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((animaux fragiles)) lieb

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Climat détesté, tempêtes qui s'acharnent en ville et dans la cage thoracique. Le coeur qui s'emballe promptement ces derniers jours, se donne des pulsions, des envies incontrôlées. Psychiatre consulté à la va-vite, séance éclair, comme pour se donner le premier pas, comme pour affirmer qu'il était temps que cette roue cesse. Fin du chagrin, fin de l'apathie, désormais il était temps d'enchaîner, de prêter serment à de nouvelles divinités. Colère qui gronde, par vagues immenses, intenses, prêtes à noyer les cités toutes entières. Et derrière elle, sentiment de culpabilité, étrange trace comme si le myocarde devenait mandala carmin sur les pulls blancs. On n'aurait jamais dû se revoir. Ça aurait été le scénario idéal, sans doute, peut-être même que ça aurait allégé les balades forcées auquel l'héritier se prête, de plus en plus fréquemment, quittant son nid le temps de quelques lueurs. Silhouette au chargeur solaire bien contrariée quand ces derniers temps, par-dessus Hélios s'emmitoufle une cape de pluie, légères gouttes qui virent à l'irisé dans les flaques sur la route, mélangées au diesel qui s'est écoulé. Le temps est étincelant, le ciel fait mal aux yeux, et Barbie a pressé le pas depuis dix minutes déjà, maudissant tous les dieux de l'avoir conduit plus loin dans sa marche, aujourd'hui, de s'être arrêté à ce stand à smoothies, d'avoir voulu poinçonner sa vie de légères couleurs guillerettes ; comme si un foutu smoothie fraise concombre pouvait redonner aux derniers mois et à tous les prochains des palettes entières. Comme si la vie pouvait redevenir belle. comme si lui pouvait réapparaître, au bout d'une rue, lui faire face, regards croisés, bras emmêlés après le pas de course. Le temps du déni est fini. Seth ne sera pas dans les badauds qu'il croise, trouve trop bruyant, trop désarticulé, dans leurs mouvements qui n'auraient rien à envier aux personnages non joueurs les plus mal développés d'un jeu vidéo. Barbara a rouvert le placard, sous la télévision, dégainé une vieille console qui traînait là, souvenir d'enfance qu'il avait voulu réanimé d'un achat compulsif, il y a trois ans. Poussière chassée, et il s'était affalée sous plaids et univers fantaisistes ; ce n'est sans doute pas un comportement adulte, comme dirait maman, mais au moins je ne pense à rien, et c'était un luxe qu'il ne pouvait que rarement se permettre.

Groupes qui se forment et se déforment, bancs de poissons qu'il a appris à ignorer, ou du moins, c'est tout comme ; il se fraie son chemin dans les zéphyrs qui lui fouettent le visage, le vent est fort, et quand les buildings s'amenuisent, leur ombre ne lui cache plus la moindre lumière. Une étincelle, dans les yeux, et il tourne la tête. Tout se passe en dix battements de coeur, son souffle percute alors que ses mains évitent le choc, rattrapent le bras gauche de la silhouette qui s'élançait sur le bitume, le tirent violemment à lui. Narines qui s'imbibent d'une vieille odeur de vodka et de rhum, de cigare et de désespoir, effluve loser, son palpitant s'affole, tape contre les os, tape contre le derme, alors que sa voix est troublée, agitée par des flots elle aussi. "Est-ce que... tout va bien ?" Visages qui se font face, traits incertains qui deviennent prophétie quand il le reconnaît, tout à coup, qu'il marque un pas en arrière, décroche l'une de ses mains.

Lieb.
J'aurais mieux fait de le repousser sur la route, ce jour-là.
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(OOTD) N'est alcoolique que celui qui se réveille en noyant sa peine dans un premier verre d'alcool. Phrase longtemps répétée comme pour se convaincre que le problème n'existait pas encore. Lui se réveille au jus d'orange, boit sans doute même un ou deux cafés. S'il commence à boire, c'est toujours sur le coup des onze heures. Ce qui ne fait pas de moi un alcoolique, tout du moins, c'est ce qu'il aime à croire. Je n'ai pas de problèmes mais force lui est de constater, à bien des égards, qu'il oublie souvent le fil de ses pensées lorsqu'il se perd dans ses errances. En ville, il marche sans savoir où il va, souvent. Comme balloté par le vent, d'une vague à une autre, d'une épaule qui le bouscule à un pied qui le fait trébucher. Nimbé d'un contact flou, évoluant dans un univers parallèle. Là où la douleur s'en est allé, là où les souvenirs ne s'invitent plus.
Sans doute qu'il ne se réveille pas par un verre d'alcool mais le problème est là, bien réel. Démon pernicieux et vicieux, logé sur son épaule, qui lui susurre tentations et ordres au gré de ses envies. Bois, ça te fera oublier. C'est si simple, si facile. Depuis leur rencontre, le démon a passé la vitesse supérieure. Le souvenir de leur main qui se frôle demeure intact mais n'a plus lieu d'être dans cette nouvelle utopie. Bois, c'est plus facile pour ne pas y penser. Et il obéit, pantin désarticulé. On dit un pas après l'autre, le concernant, c'est toujours un verre après l'autre. Celui de onze heures le conduit irrémédiablement à celui de midi, puis à celui de treize heures et... ainsi va la vie. Si bien que peu importe la course du soleil, lui vit déjà dans la pénombre. Son regard qui s'accroche à son ombre, comme un rappel constant de ce qu'ils ont vécu, l'espace d'un instant. Tu m'as crevé, si tu ne le savais pas déjà mais au fond, il s'en moque. Unique responsable de ses propres maux, ses propres vices, Lieb fait du mieux qu'il peut.
Mais le mieux qu'il peut... c'est pas suffisant.
Le coeur en vrac, la vision altérée par le quatrième ou cinquième verres qu'il s'est enfilé, il s'engage sur ce qu'il croit être un passage piéton lorsque brusquement, on l'attire, on le tire... son corps tout entier se fait happer en arrière, son estomac s'écrase sur le bitume alors que son esprit, lui, chute immanquablement. Lorsque la terre cesse de trembler autour de lui, une voix brise l'absence de son et les yeux du chauffeur se lèvent sur son visage. Fruit d'une illusion ou réalité altérée ? Il lève une main vers la joue, la frôle comme pour se convaincre qu'il ne rêve pas. Putain c'est toi.. qu'il s'entend grommeler dans un langage approximatif, la gueule baveuse, les yeux vitreux et le corps qui tremble. Une main sur un derme chaud, un souvenir adjacent qui le frappe de plein fouet et son torse qui s'écrase sous la pression de ce qu'il se passe. Il ferme les yeux rapidement, les ouvre, les fermes à nouveau et se détache, se recule d'un pas. Enlève la main et la pose sur son front en soupirant. Oh put... il ne termine pas, le monde tourne à nouveau, à peine le temps pour lui de se tourner, plier les jambes qu'il sent la bile brûler sa gorge et se déverser à ses pieds dans un torrent d'alcool et d'échecs. Quel beau spectacle.
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Combat de bitume contre corps, de fracas contre coup, il se retient, Barbara, aimerait cracher un peu de sa bile au visage de l'autre, pourfendre le portrait déjà bien fracturé de deux ou trois coups de dagues, mots assassins, tranchants, mots colorés pour esquisser à même les croûtes de peinture. Aimerait gâcher la volonté d'un artiste aux desseins si sombres qu'il en a amené bien trop d'ombres dans le paysage d'un visage détruit par tant d'éclats. Pendant deux secondes, quand ils se font face, Barbie se surprend à se demander à quoi ressemblait Lieb, jeune. S'il avait toujours été aussi démantelé, triste, abattu, ou si la vie lui avait déjà distribué un meilleur jeu, s'il avait déjà souri à s'en décrocher les gencives, s'il avait déjà aimé à s'en brûler le coeur. Mais les idées disparaissent vite, les reflets sur le visage de l'autre déjà disparaissent quand il se recroqueville, déverse le long du trottoir toute son acidité en des bruits qui écoeurent l'héritier, lui font cacher ses lèvres d'une main crispée. Pas d'artifices, au moins. Peut-être que trouver les bonnes vagues en ton dos, dans l'océan tumultueux, n'était pas une bonne idée. Peut-être que Lieb s'est dit que c'est bon, ils avaient franchi les limites, dépassé leur inimitié, qu'ils pouvaient partager l'écoeurement. Ou bien peut-être qu'il ne fait pas exprès. Peut-être qu'il ne réfléchit pas ; sûrement, il ne réfléchit pas. Lieb fait du body painting sans corps, à même le bitume, et ça arrache un frisson à Barbie. Combien de fois, les premiers soirs, s'était-il retrouvé sur le carrelage de sa salle de bains, à convaincre gorge et tripes de faire la même chose ? Peut-être que tout serait mieux si j'avais gerbé le trop plein d'émotions. Si il avait pris les sentiments, un à un, les avait découpé avec un pochoir, en avait tiré une belle guirlande à suspendre dans le vide, à lâcher du plut haut étage. Peut-être que tout serait plus simple s'il ne ressentait rien.

Surtout si je ne ressentais pas la pitié.
La tristesse. La compassion.

L'orage gronde. Les éclairs sont muets. les gens circulent et Barbie se penche, sort de sa poche un paquet de mouchoirs, essuie consciencieusement la bouche de l'autre. C'est intime, comme geste, sans doute que ça l'est même bien trop, mais quand il a fini, il se détache, va jeter le tissu dans une poubelle avoisinante, revient à pas feutrés. "Tu peux pas faire attention quand tu traverses, putain ?" Le juron lui a échappé, l'agressivité se dessine enfin sous les syllabes. Ciel vire indigo très sombre nuancé d'un gris tempétueux, vent qui souffle et siffle, rabat les oreilles alors que la main attrape le bras, aide l'autre à se relever, à quitter son refuge de pacotille. "Ça aurait été justice que j'te laisse te faire écrabouiller, Lieb. J'sais pas ce qui m'a pris." Une main qui balaie l'air, se pose entre eux, marque un arrêt. "Et par pitié me dis pas que j'aurais dû, me fais pas ton discours apitoyant, ça me rend dingue. Je..." Une main qui passe derrière la tête, descend aux omoplates, il est gêné, se tortille presque sur place, ne sait pas comment enchaîner. Ancrage des iris dans la jungle urbaine, seul repère, et sous ses pieds il entend gronder le métro, en son creux il entend rugir sa fureur. Le deuil a ses phases. "Ça aurait valu quoi, sa vie à lui, si t'avais clamsé dans la foulée, franchement ?! Tu fais pas attention et ça... je..." Il bégaie soudainement, les poings sont serrés, demies-Sélène sur les paumes au lendemain mais pour l'instant il a envie de taper du pied sur le sol, comme un gamin qui réclame. Sans même savoir ce qu'il veut finalement, il se trouve loufoque, ridicule, et ça l'énerve encore plus, alors il serre les paumes aussi, se détourne un instant, respire fort, expire fort surtout.
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(OOTD) La bile qui s'étale à ses pieds et son corps qui se vide étrangement d'un sentiment vague de préoccupations en tout genre. T'es pas alcoolique et pourtant, tout prétend le contraire. Là, les genoux pliés et les mains qui s'y accrochent alors que tout ce qu'il ressent se déverse à même le sol. T'as frôlé l'accident, c'est une certitude à laquelle il s'accroche. Le problème n'est pas tant qu'il ait ou non failli percuter une voiture de plein fouet mais que la seule personne capable de le sauver à ce moment-là est aussi la seule personne prête à le tuer si elle le pouvait. D'ailleurs, ça ne manque pas. A peine relevé, à peine les yeux qui se remettent à danser avec les siens que l'autre déverse haine et colère. Le tout accompagné d'un geste tendre et délicat, quelle cruelle complexité.
Le soucis, c'est que les idées de Lieb ne sont pas claires.
Que la moitié des mots qui s'échappent de la bouche de son interlocuteur ne sont que brouhaha et chaos. Que tout ce qu'il est capable de faire à cet instant précis, c'est de réaliser à quel point les lèvres de l'autre sont charnues et pleines et à quel point il pourrait - ou non - désirer s'écraser sur ces dernières. La violence est telle que, là, quelque part, au plus profond de lui, se battent en duel raison et conviction.
La raison prétend que tout ça n'est que fantasmes insensés qui ne sont que l'exact écho de tout ce qu'il a perdu ces dernières années. Que voir l'autre, c'est aussi revoir le bonheur entrevu dans son rétroviseur et vouloir s'y perdre, s'y noyer pour oublier qu'il est l'unique responsable de sa chute.
La conviction, elle, clame haut et fort que le désir qui commence à brûler dans ses reins n'est que la réponse formelle à une distorsion naturelle de la réalité. En tuant l'être aimé, c'est comme si Lieb avait pris sa place. La conviction avance que les destins sont scellés, liés, que si c'est l'autre qui le sauve aujourd'hui encore, c'est parce qu'il a été déterminé qu'à l'avenir, ils ne pourraient vivre l'un sans l'autre.
Alors Lieb se redresse comme il peut, balaie l'air du revers de la main. Oh arrête... qu'il dit sur un ton laconique. La bouche est pâteuse, l'air lui fait défaut. Le goût de la bile brûle ses gencives et le pousse à grimacer. Les yeux se plissent, la luminosité est trop forte. T'en as pas marre d'être tout le temps mélodramatique à la fin. les termes sont mal employés, le ton est mauvais et la situation devient ubuesque. Lieb est bourré, c'est une évidence. La situation lui échappe complètement et si ce n'est pas la première fois, c'est sans doute la seule fois où ça ne devrait pas se passer. Il s'avance d'un pas, pose sa main sur l'épaule de l'autre et cherche à s'accrocher à son regard sans y parvenir. J'te remercie de m'avoir sauvé... c'est très... il cherche ses mots, titube presque, vacille. noble de ta part. encore une fois, ça s'mélange. Conviction et raison qui s'opposent. Cette voix dans sa tête qui tente de l'ancrer à la réalité, de le ramener sur terre. Pourtant, la chaleur grimpe, le ventre gronde encore. Il s'humidifie les lèvres à grand coup de lèvres, ouvre la bouche pour happer suffisamment d'oxygène pour irriguer ses vaisseaux sanguins. Allez... j'te retiens pas, j'ai des choses à faire. il se recule, lève la main dans un sourire gênant et gêné. Ou à boire, plutôt. qu'il prononce maladroitement. Il s'essuie le front, là où la transpiration se met à couler à grosses gouttes. Il détourne les yeux, ferme paupières et les rouvre dans un ballet malhabile. Il avance d'un pas, manque de trébucher, se rattrape au bras de l'autre pour se redresser. Oups... il dit en ricanant presque avant de lâcher prise, remonter le col de sa veste et avancer d'un pas nouveau. L'air de rien, avec autant d'assurance que la situation le lui permet.
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Gamin peinturluré, gamin hagard, vingt-neuf années qu'il porte sa carcasse, qu'il la traîne, laissant dans son sillage des centaines de poussières. Elles finissent par se perdre dans les yeux, oiseau de mauvais augure, sorte de corbac qui de ses plumes et de ses envols répand les chagrins. Il a fait pleurer son frère quand il a demandé la fin de l'émission. Il a fait pleurer sa mère quand il lui a annoncé son départ de la maison. Il a fait pleurer le monde entier sur son malheur, ô divinité funeste, Moires qui ont tissé de leur fil des tapisseries bien trop sombres. Le ciel n'est jamais bleu, Barbie déteste la nuit, Barbie déteste le jour, il hait les tempêtes et vénère pourtant les bourrasques qui emmènent au loin les idées les plus obscures. L'ésotérisme perdu sur les lèvres, il les voit se refléter dans les yeux de celui qui lui fait face, il se demande s'il a pensé à voix haute, s'il a soufflé vraiment les cauchemars qui se perdent entre ses méninges, si ça a suffi pour provoquer une attaque à Lieb, ou s'il l'a enchanté, bien contre son gré. De ses bras, il voudrait les rattraper, troupeau à la laine d'obsidienne, idées furieuses, flot ininterrompu inacceptable, il s'en veut infiniment d'avoir cédé aux mots, d'avoir pu rêver des traits d'un autre, de laisser la bouche, les mains, les épaules d'une autre silhouette hanter ses songes. S'en veut d'avoir prononcé de nouveaux serments, alors même que les premiers ont été rompus au bout de quelques heures. Je voulais te pousser sur la route. Entendre les pneus d'un autre taxi crisser, être soulagé. Son coeur accélère le rythme, il a l'impression d'être à nouveau perdu dans le dédale. C'est moi le Minotaure. Il le comprend brusquement, si brusquement qu'il penche la tête, contre son gré, manquant révéler l'intimité de ses idées à celui qui lui fait face. Adversaire ou allié ? Il ne le sait pas, n'y a pas réfléchi des masses, bien trop préoccupé par des questions d'une importance toute autre. Pourquoi je ne t'ai pas poussé ? Pourquoi je m'inquiète, pourquoi je te touche, pourquoi tu me touches ? Sépulcrales obsessions qui d'un coup s'emparent de lui, de la cage thoracique, des os, de la chair, tout est chamboulé, attraction d'un festival terni par des nuits sans aucune étoile.

Il ne réagit pas à la critique, Barbara. Avec le temps, il a appris à se défaire de tout ça. Il est trop soucieux des cliquetis de cils de l'autre, alors que les pupilles passent des lèvres aux sourcils. Ils se froncent, contre son gré. Trahissent la page vierge qu'il voulait transformer en visage. Lieb n'est pas droit, Lieb oscille, son corps entier qui s'émeut et s'agite au fil des battements de coeur de Barbie. Il a envie de le rattraper, à nouveau, se mord les lèvres et serre plus fort les doigts, se maudissant de vouloir ainsi repêcher l'ange déchu qui lui avait tout pris. Il se fige, statue de sel balayée par l'ouragan qui se prépare, les mèches volent sous le vent et il sent sa main gauche trembler. Hésite à la plaquer sur la joue, lève le bras, se demande s'il vaut mieux caresser l'âme féline en face, ou lui asséner un coup franc, le ramener des écumes qui le submergent. Finalement, il laisse retomber sa main contre sa cuisse, regarde Lieb esquisser quelques pas incertains, avance, recule, hésite encore. sa voix le trahit la première. "T'es pas en état de marcher, ni de te balader. et tu ferais mieux d'arrêter de boire, tu... tu sens l'alcool, merde !" Il l'a rattrapé, s'est mis à son niveau, se doute des migraines mais hausse le ton malgré tout, peinture colorée de ses syllabes abyssales qui s'enchaînent, tentent de jouer les bouées pour soutirer l'autre à son tsunami liquoreux. "J'te ramène chez toi. Et t'évites de boire pendant quelques semaines après ça. Histoire que j'ai pas à m'inquiéter, histoire surtout qu'on ne se croise plus." Il dit ça comme si c'était facile ; comme si la main sur le goulot pouvait cesser de le porter au ciel, transformant les bouteilles pas chères en constellations qui polluaient la voûte du monde de Lieb, comme si les rues qui s'amusaient à les jeter l'un contre l'autre pouvaient décider de trouver un autre hobby. Quelques semaines, c'est pas tant que ça. Il m'aura fallu
à peine
quelques secondes
pour m'habituer à toi.

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(OOTD) Le monde qui danse, les couleurs qui s'intensifient et les sons qui hurlent à ses oreilles. La normalité qui varie, le bitume qui zigzague et les gens qui n'sont plus que des silhouettes épars et floues dans son champs de vision. Sauvé par celui qu'il avait tué, l'ironie en ferait rire plus d'un mais Lieb n'est même pas en état de la comprendre. Sauvé par celui qu'il avait tué, c'en est presque pathétique tant c'est criant de désespoir. L'autre ne souhaite qu'une chose, au fond, sa mort. Il en est juste incapable, sinon, ça serait chose faite depuis longtemps. Foutue épée de Damoclès qui plane au-dessus de sa tête vide, tête ivre. Sentence irrévocable qui lui a été imposé à l'instant même où il a ouvert les yeux dans cette chambre d'hôpital. Je t'ai tué, une vérité aussi cruelle que belle, fatalement. Destins liés, destins conjugués. Qu'ils le veuillent ou non, portés l'un vers l'autre par des courants différents.
Il souffle, le chauffeur.
Il souffle et titube.
Marche interrompue par une silhouette plus nette qui se dresse devant lui. Des mots qui font écho à ses maux. Il grimace, Lieb. Il fronce même les sourcils. L'image devient plus nette, ça demande du temps. Il reconnait les contours du visage, il reconnait les contours d'une bouche. Il sourit à peine, voile dans le regard. Tu pues l'alcool, c'est ce qu'on semble lui dire et il ne cherche même pas à le nier. Combien de verres aujourd'hui ? Combien de verres hier ? Que reste-t-il à faire de toute manière... plus rien ne compte, plus rien n'a d'importance puisque tout n'est qu'illusoire. Il soupire, le chauffeur. Pou... pourquoi ? il demande. Elan stupide qui le pousse à remonter ses mains, encadrer le visage de son interlocuteur. Geste tendre, au demeurant. Contact fragile, peaux cristallisées par des colères chimériques. Il ne sourit pas Lieb, mais il se rapproche encore. Proximité dangereuse, visages si près l'un de l'autre désormais. Laisse moi crever, ça vaux mieux. il précise, met des mots sur ce qu'il pense depuis toujours. Il retire ses mains, recule d'un pas en titubant. T'sais quoi... fous l'camps, ferme les yeux, tourne les talons et fais comme si t'avais rien vu. un doigt qui pointe la foule au loin, des lèvres qui se mordent. Il sent le Monde qui l'avale, il se laisse faire. J't'en voudrais même pas.
Le chaud et le froid.
Parfaite opposition de sentiments. Sauve moi ou tue moi, qu'importe la décision, Lieb acceptera la sentence. Trop longtemps qu'il traine sa carcasse d'un bar à un autre en espérant qu'on finisse par l'éteindre. J'ai tout perdu et pourtant, c'est toujours moins que ce que je t'ai enlevé, c'est vrai. Il porte sa croix, en solitaire. Dos courbé sans même un regard devant. Les regrets sont tout ce qu'il me reste et jamais il ne cherche à s'en défaire. Bien trop conscient de la chance qu'il a d'être toujours vivant sans pour autant accepter l'idée qu'il puisse en être ainsi bien longtemps encore. Un regard vers l'homme et voilà qu'il détourne déjà la tête pour s'en aller, reprend la direction de la route pour la traverser.
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C'est dans la forge d'Héphaïstos que se dessinent lames ardentes, plantées dans le myocarde, devenues os, presque, exosquelette d'armes dressées contre le reste du monde. Si lui a été emporté dans les mille tourbillons, dans un tonneau, pourquoi est-ce que tous les autres vivent encore ? Il a été amoureux, et c'est sans doute ça la plus lourde des trahisons ; passer au passé, reconnaître qu'il ne l'est plus, que le temps et trois mètres de terre ont emporté les souvenirs d'un corps chaud. Plus que tout, Barbie aimerait s'en vouloir, les soirs, quand il s'assoit dans le canapé, se souvient combien Seth s'irritait de choses trop faciles, de choses trop ridicules. Combien lui balayait l'air de la main, l'air de dire "on s'en moque, on verra demain". Seth boudait, Seth ne s'en remettait jamais vraiment. Et Seth était un portrait d'une galerie que l'on ne visitait plus, aquarelle fanée, projecteurs éteints, il appartenait à un autre univers. C'est pour ça, que Barbara s'en voulait. Je déteste penser du mal de lui. Vision sacro-sainte sans doute des défunts, les rendant inextricablement intouchables, les érigeant au rang de sculptures esthètes, parfaitement parfaites. Les critiques lui mordent les lèvres, lui brûlent la gorge, même si elles sont faibles, à peine semblables à des aboiements diffus. Alors qu'est-ce que je devrais ressentir, quand je laisse ma main se perdre sur ton bras ? Sans doute à nouveau la sensation d'être le traître d'un royaume de roses mortes. Je ne suis pas banni de ce monde-là, c'est lui qui m'a échappé. Et pourtant, le déni devait être fini, déjà. Un an et demi. Un an et demi, mais rien ne passe vraiment.

Un an et demi et à nouveau face à lui le visage d'un parfait inconnu. Stoppé dans sa course, Lieb est incrédule, d'abord, puis il se saisit des traits de l'héritier, sculpteur qui remodèle le marbre sous ses mains expertes. Ça fait frémir l'autre, qui ne bouge pas, se retient de souffler trop fort, de peur de voir la silhouette du chauffeur s'étioler dans le vent. Il parle, doucement, trop fort pourtant, les syllabes s'irriguent d'alcools et d'un restant d'acide qui contraignent le plus jeune à se tordre le nez, discrètement, quand il le relâche. Est-ce que tu vas m'embrasser ? Il se maudit de se poser la question, se maudit encore plus de se sentir condamné quand Lieb s'en va, s'approche de la route, la traverse sans encombre, regard qui le suit. Et puis Barbie respire.
Lentement.
Et traverse, au pas de course. Sans frôler aucun taxi, sans vérifier si les autres feux sont comme celui dans sa tête ; rouge. Il court, rattrape Lieb, attrape en même temps sa main Ça m'a apaisé, ça t'apaisera, se mord les lippes jusqu'à ce qu'elles se fissurent, non, s'arrête juste avant, pas de traces visibles, et puis se met devant l'autre, torse contre torse, le regard déterminé, la tête pleine de doutes. "Je t'ai pas demandé ton putain d'avis." C'est vulgaire, c'est concis, ça tranche la chair et l'épiderme, couteau de silex qui fait résonner palpitant contre palpitant, souffles qui se mélangent, proximité curieuse, blasphématoire. "J'm'en contre-fous que tu m'en veuilles ou pas. J'suis pas là pour te plaire ah j'veux juste m'assurer que tu rentres chez toi en vie." Il appuie fort sur les deux derniers mots, une main glissée contre la paume de l'ancien chauffeur, l'autre entre leurs torses, pour empêcher les cages thoraciques de klaxonner à l'unisson
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(OOTD) Lippes serrées, coeur désagrégé, il tourne les talons et traverse. Il remarque à peine les couleurs, ne distingue que de vagues silhouettes et s'en moque. Si j'dois crever ainsi, que j'crève après tout, la vie n'tient qu'à un fil... dans son cas, le fil se tend depuis plus d'un an. C'est même plus un fil, c'est un putain d'élastique et quelque part, il aimerait le voir céder. Il a tellement tiré dessus qu'il espère encore que ça finisse par craquer. Que ça se termine enfin, et sans doute que traverser la rue dans son état, ce n'est qu'un prétexte supplémentaire pour jouer les funambules. Quand est-ce que je finirai par tomber pour de vrai ? Cette douleur lancinante là, prostrée dans sa poitrine, qui ne s'estompe jamais malgré les litres d'alcool ingéré. Cette douleur qui ne fait que s'accentuer avec le temps, les absences et les regrets.
Le concert des klaxons ne le réveillent même pas de sa torpeur alors que l'autre se précipite derrière lui. Aveugle ou sourd, sans doute un peu des deux, il avance en titubant péniblement. Pour aller où ? Les néons sont là, ils dansent au-dessus de ses yeux à moitié ouverts. Qu'importe la destination, tant qu'il y a de quoi poursuivre cette lente agonie. Boire pour oublier, ça n'a jamais été aussi vrai. Pourtant, on oublie de préciser que ça ne fonctionne pas... ou alors pas complètement. On n'y pense plus, le temps d'une soirée, d'une nuit. Le temps que l'alcool se diffuse et s'éloigne. Lorsque la réalité frappe à la porte, les souvenirs s'accumulent sous la houppe de remords ou de rancoeur. On n'oublie jamais rien, on vit avec. C'est sans doute vrai... et si on n'veut pas vivre avec ? Alors on crève.
Une main s'agrippe à nouveau à son bras, le temps se fige.
Le corps se hisse devant lui, la silhouette se précise difficilement mais la proximité est contraignante, presque étouffante. L'électricité dont se charge l'air rend la respiration de Lieb compliquée. L'air lui manque, ses poumons s'écrasent dans sa poitrine. Il sent la bile remonter sa gorge alors que l'autre fait preuve d'une vulgarité assommante et insolente. Le ton est posé, imposé même. Lieb garde le silence, l'autre poursuit sa litanie et la seule chose que le chauffeur est capable d'assimiler à cet instant précis, c'est le rose foncé des lèvres qui gesticulent devant lui. C'est le contact de sa main sur son poignet, et le contact de son autre main sur sa poitrine. C'est l'emballement du coeur qui bat à tout rompre juste en dessous, c'est cette folie dangereuse qui le prend aux trippes et qui ne lui donne qu'une seule envie : se pencher en avant pour attraper au vol cette bouche qui l'engueule.
Il ferme les yeux.
Grimace
Il ouvre les yeux, soupire. Te laisse pas avoir par ce que tu ressens, c'est jamais bon. Tu ne ressens rien, c'est clair. T'es déjà mort, mais qui pourrait le lui reprocher après tout ce qu'il a déjà vécu. Il relève donc les yeux sur ceux de l'homme qui lui fait face, esquisse l'ombre d'un sourire en posant sa main libre sur sa joue. Encore ce contact à la con, et le coeur manque un battement. Ok, alors ramène moi chez moi. il cède, finalement, pour que ça s'arrête, pour que ça ne se bouscule plus en lui. Ramène moi chez moi et oublie moi, il pourrait même préciser. J'veux que ça s'arrête, c'est tout, ni plus ni moins. Il relâche la pression sur la joue de l'homme et pointe du doigt une rue quelque part derrière lui. J'habite quelque part là-bas... dans la poche arrière de mon jean, dans mon portefeuille, y a mon permis avec mon adresse. parce qu'en l'état, il serait bien incapable de donner un chiffre ou une rue... ou peut-être qu'il a juste envie d'sentir la main d'son interlocuteur fouiller dans ses poches.
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Il va le ramener, Barbara. S'en est fait la promesse lors de la première titubation, lors du premier rougissement de joues. Serait malhonnête s'il n'avouait pas avoir eu le coeur fouetté en voyant l'autre s'agenouiller pour dégobiller ce qu'il y avait de plus sinistre dans sa tête - persuadé au demeurant que derrière ces ombres acides déversées au sol il y avait encore pléthore de monstres cachés dans les méninges du chauffeur. Ce qui l'avait guidé, poussé à traverser cette foutue route, c'était l'instinct de celui qui reconnaît les bêtes de la nuit, derrière les cils faussés. Il n'avait pas réfléchi. Pas trop en tout cas. Sans doute, pas suffisamment. Il s'était juste élancé, en voyant le diable à nouveau s'insérer dans sa boîte, prêt à se noyer sous les confettis. Prêt à les cracher au même endroit, à mes pieds demain matin. Phalanges qui viennent enlacer le visage, l'encercler même. Le malaise qui grimpe en flèche, d'un pinceau dessine quelques volutes roses sur les joues. Ton contact m'est insupportable. Nécessaire. Les mots tourbillonnent et s'impriment à même les tornades qui ravagent l'esprit. Il hésite à lui retirer la main de sa joue, Barbie, et puis finalement s'y accommode, le temps de quelques secondes.

Juste ce qu'il faut pour que ce soit le carnage du palpitant, le coeur qui s'affole, bat le tempo, part en grand galop. à tel point qu'aucune chaleur ne vient l'inonder, brisant tous les barrages qu'il aurait pu se fixer, quand l'autre lui dit de se servir à même les poches. Il s'exécute, Barbara, il laisse ses mains vadrouiller à même le tissu, lui-même contre la peau. Il farfouille, sent l'emballage d'un paquet de chewing-gum, des clefs, et finalement la texture du papier. sort la paume en même temps qu'il brandit sa trouvaille devant les yeux de l'autre, gamin satisfait, comme à la fête foraine. "On y va." Hésite un instant, articule le premier pas. Glisse sa main dans celle de Lieb. Pour que tu marches droit. Pas paume contre paume néanmoins, intimité qui serait curieux fruit d'un hasard morbide, non, il met sa main contre les veines de l'autre, les doigts s'emmêlent difficilement, mais ça marche. On dirait une dépanneuse avec une voiture en panne. Est-ce qu'une voiture peut-être ivre de gasoil ? C'est une question sotte, et il accuse sa cervelle, qui remplit pour l'instant davantage les fonctions d'un moteur de formule un que celles qu'elle devrait assumer. Réfléchir est exclu, ce serait tenter de comprendre, d'appréhender la scène. Alors il met en pause la réalité, se contente de marcher, de les freiner quand ils arrivent au bord d'un trottoir. "On va éviter la multiplication des risques causés par ta malchance et la mienne mélangées." Il le répète trois fois, prend un air savant avec les mots, comme un mathématicien qu'il n'est pas, cherchant à déchiffrer des inconnues qu'il comprend très bien.

L'adresse, Barbara ne la cherche même pas sur son téléphone. Il connaît la ville, l'arpente depuis quelques jours tant et si bien qu'il reconnaît les avenues, les salue comme de vieilles amies. Il se promène presque, en pressant un peu le pas, pour ramener son acolyte à domicile. C'est curieux de se dire que je te connais. On n'a rien partagé, si ce n'est la mort et la peur. Duo de Charon qui s'entrecroisent, et puis finalement, après un square, après deux groupes d'adolescents turbulents - qui, dépassés, faisaient se serrer plus fort les mains -, la porte est devant eux. L'interphone fait hausser un sourcil à Barbie. Martens. Il oubliait toujours le nom de Lieb, ne se rappelait que de son prénom. Il s'était présenté comme ça à eux, cette nuit-là. Et pendant toutes les procédures qui avaient suivi, il n'avait retenu que le prénom de Seth, parce qu'il revenait sans cesse. Seth sacrifié, Seth oublié, Seth dépouillé d'une jeunesse qui fanait à peine. Même le bouquet reçu sur la tombe, qu'il ait été envoyé par le chauffeur ou sa famille, était signé Lieb. C'était un détail sordide, le prénom d'un inconnu, le prénom de l'assassin, si près du marbre. Ils sont proches, tous les deux, appuyés contre la porte, les torses qui se frôlent presque. "Je..." Il déglutit, Barbie. Ne sait pas quoi faire, la situation est inédite, il n'a aucune idée de ce qui est immoral et de ce qui est bien. Ne sait même pas s'il s'en soucie encore. "Je vais monter avec toi, okay ? M'assurer que tu ne repartes pas direct, et... J'sais pas, te servir un verre d'eau ?" C'est ridicule, il flamboie presque, se dit qu'il n'est pas à sa place, baisse les yeux. il en fait trop, beaucoup trop.
Ce n'est pas mon âme qui est à racheter.
C'est la tienne.

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     @Barbie Arnauld    


(OOTD) Dans quelle mesure peut-on considérer qu'on touche le fond ? A quel moment peut-on dire qu'il n'y a plus de retour en arrière ? Tout n'est que point de vue, fondamentalement, tout n'est qu'une question de sentiments... et concernant Lieb, le fond a été atteint le jour même où son pied n'avait pas réussi à trouver la pédale de frein suffisamment vite pour éviter la tragédie. Peut-être même que ça en devient redondant avec le temps mais causer la mort de cet homme, c'était se condamner aussi. Et depuis... plus de retour en arrière possible. Alors cet état de grâce dans lequel il se trouve, Lieb en est conscient, ce n'est que superflu, superficiel. La grâce s'en va aussi vite qu'elle arrive. Un peu d'alcool pour arroser les plantes qui bordent les routes du paradis artificiel mais dès que la terre est sèche, l'enfer lui est à nouveau promis. Sempiternel recommencement duquel il ne sort plus vraiment. Etat léthargique, semi-coma douloureux dans lequel il s'enfonce un pied après l'autre. Et je m'en moque. Qu'attendre de demain puisqu'hier est déjà éteint ? Il se dresse face à l'autre en sachant pertinemment que la guerre est perdue d'avance.
Il fond littéralement sur lui, le sauve une seconde fois. A n'y rien comprendre. Laisse moi crever mais Lieb ne le dit pas, il a compris lors de leur dernier échange que toute la pitié qu'il inspire aux autres ne suffirait pas à calmer la colère de l'homme à qui il a tout prix. Toi t'es encore en vie, alors arrête de te plaindre. Sans doute pour cette raison qu'il accepte de se faire raccompagner chez lui. Sans doute pour cette raison aussi qu'il lui indique où se trouve son permis - et pas juste parce que l'idée qu'une main se glisse dans son jean puisse lui faire plaisir, ça non. Le contact n'est pas brutal, au contraire. Il s'approche de lui, bien trop près, fait glisser sa main et fouille. Le contact est grisant, Lieb lève les yeux au ciel. Ne la retire pas qu'il soupirerait presque alors que l'autre récupère le sésame. Les doigts s'attrapent à nouveau et l'ordre est sec. Lieb se contente de suivre, dans le gaz, toujours, un peu ailleurs. Le contact des doigts sur le derme de sa propre main le réchauffe et pourtant, en lui, tout n'est que glace et froid. Il se laisse porter, tout simplement, sans avoir conscience de ce qu'il se passe, du moins, pas tout à fait.
Quelques détails qui se détachent de la brume, comme quelques rayons de lumière. L'odeur de son parfum, la pression de sa main dans la sienne, le son étouffé de sa voix, leur proximité, la couleur de ses cheveux sous le soleil timide, le bruit tout autour d'une ville qui s'active dans un monde déjà mort, les bâtiments qui se succèdent, les décors qui changent mais le phare qui demeure. Lui, simple lumière, gigantesque lumière. Il retient son souffle parfois, le laisse s'exfiltrer de temps à autre par ses lèvres serrées. Il ne sourit pas la chauffer, sa tête qui dodeline à gauche à droite au rythme de leur marche. Il entend sans comprendre, remarque sans voir... et lorsque tout s'arrête, que leur corps se rapproche sous le porche, il prend conscience du temps qui vient de s'écouler. Ses orbites dévient sur la bouche de son interlocuteur, les mots sont épars mais s'impriment sous ses rétines. Je vais monter avec toi, est-ce un ordre ou une supplique ? La respiration du chauffeur se fait incandescente, presque brûlante... tout tremble jusqu'à ses jambes qui se font si fragiles, si légères. Il lève les yeux, attrape ceux de son interlocuteur.
Certains détails se font plus nets, précis... le coeur tambourine contre ses tempes et puis, sans vraiment savoir pourquoi, son visage plonge en avant. Ses lèvres capturent celles qui venaient d'arrêter de remuer et ses paupières se ferment. Lieb oublie toutes les convenances, de toute manière je t'appartiens depuis cette funeste danse entamée. Lieb n'a plus de conscience, plus même d'états d'âmes. Tout lui échappe et en même temps, rien ne lui a paru si clair qu'à l'instant même où son coeur frappe contre sa bouche écrasée sur celle de l'homme qui le sauve une fois encore. Course folle pour des coeurs brisés.
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