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masque cinquante-deux — jules
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Le sourire est aussi fin qu'il est espiègle. Oui, des rêves. Le genre de rêves qui font hurler, crier, et verser des larmes de plaisir. Le genre de rêves pour lesquels on recroquevillerait ses orteils et entrouvrirait ses lèvres pour laisser échapper des plaintes et des frissons. Le genre de rêves qui font murmurer un seul mot, comme un disque rayé: son prénom. Ou plutôt, son identité usurpée. « Jules. »
« Des rêves. » On se contente de répéter les mots, sans ajouter de la texture, ni de la saveur. Parfois, un regard brûlant peut laisser plus d'empreintes que n'importe quelle encre sur une feuille froissée. La réflexion de la poupée l'amuse. On ne peut décemment pas se retenir d'entrer un peu plus dans la provocation. « Cela dépend entièrement de toi. » Un sourire, mutin, se dessine sur ses lèvres. On reste énigmatique, pour l'instant, conscient que c'est ainsi qu'on captive l'attention de ce public spécifique. On porte de nouveau le bourbon à ses lèvres pour s'en abreuver légèrement. Ses lèvres s'accrochent momentanément à la lisière du récipient, des reflets de chandelier illuminant sa superficie encore moite d'alcool. « Il doit bien y avoir quelque chose sur terre qui te fait rêver, non? » Une question qui est autant un constant qu'une interrogation. Qu'il y réponde. Ou qu'il n'y réponde pas. C'est du pareil au même: son seul objectif est d'infiltrer l'idée chimérique de l'onirisme dans ses pensées, afin qu'il contemple les possibilités. C'est à ce moment qu'on parviendra à mettre en marche son plan machiavélique.
Un nouveau sourire se dessine face à la nouvelle question qui lui est balancée, avec tant d'agilité qu'elle en semblerait presque agressive. Presque. « À toi de me l'dire. Ce sont tes mots, pas les miens. » On pourrait lui offrir un clin d'oeil. Au lieu de cela, on se contente de le regarder avec une certaine intensité, d'énergie équivalente à celle de ce gage de complicité. On sirote de nouveau son bourbon, en attendant la réponse. Sans surprises, celle-ci se focalise sur une définition qui n'a rien à voir avec soi, ni même avec lui. On laisse tourbillonner son verre entre ses doigts avec nonchalance. On écoute, sans interrompre, bien qu'on se retient difficilement de bailler. La seconde phrase est plus prometteuse: elle s'axe autour du vécu de la proie. Il s'en enrobe, comme d'une parure en fourrure. Pour se préserver, très certainement. Dans tous les cas, elle n'en révèle, bien évidemment, pas assez. Il reste sur la retenue, perché sur ses gardes. Mais on a déjà eu affaire à gibier plus coriace. Alors que la balle lui est renvoyée, de nouveaux verres sont réclamés. On passe au whiskey sec, à présent, remerciant le barman lorsqu'il tend le verre rempli avant de reporter son attention sur la Barbie. On fait exprès de prendre son temps, histoire de tourmenter légèrement son interlocuteur. Le temps qu'il laisse son imagination et sa curiosité le ronger de l'intérieur. « Tu te pré-occupes trop des autres », finit-on par affirmer, en prenant la liberté de poser sa main sur l'épaule du brun. « Ce n'est pas à moi de définir ce que ça veut dire. Il n'y a que toi qui sait ce dont tu rêves. » Sa main ne se relève pas. Au contraire, voilà que son pouce commence à caresser, discrètement, l'étoffe de la chemise de l'héritier Provençal. Leurs regards se croisent alors, doux mariage de circonstances. Ses iris, fermes et aiguisés, dévorent ceux de l'agneau qu'il a pris en proie. Ils semblent lui susurrer l'affirmation suivante: rêve donc de moi, Barbie.
« Des rêves. » On se contente de répéter les mots, sans ajouter de la texture, ni de la saveur. Parfois, un regard brûlant peut laisser plus d'empreintes que n'importe quelle encre sur une feuille froissée. La réflexion de la poupée l'amuse. On ne peut décemment pas se retenir d'entrer un peu plus dans la provocation. « Cela dépend entièrement de toi. » Un sourire, mutin, se dessine sur ses lèvres. On reste énigmatique, pour l'instant, conscient que c'est ainsi qu'on captive l'attention de ce public spécifique. On porte de nouveau le bourbon à ses lèvres pour s'en abreuver légèrement. Ses lèvres s'accrochent momentanément à la lisière du récipient, des reflets de chandelier illuminant sa superficie encore moite d'alcool. « Il doit bien y avoir quelque chose sur terre qui te fait rêver, non? » Une question qui est autant un constant qu'une interrogation. Qu'il y réponde. Ou qu'il n'y réponde pas. C'est du pareil au même: son seul objectif est d'infiltrer l'idée chimérique de l'onirisme dans ses pensées, afin qu'il contemple les possibilités. C'est à ce moment qu'on parviendra à mettre en marche son plan machiavélique.
Un nouveau sourire se dessine face à la nouvelle question qui lui est balancée, avec tant d'agilité qu'elle en semblerait presque agressive. Presque. « À toi de me l'dire. Ce sont tes mots, pas les miens. » On pourrait lui offrir un clin d'oeil. Au lieu de cela, on se contente de le regarder avec une certaine intensité, d'énergie équivalente à celle de ce gage de complicité. On sirote de nouveau son bourbon, en attendant la réponse. Sans surprises, celle-ci se focalise sur une définition qui n'a rien à voir avec soi, ni même avec lui. On laisse tourbillonner son verre entre ses doigts avec nonchalance. On écoute, sans interrompre, bien qu'on se retient difficilement de bailler. La seconde phrase est plus prometteuse: elle s'axe autour du vécu de la proie. Il s'en enrobe, comme d'une parure en fourrure. Pour se préserver, très certainement. Dans tous les cas, elle n'en révèle, bien évidemment, pas assez. Il reste sur la retenue, perché sur ses gardes. Mais on a déjà eu affaire à gibier plus coriace. Alors que la balle lui est renvoyée, de nouveaux verres sont réclamés. On passe au whiskey sec, à présent, remerciant le barman lorsqu'il tend le verre rempli avant de reporter son attention sur la Barbie. On fait exprès de prendre son temps, histoire de tourmenter légèrement son interlocuteur. Le temps qu'il laisse son imagination et sa curiosité le ronger de l'intérieur. « Tu te pré-occupes trop des autres », finit-on par affirmer, en prenant la liberté de poser sa main sur l'épaule du brun. « Ce n'est pas à moi de définir ce que ça veut dire. Il n'y a que toi qui sait ce dont tu rêves. » Sa main ne se relève pas. Au contraire, voilà que son pouce commence à caresser, discrètement, l'étoffe de la chemise de l'héritier Provençal. Leurs regards se croisent alors, doux mariage de circonstances. Ses iris, fermes et aiguisés, dévorent ceux de l'agneau qu'il a pris en proie. Ils semblent lui susurrer l'affirmation suivante: rêve donc de moi, Barbie.
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La langueur de tes gorgées me donne l'impression d'être au bord d'un lac mordoré, couché à même l'herbe sèche et transparente ; comme si c'était mon corps à moi, étendu sur le récif de tes lippes. Je bouge moins, et même ma jambe dont la tradition a toujours été de s'agiter, électrique, semble s'être apaisée ce soir. Peut-être est-ce les liqueurs mélangées, peut-être est-ce la fatigue brûlante, mais j'ai chaud aux joues, chaud aux tempes, chaud à même la peau, comme si un soleil s'y était incrusté. Peut-être est-ce tout autre chose, de ces tout autres choses qui cachent un secret ; j'ai dû me perdre pendant de trop longues secondes à chercher un trésor enfoui en tes abysses, le long des prunelles. Vendeur de rêves. Ça continue de résonner, ça s'inscrit et ça se grave sur mon épiderme, sur la chair. Vendeur de rêves, c'est curieux, parce que je ne me suis pas vu t'offrir rémunération, pourtant le rêve a été servi sur un plateau, en un battement de cils, en une floraison d'iris. Conquis, peut-être, dès les premiers mots, inadapté socialement depuis ces longues périodes d'inertie, à ne me blottir que contre le corps de mes draps, à attendre désespérément un miracle. Si loin caché dans ma forêt d'ombres que je n'avais plus vu un seul regard transpercer le mien. Alors, il suffisait d'une seule étincelle intense, au coin des yeux azur, pour que je sois pourfendu, pour que la bataille soit presque gagnée ; presque, parce qu'il restait les dernières luttes, l'attention aux convenances sociales, celle que tu trouves de trop. Sans doute parce qu'elle ne fait pas ton affaire, ou bien peut-être que je vire trop facilement au doute. Éris se pointe en robe de soir, dans un coin de mon cerveau, mais pour l'instant je la rejette, elle et le bruit intempestif de ses talons contre mon crâne. Sur un trône de ronces, elle s'assoit, discorde dansante jusqu'au carmin de ses lippes, et attend, patiemment ; attend quoi d'ailleurs ? Que je me réveille ? Voyons, Eris, je suis face au vendeur de rêves, tu penses vraiment pouvoir rivaliser avec Morphée lui-même ? "Évidemment que je me préoccupe des autres. Ce sont eux, les dieux modernes ; eux qui font la pluie et le beau temps ; eux qui font et défont les histoires. Alors il faut que je sois parfait, et si ce n'est pas pour moi, si ce n'est pas pour un type à mon bras..." Une gorgée, la voix rauque qui s'hydrate, reprend ses vraies vocalises, oiseau moqueur. "Alors c'est bien pour eux qu'il faut que je sois irréprochable. Irréprochable, c'est aussi ne pas avoir de rêves. J'ai des ambitions. Les rêves, c'est réservé aux draps, aux chuchotements d'une nuit." Haussement d'épaules, les yeux levés vers le fardeau d'Atlas, et puis j'enchaîne, sans te laisser le temps de répondre. "Alors bon courage pour percer ma carapace et me vendre un de tes artifices, Jules. Je ne suis pas un client facile." Verre au bout des lèvres, qui valse là, du mouvement des phalanges, touches de piano glissées sous la peau, instrument qui s'agite, trahit le mensonge ; trahit même les mensonges.
Évidemment que je suis déjà acquis. Évidemment que je suis la proie facile.
Évidemment que j'ai des rêves, qu'ils ont été brisés, boules à neige éparpillées, et puis récupérées, les paumes en sang, le regard détruit, dans une tentative vaine de les réanimer.
Mon vrai rêve, c'est d'avoir le coeur qui bat vraiment. Comme avec Lieb. Comme pendant un baiser aux quatre vents.
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Le sourire narquois qu'on offre trahit l'amusement qu'on tire de la discussion. « Irréprochable, carrément? Wow, la vache! C'est un sacré standard ça, l'ami. » On ne peut s'empêcher de continuer de sourire, étonnamment charmé par la candeur naïve et innocente de son interlocuteur. On sirote une nouvelle gorgée du whiskey. « Tu veux savoir c'que j'pense? » On repose le verre d'un coup sec, en attendant le regard inquisiteur de l'interlocuteur, avant de poursuivre sa pensée. « J'pense qu'il est temps que tu te trouves un nouveau dieu. » L'emploi du singulier est stratégique: c'est bien soi qu'on vise à proposer en guise de candidat au poste. On a, après tout, la tête de l'emploi.
Il est évident que la Barbie ne correspond pas au profil habituel des « clients » auxquels on se frotte (aussi figurément que littéralement). C'est probablement pour cela que l'idée qu'on puisse entacher sa pureté de la pollution de son âme se montre aussi irrésistible. Il représente un défi, un challenge rare pour cet homme qui a pour habitude de se faire accoster par des âmes toutes plus perverties que leurs précédents et leurs prochains. Réussir à charmer Barbie, ce serait affirmer une certaine expertise dans l'art de la séduction. Alors on redouble en efforts. « Tout le monde a des rêves, l'ami. Tu les ignores simplement encore. » Alors laisse moi te montrer l'océan de possibles. Laisse moi te faire découvrir tout le potentiel de ton existence. Laisse moi te vendre ces rêves que j'ai déjà vendus à des dizaines de tes semblables.
« La facilité, c'est surfait », on souffle finalement, son regard s'ancrant dans celui de la poupée, ses doigts s'accrochant un peu plus à son épaule. Ses lèvres, toujours humides, toujours luisantes, font appel à celles de Barbie – les entend-il seulement? « Attends, t'as un peu de quelque chose, là », finit-on par murmurer, avant de faire recours à son pouce pour caresser, doucement, la joue de poupée KenTM. Évidemment, il ne s'agit là que d'un prétexte: sa joue était immaculée, le jeu étant d'initier un contact physique, bref, furtif, et captivant, afin d'éveiller l'appétit du petit prince.
Il est évident que la Barbie ne correspond pas au profil habituel des « clients » auxquels on se frotte (aussi figurément que littéralement). C'est probablement pour cela que l'idée qu'on puisse entacher sa pureté de la pollution de son âme se montre aussi irrésistible. Il représente un défi, un challenge rare pour cet homme qui a pour habitude de se faire accoster par des âmes toutes plus perverties que leurs précédents et leurs prochains. Réussir à charmer Barbie, ce serait affirmer une certaine expertise dans l'art de la séduction. Alors on redouble en efforts. « Tout le monde a des rêves, l'ami. Tu les ignores simplement encore. » Alors laisse moi te montrer l'océan de possibles. Laisse moi te faire découvrir tout le potentiel de ton existence. Laisse moi te vendre ces rêves que j'ai déjà vendus à des dizaines de tes semblables.
« La facilité, c'est surfait », on souffle finalement, son regard s'ancrant dans celui de la poupée, ses doigts s'accrochant un peu plus à son épaule. Ses lèvres, toujours humides, toujours luisantes, font appel à celles de Barbie – les entend-il seulement? « Attends, t'as un peu de quelque chose, là », finit-on par murmurer, avant de faire recours à son pouce pour caresser, doucement, la joue de poupée KenTM. Évidemment, il ne s'agit là que d'un prétexte: sa joue était immaculée, le jeu étant d'initier un contact physique, bref, furtif, et captivant, afin d'éveiller l'appétit du petit prince.
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Le temps de quelques instants, est-ce pour singer l'indifférence, est-ce pour feinter l'envie de fuir de l'océan optique, je tourne la tête, observe le reste des foules. On mijote encore quatre cents coups, on prépare les gants de velours pour enrober de ses mains expertes la ville entière. Dans le réconfort des toilettes, on tisse d'autres contrats, d'autres engagements ; un mot en brise douce soulèvera dans les veines de marbrures la poudre blanche qui s'y est égarée. Les soirs étaient plus sympas quand il y avait Lynne, quand il y avait Amos. Et pourtant, je me vois mal écrire à mon frère, lui demander de se rejoindre ; te le présenter, compter les secondes avant qu'à son tour il bascule sous tes effets de charme. Tu es sorcier, magicien, envoûter, et tu as beau lascivement te rapprocher, me faire croire que je suis le clou du spectacle, on sait tous les deux que ma liberté n'est qu'une illusion. C'est toi qui mène la danse ; la musique démarre, orchestre symphonique à taille réduite qui reprend les classiques du vingtième siècle. On entend une mère pouffer, reconnaissant l'entrée de bal de son mariage avec un richissime commercial pétrolier. Derrière ton épaule tendue, un type est entouré de cinq jeunes femmes, et ils dansent tous les six, avec l'innocence de ceux qui savent très bien ; savent que les regards sont braqués sur eux, savent que les chuchotements deviendront dagues qu'on leur pointera au visage. Pourtant, ils dansent, électriquement, se répandent mètre par mètre, dans une furie hilare qui n'a de cesse de tourmenter leurs voisins directs.
Par-dessus la basse, par-dessus les chorégraphies qui frappent le sol, il y a ta voix qui revient, s'impose, comme un chant des sirènes auquel Ulysse lui même aurait succombé. Pourtant, tu ne rattrapes pas tout de suite mon attention ; enfin, en tout cas, je ne cède pas tout de suite mon cirque, ne me dépars par encore de mes artifices, ceux qui veulent te faire croire que je ne t'écoute plus tout à fait. Tu dois le sentir, peut-être même que tu t'en agaces ; ta main sur mon épaule devient plus prégnante, me rappelle à toi en même temps que tes phalanges se logent contre ma joie, rien que deux secondes. Je plisse les yeux. "Merci." Je n'ai rien mangé ce soir, rien bu qui puisse laisser une trace ; c'est un acte volontaire, une douceur qui voudrait me désemparer, et ça marche. Trois gorgées ; le rhum est plus fort, j'ai besoin que ma gorge devienne le Styx. "Tu viens ?" Besoin d'air, besoin du panorama de la ville, ma main attrape ton poignet, se glisse contre ta paume, c'est discret, caché par nos jambes et par l'orientation de nos corps. Personne ne remettra en doute la fidélité absolue du fils Arnauld, personne ne voudra l'absoudre de ses devoirs conjugaux, même si l'époux n'est plus qu'un amas de souvenirs.
Il n'y a pas grand-monde sur ce passage là. La musique continue de retentir, symphonie qui accompagne chacun de nos pas, et l'obscurité se fait, au détour d'un couloir. Je compte cent-dix pas, chacun m'aidant à relâcher un peu plus ta main. Je m'arrête, m'adosse, regarde. C'est une grande fenêtre, octogonale, au large cadre de bois ; il y a en dessous un de longs fauteuils rembourrés sans dossier. J'y pose un genou, ouvre la partie supérieure de la fenêtre, les carreaux se superposent, et je respire un peu l'air frais. Dehors, la nuit est tombée. Les lampadaires sont les étoiles, le ciel devient des vals sombres, faits d'herbe noire. On s'y perdrait presque ; le monde est à l'envers, ce soir. "Merci, Jules." Je répète la formule, mais cette fois articule ton prénom, yeux dans les yeux, lèvres en face des lèvres, quelques centimètres seulement, pendant que plus bas, c'est ma main qui fouille dans ta veste de costume, tente d'y trouver du feu, en vain - le remerciement aura été vain - ; je hausse les épaules, sors mon propre briquet de mon pantalon, allume la cigarette, le feu au bout des lèvres. La fumée qui part en fils d'Ouranos, nuage qui s'évade par la fine ouverture. "Qu'est-ce que tu proposerais de me vendre, alors ?" Les yeux s'enfuient, maintenant, parce que j'ai du mal à l'avouer ; le filet séducteur m'empêche de jouer les albatros, de m'envoler.
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Le remerciement est une forme d'engagement. Il s'agit de faire preuve de gratitude. Lorsque la gratitude est ressentie, la redevance devient une idée sous-jacente à la conversation: le besoin de retourner la faveur, de rendre service à son tour, devient une suggestion des plus alléchantes. On a bien conscience de la sournoiserie des stratagèmes qu'on emploie. Cela ne nous a jamais dérangé plus que cela: le monde appartient à ceux qui osent user de leurs talents. Il s'avère que la séduction est le principal atout qu'on tient à notre disposition, alors pourquoi la gaspiller?
Tu viens ?
Le sourire, discret, mutin, n'est pas moins intense pour autant. Il fait office de réponse, là où ses mots n'auraient rien d'autre à ajouter. On entend déjà les premiers sons de cloche; ceux de la victoire. Ce moment, on l'a vécu une centaine de fois par le passé. C'est généralement à partir de là que tout se découd en sa faveur. La victoire s'annonce proche, et délicieuse.
Leurs mains se rejoignent, s'épousent. Se promettent les tendresses que leurs regards se murmurent mais que leurs voix se refusent à articuler. Sa poigne ferme se resserre autour des doigts de sa poupée, comme pour exprimer une possessivité indélébile. Tu es à moi, désormais.
On le suit, vers le corridor. La mélodie étouffée des haut-parleurs offre un leitmotiv discret à la scène. On observe, en silence, alors que la Barbie cherche à s'abreuver de la fraicheur nocturne. Ironiquement, il s'agit là du nom de la cologne portée ce soir: fraicheur nocturne. On en possède tout un amas, mais celle-ci demeure la pièce de résistance de son arsenal. Un deuxième remerciement lui est offert, qu'on accepte volontiers. Néanmoins, le désir d'affermir son emprise sur sa proie se fait ressentir par son interrogation malicieuse. « Pourquoi donc? » Les mots, accrochés à ses lèvres, roulent le long de sa langue avec charisme et sensualité. On veut l'entendre confesser ce qu'il ressent, au creux de son estomac. On veut l'entendre admettre l'attirance enivrante qui s'accroît au gré des minutes passées en sa compagnie. Leurs yeux s'emprisonnent, les siens empoisonnant davantage ceux de sa biche égarée, la Barbie Bambi, aux yeux délicieusement innocents, dépourvus de toute dépravation. Pas comme les siens, à lui. « Jules ». Son âme a été vendue au diable depuis des années. Il n'y a pas de place pour l'innocence dans un corps conçu pour véhiculer les rêves d'autrui. Page blanche, toile vierge, on se doit d'être dénaturé pour pouvoir se métamorphoser en l'incarnation vivante des désirs de son public.
Une main s'égare dans sa veste, et on s'apprête à la saisir pour la caresser lorsque celle-ci, trop furtive et fugace, décidé de se faire la malle, en quête d'un briquet. On observe en silence. On attend son invitation, pour passer à l'acte et bondir. Loup affamé, prêt à dévorer la plus naïve des brebis.
Qu'est-ce que tu proposerais de me vendre, alors ?
Un nouveau sourire, alors qu'on se rapproche. Sa main caresse doucement celle de son interlocuteur, son regard inquisiteur s'apprêtant à lui arracher une confession compromettante. « Cela dépend entièrement de toi. », souffle-t-on alors, avant de s'emparer de la cigarette du brun pour la plaquer entre ses lèvres, et en inspirer une bouffée. Un air de défi colore son regard de teintes intenses et chatoyantes, alors qu'on expire doucement la fumée, formant des anneaux (une ruse qu'on avait tôt fait d'apprendre compte tenu de son quotient de séduction important). Ses doigts se perdent le long du dos de la main de la Barbie-Ken, alors qu'on se rapproche de sa proie. « ... Mais je pense savoir de quoi tu as besoin », on confesse enfin, laissant ses doigts remonter dangereusement le long de l'avant bras de sa victime. Nul besoin d'en dire plus, encore moins d'en faire un dessin: ses gestes sont clairs, sans équivoque. Le bal est enfin lancé.
Tu viens ?
Le sourire, discret, mutin, n'est pas moins intense pour autant. Il fait office de réponse, là où ses mots n'auraient rien d'autre à ajouter. On entend déjà les premiers sons de cloche; ceux de la victoire. Ce moment, on l'a vécu une centaine de fois par le passé. C'est généralement à partir de là que tout se découd en sa faveur. La victoire s'annonce proche, et délicieuse.
Leurs mains se rejoignent, s'épousent. Se promettent les tendresses que leurs regards se murmurent mais que leurs voix se refusent à articuler. Sa poigne ferme se resserre autour des doigts de sa poupée, comme pour exprimer une possessivité indélébile. Tu es à moi, désormais.
On le suit, vers le corridor. La mélodie étouffée des haut-parleurs offre un leitmotiv discret à la scène. On observe, en silence, alors que la Barbie cherche à s'abreuver de la fraicheur nocturne. Ironiquement, il s'agit là du nom de la cologne portée ce soir: fraicheur nocturne. On en possède tout un amas, mais celle-ci demeure la pièce de résistance de son arsenal. Un deuxième remerciement lui est offert, qu'on accepte volontiers. Néanmoins, le désir d'affermir son emprise sur sa proie se fait ressentir par son interrogation malicieuse. « Pourquoi donc? » Les mots, accrochés à ses lèvres, roulent le long de sa langue avec charisme et sensualité. On veut l'entendre confesser ce qu'il ressent, au creux de son estomac. On veut l'entendre admettre l'attirance enivrante qui s'accroît au gré des minutes passées en sa compagnie. Leurs yeux s'emprisonnent, les siens empoisonnant davantage ceux de sa biche égarée, la Barbie Bambi, aux yeux délicieusement innocents, dépourvus de toute dépravation. Pas comme les siens, à lui. « Jules ». Son âme a été vendue au diable depuis des années. Il n'y a pas de place pour l'innocence dans un corps conçu pour véhiculer les rêves d'autrui. Page blanche, toile vierge, on se doit d'être dénaturé pour pouvoir se métamorphoser en l'incarnation vivante des désirs de son public.
Une main s'égare dans sa veste, et on s'apprête à la saisir pour la caresser lorsque celle-ci, trop furtive et fugace, décidé de se faire la malle, en quête d'un briquet. On observe en silence. On attend son invitation, pour passer à l'acte et bondir. Loup affamé, prêt à dévorer la plus naïve des brebis.
Qu'est-ce que tu proposerais de me vendre, alors ?
Un nouveau sourire, alors qu'on se rapproche. Sa main caresse doucement celle de son interlocuteur, son regard inquisiteur s'apprêtant à lui arracher une confession compromettante. « Cela dépend entièrement de toi. », souffle-t-on alors, avant de s'emparer de la cigarette du brun pour la plaquer entre ses lèvres, et en inspirer une bouffée. Un air de défi colore son regard de teintes intenses et chatoyantes, alors qu'on expire doucement la fumée, formant des anneaux (une ruse qu'on avait tôt fait d'apprendre compte tenu de son quotient de séduction important). Ses doigts se perdent le long du dos de la main de la Barbie-Ken, alors qu'on se rapproche de sa proie. « ... Mais je pense savoir de quoi tu as besoin », on confesse enfin, laissant ses doigts remonter dangereusement le long de l'avant bras de sa victime. Nul besoin d'en dire plus, encore moins d'en faire un dessin: ses gestes sont clairs, sans équivoque. Le bal est enfin lancé.
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Les mains deviennent chevauchées, quand tes phalanges à toi s'enroulent autour des miennes, cheveux de Méduse. Il n'y a pas un héraut sur un pégase, au dehors, et pourtant tu m'emmènes des ères en arrière, d'un clin d'oeil, d'une main posée sur la mienne. Tu me - nous - ramènes aux prémices du désir, en l'allumant du bout des doigts sur mon derme fatigué. La fumée continue de s'échapper en cumulonimbus grisonnants ; elle cache le reflet, m'empêche de voir mes traits tirés, m'empêche surtout de voir derrière moi la silhouette de Seth. Il hante les miroirs, il hante les pensées, il est toujours dans un coin ; et puis récemment, mes songes ont viré aux fantasmes, et il y a eu Lieb, en plus du reste. Des cauchemars de corps nus, celui de l'époux, celui de l'assassin, aucun glaive, aucun carmin, juste le désir à l'état brut, qui venait irriguer le corps, le dresser en tout sens de mille flammes. C'est Éros dont le royaume s'effrite, Éros qui connaît les pires pluies, s'enflamme aux odeurs du pétrichor, quand tes doigts remontent sur mon bras, explore une terre qui était inconnue, un territoire oublié. Pourquoi est-ce que mon corps réagit comme ça ? Ce sont de bêtes pensées d'adolescent, sans doute, de ridicules idées qui se dessinent dans mes synapses, entre tes ronds de fumée et les incendies de Cerbère qui s'allument, partout. Je sens ma silhouette entière s'affaisser, devenir brouillon d'encre de Chine, et puis finalement épouser un peu plus la tienne. Il n'y a plus que quelques centimètres.
Quelques centimètres de vide ; quelques centimètres d'un rien, d'un tout ; quelques centimètres et pourtant déjà tous mes signaux s'affolent, pourtant déjà ma peau devient terrain de lave, pourtant déjà j'ai l'impression que ton souffle s'est perdu dans le mien. Le monde entier se laisse embrasser alors que mes yeux à moi, se perdent sur tes lèvres à toi.
"Comment tu pourrais savoir ce dont j'ai besoin ?" La main est toujours solidement arrimée au bras, elle le frôle, le caresse, le touche, et j'ai l'impression qu'elle est à la fois en-dessous, tout contre, et bien au-dessus de ma chair. Tu as créé l'affolement des sens, invoqué les érinyes de luxure, et moi je n'ose plus bouger, alors même que je sens que nos ébauches se touchent enfin. Il n'y a plus deux corps séparés, il n'y en a qu'un, qui devant la fenêtre, à contre-nuit, renvoie l'image d'un papillon dessiné à la hâte. Deux corps en ailes, et puis nos hanches qui sont clipsées, comme des aimants, tordues sans doute, pour l'anatomie du lépidoptère. "Dis-moi ce que je veux, alors." Le concetto m'échappe, se réfugie en un soupir, en un murmure, contre ton oreille, que mes lippes érodent. "Je n'ai jamais acheté de rêve, Jules, et j'ai même arrêté de rêver il y a longtemps. Tu t'y connais probablement mieux que moi ; c'est ton moment." Le nez frappe la mâchoire, une des mains récupère le trésor de nicotine tandis que l'autre se pose contre les côtes, caresse un peu le canevas. "Dis-moi ce que je devrais acheter. Dis-moi exactement ce dont j'ai besoin, et fais-le vite. J'ai tendance à vite me lasser, ces dernières années, tendance surtout à regretter mes courses." Un sourcil levé, les lèvres qui se frôlent dans un mouvement de tête appuyé. Oeil contre oeil, corps contre corps ; nos squelettes en eux-mêmes restent imbriquées, et c'est de la contorsion presque que de m'échapper de la proximité de ton visage. Une contorsion douloureuse, une contorsion dont je ne laisse rien paraître, fin sourire sur la bouche ; et puis je recule, me plaque contre la fenêtre, crache un nouveau brouillard de scaferlati, sans te quitter des iris.
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Alors que la distance s'efface, ses remparts s'effritent. On sent ses armes s'abaisser, sa vulnérabilité se révéler, alors que sa douceur sensible et craintive daigne révéler une pointe d'honnêteté. Il y a une qualité touchante à ce tableau de vulnérabilité. Un homme plus sensible se verrait très certainement charmé, et attendri, par tant de candeur. Mais on n'est pas un homme sensible: c'est le pragmatisme qui le gouverne, celui qui l'encourage à pousser le vice, à creuser plus loin, dans l'objectif d'atteindre son but, quelles qu'en sont les conséquences. On se sait drogue, on se sait poison. On sait que notre passage ne laisse jamais indemne, marquant les âmes et les esprits, vendant des rêves pour mieux briser les coeurs lorsqu'ils sont repris de force lorsque l'addition devient trop salée. Barbie est-elle cible méritante de si cruel traitement? Cela le préoccupe-t-il, seulement? Les gens sont tous les mêmes, dans le fond: égoïstes, viles, cyniques. On sait lire en eux comme on sait admirer son reflet: il n'y a que de la noirceur en ce bas monde. Méritait-on tant de souffrance, tant de confusion, tout au long de son existence? La question du mérite ne se pose même plus: il n'y a que les aléas, le hasard et les vicissitudes. La cible s'est présentée, mûre, prête à cueillir. L'histoire ne va pas plus loin que cela. Culpabiliserait-on de ses travers? Probablement pas. Le monde est un aquarium, peuplé de requins. Les lois de la jungle, règles incontournables de la nature, sont plus fortes que jamais: mange, ou sois mangé. Et personne n'est jamais plus affamé que lui.
Pourtant, on doit bien admettre que chaque cible n'est pas identique. Certaines sont plus coriaces, d'autres plus tendres. La chair peut être fraiche, ou cuirassée. Les lèvres, moites, ou sèches, ou parfaitement humidifiées. La plastique, avantageuse ou repoussante, le corps, charnu, ou sculpté d'un art immaculé. Une poupée, bien évidemment, a pour fonction de promouvoir les aspirations: la beauté est toujours si précise qu'elle met au défi les conventions du réalisme, les bafouant, même, pour projeter un idéal si somptueux qu'il en semblerait presque inaccessible. L'indifférence artificielle si maladroitement simulée de Barbie reste amusante, au plus haut degré. Le sentiment de fierté éprouvé, en anticipation, à l'idée qu'on puisse le faire sombrer dans ses filets, s'avère si délicieux qu'on s'en lècherait presque les babines. Ses lèvres invitent un regard, discret, furtif, mais bel et bien existant, qu'on compte bien exploiter en sa faveur. « Une intuition », se contente-t-on de souffler, les paupières détendues, alors que ses lèvres se rapprochent dangereusement de celles de sa proie. L'invitation demeure délicieuse. Dis-moi ce que je veux, alors.
Mais à quoi bon parler? Malgré ses facultés d'élocution, la rhétorique n'a jamais figuré parmi ses compétences principales. On excelle plutôt aux arts corporels, ceux consistants à parler à travers le silence, peignant des images et des émotions à travers les mélodies murmurées d'un froissement de draps ou d'une caresse le long d'un avant-bras. On prend le temps de répondre, laissant l'interlocuteur terminer sa pensée. Ses rêves s'avèrent ensevelis sous des cendres incandescentes, vestiges de Pompéi. Seule une excavation profonde saurait en soutirer les trésors perdus, promesses oubliées, perdues au fil du temps et des catastrophes naturelles, ou, en l'occurence, sentimentale. Heureusement que l'excavation profonde demeure un des domaines de prédilection de l'archéologue charnel qu'on s'avère être.
Les visages se frôlent, nez contre mâchoire, alors que la clope lui est arrachée à son tour. Des doigts, timidement curieux, s'aventurent contre ses côtes, jaugeant le rythme de ses respirations et les reliefs caverneux de sa cage thoracique. L'interrogation règne: poupée Barbie sait-elle avec quel feu elle joue, en invitant ainsi ses recommendations? On se redresse, intimidant par le caractère statuesque de sa taille alors qu'on avance dangereusement son visage vers celui de la cible. « On comment souvent l'erreur de regretter nos actions passées... », observe-t-on alors, les yeux mi-clos, les cils battants. « ... En oubliant de regretter celles jamais entreprises. » On ne peut pas revendiquer pareils regrets: allergique à l'inaction, on a pris le mauvais pli de commettre plus de travers que de rester sur des non-dits, ou des non-faits. On connaît toutes les conséquences des trajectoires possibles, car on les a toutes essayées. On les connaît suffisamment pour pouvoir se morfondre sur ses échecs. Barbie ne semble pas coupée de la même étoffe: la prudence semble de mise. On joue donc sur cette différence polaire entre les personnalités, tentant de l'appâter à cet hédonisme qui lui a pourtant plus souvent fait défaut que rendu service. En espérant que ça fonctionne.
Les corps dansent, une danse suggestive, celui du Provençal charmant et séduisant avec toute l'insolence d'un homme capricieux. Il cherche à l'appâter, le faire sombrer dans ses filets – a-t-il seulement conscience que c'est dans son piège, à lui, qu'il est tombé? On s'accoude contre le mur, attrapant la cigarette à la volée de sa main libre pour l'écraser avec négligence contre le mur, l'oubliant d'un simple geste, pour pouvoir se concentrer sur ce qui compte réellement: la chasse. On rapproche alors plus dangereusement son visage de celui de Barbie avant de lever son index gauche pour caresser sa joue. Son pouce et son index se jalousent ensuite le menton du socialite, alors que ses iris bleus s'accrochent à celles du jeune homme et que ses lèvres se rapprochent de la clé de sa réussite.
Le baiser est dérobé, volé, sans crier garde. Un doux naufrage de lèvres qui s'échouent, les unes sur les autres, une valse lente qui s'accélère avec les secondes, sa main libérant éventuellement le menton de la proie pour bercer sa mâchoire.
Le meilleur moyen de vendre un rêve, c'est d'en offrir un avant-goût prononcé, offert sous l'illusion de la gratuité. Un investissement pour de meilleurs retours.
Pourtant, on doit bien admettre que chaque cible n'est pas identique. Certaines sont plus coriaces, d'autres plus tendres. La chair peut être fraiche, ou cuirassée. Les lèvres, moites, ou sèches, ou parfaitement humidifiées. La plastique, avantageuse ou repoussante, le corps, charnu, ou sculpté d'un art immaculé. Une poupée, bien évidemment, a pour fonction de promouvoir les aspirations: la beauté est toujours si précise qu'elle met au défi les conventions du réalisme, les bafouant, même, pour projeter un idéal si somptueux qu'il en semblerait presque inaccessible. L'indifférence artificielle si maladroitement simulée de Barbie reste amusante, au plus haut degré. Le sentiment de fierté éprouvé, en anticipation, à l'idée qu'on puisse le faire sombrer dans ses filets, s'avère si délicieux qu'on s'en lècherait presque les babines. Ses lèvres invitent un regard, discret, furtif, mais bel et bien existant, qu'on compte bien exploiter en sa faveur. « Une intuition », se contente-t-on de souffler, les paupières détendues, alors que ses lèvres se rapprochent dangereusement de celles de sa proie. L'invitation demeure délicieuse. Dis-moi ce que je veux, alors.
Mais à quoi bon parler? Malgré ses facultés d'élocution, la rhétorique n'a jamais figuré parmi ses compétences principales. On excelle plutôt aux arts corporels, ceux consistants à parler à travers le silence, peignant des images et des émotions à travers les mélodies murmurées d'un froissement de draps ou d'une caresse le long d'un avant-bras. On prend le temps de répondre, laissant l'interlocuteur terminer sa pensée. Ses rêves s'avèrent ensevelis sous des cendres incandescentes, vestiges de Pompéi. Seule une excavation profonde saurait en soutirer les trésors perdus, promesses oubliées, perdues au fil du temps et des catastrophes naturelles, ou, en l'occurence, sentimentale. Heureusement que l'excavation profonde demeure un des domaines de prédilection de l'archéologue charnel qu'on s'avère être.
Les visages se frôlent, nez contre mâchoire, alors que la clope lui est arrachée à son tour. Des doigts, timidement curieux, s'aventurent contre ses côtes, jaugeant le rythme de ses respirations et les reliefs caverneux de sa cage thoracique. L'interrogation règne: poupée Barbie sait-elle avec quel feu elle joue, en invitant ainsi ses recommendations? On se redresse, intimidant par le caractère statuesque de sa taille alors qu'on avance dangereusement son visage vers celui de la cible. « On comment souvent l'erreur de regretter nos actions passées... », observe-t-on alors, les yeux mi-clos, les cils battants. « ... En oubliant de regretter celles jamais entreprises. » On ne peut pas revendiquer pareils regrets: allergique à l'inaction, on a pris le mauvais pli de commettre plus de travers que de rester sur des non-dits, ou des non-faits. On connaît toutes les conséquences des trajectoires possibles, car on les a toutes essayées. On les connaît suffisamment pour pouvoir se morfondre sur ses échecs. Barbie ne semble pas coupée de la même étoffe: la prudence semble de mise. On joue donc sur cette différence polaire entre les personnalités, tentant de l'appâter à cet hédonisme qui lui a pourtant plus souvent fait défaut que rendu service. En espérant que ça fonctionne.
Les corps dansent, une danse suggestive, celui du Provençal charmant et séduisant avec toute l'insolence d'un homme capricieux. Il cherche à l'appâter, le faire sombrer dans ses filets – a-t-il seulement conscience que c'est dans son piège, à lui, qu'il est tombé? On s'accoude contre le mur, attrapant la cigarette à la volée de sa main libre pour l'écraser avec négligence contre le mur, l'oubliant d'un simple geste, pour pouvoir se concentrer sur ce qui compte réellement: la chasse. On rapproche alors plus dangereusement son visage de celui de Barbie avant de lever son index gauche pour caresser sa joue. Son pouce et son index se jalousent ensuite le menton du socialite, alors que ses iris bleus s'accrochent à celles du jeune homme et que ses lèvres se rapprochent de la clé de sa réussite.
Le baiser est dérobé, volé, sans crier garde. Un doux naufrage de lèvres qui s'échouent, les unes sur les autres, une valse lente qui s'accélère avec les secondes, sa main libérant éventuellement le menton de la proie pour bercer sa mâchoire.
Le meilleur moyen de vendre un rêve, c'est d'en offrir un avant-goût prononcé, offert sous l'illusion de la gratuité. Un investissement pour de meilleurs retours.
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Salut Hélios, de nuit est-ce que tu vois le type en contre-jour, en train de se faire embrasser par un mec pas mal, mais un inconnu, mais pas mal quand même ? Ouais, c'est moi. T'es probablement en train de te demander comment j'en suis arrivé là.
Comme un rideau bleu nuit, Nyx s'est postée comme paysage derrière mon corps, derrière le tien aussi, puisqu'en une fraction de seconde seulement, sous ton impulsion, le tempo de nos coeurs s'accorde. Une seule silhouette, papillon bat des ailes, symphonie nocturne qui se fait du bout des lippes, chef d'orchestre désorienté. Il y a le palpitant qui s'affole, se calme, s'éclipse, joue les météorites, et dans les yeux valsent un million de galaxies. Le corps se tend, répond au désir, donne vie aux désirs, exhale le désir. Sueur brûlante qui devient fine pellicule au-dessus de la peau ; celle-ci n'est pas photo, sinon l'on tirerait un cliché aux teintes de soleil, un Polaroïd aux nuances d'été. Respiration séquentielle, le baiser n'a duré qu'un instant et en sa fin déjà l'océan est parti. Pas de trace des embruns, juste la sensation désagréable du sable collé au dos, juste les os devenus piques. Ce n'est pas comme avec Lieb. Et ça fait mal de l'avouer, mais même là, c'est mieux qu'avec Seth. Sourcils froncés, mâchoire libérée, et puis le monde ne s'emballe pas, les arbres ne sont pas déracinés, le vent ne frappe pas la fenêtre, ne s'engouffre pas même dans le couloir pour tout inonder. Ce baiser là ne fait pratiquement pas d'effet ; il est factice, amour plastique, superficiel, a le même goût salé qu'une sauce industrielle.
Je ne me dérobe pour autant pas tout de suite au réconfort des deux corps qui se frôlent, se frictionnent, font naître un incendie qui perd tout son sens. Mes yeux se plissent un peu plus, la cigarette tombe au sol, heureusement éteinte (n'embrasera donc pas le palais tout entier en faisant gémir les courtisans). Les lippes hâlées, au réconfort d'un soleil trop proche qui commence déjà à s'éteindre ; aftersun à même les joues, le soleil se couche, s'incline, disparaît enfin, deviendra une autre de ces étoiles mortes qu'on regarde avec admiration. Celle-là pourtant ne m'inspirera aucune belle constellation. Elle a le profil de Seth ; elle a volé la lueur de Râ et l'a engouffrée. Marmonnements. "C'était une mauvaise idée, une très mauvaise idée." Les prunelles toujours bien plantées, en chiennes de faïences, se dévisagent. La voix se fait plus claire, alors que dans la tête, un carrousel s'installe. La gloire des Arnauld, bafouée, l'amour pour cet autre, cet époux oublié, bafoué, et puis la tentative unique ce soir, crépusculaire, de redorer le blason au profit des miettes qu'on a balayées ; bafouée, bafouée, bafouée, d'un baiser dans un couloir.
D'un baiser qui n'a pas son goût, à Lui. Et Lui, ce n'est plus l'alliance qui roule autour du doigt, Lui ce n'est plus le taxi qui détonne dans le boulevard. Lui, c'est l'homme au volant, Lui c'est le destructeur, l'annihilateur, et puis le printemps qui revient, par gerbes de belles fleurs.
"Je ne sais pas ce qui a pu te laisser croire que..." Corps qui se détachent, les yeux sont effrontés maintenant. La voix s'enflamme, s'irrigue d'un incendie. "Recule, s'il te plaît." D'un souffle, le genou qui instinctivement s'écarte, en même temps que le corps revient en arrière, sur le tabouret, cesse de se dresser, tombe assis, là. Le regard vide, les larmes au bord des yeux ; prêt à tout pour oublier rien qu'une seconde la dague qui me meurtrir le corps, me fait saigner le coeur, me rappelle que ce n'est plus Seth, dans ma vie, plus Seth même dans mes désirs, et que je veux Lieb comme jamais je n'ai désiré Seth. Tornade de feu et tourbillon de glace, les tripes à l'envers, l'envie de tout recracher, tant par salves acides que par mots amers. Une respiration, lente. Profonde. Les lèvres qui murmurent. "Désolé." Désolé de ne pas être à la hauteur, désolé d'avoir pu te reprocher ce que j'avais intenté dès la première caresse des yeux, désolé d'avoir ruiné ce baiser ; culpabilité qui revient, foutue jument qui veut devenir compagne de ma carcasse. "C'est l'alcool, sans doute. Ça fait déraper, souvent. Je... C'est pas le bon moment pour..." La main gauche qui se lève, essuie une fine larme, la main droite qui esquisse ton corps, vaguement, puis le mien. "Pas le bon moment pour tout ça."
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tw: mention de, et incitation à la drogue (MDMA)
Rupture. On sent le faux-pas qui se transforme en dégringolade, tombée libre dans une cage d'ascenseur, chute fatale. On a beau ne pas savoir comment, où, ni quand on l'a effectué... Voilà qu'on sent, presque immédiatement, presque instinctivement, son emprise se défaire, après tant d'efforts pour la resserrer. La cible se libère de l'étreinte de la couleuvre, immunisée au venin. On se sentirait con si on était pas tant frustré. L'échec est une couleur qui ne sied à personne – certainement pas à lui.
C'était une mauvaise idée, une très mauvaise idée.
Les regrets sont amers à entendre, leur goût est âpre, leur toucher rauque. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'on fait face à tant de remords – habituellement, on a cependant une liasse de billets entre les mains pour pouvoir se consoler. Habituellement. Mais pas là. Là, ses mains sont vides, privées de toute rémunération. En guise de remerciement à son fantastique baiser, on a droit à un dégoût si prononcé qu'il en semble méprisant. On se sent particulièrement insulté: on se sait beau, on se sait charmant. On a fait des efforts, sur sa toilette. Un parfum irrésistible, même un spray pour l'haleine. Cette réaction démesurée est irrespectueuse de tous les efforts qu'on a fait pour l'attirer dans son filet. On aimerait pouvoir le secouer, lui hurler dessus. Lui demander s'il a conscience de son insolence impudente.
Au lieu de cela, on jauge la situation. Le rejet est également un puissant carburant. Il galvanise, donne envie de se surmener. On aimerait pouvoir lui prouver qu'il a tort. Que l'idée était bonne, simplement mal exécutée. Qu'il suffit de retenter. Un instant, l'éventualité de baisser les bras et de rebrousser chemin lui traverse les pensées, avant qu'on ne se ravise: on avait trop misé sur ce poisson précis, trop investi de temps et de recherches dans l'élaboration de ce plan. Et barbie, c'était un très gros poisson: une institution à elle seule. Alors, on allait persévérer. Quitte à se saigner les pieds sur des coquilles d'oeuf en verre soufflé.
Je ne sais pas ce qui a pu te laisser croire que...
La vision se trouble, empourprée par la colère rendue rage. On ne voit que la moutarde qui monte au nez. Jaune. Jaune ochre. Elle vire orange, puis rouge. Rouge cerise. Puis bordeaux. Ne reste finalement que le sang.
Recule, s'il te plaît.
Le mépris est palpable: le voilà relégué au rang de mendiant, un sous-homme indigne, répugnant, repoussant. C'est trop pour la fierté, qui prend un sacré coup. Mais on se fait violence: la cible reste en ligne de mire. On ne compte pas s'avouer vaincu de sitôt, quelle qu'en soit la tentation. Il s'affale, et on se contente de détailler son corps, cherchant un quelconque indice, une quelconque faille qu'on pourra exploiter à son avantage. Des larmes coulent. Lui sont-elles adressées? Ou s'est-il involontairement imbriqué dans une histoire qui n'a absolument rien à voir avec lui?
Désolé.
« Y'a pas de mal », se contente t'on de répondre, d'un ton neutre. On ment comme on respire, un art maîtrisé avant l'orthographe. Ça a toujours été sa botte secrète. La vérité, c'est qu'il y a du mal. Lorsqu'on finira vainqueur, on s'assurera de doubler, voire, même, tripler l'addition, en guise de rétribution. La vengeance est un plat qui se mange froid, après tout, et son appétit n'en est que renforcé. Il compte la dévorer glaciale. Pour l'heure, c'est le seul espoir de pouvoir se régaler sur un véritable festin qu'il trait en guise de provisions.
C'est l'alcool, sans doute. Ça fait déraper, souvent. Je... C'est pas le bon moment pour... Pas le bon moment pour tout ça.
Le voilà, le prétexte. Mais la faille, où se trouve-t-elle? Avec nonchalance, on s'adosse au mur, tirant une nouvelle clope de sa poche, avant de l'allumer. On se gagne du temps. On réfléchit au plan B, maintenant que le plan A a échoué. Il semblerait qu'elle soit trop emprisonné dans ses inhibitions, la poupée de cire. Mais la cire, sous les caresses des flammes, finit invariablement par fondre. Il suffit simplement de l'embraser. Alors le plan B est mis en marche. Barbie a trop d'inhibitions? On les démontera, une à une, sans relâche.
« C'est plutôt à moi d'être désolé: visiblement, je me suis planté. » Une feinte, effectuée pour qu'il baisse de nouveau ses gardes. La main fouille distraitement dans la poche, en sortant un petit sachet plastique rempli de pilules multicolores. MDMA. On ouvre le sachet avant de poser une pilule rose sur sa langue. Le geste est aussi langoureux qu'il est distrait et négligé. On cherche à attiser la curiosité, sans trop attirer l'attention pour autant. De quoi simuler un geste naturel, alors que la réalité c'est qu'il s'agit bel et bien d'un stratagème. En voyant le regard de la barbie se poser sur soi, on finit par feindre la surprise. « Oh, pardon. T'en voulais une? » Le voilà, le plan B. Et en prime, on lui fait croire qu'il a le choix. Que c'était son idée. Derrière son dos, on croise les doigts, en espérant que la supercherie fonctionnera.
Rupture. On sent le faux-pas qui se transforme en dégringolade, tombée libre dans une cage d'ascenseur, chute fatale. On a beau ne pas savoir comment, où, ni quand on l'a effectué... Voilà qu'on sent, presque immédiatement, presque instinctivement, son emprise se défaire, après tant d'efforts pour la resserrer. La cible se libère de l'étreinte de la couleuvre, immunisée au venin. On se sentirait con si on était pas tant frustré. L'échec est une couleur qui ne sied à personne – certainement pas à lui.
C'était une mauvaise idée, une très mauvaise idée.
Les regrets sont amers à entendre, leur goût est âpre, leur toucher rauque. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'on fait face à tant de remords – habituellement, on a cependant une liasse de billets entre les mains pour pouvoir se consoler. Habituellement. Mais pas là. Là, ses mains sont vides, privées de toute rémunération. En guise de remerciement à son fantastique baiser, on a droit à un dégoût si prononcé qu'il en semble méprisant. On se sent particulièrement insulté: on se sait beau, on se sait charmant. On a fait des efforts, sur sa toilette. Un parfum irrésistible, même un spray pour l'haleine. Cette réaction démesurée est irrespectueuse de tous les efforts qu'on a fait pour l'attirer dans son filet. On aimerait pouvoir le secouer, lui hurler dessus. Lui demander s'il a conscience de son insolence impudente.
Au lieu de cela, on jauge la situation. Le rejet est également un puissant carburant. Il galvanise, donne envie de se surmener. On aimerait pouvoir lui prouver qu'il a tort. Que l'idée était bonne, simplement mal exécutée. Qu'il suffit de retenter. Un instant, l'éventualité de baisser les bras et de rebrousser chemin lui traverse les pensées, avant qu'on ne se ravise: on avait trop misé sur ce poisson précis, trop investi de temps et de recherches dans l'élaboration de ce plan. Et barbie, c'était un très gros poisson: une institution à elle seule. Alors, on allait persévérer. Quitte à se saigner les pieds sur des coquilles d'oeuf en verre soufflé.
Je ne sais pas ce qui a pu te laisser croire que...
La vision se trouble, empourprée par la colère rendue rage. On ne voit que la moutarde qui monte au nez. Jaune. Jaune ochre. Elle vire orange, puis rouge. Rouge cerise. Puis bordeaux. Ne reste finalement que le sang.
Recule, s'il te plaît.
Le mépris est palpable: le voilà relégué au rang de mendiant, un sous-homme indigne, répugnant, repoussant. C'est trop pour la fierté, qui prend un sacré coup. Mais on se fait violence: la cible reste en ligne de mire. On ne compte pas s'avouer vaincu de sitôt, quelle qu'en soit la tentation. Il s'affale, et on se contente de détailler son corps, cherchant un quelconque indice, une quelconque faille qu'on pourra exploiter à son avantage. Des larmes coulent. Lui sont-elles adressées? Ou s'est-il involontairement imbriqué dans une histoire qui n'a absolument rien à voir avec lui?
Désolé.
« Y'a pas de mal », se contente t'on de répondre, d'un ton neutre. On ment comme on respire, un art maîtrisé avant l'orthographe. Ça a toujours été sa botte secrète. La vérité, c'est qu'il y a du mal. Lorsqu'on finira vainqueur, on s'assurera de doubler, voire, même, tripler l'addition, en guise de rétribution. La vengeance est un plat qui se mange froid, après tout, et son appétit n'en est que renforcé. Il compte la dévorer glaciale. Pour l'heure, c'est le seul espoir de pouvoir se régaler sur un véritable festin qu'il trait en guise de provisions.
C'est l'alcool, sans doute. Ça fait déraper, souvent. Je... C'est pas le bon moment pour... Pas le bon moment pour tout ça.
Le voilà, le prétexte. Mais la faille, où se trouve-t-elle? Avec nonchalance, on s'adosse au mur, tirant une nouvelle clope de sa poche, avant de l'allumer. On se gagne du temps. On réfléchit au plan B, maintenant que le plan A a échoué. Il semblerait qu'elle soit trop emprisonné dans ses inhibitions, la poupée de cire. Mais la cire, sous les caresses des flammes, finit invariablement par fondre. Il suffit simplement de l'embraser. Alors le plan B est mis en marche. Barbie a trop d'inhibitions? On les démontera, une à une, sans relâche.
« C'est plutôt à moi d'être désolé: visiblement, je me suis planté. » Une feinte, effectuée pour qu'il baisse de nouveau ses gardes. La main fouille distraitement dans la poche, en sortant un petit sachet plastique rempli de pilules multicolores. MDMA. On ouvre le sachet avant de poser une pilule rose sur sa langue. Le geste est aussi langoureux qu'il est distrait et négligé. On cherche à attiser la curiosité, sans trop attirer l'attention pour autant. De quoi simuler un geste naturel, alors que la réalité c'est qu'il s'agit bel et bien d'un stratagème. En voyant le regard de la barbie se poser sur soi, on finit par feindre la surprise. « Oh, pardon. T'en voulais une? » Le voilà, le plan B. Et en prime, on lui fait croire qu'il a le choix. Que c'était son idée. Derrière son dos, on croise les doigts, en espérant que la supercherie fonctionnera.
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Qu'il est triste, le panorama, qu'il semble fané. La lune de Sélène a perdu de sa gloire, ressemble maintenant à de la mie de pain scotchée sur une nappe sale. Les étoiles sont poussières, les gratte-ciels sont redevenus d'immondes tours de miroirs qui s'amusent. Elles me renverraient presque toutes mon reflet ; le sillage des larmes qui ont décimé les joues, les agrémentant d'un fard argenté de faiblesse ; les yeux dans le vague, les yeux dans le vide, les abysses que l'on côtoie là où meurt les lacrymées ; et puis la bouche entrouverte, hésitante.
Faut-il que je signe mes adieux, que je te glisse un au revoir, ou bien que je le scande, que je le laisse éclater, bulle de son, dans ce couloir impersonnel ? Faut-il que je me relève, sans mot dire, que je ne t'adresse qu'un rapide regard, ou bien même cela serait-il trop intime ? Si les yeux sont la porte de l'âme, alors tu verras le hall comme il est depuis un an et demi maintenant ; un fatras à sentiments boueux, aux poisseuses empreintes sur le sol craquelé, un bordel sans nom dans lequel sont nées bien trop d'envies contradictoires, dans lequel se sont amoncelées toutes les mauvaises décisions, celles que j'ai pris, celles que j'ai envisagé. Tu verrais un aperçu direct de ce que je m'efforce de cacher aux médias, aux paparazzi, de ce que j'ai même appris à dissimuler aux yeux experts de ma soeur, de mon frère, quand ils n'étaient pas absents - rarement. Tu aurais un aperçu direct sur la sculpture argileuse que la vie a capitonné ; tu verrais les défauts, multiples, les angles devenus falaises, et puis le velours de la peau qui s'était usé, aussi. À l'image d'un vieux revêtement de canapé ; l'épiderme froissé, le derme tiède, en toutes circonstances. Le coeur avait été autrefois un soleil qui consumait, un astre de plus dans la galaxie des déflagrations ; puis, sa surface avait cessé de bouillir, et tout s'était éteint, rejoignant la longue exposition des oeuvres que l'on oubliait.
Vénus en sphère qui renaît dans la paume de ta main, alors que je me rends compte que c'était toi, le panorama des dernières secondes. Toi le flou artistique, toi dont le pantalon est marqué d'une unique trace ronde, mouillée ; une larme qui s'est échouée là, pendant ma déconnexion, sans doute. Vénus est là, et tu l'ingères, le sourire malicieux dissimulé, je comprends sans vraiment comprendre. J'ai fréquenté suffisamment des soirées mondaines de la jeunesse new-yorkaise pour savoir ce que tu viens juste de poser sur ta langue. La drogue prenait mille formes ; portobello de providence, desséchés, aux couleurs psychédéliques une fois avalés ; piste de neige sur une table qui avait probablement été marbrée avant d'être souillée ; herbes qui part en ronds de fumée avant de se consumer dans les méninges directement... Un fin échantillon, à peine la majorité de ce qu'on rencontrait sur les terrasses de la ville. Le corps se tend, aux aguets. Je ne sais pas si je suis prédateur ou proie ce soir, et toi tu me proposes le coup d'échec qui fait basculer la partie entière ; le plateau se dépare de toutes ses belles cases, il n'y a plus que nous, le pauvre tabouret vert, la fenêtre entrouverte, et le mégot, bien trop bas. L'âme qui hésite, soumise à tous les flots, la barque qui bringuebale, sans trop savoir ce qu'on fera.
Le chagrin est devenu une cape. Il a remplacé les rideaux, les draps. M'a permis de m'engouffrer, de disparaître, de ne plus rêver à la lumière. Il a mis les nuances de gris dans ma tête, il a remplacé toutes les palettes. Le peintre a perdu sa barbe, son pinceau, son éclat et son talent ; pendant des mois, des semestres, la vie entière est devenue une esquisse de nuances sinistres. Et au coeur de tout ça, il y avait eu une seule soirée.
Un crépuscule. Un ciel d'automne. Seth avait dans la poche cachée de son manteau un sachet d'herbes. Elles avaient à peine séché avec le temps. S'étaient laissées fumer en silence, le crépitement muet. La tête avait tourné, le monde s'était emballé. Pendant quelques heures, le paysage avait repris les teintes chaudes, des explosions irisées. J'avais même vu un arc-en-ciel.
L'herbe s'était émiettée, envolée avec une brise, éparpillée dans les poils du tapis démodé.
Et ce soir-là, j'avais été bien.
Lieb est là, dans un coin. Je sens sa présence comme on sent un regard nous suivre, je sens qu'il me fixe, qu'il me juge. Je dois être en train de l'imaginer. C'est une impulsion, l'espace d'une seconde. La main tendue, les phalanges qui jouent, axes sous le derme. "Une seule." Ce n'est pas une bonne idée non plus. Il ne faut pas y réfléchir. "S'il te plaît." Pas penser au chauffeur non plus, pas penser au fait que si le monde virevolte, ce sera comme ce soir-là, quand notre vaisseau était parti à la dérive, qu'on s'était crashés, que j'avais perdu l'étoile polaire.
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