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Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà (Maverick)

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(OOTD) Les températures et pourtant, la tradition perdure. Depuis plus de quinze ans désormais, comme une nécessité absolue que de venir ici, Brighton Beach, au bout d'la jetée. Observer les nuages qui pleurent tout en écoutant les mouettes se plaindre. Assis sur le bois, une clope au bec et une bière dans la main. Curieuse habitude, manant stupide qui, une fois par semaine, revient s'assoir ici dans l'espoir fou de voir réapparaître fantôme et esprit malin. La nuit l'emportera, tôt ou tard, tout comme les vagues. Le chant de la mer, l'écume à ses pieds, il sourit à peine. Tradition stupide qui s'est inscrite en lui depuis qu'il l'avait rencontré, la première fois. Coney Island, lieu souvent fantasmé mais qui demeure pour Milas maison de souvenirs. Les baisers, les caresses et, plus que tout, les mots échangés, les maux partagés. C'est ici qu'il était devenu quelqu'un, à travers son regard que sa vie entière avait changé. Il s'en rappelle, s'en rappellera toujours. Alors comme on rend hommage à un mort en se rendant sur sa tombe, Milas revient ici tous les vendredis soirs. Son histoire, leur histoire, c'est tout ce qu'il lui reste aujourd'hui. Dans un coin de sa mémoire, vieille comme le monde, une photographie sepia dont les bords seraient chiffonnés. Il la regarde, la contemple, l'use à force de la revivre. Un film qu'on a vu cent fois, il ne s'en lasse pas. Le nez au ciel, il tire et exulte fumée et songes. Il rêve, Milas, d'un retour en arrière. Il rêve d'un bâteau qui ramènera marin à quai, comme s'il l'attendait depuis plus de quinze ans.

J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,
Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs,

Un vieil air qui trotte en tête, une mélopée rassurante qui nous échappe, des paroles qu'on oublie mais qu'on fredonne encore. J'oublie rien, mais il ne vit plus. Arrêt sur image, imbroglio de l'âme et du coeur. Tout se confond, tout se mélange. Derrière lui, la foule qui s'excite, les vendredis par ici sont souvent théâtres de fêtes et de joyeuses réunions. Pas pour moi, c'est un regret amer que de constater que la bougie continue de brûler même si la mèche se raccourcit. Plus les années passent, plus l'espoir s'étiole. Pourtant, au fond de lui, il croit encore que tout peut changer. Alors les yeux plantés dans l'encre d'une nuit sans étoile, il laisse la pluie balayer l'air et s'écraser sur ses joues. Ce soir, les larmes pourront se mêler aux torrents que les nuages lui offre en mémoire d'un amour avorté, oublié. Il sourit, malgré lui, même un peu. Pour rien au monde il ne renoncerait à cette tradition à la con. Pourquoi tu sors pas avec nous le vendredi plutôt que d'aller t'crever sur cette plage ? Ils ne comprennent pas, ne comprendront jamais. Bras qui s'écartent, comme un appel au ciel, il laisse l'eau caresser son visage et ferme les paupières.

Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus
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   @Milas Hansen  


(OOTD) Bruine crachée par un ciel moqueur, Atlas qui sur la clavicule a la chute des gouttes de buée. Elles sont terrassées par la proximité avec un Hélios boudeur. La pluie faible laisse de vagues gouttelettes s'écraser partout, sur les vitres, sur les pare-brises, et à la surface des grandes eaux. Le soleil se couche tôt, ces temps-ci, à l'heure des pains au chocolat qu'on croque en fin d'après-midi, à l'heure de l'espresso qu'il avale bien trop vite, comme pour être sûr ne pas perdre une seule minute.

Ouvrir un nouveau restaurant n'était pas forcément une bonne idée, il en pèse enfin la fatigue, il en pèse enfin la charge, comprend qu'il avait déjà de la chance, avec son Jazzbab par quartier. Bien plus de chance que ce qu'il n'aurait jamais osé espérer, gamin, le nez dans les buissons de rose, à l'arrière du jardin fané. Il aurait aimé y planter ses oreilles, le long des ronces, il aurait aimé oublier tout, simplement. La charge des parents, la charge des enfants, qui n'étaient pas les siens mais du fil des Moires semblaient l'être devenus. Il avait la fatigue tenace, Maverick, et les rares sourires qui lui échappaient se consacraient aux pétales soigneusement entretenues, et aux odeurs dans la cuisine. Nourrir les autres m'a toujours fait du bien. Il y songe de plus en plus ces temps-ci, sans trop savoir ni pourquoi il aimait tant ça, ni pourquoi le temps lui apporte des canoës de nostalgie, noie ses digues sous toujours plus d'anxiété. Ce n'est même pas un anniversaire particulier, cette semaine. L'été a pris fin, et dans la mort de ses teintes orangées, les souvenirs d'antan, les premières mémoires, se sont noyés. L'automne a posé sa cape entière sur la ville, l'inondant de pourpre et d'un orange bien plus terne. L'hiver sera bientôt là, et Maverick se dit que peut-être que les gens sortiront moins dîner, qu'il aura plus de temps pour se balader, pour boire des cafés allongés, ou bien même pour lire, tout simplement. Le pas de course, essoufflé, toujours. Sans même avoir fait de jogging récemment.

Mais la nostalgie est là, bien prégnante, elle se répand en veines insidieuses dans tout son corps, sans qu'il puisse y couper court, ne comprenant même pas d'où elle vient. Il n'a pas revu de photo, il n'a pas réfléchi à la pas si tendre enfance, il n'a même pas appelé ses frangins cette semaine. Pourtant, comme un miroir qui dévoilerait l'image sépia, elle est là, sous ses yeux, lui souffle des envies curieuses à l'oreille. Et si j'allais à Coney Island ? Terre promise, El Dorado s'il en était bien un, lattes qui crisseront sous les semelles, mouettes qui gueuleront aux oreilles. Nyx entame son ballet, elle compte les temps et chacun de ses pas à lui est une percussion de plus pour faire avancer la symphonie de la nuit. Il secoue la tête en marchant, regrette de ne pas avoir mis de vêtements plus chauds, regrette surtout de s'être laissé aller à une envie si soudaine, si inexpliquée, comme si elle lui avait été murmurée par un de ces fichus démons qui s'amusaient à tournoyer autour de lui ces temps-ci. Tu as l'air distrait lui avait soufflé Nahéma au coeur d'or, et il avait juste hoché la tête ; il n'était pas bien de la contester quand elle avait raison. Il avait la tête en l'air, ces temps-ci, et pourtant aucune mémoire de la forme des nuages ni des constellations qui s'esquissaient sur les broderies sombres. Et Coney Island avait surgi de nulle part, comme une pièce de puzzle grappillée sans trop en comprendre les angles ; l'endroit n'était jamais vide, après tout, et c'est en dépassant les couples qui, mains enlacées, rêvaient à leur bonne fortune, que Maverick avait saisi du regard un bout de la sienne. Silhouette inoubliable, lèvres dont il portait l'empreinte bien des années après, le regard qui s'était encré, véritable tatouage à même l'iris.

Un frisson, sans savoir s'il est dû au froid ou aux mille questions ; comment réagira-t-il, doit-il lui parler, lui serrer la main ou bien lui faire la bise ? Il imagine la brise du frottement de leurs pommettes, et ça lui secoue l'estomac, mais les pas ont tranché, il est bien près, s'incline à peine. "Milas, c'est toi ?" Question ridicule ; je le sais déjà. "Ouah... je... j'savais pas que tu serais dans le coin, enfin tu t'en doutes je suppose mais... Ouais, ça fait sacrément bizarre euh... Ça va ?" Il lui tend une main, se risque à la glisser trop près de sa paume, trop longtemps sur sa paume, et puis les joues s'embrasent alors que la voûte s'éteint.
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(OOTD) Le temps fait bien les choses, combien de fois avait-il entendu cette phrase se répéter dans la bouche condescendante de ses amis ? Mais le temps ne fait jamais rien aux coeurs qui se brisent, bien au contraire. Le temps les laisse se mourir chaque jour un peu plus jusqu'à complètement disparaître. Beaucoup laisse les sentiment s'éteindre quitte à oublier ce qu'ils étaient avant que tout ne s'arrête. Pas moi, qu'il répétait à outrance, lui aussi. Pas moi, ferme intention de prouver au temps qu'il n'aura jamais raison de ce qu'il ressentait, de ce qu'il ressent toujours. Déferlante d'amour et de regret qu'il noie chaque vendredi un peu plus en se pointant ici, désespoir de cause. Croire qu'il surgira dans la pénombre pour le sauver, le rallumer. Coeur éteint, oui, mais pas mort. Les sentiments demeurent, tant pis pour le reste. En attendant ses pas, comme une vieille ritournelle, un morceau dont on a oublié les paroles mais dont on se souvient encore de l'air. Je n'abandonne pas, une promesse faite au silence des nuits solitaires et sans affect. Les gens sont venus et repartis dans sa vie comme beaucoup d'autres après lui. Simples voyageurs indistincts, qui posaient parfois leur valise pour une semaine ou deux avant de s'en aller. Montagne impossible à gravir, car nul autre n'avait vraiment su le conquérir comme lui l'avait si bien fait.
Il se meurt, Milas.
Chaque vendredi un peu plus alors que la nuit s'enfonce, que la lune poursuit sa route et que le temps lui échappe. Un jour peut-être, il baissera les bras, s'en retournera à sa vie d'avant et son bonheur d'antan. Il existait un avant mais il n'existe pas d'après. Fatalement, c'est cette unique certitude qui le pousse à revenir ici, chaque semaine. Il offre corps et coeur à la mer, aux éléments. Tant pis pour la bourrasque, tant pis pour la pluie. Demain je serai sans doute malade mais demain lui paraît si loin et incertain. Ici, il n'y a que le passé qui compte, celui-là même qu'il avait rencontré des années plus tôt et dont il ne se défait toujours pas. Alors quand brusquement cette voix si familière l'étreint, il sursaute à peine. Prière exaucée au détour d'un rendez-vous manqué. Quand il tourne la tête et le reconnaît, c'est le monde entier qui s'ouvre en deux et l'avale. Il manque un battement, une respiration. Salive qu'il peine à avaler alors qu'enfin le souhait se réalise. Les yeux se conjuguent une seconde, puis deux... et le temps reprend enfin sa course. Ricky... qu'il s'entend prononcer, comme autrefois. Sobriquet tendre, diminutif qui lui appartenait et lui appartient toujours. Combien d'années sans prononcer ces cinq lettres ? J'en sais plus rien, tout bon sens le quitte. Que fait-on lorsqu'on se retrouve face à celui qu'on croyait ne plus jamais revoir ? Il voudrait une notice pour comprendre, tendre la main pour serrer la sienne sans savoir que s'il s'écoutait, il se jetterait sans doute à ses lèvres. Corps perdu, coeur amoché mais toujours vivant. Il esquisse un sourire sans trop savoir s'il doit s'en réjouir ou non. Une main qui glisse sur ses cheveux trempés. Je... oui, ça va. J'imaginais pas te rencontrer ici. faux, archi faux. A dire vrai, il l'espérait tous les vendredis. Combien de jours, combien de nuits ? Il retient son souffle, incapable de réfléchir sans perdre le flot de ses pensées. La mer se crève à ses pieds mais il se sent renaître. Putain... c'est fou. Comment... comment tu vas ? les mots lui manquent, les lèvres tremblent et le derme se crispe. Il avait préparé ces retrouvailles un milliard de fois mais vient d'oublier tout de ce qu'il voulait lui dire. Je t'aime, ça suffirait mais après si longtemps, ça paraît déplacé.
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(OOTD) Il marque un instant, Maverick, bien après avoir soufflé le prénom. Il n'est pas sûr, tout à coup, et puis si, son coeur s'emballe, les années ont passé mais les regards se reconnaissent, pas besoin d'un échange de pièces d'identités, d'une vérification de secret ou de marques de naissance qu'eux seuls peuvent connaître, ou du moins se rappeler. Vents qui soufflent, portent avec eux le zéphyr et en même temps le surnom, le prénom raccourci. Ils sont nombreux à l'appeler comme ça, Ricky, mais dans sa bouche à lui, tout prend un autre sens, tout revêt la plus belle importance. Les gouttelettes s'écrasent dans l'eau mais il n'y a plus d'ondée. Le monde entier est figé, la cité retient son souffle. Puis elle expire tout d'un coup, gros coup de vent qui emporte avec lui de nombreuses idées, des mots qu'ils n'ont pas pu se dire et qui reviennent ; mais ce n'est pas grave, il en reste encore des milliers.

Est-ce qu'il pleut beaucoup plus fort, tout à coup ?

Ou est-ce que c'est mon coeur tout entier qui s'est mis à pleurer ?


Qu'en est-il de nos serments, Maverick aimerait lui demander ; qu'en est-il des promesses d'éternité, de tous les baisers à l'infinité, est-ce que tu te souviens de ça, est-ce qu'il reste dans un coin de ta cage thoracique une partie de ton coeur qui bat avec le mien ? Les sourires se croisent, lames d'escrimes, et les mots s'entremêlent, le cuisinier bégaie, bredouille, ne s'en sort pas, lui aussi a les cheveux mouillés, et une goutte s'échappe, va de ses mèches à celles du vestige de son passé. Il est beau, il aimerait lui dire, trempé ou sec, il est beau, il s'en doute, il ne l'a pas vu séché depuis des années, mais même là il l'imagine resplendissant. Muse perdue et égarée dans le temps qui s'est égréné, Maverick cligne des yeux plusieurs fois, tente de faire le distingo entre l'onirisme et la réalité, mais à chaque fois la naïade est là, sous ses yeux, sa naïade à lui, son hydre à lui. "Je... ouais, j'passe pas par là d'habitude, mais..."

Mais quoi, finalement ? Aujourd'hui, il s'était dit qu'avec la tempête qui s'annonçait, il n'y avait que peu d'intérêt à faire un détour exprès pour éviter leurs souvenirs, et il en avait envie aussi. Il y avait si peu de chances de le croiser, finalement... Où il est, mon ange gardien, j'ai les numéros du loto à lui demander ? Il sourit bêtement à cette pensée, s'assoit à côté, non, le long de Milas, son roi doré à lui, à une lettre près, et leurs jambes se touchent sans qu'il le relève. C'est trop tôt, pas vrai ? Pourtant il ne s'écarte pas, laisse leurs tissus s'imbiber des mêmes gouttes de pluie, pendant que leurs yeux s'accrochent de nouveau. "J'vais bien... Ouais, très bien même. Je... j'cuisine, maintenant, j'travaille en cuisine, enfin... J'suis le chef, mais tu vois, quoi ?" Il se passe une main derrière la tête, un peu gêné. N'ose pas se vanter, ne veut pas être ce genre de type-là à ses yeux à lui. Même si tu connais ma vérité, même si tu connais toutes mes vérités. "J'ai adopté deux chiens. Même portée, femelle et mâle, deux amours. Nótt et Dag, nuit et jour, mais tu l'sais déjà et... Ouais, j'les aime, j'en parle tout le temps. Et... Et toi ? T'aimes quoi maintenant ?" Question stupide, il le sait, mais il ne veut pas montrer qu'il doute, qu'il patauge, dans leur mare improvisée, sans bottes ; alors il se décale un peu, et en plus des jambes ce sont leurs épaules qui se touchent maintenant, drôle d'assemblage qui lui donne le sourire, un sourire que même la pluie ne vient pas faire pleurer.
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(OOTD) Le sourire est sincère bien que le regard soit interrogatif. Est-ce réel ou suis-je simplement en train de rêver ? Les questions se succèdent dans l'esprit aussi embrumé que le temps du jeune Milas. Les orbes ne se quittent plus, elles ont commencé une danse qu'elles sont les seules à savoir interpréter comme il le faut. Quant à lui, il reste assis sans broncher, se contentant d'admirer de toute sa hauteur le trésor tant attendu, tant convoité. Est-ce que tu m'as cherché, toi aussi ? Car Milas a passé cette dernière décennie à attendre cet instant précis. Celui où son corps retrouverait enfin le sien. C'est comme rentrer à la maison mais le temps a fait son effet. Les murs ne sont plus les mêmes, la décoration a changé même si les fondations sont toujours présentes. Qui es-tu aujourd'hui ? La question l'effleure même s'il a une vague idée du parcours de Ricky pour l'avoir cherché sur la toile. A l'air des réseaux sociaux, il est difficile de résister à l'appel vicieux du voyeurisme.. rien d'étonnant à ce que Milas ait suivi de loin la carrière de l'homme qui rougit à leur retrouvaille mais qui prend quand même la peine de s'assoir près de lui. Une proximité qui l'étouffe, quasiment... les sentiments qui lui remontent à la gorge et le souvenir de toutes ces années complètement dépossédé de ce qu'il était, marginalisé presque. Ricky avait été le seul à le voir, l'entendre, lui parler. Il avait été le dernier à l'aimer, également, exactement comme il l'avait toujours espéré.
Et puis stop... merde,
tout s'était arrêté et plus rien n'existait vraiment.
Après toutes ces années, reste-t-il encore une chance ? Milas s'y était accroché, c'est vrai. Tous les vendredis, comme une routine bien écrite, il était là, assis sur ses planches à observer la nuit se refléter sur les vagues. Le coeur serré, l'estomac retourné. Viendra-t-il un jour jusqu'à moi ? Il l'avait suivi de loin, avait vu son ascension et s'était surpris à être fier de lui. Pourquoi... puisqu'ils n'étaient même plus amants. Quand il avait compris que Ricky était revenu à New York et qu'il n'avait pas même essayé de le recontacter, sans doute qu'il aurait dû abandonner. Ce soir, il se félicite du contraire lorsque le jeune restaurateur s'installe près de lui. Jambes qui se frôlent dans un silence discret. Les joues qui rougissent mais sous la pluie, ça ne se remarque qu'à peine. Deux adolescents qui font à nouveau connaissance. Milas est aux anges. Oui, je vois. bien sûr qu'il voit, il sait. Le Jazzbab, il en a entendu parler. Combien de fois était-il passé devant l'une des devantures à s'interroger sur le fait d'y entrer ou non. Forcer le destin, il n'y croyait pas. Les choses sont ce qu'elles sont et si Ricky n'était pas revenu vers lui, alors mieux valait tenir la distance. C'est super, je suis ravi pour toi. qu'il ajoute en souriant, de manière toute aussi sincère que possible. Pourtant, il y a cette nostalgie qui lui déboîte le coeur. Moi je t'attends depuis toujours, et toi ? C'est ce qu'il rêve de demander mais déjà Ricky enquille sur le reste. Lui parle de ses chiens dans une langue qu'il connait par coeur. Il rigole un peu. C'est génial ça, j'ai un chien moi aussi.. Odin. qu'il dit en tournant alors la tête pour la première fois. Les épaules se touchent, contact grisant, c'est vrai. Il sent les mèches qui collent à son front et tout son corps lui hurle de s'en aller. Tu vas tomber malade mais il s'en moque. Tous les virus du monde ne vaudront jamais cet instant hors du temps qu'il est en train de vivre. Je t'ai attendu si longtemps. Je suis soigneur animalier au zoo de Central Park, j'habite à Brooklyn avec Odin... dans un loft que j'ai complètement réaménagé. il en parle avec fierté, c'est vrai. C'est qu'il est heureux de ce qu'il a construit en déca de tout ce qu'il a perdu le jour où Ricky s'en est allé. T'as vu, j'ai survécu malgré toi... il tourne à nouveau la tête, plonge ses yeux dans ceux de son ami. J'ai... j'ai suivi ton parcours tu sais. De loin... je sais quand tu es rentré et je sais depuis quand tu n'as jamais cherché à me retrouver, mais ça, il préfère ne pas le dire.
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(OOTD) C'est curieux, Coney Island sous une pluie grise. On dirait une vieille photographie, un de ces dessins tracés dans le grès à l'aide d'un burin. On dirait aussi une esquisse à la plume, encre de jais sublime ; ou bien une peinture à l'aquarelle, aux nuances bien trop diluées. On dirait un film en noir et blanc, et en même temps des vers d'un poème oublié par le temps. On dirait tout et rien, et c'est ce qui rend l'instant si joli ; parce qu'il s'agit d'eux. Maverick s'était longtemps détesté, de ne pas avoir pleuré plus longtemps, mais il y avait déjà eu les premières injonctions paternelles, puis celles des nouveaux amis ; sois plus fort, sois plus dur, t'es un homme, arrête de chialer maintenant. Les larmes avaient commencé à se tarir d'elles-mêmes, parce qu'il voulait être bien, qu'il voulait épouser cette nouvelle vie, sincèrement, parce qu'avec le nouveau travail du père, peut-être que ça allait s'arranger, peut-être qu'il allait vraiment se prendre en main, s'occuper des enfants. Ils étaient nombreux, déjà, et apparemment les responsabilités avaient étranglé le projet entier. Il avait perdu son travail, gagné une main franche pour nombre de bouteilles pas chères, et les nuages noirs étaient revenus dans la maison. Nuages gris, cieux d'orages, tempêtes régulières, mais jamais Milas et son parapluie. Avec le temps, il s'était persuadé qu'il fallait l'oublier. qu'il fallait cesser d'écrire son prénom au Bic bleu sur la peau. Qu'il fallait, à chaque fois qu'il pensait à son nom, à ses baisers, à ses caresses, à sa douceur, retenir sa respiration, attendre que le coeur se calme. Et le coeur ne s'était jamais calmé, mais il y avait eu trop à faire pour vraiment réfléchir aux nuits qui le hantaient. Bras contre bras, jambe contre jambe, déjà belle sculpture de marbre, et c'est comme ça que Coney Island devenait curieuse, sous une pluie grise.

Milas sourit, Milas rigole doucement, malgré la pluie, malgré le temps qui les avaient séparé. Milas évoque Odin, et c'est Maverick qui sourit, Maverick qui rigole doucement. "C'est joli, Odin." Syllabe qui glisse sur la langue, du bout des lèvres, et il tourne la tête, plonge son regard à la surface du profil de l'amant qu'il avait tant réclamé, se demande si les papillons finissent un jour par cesser de battre des ailes, si l'azur redevient bleu, si les flammes peuvent aussi s'éteindre d'elles-même. Il écoute, patiemment, ponctue chaque phrase d'un sourire, hésite pendant quelques instants à basculer dans le temps. À poser ma tête sur ton épaule, en t'écoutant parler. À sentir le vibrato de la voix se répercuter sous la peau ; et puis finalement, se dit qu'il a fait assez de mal comme ça, en disparaissant, alors il reste droit, s'accorde juste le luxe d'une main sur sa cuisse qui déborde à peine sur celle de Milas, bien innocemment. Le coeur qui s'emballe, sans savoir si c'est le contact épidermique ou bien la phrase qu'il vient de prononcer, le soigneur.

Que ça lui va bien, ce métier, d'ailleurs ! Maverick se souvient, nuit lointaine, confessions sur un lit de paille ou bien était-ce de l'herbe séchée, quelque part qui n'appartenait qu'à eux. Les sentiments déjà trop nombreux, la crainte d'être toujours la fleur la plus fragile d'un jardin flamboyant. Il avait articulé, doucement. Si mon coeur est un fauve, est-ce que tu peux m'aider à l'apprivoiser ? "Je... C'est vraiment gentil. Tu sais, tu m'as beaucoup manqué, tout le long, à Phoenix et..." Il se tait, dix secondes, et autant de gouttes de pluie, sept sur les joues, deux sur le nez, une sur la bouche, tête dressée vers le ciel. "Je pensais tout le temps à toi, c'était difficile. J'ai pas osé te chercher quand je suis revenu. Mais... J'suis heureux, t'as l'air heureux. C'est pas très clair, c'que je te dis, hein ?" Il rigole doucement, se lèche les lèvres, aspire un peu de buée. "T'es mon premier amour, Milas. J'espère que tous les animaux de Central Park le savent, parce que c'était une sacrée histoire, nous."
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(OOTD) Une confession nocturne, offerte autant à la lune qu'à l'homme qui s'installe près de lui. Cet homme, celui qu'il n'a jamais oublié. Le premier à avoir su, un jour, lui apporter un rien de sérénité. Dans un monde au mouvement perpétuel, Maverick était apparu comme catalyseur. Là où tout le poussait à se sentir différent et marginal, le Rick caressait les mèches rebelles de ses cheveux épars en lui répétant qu'il était unique. Rien de moins, rien de plus. Ta singularité est la plus belle de tes qualités, ça résonnait encore en lui, parfois. Lorsque la pénombre était grandissante et étouffante, lorsqu'il sentait la flamme parfois vaciller, il fermait les yeux et les ouvrait sur leurs coeurs adolescents. Ceux qui apprenaient tout juste à aimer et à se faire confiance. Ma singularité, c'est toi, c'est tout ce qu'il trouvait toujours à lui répondre. Conscient et persuadé que la lumière s'éteindrait dès que Maverick disparaîtrait.
Et ça avait été le cas, putain.
Douleur continue et lancinante, comme un membre qu'on vous arrache sans même prendre la peine de vous endormir. On avait tiré sur son corps, sur son coeur... les kilomètres avalés par la famille Bishop avaient été autant de temps qu'il avait fallu à Milas pour se sentir dépossédé de ce qu'il avait de plus cher. Les yeux de son amant qui s'étaient fermés sur lui et la vie qui avait repris sa course, le laissant pantois, un membre en moins. Tu sais à quel point ça a été difficile, après toi ? Bien sûr que non, puisque jamais plus Milas n'avait cherché à le contacter. Il est parti, il se l'était répété en boucle, même lorsqu'il avait vu l'homme revenir dans la Grande Pomme. Même lorsqu'il avait suivi ses projets sur la toile, qu'il s'y était intéressé et qu'il s'était surpris à apprécier. La cuisine, c'était ce qu'il faisait aujourd'hui, bien loin de l'adolescent dont Milas se souvient pourtant. A l'époque, il n'y avait qu'eux, la nature et le silence de leurs échanges. Des premiers baisers, des premières caresses et le sentiment d'appartenir enfin à quelque chose de plus grand. Ma singularité s'est effacée en même temps que toi, alors coeur mou, il s'était laissé porter par les autres sans s'interroger. Faisant du mieux qu'il pouvait pour se trouver un nouvel objectif et s'y concentrer. Lorsque Maverick répète le nom du chien, il sent son coeur se serrer. Sa voix lui manquait. As-tu idée à quel point le timbre de ta voix m'avait manqué ? Non, bien sûr, on n'imagine pas ça possible jusqu'à ce que ça nous arrive. Les détails les plus infimes avaient relevés de l'importance la plus capitale. La tâche de rousseur sur la nuque ou le grain de beauté sur l'épaule étaient devenus source d'obsession. Milas n'avait jamais oublié, aveu à peine voilé, mais avait conservé toute la distance du monde pour ne pas s'imposer. Alors quand l'homme glisse sa main sur sa propre cuisse et que son doigt frôle celle du soigneur, bien sûr que le temps se fige et que le souffle lui manque. Il détourne les yeux aux paroles que tient Maverick, sentant le fossé l'avaler au fur et à mesure des confessions. La légèreté des propos lui file le vertige et pourtant, c'est une réalité qui le transperce. Il le laisse finir, poliment, se sent même un peu rougir lorsqu'il tourne la tête vers lui. Je viens ici tous les vendredis soirs depuis que tu es parti. c'est pas la meilleure chose à dire, n'est-ce pas ? Aveu de faiblesse, vulnérabilité exposée, explosée. Il ne sourit pas, se contente juste de tourner la tête pour plonger ses orbes dans celles de son interlocuteur. T'as le sentiment que je vais bien et sans doute que c'est le cas... tu parles de nous comme si l'histoire ne nous appartenait plus mais moi, je viens ici tous les vendredis soir depuis que t'es parti. le ton est un peu sec, c'est vrai. T'es mon premier amour, ça donne le sentiment qu'il en a connu d'autres ensuite, qu'il en connait d'autres. Ego touché, fragilisé. Il se détache un peu, pousse même sur ses bras pour se relever, attraper une cigarette et la glisser entre ses lèvres. T'es mon seul amour, Ricky. Sans doute que la subtilité t'échappe mais elle fait toute la différence. crève-coeur, c'est vrai, d'avoir à admettre qu'il n'a jamais su passer à autre chose quand lui s'est sans doute autorisé à en aimer un autre.
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   @Milas Hansen  


(OOTD) Les phalanges se chevaucheraient presque, s'il laissait libre court à ses instincts. Ça avait toujours été Milas, son instinct. Dans la nuit, dans le jour. Dans le vent, sous le soleil. En glissant sur la glace, en se brûlant dans le feu. Mon corps s'est verrouillé, porte l'empreinte du tien comme une clef. Les lèvres avaient eu du mal à s'ouvrir, serrures trop bien affûtées. Les mots et les fausses promesses n'avaient aucune saveur, et ça avait été trop salé pour le cuisinier, à l'image de ses larmes. On lui avait promis une nouvelle vie, et il n'avait eu que des bribes de l'ancienne. Encore plus de temps à consacrer aux autres. encore plus de temps à fuir les gamins de son âge, qui lui donnaient des surnoms blessants, lui jetaient tout ce qui passait près de leurs mains, automates à destruction de l'âme. Et moi je pouvais juste sourire, ou m'enfuir. Penser à toi, penser à nous. Rêver de Coney Island et d'une barbapapa à la rose. Il n'ose pas lui dire, d'ailleurs, que ça avait été son projet d'étude, l'étape qui l'avait envoyé dans la cour des grands. Que de l'épreuve sucrée il avait fait germer leur enfant, les nuages collants et duveteux de Milas, les fleurs si douces de Maverick. Ça avait eu du succès, ils s'en étaient léchés les doigts, et pendant quelques secondes, Ricky s'était cru à Coney Island, gamin. Loin de toutes les inquiétudes, loin de toutes les marées sombres qui venaient caper son âme, la rendant trop lourde. Bien plus lourde qu'une plume, bien plus lourde que de la barbapapa à la rose, en tout cas.

Et le monde s'émiette, s'écroule en larges plaques, elles sont tectoniques et atomiques, elles chamboulent le rythme de la Terre sous les pieds agités du cuisinier. Il cesse de battre la jambe libre, cesse de l'accorder à son myocarde, se contente de rester fixe, les yeux dans le vague. Je t'ai fait du mal. Il était dur de s'en rendre compte, encore plus dur de le reconnaître, la pilule ne passe pas, même si elle est colorée, même si on l'enduit de confiture, il reste mutique, n'ose même plus penser, se contente de laisser l'amoureux dérouler son tapis rouge, certain que quand il se relèvera, il se prendra les pieds dans un pli, se cassera magistralement la gueule. Et puis Milas se tait sur une dernière confession, a transformé du bout de la langue le coeur de Maverick en du plomb, et il s'humecte furieusement les lèvres, cherche quoi répondre, en vain. Ouvre la bouche trois fois, n'en sort aucune onde, pas même de quoi agiter les flots. Ne permet pas à sa main de bouger les doigts, de faire se frôler les pulpes ; non, il ne veut pas que sur le dépotoir de ses sentiments on jette une essence qu'on allumera pour tout faire carboniser. Il se mord les lippes. Articule enfin. "C'est faux de penser que ça nous a appartenu. J'étais un gamin, toi aussi. Mes parents décidaient. Il y avait ma famille. Je ne pouvais pas..." Voix qui se brise comme une vaguelette sur leur récif, sur leur récit. Il aimerait lui dire que la vie n'avait pas été plus belle, qu'il n'avait pas trouvé l'El Dorado, mais il se tait, a peur d'envenimer les choses. Sent le torse de l'autre se gonfler, se vider, il entendrait presque son palpitant à travers la chair et les os, est sûr d'en retrouver les tonalités même au coeur d'une rave party. Certaines implosions des sens ne s'oublient pas. Jamais. "Tu sais que je ne mérite pas le mauvais rôle." La voix est douce, la main s'est posée sur la jambe voisine, finalement. "Je n'avais pas le choix. Et... Je ne suis pas tombé amoureux depuis. Désolé que tu aies pu croire le contraire. Je n'ai jamais voulu te faire du mal. Je n'ai jamais voulu que tu viennes là me pleurer tous les vendredis."
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(OOTD) Qu'ils ont l'air bête l'un à côté de l'autre... si proches et pourtant à mille lieues de se retrouver. Milas n'est pas dupe, il l'a toujours su. Venir ici n'était qu'un premier échelon posé, il faudrait surmonter les autres obstacles que la vie leur imposerait. Le temps est un couillon qui ne s'allie pas à vos peines, bien au contraire. Il les accumule, les fait même croître en se tordant de rire à l'idée du temps qu'il faudra pour démêler les noeuds qui se seront formés. Combien de printemps déjà ? Il ne les compte même plus Milas, à dire vrai. Il a oublié, comme il a oublié à quel point il n'était pas prêt pour tout ça... venir ici, c'était m'accrocher à l'espoir de ton retour. Maintenant que c'est le cas, qu'est-ce qu'il lui reste ? Atteindre à ses rêves, c'est utopiste mais lorsque ça arrive, qu'est-ce qui nous fait vibrer ensuite ? Je n'avais que ça pour habiller mes soirées d'hiver, mais si l'heureux élu réapparaît, alors de quoi pourra bien se parer Milas désormais sinon de rancoeur et d'amertume.
Deux sentiments dont il se fait le propre représentant lorsqu'il reprend la parole, brise le silence à renforts de reproches et de cynisme. Je t'ai attendu, c'est ce qu'il veut dire. J'ai espéré, c'est ce qu'il sous-entend. Il sait bien que dans cette partie truquée, il n'y a ni vainqueur, ni perdant... il ne sait même pas si Maverick s'est donné le droit d'aimer à nouveau comme ils s'étaient aimés. Aimer comme des enfants, des ados, aimer comme si demain n'existait pas et qu'hier n'était déjà plus qu'un souvenir. Aimer à en crever, c'était ce qu'ils partageaient. Et maintenant ? Le silence les enveloppe de nouveau, Milas détourne les yeux pour ne pas avoir à lire dans ceux de son interlocuteur tout ce qu'il n'oserait pas lui répondre. Il laisse le temps s'imposer à nouveau, entre eux, comme il l'avait déjà si bien fait avant. On s'est quitté ados, on se retrouve adulte, mais l'âge n'a pas d'importance lorsqu'il s'agit du coeur. Les premiers mots de Ricky lui rappelle l'égoïsme dont il a fait preuve, toutes ces années. Je t'ai attendu, c'est vrai, mais qui le lui a demandé, au fond ? Pas même une promesse échangée avant les adieux, pas même une lettre écrite ou un sort scellé. Adieu, c'est tout. Chacun à sa vie, chacun à son avenir. Il évoque sa famille et Milas sent son coeur manquer un battement. On a toujours le choix. il se contente de répondre, sans en penser le moindre mot. A cet âge là, qu'aurait-il pu faire ? Il le sait et pourtant, son coeur s'engonce d'égoïsme.. t'aurais dû me choisir moi, mais il ne l'avait pas fait. Les mots qui suivent sont plus tendres, moins lourds. L'homme pose même une main sur sa cuisse et le coeur de givre se réchauffe doucement. Il ferme les yeux, sans trop savoir comment réagir. Le contact est d'une douleur inconcevable. Je t'ai attendu, c'est vrai, j'ai espéré, mais avec le temps, il avait arrêté d'y croire. La nuance est subtile mais réelle... et maintenant ? Lorsqu'on atteint le bout du chemin, qu'est-ce qu'on y trouve ? Ni méchant ni gentil... il dit, sans grande conviction. Tu n'es pas responsable de mes errances, pas plus que tu n'es responsable de mes rendez-vous hebdomadaires avec cet mer d'absence. il souffle, doucement. L'air qui s'emplit, se vide. Je ne suis pas tombé amoureux, c'est ce qu'il rêvait d'entendre et pourtant, il ne ressent qu'une chaleur diffuse mais faible lui traverser le coeur. Je t'aime encore, c'est ce qu'il aurait voulu que cette phrase sous-entende. Je ne suis pas tombé amoureux non plus... il tourne la tête, plonge ses yeux dans ceux de Ricky sans sourire. depuis toi.
Le silence.
Les vagues qui s'écrasent
Le temps qui s'étiole.
Les coeurs qui se brisent et se réparent.
Le silence.
Un sourire bref, une tête qui tourne et un regard qui se plante dans l'horizon. Qu'est-ce que ça fait de nous, Ricky ? et une simple question déposée comme une goutte de rosée sur une feuille trop fine pour en supporter le poids.
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(OOTD) Esprits esseulés, fantômes amoureux qui s'étaient perdus dans les vestiges du temps qui avait passé. L'un avait traîné sa peine comme un boulet, et Maverick le découvrait à peine, et pourtant des pieds il aurait pu frôler les sillages laissés dans le sol humide. Combien de soirs, le banc avait-il vu Milas soupirer, rêver d'un temps où les nuages gris se perdaient derrière un amas de boucle ? Combien d'échardes les doigts avaient-ils caressées, alors qu'ils auraient pu être sauvés par une main voisine, une main accrochée, une main mêlée ? Et combien de passants étaient passés, le coeur lourd d'une journée morne, avaient vu ce type, seul au monde, le long du récif de Coney Island, et avait repris le chemin un peu plus gais, soulagés de ne pas souffrir autant que ce gars-là ? Beaucoup trop. Certains chiffres ne se prêtaient pas à des équations mathématiques sans fin, et puis Ricky avait le cerveau formaté à détester tout ce qui ressemblait de près ou de loin à des inconnues incalculées ; lui, les inconnus, il les contentait, du bout des papilles, sans jamais offrir pour autre morceau de son âme que ces recettes insensées, provocatrices. Il leur offrait un bout de son âme, la sensibilité sous forme d'escalope, ou bien même une larme ou deux transformées en raviolis revisités. Et ils repartaient, le compte allégé, le ventre bien trop rempli, remerciaient ou fustigeaient, critiquaient ou s'extasiaient. Les jours passaient, les chaises grinçaient, les cuisines se parfumaient, et puis il propulsait de plus en plus de monde à l'extase. Pendant ce temps, Milas souffrait.

Il n'y avait jamais réfléchi. N'avait jamais pris le temps d'analyser la recette entière, de se rendre compte combien il aurait été audacieux de penser que le gamin passionné d'autrefois l'aurait oublié. Ç'aurait été illogique, dramatique, le monde aurait perdu deux de ses plus beaux amants. Et pourtant, lui avait réussi à mettre de côté. Les premiers mois - non, les premières années, il avait pensé à lui, tout le temps, partout. Dans le creux de ses mains, fantasme lointain, et dans les plus profonds de ses songes. Et il avait pleuré, avait voulu hurler au monde combien la défaite était cruelle, combien il souffrait, lui qui avait toujours voulu épargner à ses pairs la douleur de pareille tragédie. On l'avait calmé, chassé, d'un coup de main, d'une moquerie, on lui avait rappelé son rôle. Parfait petit choriste bien en place, pivot pour le reste de l'équipe. On lui avait répété que c'était une histoire d'amour entre gamins, qu'il oublierait. Il n'avait pas oublié. Il avait appris à mettre de côté. À faire comme s'il avait oublié, pour ne plus morfler.
Pendant ce temps, Milas souffrait.

Les secondes s'écoulent, l'écume fuit la tempête qui pourrait naître de deux coeurs orageux, autrefois jumeaux, désormais opposés. Maverick n'a jamais voulu être le méchant, ni le gentil. Il avait voulu être tien, il avait voulu que tu ne m'oublie jamais, Milas. Et à présent, il restait les certitudes, les voeux accomplis. Ils étaient deux, unis, brisés. Ils étaient deux, jamais oubliés. "Je ne sais pas." C'est sorti seul. Il n'a pas les bons mots, pas les bons serments. Ne veut pas glisser un mauvais mot, le voir partir. "Tu te rappelles quand tu m'as embrassé, ici ?" Ici, c'est l'artère qui pulse sous le cou, marque rosée pendant des jours, sa signature. Ici, c'est le banc voisin. Il y avait les vagues, déjà. Il y avait la grande roue. Il y avait la pesanteur, pendant qu'eux s'envolaient, défiant toutes les règles. "Je ne sais pas ce qu'on est. Qu'est-ce que tu voudrais qu'on soit, exactement ?" Il se mord l'intérieur de la joue, c'est une question stupide, il le sait. Il pose sa tête sur l'épaule de Milas, inspire un peu de son odeur, pivote, nez contre mâchoire. C'est intime, terriblement intime. Mais ils sont bien plus que ça. Ils ont été la création, le renouveau. L'air qui gonfle les poumons, qui sauve de la pollution new-yorkaise. La flamme qui ranime. L'eau qui emporte les soucis. "Tu m'as manqué, Milas. vraiment. Je... j'sais pas ce qu'on est, j'sais pas ce qu'on sera, j'veux pas te perdre à nouveau, et j'sais, c'est con, et j'sais, j'parle trop, mais... Prenons le temps. Mais t'en va pas. Jamais. S'il te plaît."
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