, grandir. l'apprécier ou non ne signifie pas avoir le droit de le dénigrer. c'est sa vision des choses.
aux phalanges qui désignent à nouveau l'assiette, l'étudiant se permet de glisser une nouvelle bouchée entre ses dents. c'est une explosion supplémentaire de saveurs qui s'étalent dans son palais, sur sa langue. lui, il trouve ce plat délicieux et il espère lui faire un minimum honneur en le mangeant.
lorsqu'il relève le visage, les obsidiennes croisent celles de son hôte. ayun demeure un instant sans rien faire, peu certain de la réalité qu'il a envie de servir à cet homme. qui il est. pourquoi est-il gentil. ça pourrait doucement le faire sourire.
- je m'appelle ayun, et toi ? je faisais le ménage à côté ce soir, c'est juste un travail étudiant.
parvenir à ne manquer de rien tandis qu'il doit réviser, redoubler d'efforts pour obtenir son diplôme cette année. les rêves sont là, autant que les envies, et puis la réalité de se confronter à la vie. il a l'impression qu'il s'agit de la même chose pour le brun assis à côté de lui. si près que leurs jambes se frôlent presque.
- tu dois faire ta propre cuisine.
ayun est sincère et ne lâche pas son interlocuteur des yeux. il ignore si le garçon va l'écouter, s'il pense démissionner ou l'a peut-être déjà fait ; mais le coréen pense qu'il peut gravir des marches plus hautes que celles de ce petit restaurant de quartier où personne ne reconnaît son talent. cette touche qui fait que ses plats lui appartiennent. à lui et à personne d'autre.


@Maverick Bishop
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( outfit ) je ne mange pas, me contente de te regarder en train de détailler l'assiette. présentation pas idéale, les textures fines se sont envolées et ont échoué le long de la viande, dans la précipitation, dans l'envol de mon corps des cuisines jusqu'à l'extérieur, jusqu'à cette salle de restaurant improvisée. je rêve de mon propre restaurant. je n'ose pas le dire, par peur de passer pour un type prétentieux, ce que je n'ai jamais été. mais je n'aspire qu'à ça ; diriger mes cuisines, élaborer mon menu, créer mon univers, offrir un endroit doux, chaleureux, à chacune des âmes affamées. rassembler sous un même étendard, celui d'une cuisine revisitée, d'un truc un peu chic mais en même temps hyper street, accessible à chacun et à chacune. aspirant chef cuisinier qui n'a pas encore tous les détails en tête, pour l'instant seulement des éclats de peinture, des traînées multicolores sur des murs, pour donner un aspect urbain. et puis une belle devanture, de la lumière, des endroits excentriques, une salle qui donne envie d'y rester des heures, de s'y balader comme dans une galerie de musée. on en est loin, pourtant, là. couvercles de poubelles pour décor, eau qui clapote en retombant sur une minuscule flaque qui s'est formée entre trois pavés qui ne sont plus alignés. les lampadaires sont faiblards, on se voit surtout grâce à Sélène et son halo ; pourtant, c'est ma première table, tu es mon premier client, et il y a quelque chose d'assez magique même dans ce décor sordide. et je sais soudain pourquoi toi, Ayun - c'est ce que j'ai compris -, tu es si gentil. on a la même détermination. les mêmes flammes qui brûlent le derme, lèchent la peau, sous des nuages de douceur. des nuages de l'envie d'à la fois briller, de devenir la plus belle étoile de toute une voûte, et en même temps la peur de tout perdre. la peur qu'on nous regarde. la peur d'être transpercés de lames moqueuses. alors, comme moi, comme bien d'autres, je comprends que tu te terres, que tu te caches, que tu te bats surtout, un peu contre toi, beaucoup contre le reste du monde. ça vient d'un seul coup, révélation séduisante, contrat entre deux âmes. "on se comprend mieux que les autres, toi et moi." je hoche la tête, grand sourire enthousiaste, étale mes jambes en avant, les bras derrière la tête, faussement à l'aise alors que dans mon crâne volent mille interrogations, sur ce que tu penses de ma cuisine, sur ce que tu penses de moi. c'est étrange, vivifiant, effrayant. le compliment se signe à même mon coeur. sourire immense. "j'attends que ça. mais j'ai pas l'argent. et j'ai peur de me foirer. j'ai peur que les gens n'aiment pas ce que je leur propose." haussement d'épaules, l'ombre de l'inquiétude qui plane sur la table, remplacerait la meilleure nappe du monde. "j'ai peur qu'on se moque, qu'on me déteste. que les autres soient comme lui, qu'on n'aime pas ce que je crée. ça me ferait..." le torse redressé, sourcils froncés, gestes rapides, bruts. "- vraiment mal."

@Ayun Sin
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( outfit ) ayun ne comprend pas tout de suite ce que veut dire le cuisiner en face de lui. ils se ressemblent, ils se comprennent. ah bon ? parce qu'ils sont assis là dans une ruelle, devant les poubelles, à manger un plat qui serait digne des plus grands étoilés ? ayun n'en sait rien. n'essaie pas de se creuser l'esprit trop longtemps. il est assez tard. mais peut-être qu'une bouchée supplémentaire l'aidera à y voir plus clair.
il n'est pas idiot, et se doute bien des aspirations de son interlocuteur. des siennes aussi, celles qu'il tait puisqu'il n'aime plus trop parler. sa voix ne ressemble à rien d'autre qu'à des grognements sourds. ce sont ses doigts qui s'agitent, déclarent ce à quoi il pense. d'ailleurs, il l'a dit à son aîné. il doit poursuivre sa cuisine. ses efforts ne peuvent pas s'arrêter après ce soir. ça ne servirait à rien. ayun n'est pas grand-monde. il n'est qu'un étudiant qui tente de joindre les deux bouts.
la fourchette revient se poser dans l'assiette à moitié vide. ou à moitié pleine. et l'interlocuteur dévoile ses peurs. toutes ces pensées qui font pencher la balance. chavirent le coeur au lieu de l'animer d'une ardeur plus puissante. ayun commence à saisir pourquoi il lui a dit qu'ils se comprenaient. il observe son sourire mourir sur ses lèvres, son envie de s'élever s'évaporer. c'est trop tôt. pas déjà. ayun secoue légèrement la tête.
- moi, j'ai l'impression que c'est d'être aussi bas qui te fait ressentir tout ça. tu ne dois pas baisser les bras. tu ne peux pas abandonner après cet essai.
ayun ne s'aperçoit même pas de ses mains qui terminent en deux poings serrés sur ses cuisses. il aimerait être capable de donner davantage d'énergie à ce garçon qui a un don pour la passion de la cuisine. il a des saveurs à offrir. des notes et des goûts à faire découvrir à tant de personnes dans cette ville ; et pourquoi pas encore plus loin. qui sait.
étonnament, le coréen se revoit quelques années plus tôt. lorsque tout a pris l'eau. ses oreilles ont coulé, et il a sombré. petit à petit ; tout d'un coup. aujourd'hui, le contrecoup. parfois ça va, d'autres fois, c'est encore difficile. mais il ne renonce pas. il a cette lueur au creux des prunelles qui le poussent à se dépasser. ne pas se laisser abattre. ceux qui l'ont abîmé ne méritent pas de le voir s'affaisser. ils voulaient jouer - ils ont tout brisé.
les lèvres pincées, ayun reprend.
- tout le monde n'aimera pas ta cuisine, mais est-ce que tu as envie de priver tous ceux qui l'aimeront ?
doucement, les traits de l'asiatique se détendent et si son regard ne quitte pas le visage de son vis-à-vis, il termine.
- par contre, il faudra bien leur dire ton nom pour les faire revenir.
les clients.

@Maverick Bishop
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( outfit ) c'est un sentiment proche de l'extase qui vient me draper, couvrir le corps courbaturé de fatigues et de déceptions, comme des séries qui s'enchaînent sans jamais discontinuer. il faut se battre, il a fallu se battre depuis des années. contre mon père, contre ma mère, contre mes frères, contre les chefs, contre les patrons, contre les propriétaires. fallu se battre, sans jamais s'arrêter, et pour la première fois ce soir, mes doigts m'ont dit qu'ils étaient fatigués, mes paumes se sont gorgées de chaleur, m'ont demandé de rentrer, de ne pas me retourner après avoir balancé le tablier au visage du gueulard. pour la première fois, je me suis dit que ce ne serait finalement pas si grave que ça d'abandonner. de partir, de faire ma vie de mon côté, de ranger dans un placard poussiéreux les rêves qui commençaient à l'être aussi. pour la première fois, je me suis dit que tout plaquer avait du bon, que peut-être je n'étais pas si doué, peut-être je m'étais fourbu tout ce temps. peut-être fallait-il se faire à l'idée ; j'étais un gamin comme les autres, un gamin gris dans un monde noir et blanc. couleur bitume, couleur vapeur, couleur maussade et couleur habitude. pourtant... te voir manger, ça éveille quelque chose en moi. ça réanime les feux follets, ça réanime l'envie, ça réanime les rêves, et d'un seul coup ils viennent se projeter au ciel, devenant des constellations au-dessus de notre drôle de paysage. "je m'appelle Maverick Bishop." la question avait été éludée, la première fois, et le nom glisse ensuite sur les doigts en même temps qu'il le fait sur les lèvres, comme pour se le répéter. je suis Maverick Bishop, je suis Maverick Bishop, je suis Maverick Bishop, le chef Bishop, et un jour ils viendront tous dîner à ma table, viendront s'arracher mon argenterie, mes idées, mes aromates. un jour, ils déchiquetteront le squelette de mes créations, un jour ils achèteront les magazines sur lesquels ma tête fera couverture, un jour ils découperont prudemment une recette que j'aurais abandonné dans des pages glacées, pour tenter de reproduire l'effet du chef Bishop. un jour, ils m'envieront, un jour, ils m'adoreront. pas besoin de voyager dans des eaux sordides, dans des torrents tristes. l'égo qui gonfle, en même temps que le torse qui s'emplit d'une énergie nouvelle. je n'abandonnerais pas. je n'abandonnerais jamais. ça ferait trop plaisir à ceux qui m'ont fait du mal. "je... oui, euh. j'te remercie, Ayun." les mots sont bredouillés du bout des phalanges, c'est hésitant, sans doute, mais le sourire lui est franc, sincère, il brille comme un croissant de lune sous minuit. les commissures étirées, la table débarrassée avec douceur, je ramène deux verres d'eau, un pour toi, un pour moi, avale au passage un double espresso, confronte les regards étonnés des autres membres de la brigade, dont les iris me suivent jusqu'à ce que je te rejoigne ; tant pis pour eux. les gestes sont doux, maintenant. "alors, qu'est-ce que tu étudies, qu'est-ce qui te fait rêver dans la vie ?"

@Ayun Sin
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