Chaotic cleanup. ft. Hwan Woo

Enlevant son masque, sa charlotte et ses gants, Hye-Jin remercia tout le personnel qui venait de l’assister pour cette opération qui dura sept heures. Elle fit craquer son cou, ses doigts, son dos et tout os qui se faisait un plaisir de craquer après autant d’heure resté stable et tendu. Elle venait de passer 48h, dans cet hôpital, ce n’était pas énorme, c’était sa routine qu’elle aimait malgré la fatigue et tous les effets secondaires que ces heures de travail lui causaient. Mais elle n’avait rien à faire dehors, la plupart de ses amis travaillaient avec elle. Soit ils dormaient, soit ils travaillaient, ou bien ils vaquaient tout simplement à leurs occupations personnelles. Ce n’était pas le cas de la jeune médecin, elle n’avait ni famille ni partenaire, ni enfants ni animaux de compagnie. Sa maison était morose et bordélique qui l’étouffait plus qu’elle ne lui donnait une zone de confort. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle venait d’engager une société pour l’aider à s’en sortir. Elle ne supportait vraiment plus d’aller chez elle, ne retrouvait jamais ses affaires, et bien que ça soit relativement propre -principalement parce qu’elle sortait les poubelles et se faisait livrer ses repas-, il n’y avait pas une place où mettre les pieds. Des montagnes de vêtements jetés par-ci et par-là, des livres, des polycopiés, des CDs et des Vynils qu’elle s’achetait pour “faire genre” elle avait des passions… Bref, c’était un appartement à l’image d’une adolescente.

Il fallait d’ailleurs qu’elle se dépêche, en principe, le ménage devait se faire aujourd’hui et elle avait laissé les clés à sa voisine qu’elle considérait comme une marraine,  c’était une petite vieille dame très chaleureuse et sage, c’était aussi un peu comme une grand-mère pour elle, bien qu’elle ne connut jamais ce genre de relation, elle trouvait que celle-ci collait bien à la description que les autres faisaient sur les leurs. Elle ne l’avait jamais jugé pour quoi que ce soit, bien au contraire, elle l’aidait du mieux qu’elle pouvait. Elle récupérait ses colis pour elle, l’invitait aux repas de fêtes et lui cuisinait de bons gâteaux et de bons repas chauds, elle avait même tenté de lui présenter son petit-fils, pour dire à quel point elle l’estimait et ne voulait que de bonnes choses pour la coréenne.

Une petite demi-heure plus tard, elle était au pas de la porte, les yeux en étoile tellement de bonnes odeurs de détergents sortaient de la maison. Il y avait de grands sacs de vêtements, et un autre pour les papiers dont elle se débarrassait. En effet, la société avait carte blanche. Tout était bon à jeter, sauf ce qu’elle avait rangé dans des cartons une semaine auparavant, comme si elle allait déménager. « Dit-donc, je ne reconnais pas mon appartement ! » dit-elle au pas de la porte, elle n’osait pas rentrer de peur de le salir avec ses chaussures et sa tenue qu’elle portait depuis l’avant-veille. La voisine, voyant Hye-Jin, lui fit une tape maternelle sur l’épaule et rentra chez elle, sûrement fatiguée entre les aller-retour à contrôler et superviser le nettoyage. Elle était contre l’idée de laisser des étrangers dans l’appartement du médecin, malgré son âge, elle était consciente qu’il y avait des gens fous : « et s’il mettait des caméras pour t’observer ! quelle idée de les laisser faire sans que tu sois présente ! » la grondait-elle, lorsqu’elle su ses plans. Elle la remercia d’un geste de la tête et d’un sourire qui exprimait toute la gratitude qu’elle avait pour cette dame et toqua ensuite, timidement, dans la porte de son appartement : « Bonjour ? Vous vous en sortez j’espère ? » Elle regardait un peu partout, bien que son appartement ne soit pas si grand que ça, jusqu’à ce qu’elle tombe sur l’homme qui s’occupait de sa maison. Elle senti son cœur tomber à ses chevilles et elle perdit instantanément le sourire. « Qu’est ce que tu fais là ?! » Dit-elle, en étant soudainement sur ses gardes.

ootd • Ne parvenant jamais à garder un emploi stable trop longtemps, si ce n’était celui qu’il avait dans le cabinet d’architecte, Hwan s’était inscrit dans plusieurs boîtes d’intérim. Cela lui permettait de ne pas être sans emploi trop longtemps, même si à choisir, il souhaiterait avoir une place stable ; ce qu’on ne lui donnait jamais. Quand il en avait, on finissait souvent tôt ou tard par le renvoyer, parce qu’on découvrait son passé, et le fait qu’il avait été emprisonné pendant plusieurs années. Il n’y avait que Madame Im qui ne l’avait pas mis dehors, même s’il s’était braqué après avoir surpris sa conversation avec une employé, néanmoins elle avait pris le temps de l’écouter et, contrairement aux autres, elle l’avait respecté. Malheureusement le travail qu’il effectuait au sein du cabinet ne lui permettait pas de gagner suffisamment, il ne s’agissait que de quelques heures de ménages par semaine, donc il était obligé de compenser avec autre chose. Le pourquoi lorsqu’on l’avait appelé pour travailler plusieurs jours dans une société de nettoyage, le jeune homme n’avait pas refusé l’opportunité. Certainement que s’il avait su où cela le conduirait, il n’aurait pas accepté. Il avait passé des heures à ranger, trier et nettoyer en compagnie d’un autre employé, sous la supervision d’une voisine un peu trop envahissante. Cependant, Hwan ne s’en était pas formalisé, continuant d’effectuer son travail, sans vraiment accorder trop d’attention à son collègue qui passait son temps à râler. Ce même collègue qui s’en était allé, alors qu’ils avaient presque terminé, néanmoins lui n’avait rien dit, puisqu’il estimait pouvoir finir rapidement.

Lorsque la propriétaire arriva à son appartement, les sols avaient été lavés, certains étaient encore mouillés, d’autres plus secs, et il ne lui restait plus qu’à se débarrasser des poubelles. Concentré à attacher le dernier sac, il n’avait pas pris la peine de répondre à la jeune femme ; cela se voyait qu’il s’en sortait après tout non ? Toutefois à sa dernière remarque, ayant parfaitement saisi le ton employé, Hwan comprit bien vite que la personne le connaissait. La surprise l’accapara alors quand, posant son regard sur elle, il la reconnut à son tour. « Je travaille. » Répondit-il d’une intonation qui résonnait l’évidence, n’hésitant pas à plonger ses yeux au creux des siens. « Mais j’ai terminé. » Si elle n’était pas venue lui rendre visite en prison, le garçon ne l’aurait certainement pas reconnu. Après tout, il n’était encore qu’un enfant lorsque leurs parents les avaient éloignés l’un de l’autre, et les souvenirs qu’il gardaient de sa grande-sœur restaient particulièrement vagues. Ils pourraient renouer, à présent qu’il était libre et plus enchaîné par son bourreau, cependant Hwan ne le désirait pas. Il n’avait pas envie d’être un frein pour sa famille, il n’avait envie de se justifier sur ce qu’il avait traversé, et il n’avait pas envie de leur attirer des ennuis à cause de son passé qui le suivait n’importe où il allait. Puisque, quoi qu’on disait, cela ne changeait pas le fait qu’il avait ôté la vie de son paternel.