(shinichi) dancing like butterfly wings

outfit,, les pieds qui traînent sur l'asphalte de la grande ville. l'effervescence et le mouvement et le sentiment puissant de n'être qu'un homme parmi tous les autres.
le sourire au bord des lèvres lorsque le visage se dresse vers le ciel, apprécie cette douce chaleur qu'offre le soleil.
malo tient son skate entre ses doigts, attendant le bon moment avant de s'élancer. difficile de trouver l'isntant, de ne plus hésiter pour enfin s'accorder ces rêves tant imaginés. l'envie de liberté, de traverser le monde entier.
croire, voir, se rappeler, rencontrer ;
frissonner.
déjà, à vingt-et-un ans, le coeur en vrac de ne s'être que trop soucié des excuses des grands.
ça ne m'intéresse pas, il a dit.
et puis il a saisi son sac et est parti.
ailleurs.
ici.
le vent dans les cheveux, la vitesse atteinte. juste assez pour ne rien manquer du paysage. ça fourmille, et lui n'est qu'une brise qui traverse le courant. aujourd'hui, c'est un sentiment qui lui plaît. c'est pour ça qu'il vibre. les sensations collent à la peau telles de vieilles amies, mais tout a changé. lui aussi, il faut dire.
malo admire et respecte l'humanité autant qu'il en hait ses travers. ce n'est pas si grave, à présent.
une rue, une autre.
il a débauché, il a le temps. personne ne l'attend. et puis, une mélodie.
une chanson qu'il aime, qui l'attire. le skate sous la chaussure, c'est le corps fluide de ce garçon qui l'émeut. il n'y connaît rien, en danse, mais il admire. il ne saurait définir ce style gracieux et cette poine de... de quoi ? de grandeur ? sentiment percuté - qu'elle est belle, cette idée.
les pas s'enchaînent, certains plus sûrs que d'autres. faiblesse d'un enfant qui a la perfection au creux des talons et pourtant.
oui, malo en est un peu chamboulé. son sourire s'est dissipé mais le vent continue de souffler, immuable.
et le garçon de danser.
- elles sont parties où tes ailes ?
il saisit ses propres mots seulement après les avoir prononcés. c'est clair, il a compris pourquoi il a eu l'impression de rester en apnée le temps de ces trois minutes : il manque quelque chose de précieux au danseur.
néanmoins, ils ne se connaissent pas. ils ne sont que deux visages dans la foule. (aux premiers regards.)
en réalité, ils sont tout autre.
- je m'appelle malo.
comme ça, pour briser la glace.
il n'est pas effrayé ;
pas encore.

@Shin'ichi Ito

outfit,, Que cherchait-il à atteindre ? Aujourd'hui, si on lui demandait de quoi rêvait-il en dansant, à quoi aspirait-il, il ne saurait y répondre. Il n'y aurait aucun mot qui franchirait ses lèvres et il finirait par trembler. Par prendre peur. Par se voir chuter et ne plus se relever. Comment ferait-il pour danser ? Car il n'y avait malgré tout que la danse qui faisait son univers. Il était né et dès qu'il avait pu se mettre debout, marcher, il ne s'était adonné qu'à ça.
Et c'était précisément ce qu'il était en train de faire. Danser. Mouvoir son corps, raconter une histoire. Esquisser un pas, un deuxième. Étirer son bras dans un sens puis dans l'autre. Accorder chacun de ses membres et oublier. Oublier dans quel monde il était. Un monde où il cherchait sa place mais qu'il ne trouvait pas car on l'entravait. Enfant qui insistait à devenir adulte plus vite sans savoir qu'il ferait mieux de rester cloitrer dans l'insouciance avant que la dureté de la vie ne le frappe véritablement de plein fouet.
Car il n'avait soit disant pas sa place ici. Elle était plus haute, au sommet. Alors il s'était échappé, au moins une fois. Se fondre dans la masse et essayer donc de s'amnésies de cette planète qui ne faisait que l'entrainer vers le fond.

« Quoi ? »

Quelles ailes ? Ça le fit rire. Rire franc, un rire comme il n'en avait pas eu depuis longtemps qu'il s'en tint les côtes. Tiens-toi droit. Et il se reprit. Bien. Il y avait de quoi devenir fou. Il ne pouvait qu'aisément cacher les coups de baguette sur son corps, moins sur ses mains recouvertes de bandages. Il n'imaginait pas son affolement à le savoir, ici, dans la rue, elle qui tenait à connaître tous ses emplacements lorsqu'elle ne se trouvait pas en sa présence.

« Elles sont attachées, dit-il, Il serait bête que je puisse m'envoler. »

Tristesse en vois-tu, en voilà. Il se remit pourtant à rire.

« Je n'ai pas l'habitude qu'on se présente comme ça à moi, lui avoua-t-il, Je m'appelle Shin. Ça ne t'a pas plu ? »

Grimace. Voilà les critiques après lesquelles il courrait le plus. Les authentiques. Pas celles destinées à ne flatter que son égo. Il se battait pour obtenir la première place mais sans être certain de la mériter. Était-ce son talent qui en résultait ou bien autre chose ? Car enchaîné il n'était incontestablement pas le plus doué.

@Malo Shim

outfit,, - ah bon.
c'est tout ce qu'il trouve à dire durant un court instant.
ses ailes sont attachées pour qu'il ne puisse pas s'envoler ;
malo y réfléchit, se demande pourquoi. néanmoins, hormis faire des hypothèses, il ne trouvera jamais la vérité.
alors, les doigts accrochés à son skate, il lui sourit peut-être un peu de travers jusqu'à ce qu'il se mette à rire. se présente ; grimace aussi. malo se sent un peu bête. là, sur la chaussée, à complimenter un parfait inconnu, le rendre mal à l'aise ? il secoue la tête, la main.
- désolé, c'était peut-être maladroit de ma part. j'ai aimé ce que tu as fait... en vérité, je ne m'y connais pas, en danse.
il tente un sourire, s'approche d'un pas ou deux. malo n'a jamais eu de difficulté à intéragir avec les autres. il aime découvrir, rencontrer, se nourrir de ce qui se présente à lui. ce n'est pas pour rien qu'il rêve d'ici et d'ailleurs. son naturel et sa curiosité font de lui ce jeune homme d'à peine plus de vingt ans.
des ambitions et les idées qu'il faut pour les atteindre. il ne souhaite plus demeurer là, les pieds enlisés.
mais qu'en est-il de son interlocuteur ?
- mon truc à moi, c'est plutôt le skate. t'as déjà essayé ?
cette liberté au bout des phalanges.
malo a bien l'impression qu'ils ne font pas partie du même monde.
ou que leurs songes sont à l'opposés.

- shin, tu danses encore ? j'aime bien cette chanson.
sur l'écran de son portable, il lui désigne la mélodie suivante. et il patiente. il s'interroge encore sur les motivations du danseur.
sur ces ailes placardées dans son dos.
lui, les siennes, elles sont là.
elles ont commencé à s'ouvrir dès l'instant où il a choisi sa route. hors de question de passer le reste de sa vie à se demander sans cesse 'et si'. malo n'est pas intéressé ; ou plus.
derrière lui, il sait que sa décision n'est pas toujours bien vue, mais il n'hésite pas à dire qu'elle ne peut pas être pire que celle de son père. sa vie d'avant n'est plus que le souvenir d'un nom qu'il doit aujourd'hui supporter.
une main dans ses cheveux bruns et les obsidiennes au creux de leurs jumelles.
nouveau sourire qu'il donne, presque comme un encouragement. malo a envie de revoir shin danser. ce sera plus aisé d'effleurer certaines raisons, ou d'en imaginer d'autres. il se recule à nouveau, reprend sa place initiale.
( vas-y, danse
crois en ce que tu vois
brise les liens qui te retiennent. )
dans la poitrine brûlante, il y a ce feu qui consumme pour n'en laisser plus que des cendres.

mais shin, tu sais quoi ?
on est trop jeune pour mourir.

@Shin'ichi Ito

outfit,, visiblement, ils se surprenaient l'un et l'autre. il se mit doucement à sourire, ravi d'une certaine manière que cet inconnu ait pu l'interpeller. Les rencontres faites par le fruit du hasard étaient naturellement les meilleures. De plus, il lui semblait être un étranger autant qu'il ne pouvait l'être. Âgé d'à peine plus quelques années que lui. Un jeune homme qui vivait librement sa vie. L'était-il ?
Cet éclat dans tes yeux
et tes ailes à toi ?
Il n'osait pas lui poser la question, il en redoutait la réponse. Chacun se battait pour les rêves d'avenir qu'ils possédaient et lui, il risquait de n'avoir rien d'autre à faire que de les voir lui échapper. S'il tendait la main, il n'aurait d'autre prise que le vide. Quoi qu'il pouvait arriver, la chute était inévitable.

« Merci, sourit-il, Je suis content que ça t'ait plu. Vraiment, je suis sincère. »

Il passa une main dans ses cheveux, le vit se rapprocher. Un inconnu de la danse mais qui semblait avoir un bon oeil critique, c'était plaisant. il était à lui en parler soudainement, de son monde, lui montrer des vidéos de ses artistes favoris et effectuer les pas de danse qui étaient sa spécialité. Il lui donnait une possibilité de s'ouvrir sur un monde qu'il connaissait sur le bout des doigts mais dont il en taisait la plupart du temps plus de la moitié. Sois réaliste. Ne fais que danser et ne te préoccupes pas du reste. Tu n'es qu'un enfant. Un frisson le parcourut.

« Le skate ? Jamais essayé, lui répondit-il, C'est bien différent de la danse. »

Il observa son skate. Aimerait essayer sauf qu'il lui demanda de se remettre à danser. Il était incapable de rater une occasion de le faire, particulièrement lorsqu'il ne l'avait pas derrière le dos. Il se remit à sourire et se lança.
Il n'y avait qu'à suivre le rythme, se laissait porter par la mélodie. Ce n'était pas compliqué. il remarqua que d'autres passants s'approchaient et il se mut avec plus de convictions. Laissa la magie prendre place au refrain et voulut lui-même y croire jusqu'à ce qu'un homme en tenue de costume ne surgisse devant lui, essoufflé.

«Monsieur ! Votre mère ne va pas apprécier que vous ayez pu disparaître aussi longtemps !
- Oops. »

Il se mit à rire, attrapa son sac puis sa veste.

« J'espère que l'on se reverra, Malo. »

Je danserais pour toi une nouvelle fois.
Il lui fit un signe de la main et il suivit son chauffeur jusqu'à voiture garée à quelques mètres de là. Il y entra et mit ses écouteurs sur ses oreilles pour ne pas avoir à entendre les plaintes de son interlocuteur. il avait eu un instant de répit et cela lui avait fait du bien. il se doutait bien qu'aux jours à venir il n'en aurait plus autant la possibilité. Jusqu'à quel point pouvait-on attacher des ailes dans le dos de quelqu'un ? Vas-tu me les couper, maman ?

Tu sais, Malo, je ne suis pas sûr d'en être capable.

@Malo Shim

outfit,, vivent-ils dans deux mondes différents ? c'est la question qui résonne le plus dans l'esprit de malo. mais ça n'est pas bien important, en réalité, il suffit de le voir danser pour comprendre qu'il n'appartient lui-même pas au bon endroit.
le plus âgé l'observe en silence, redevient un visage parmi les autres dans la foule qui s'amasse autour du danseur. les membres s'étirent, haut dans le ciel, car shin est grand. et les pieds, ancrés sur ce maudit sol, pourraient faire trembler la terre - s'il le souhaitait.
malo comprend alors et il se sent gêné.
oui, la danse lui plaît mais il est déçu.
il croyait qu'il irait dans les cieux
que son visage jouerait avec les nuages.
tandis qu'il continue de valser, malo ne sourit plus qu'à peine. presque soulagé lorsque ce nouveau personnage débarque, l'appelle monsieur.
les secondes se figent, il n'y a plus aucune émotion. tout presse et malo a à peine le temps de faire un signe à ce garçon. monsieur shin a-t-il seulement la majorité ?
tu es une curieuse rencontre, monsieur shin.

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la fatigue installée, l'envie de s'évader. un ami l'invite et il dit oui. soirée improvisée, simple. malo a une bière entre les doigts quand il l'aperçoit si grand. pas une tête de plus que lui, mais ça pourrait s'il continuait.
pourtant, quelque chose cloche. ce n'est pas dans cette horizontalité qu'il pensait le retrouver. au début, il se dit que c'est une blague, pour un ami peut-être. mais il ne bouge pas. alors malo s'inquiète, abandonne tout et tout le monde pour s'accroupir ; et s'il se trompait ? ça ne peut pas être lui... si ?
si.
du bout des doigts, il a repoussé les mèches sur son visage aux yeux clos. son pouls est délicat à la carotide. son coeur bat, il ne s'éveille pas. malo ne le brusque pas, l'appelle assez fort pour que tout le bar d'en face l'entende. sauf lui.
l'un de ses amis s'approche, envoie une boutade. malo lui met un petit coup dans la jambe.
- allez, aide-moi à le porter à la place de rire.
quelle idée.
heureusement, malo ne vit pas à l'autre bout de la ville.
et puis, il y a l'ascenceur.
ils forment un drôle de cortège, mais personne ne pose de question. ils pensent sans doute que le petit gars a trop bu... et qu'il a de bons amis. shin est un poids éteint durant tout le trajet.
une fois que malo et son ami l'ont posé sur le canapé, le premier s'affaire, le second disparaît. malo retire ses chaussures à shin, l'enroule dans un plaid. il l'observe, si pâle quelques secondes, mouille un gant et lui met sur le front. il le voit respirer, sa poitrine monte et descend.
il dort ou il est absent ?
de ce monde insensé
de sa famille probablement très aisée.
- pourquoi tu t'es échappé...
un murmure, une question qu'il se pose à lui-même.
malo se douche, se change, vient le veiller assis sur le fauteuil d'en face.
dans les heures les plus sombres de la nuit, shin n'est qu'un enfant imprudent. qui d'autre que lui aurait pu le ramasser ?
ah, peut-être préférais-je te voir danser

@Shin'ichi Ito

outfit,, et la vérité était tombé, irrévocable. Elle l’avait tranché en deux d’un coup sec et il n’avait plus été capable d’en supporter plus.
Souviens-toi la dernière fois, tu n’en avais obtenu que la deuxième place alors cette fois-ci, cela se passera selon mes règles. Ta chance est passée et révolue.
Pourtant, c’était lui qui s’élançait à travers la piste, c’était lui qui esquissait des histoires au gré des mélodies. Le lien resserré avec plus de fermeté autour des ailes, l’impression de suffoquer et il n’avait suffi de pas grand-chose pour une fois d’essayer de s’en échapper.
était-il libre ?

Il se réveilla en sursaut, fit tomber quelque chose. Un gant, posé sur son front. Il n’était pas chez lui, il n’était pas à l’extérieur. Il y était avant, il avait sombré dans un sommeil agité jusqu’à ce qu’il ne se résume plus qu’au néant. Source de stress, source constante de ce qui le terrorisait face au talent inné qu’on lui avait octroyé. Et si un jour, il se levait un matin et qu’il avait tout oublié ? Qu’il ne restait plus qu’un être lambda comme les autres. Sa mère le libérerait-il ou le délaisserait-il à jamais dans un désintéressement inavoué ? Cela n’aurait pas dû se passer comme ça, songea-t-il en découvrant son hôte face à lui.
Il cligna plusieurs fois des yeux, surpris, que de toutes les personnes foulant le sol new yorkais il avait fallu qu’il ne puisse tomber sur cette personne rencontrée quelques jours plus tôt. Il ne croyait pas au hasard pas plus qu’il ne croyait aux coïncidences. Il vivait enchainé depuis des années et ni l’un ni l’autre ne s’étaient présentés à lui afin qu’il ne puisse jouir de ce que chaque jeune de son âge se devait de vivre en pleine conscience avant de devenir adulte et de regretter le passé. Lui ne déplorerait pas son passé, il ne pleurerait que le jour présent.

« Je…, commença-t-il avant de repousser le plaid et de s’asseoir face à lui, Je suis désolé pour les problèmes que j’ai pu te causer. »

Il s’inclina. Il ne pouvait pas rester ici, il n’avait pas à lui imposer sa présence et en même temps, il était épuisé. Il était transi de froid car il avait quitté le domicile familial deux jours auparavant. Il avait faim et les entrailles dans son ventre le lui firent comprendre en se tordant violemment. Il grimaça et se passa une main dans les cheveux.

« Merci pour ce que tu as fait. »

mais est-ce de la pitié ?

« Je ne vais pas t’embêter plus longtemps. »

Il se leva, chercha son sac du regard. Il n’avait pris que le strict nécessaire car tout ce qui importait n’était que la danse. Une passion qu’il ne souhaitait qu’elle n’appartienne qu’à lui-même et à personne d’autre. Il se fichait de la renommée, il n’avait cure des grandes écoles prêtes à l’accueillir car il allait simplement finir brisé si on ne faisait rien de ce qui se passait.

@Malo Shim

outfit,, malo a fini par s'assoupir à son tour. la nuque penchée d'un côté, les paupières closes tandis que le silence imprègne le petit studio.

et puis les rêves prennent toute la place dans l'esprit qui tente de se reposer, parce qu'à l'évidence, malo ne peut s'empêcher de transposer la situation de shin à la sienne -
ou du moins, c'est ce que son insconcient semble lui dire.
il se revoit des mois plus tôt, son sac sur le dos et des idées plein la tête. le besoin de s'éloigner de sa famille, de se rendre à l'autre bout de la planète dans l'espoir de se construire un avenir différent de celui qu'on voulait qu'il ait.
de toute façon, à présent, à quoi bon ?
les pas qui tracent la route dans les rues de cette ville inconnue. pourtant, malo n'a pas été effrayé. au contraire. sa facilité à rencontrer l'a sauvé à de nombreuses reprises. lui a permis d'avoir un toit sur la tête, un travail tantôt ici, tantôt là. il a creusé sa voie sans se retourner une seule fois.
qu'est-ce que cela peut signifier pour le garçon qu'il a amené chez lui ?

d'ailleurs, il se réveille à son tour en l'entendant bouger. malo frotte ses yeux, grimace un peu à sa nuque endolorie par la position adoptée pour la nuit. les jambes ramenées contre sa poitrine, il somnole une minute de plus avant que son invité ne se lève pour venir... s'incliner devant lui ?
- ah ! relève-toi s'il-te-plaît, tu me dois rien.
malo se redresse, s'étire, à présent bien éveillé. quelle idée de se comporter de la sorte avec lui. ça le ferait presque gentiment rire, toute cette politesse qui s'échappe du danseur.
- tu m'embêtes pas. et j'ai posé ton sac près de l'entrée, si c'est ça que tu cherches.
il lui sourit, lui désigne la porte juste derrière lui. le studio n'est pas très grand, il ne risque pas de s'y perdre.
malo rejoint le coin cuisine pour mettre de l'eau dans la bouilloire.
- je serai un mauvais hôte si je te laissais partir sans te doucher et sans manger quelque chose, non ?
une fois la bouilloire branchée, malo invite shin à aller vers la salle de bain. il lui attrape une serviette qu'il lui cale entre les bras ; remarquant encore là que le plus jeune est particulièrement grand.
il n'en dit toutefois rien, retournant préparer de quoi se mettre sous la dent.
en réalité, malo ne compte pas le laisser repartir sans avoir quelques explications. il ne veut pas se montrer intrusif, mais il a déjà compris que shin est jeune et imprudent pour s'être endormi dans la rue. il aimerait au moins s'assurer qu'il a un endroit où dormir.

@Shin'ichi Ito

outfit,, Il allait partir, il n’allait pas lui imposer sa présence. Il retournerait à l’extérieur, il se trouverait une nouvelle place dans la rue où on ne viendrait pas l’embêter. Il s’endormirait, peut-être, il attendrait que le temps passe en espérant que cela puisse changer les cours des événements à venir… futile ? C’était futile et déplaisant. Il n’était qu’un gamin ayant envie de grandir car il n’aspirait qu’à une liberté mais elle ne serait que précaire. Il le savait, il n’y avait pas de place pour son voeu inespéré dans ce monde. Il n’y avait que la réalité, cinglante et terrifiante.
Et elle lui enserra la poitrine, il crut qu’il allait défaillir. Il allait chuter, je vais tomber. Il avait besoin que quelqu’un ne l’aide et ne lui tende une main généreuse. Cela existait-il ? Il avait cessé de compter tous les matins où il se réveillait l’âme en peine de croire qu’il ne faisait qu’un mauvais rêve. Debout au milieu de cette somptuosité étouffante, il s’était demandé ce qu’il représentait une fois de plus ce jour où il avait décidé de s’en aller. Quel être pouvait-il prétendre savoir danser sans avoir la possibilité de se détacher les ailes ? Et, quand on y pensait, était-ce une nécessité que d’avoir des ailes afin de toucher du bout des doigts le plus incertain ? Il préférerait au final qu’on ne les lui arrache.
Il ne dit rien, il le laissa faire. Le regarda agir, s’agiter et eut envie de pleurer. Comme l’enfant qu’il était. Il s’exécuta d’ailleurs et il partit prendre une douche. Il colla son front contre le carrelage froid du mur et il ferma les yeux. Étrangement, il n’avait pas eu peur quand poussé par l’adrénaline du moment il avait fui le domicile familiale et désormais, il était étreint par l’effroi. Il réalisait péniblement à quel point il était malheureux d’être né avec ce talent pour la danse alors qu’elle lui apportait à la fois tant. Il déglutit, et sorti de la douche, refit les bandages à ses mains tout en regardant les dernières marques laissées par sa mère sur le reste de son corps.
Pourquoi maman ?

« Est-ce que tu as eu pitié ? »

Ils n’allaient pas tourner autour du pot. N’est-ce pas ? Il se tenait dans l’embrasure de la porte du séjour. Malo était plus petit que lui et plus âgé que lui. Il aimait bien l’agencement de son appartement, c’était agréable ici et plus facile à respirer.

« Est-ce que je peux t’aider ?, s’avança-t-il vers lui, Ça sent bon. »

Il laissa finalement un sourire se dessiner sur ses lèvres et il attendit qu’il ne lui dise quoi faire pour l’aider. Il avait vécu dans une richesse abondante mais l’on n’avait pas oublié de lui apprendre le respect et les bonnes manières.

@Malo Shim

outfit,, dans la salle de bain, l'eau finit par se mettre à couler et malo se retrouve seul dans le salon. tandis qu'il s'attelle à la préparation d'un petit-déjeuner avec ce qu'il a sous la main, il se demande ce qui a bien pu traverser l'esprit de son invité d'infortune.
il se souvient de leur rencontre, dans cette ruelle.
il le revoit danser
et les ailes placardées dans le dos.
puis, il se rappelle aussi cet homme venu le chercher, dans une voiture hors de prix. le luxe, ou la dépendance. malo esquisse une légère grimace en coupant des rondelles de carotte. il connaît ce que ça peut signifier et imagine un peu l'envie de shin de s'en échapper.
couper le cordon.
rompre avec une éventuelle emprise familiale ?
néanmoins, il n'en a pas plus le temps de s'y attarder. sa curiosité finira bien sûr par se perdre contre le principal concerné, mais il essaie d'avoir peut-être un peu plus de tact aujourd'hui. avoir dormi dans la rue et se réveiller chez un inconnu - ou presque - n'aide sûrement pas à se sentir à l'aise. autant éviter de le faire fuir.

il est en train de poser une poêle où a chauffé des oeufs sur la table basse quand il aperçoit la silhouette de shin quitter la salle de bain.
- quoi ?
de la pitié ?
malo secoue la tête en se frottant les mains.
- non. j'ai juste eu peur pour toi. n'importe qui aurait pu te faire n'importe quoi.
il parcourt les trois pas qui le ramènent dans la cuisine et fait signe à son camarade de dresser la table s'il le souhaite. ce n'est pas un grand buffet mais une omelette aux légumes frais est déjà un bon départ pour commencer une nouvelle journée.
- tiens, tu peux choisir ton thé si tu veux. tout est dans le placard en face de toi.
malo part ensuite s'installer au sol, près de la table basse. il les sert et attend que shin s'asseoit à son tour avant de commencer à manger.
- je cuisine pas beaucoup, en fait je suis pas super souvent chez moi. j'espère que c'est bon.
il lui offre un sourire en attendant qu'il soit le premier à porter l'omelette à sa bouche.
malo mange souvent à l'extérieur, déjeunant ou dînant sur le pouce, parfois grâce aux restes qu'il y a s'il est serveur dans un restaurant. il ne se soucie que peu de ce qui peut parfois être difficile pour d'autres mais après tout, bien qu'il possède de l'argent au chaud sur un compte en banque, le jeune homme n'utilise que les revenus qu'il a dûrement gagné.
et c'est bien plus satisfaisant.
- alors... qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?
ses prunelles brunes viennent à la rencontre de leurs jumelles.
sur quel fil tirer afin que la marionnette s'articule d'elle-même ?

@Shin'ichi Ito

outfit,, Malo était-il une chance inouïe ? Car Malo avait raison. N’importe qui aurait pu lui faire n’importe quoi. Il avait eu l’intelligence d’esprit d’enlever ses bijoux afin qu’on ne devine pas son aisance mais ses vêtements restaient des vêtements hors de prix quels qu’ils soient. Il déglutit en l’entendant prononcer ces mots, il aurait pu tomber sur une autre personne autre que Malo et cela aurait pu se passer autrement. Rien ne l’assurait en cet instant que cet étranger ne soit pas en train de le duper, il ne le connaissait pas assez pour en être confiant mais il savait qu’il n’était pas comme ça. Il ne risquait rien ici, il était en sécurité.

« Merci. »

Un souffle, épuisé.
Il dressa la table quand il lui montra où se trouvait la vaisselle. Debout, il en profita pour attraper le thé qui lui convenait et revint auprès de Malo. Installé face à lui, il posa un regard sur la nourriture préparée sous ses yeux. Elle n’avait pas le même aspect que celle servie chez lui, elle lui donnait envie malgré qu’il ait pu passer transi de froid ces derniers jours à l’extérieur. L’âme errante, perdu et terrifié et à l’idée qu’on ne puisse le retrouver. Ce n’était pas parce qu’il n’avait pas pris son téléphone portable que sa mère ne trouverait pas le moyen efficace de le faire. D’ailleurs, c’était aussi pour cette raison qu’il devait partir. Il n’irait pas mettre Malo dans une position indélicate.
Avant, pouvait-il en profiter un peu ?
Il se servit et mangea. Cela satisfaisait bien plus que son désir de manger, son ventre le lui fit comprendre et ce fut comme si une fois de plus il laissa tout retomber. Mais il ne pleurerait pas, fier, borné qu’il était. On se demandait de qui il tenait.

« C’est très bon. »

Pourquoi t’attardes-tu ici ? Tu l’importunes.

« Hein ? »

Il releva le regard vers lui et vit qu’il le regardait. Attendait une réponse à sa question. Sauf qu’il ne la possédait pas. Il était parti sans se soucier de ce qu’il ferait après car il ne lui était pas réellement arrivé avant de penser à fuir. Il n’y avait pas de scénarios possibles.

« Qu’est-ce que je comptes faire… Déjà je ne peux pas rester ici, lui dit-il, Chez toi. Je ne peux pas soudainement débarquer et t’imposer ma présence. La vie est chère et puis… »

Il ne termina pas sa phrase. Elle resta en suspens et il repoussa son assiette non terminée. Malo respirait une certaine liberté, il n’avait pas à la lui enlever. Il jeta un coup d’oeil à son sac et puis ses chaussures à l’entrée. Il n’avait qu’à récupérer ses affaires et partir, c’était aussi simple comme bonjour. Il voulut se cacher derrière sa capuche et disparaître.

@Malo Shim