savage love (paislee)

Les rayons du soleil finissent par traverser le rideau et venir réchauffer ton visage pour t'extirper doucement de ton sommeil. Le corps encore endormi, tu tends les bras pour t'étirer de tout ton long mais tu te stoppes dans ton élan quand tu réalises que tu n'es pas seul dans ton lit. Elle est encore endormie à côté de toi la brune, première fois depuis l'année qui s'est écoulée que ça vous arrive. Habituellement, chacun rentre chez soi après avoir pris du plaisir dans les bras l'un de l'autre mais hier soir, il était tard, t'avais quelques verres dans le nez et vous ne vous êtes même pas rendu compte que vous tombiez dans les bras de Morphée. L'esprit perturbé par ta rencontre avec Théa quelques jours plus tôt, tu n'as cessé d'enchainer les soirées alcoolisées ces derniers jours, pour tenter d'oublier cet échange et ce trop plein d'informations que tu as reçu en pleine figure. Fiancée. Merde, ça t'a foutu un coup d'entendre ce mot sortir de sa bouche. Toi qui étais persuadé qu'elle serait tienne un jour parce que vous étiez fait l'un pour l'autre, te voilà comme un con face au fait accompli.

Tête calée sur ton avant bras, tu te tournes sur le côté pour regarder Paislee dormir sans pouvoir t'empêcher d'étirer doucement tes lèvres dans un sourire lorsqu'elle commence à émerger. Bonjour, que tu murmures une fois ses yeux ouvert. J'espère que pour une première fois, t'as bien dormi, plaisanterie lancée pour camoufler l'étrangeté de la situation et le malaise que tu refuses de voir s'installer. La simplicité est le maître mot de votre relation depuis un an maintenant. Pas d'attache, du plaisir, du sexe, et rien d'autre. Un deal qui te convient parfaitement mais ce matin tu te surprends à aimer la voir allongée à tes côtés au réveil. Pensées que tu chasses rapidement, tu dois rester concentré sur ce qu'il s'est passé avec ton ex, sur le mensonge énorme que tu lui as sorti pour ne pas perdre pied face à elle.

Agréablement installée, Paislee est calme, sereine. Elle n'a ni trop chaud, ni trop froid, la douceur des draps qui caresse sa peau nue. La clarté de l'extérieur se reflète sur son visage, ce qui pousse la demoiselle à changer de position naturellement. Étrange. Elle ne peut dormir que lorsque la pièce est plongée dans un noir absolu. Cette pensée qui s'introduit dans son esprit ne la lâche pas, réveille son activité cérébrale et la voilà qui ouvre doucement les yeux, gênée par la lumière du jour. C'est son visage qu'elle aperçoit en premier. Son regard lubrique du matin. Son sourire qui a été la première chose qui l'a séduite lorsqu'elle l'a rencontré il y a un an. Est-ce qu'elle hallucine ? Peut-être qu'elle a trop bu la veille. Non, elle est bien dans son lit, sa tendre voix qui la berce.

- Salut toi.

Elle n'était pas partie. Pas cette fois, étrange. Sûrement la fatigue et les différentes consommations de la veille. Elle se souvient de leurs ébats, de son parfum sauvage et de ses gestes familiers, pas de s'être endormie, tout est encore flou alors qu'elle émerge à peine. Quelque peu gênée par la situation, elle ne sait plus vraiment où se mettre, ça n'arrive jamais, vraiment, jamais. Heureusement, il détend l'atmosphère en quelques mots, ce qui lui décroche un petit rire.

- Très bien même, merci. Toi ? J'espère ne pas t'avoir dérangé. C'est... Nouveau.

Pas aussi malaisant qu'elle l'aurait imaginé, finalement. Le feeling entre eux a toujours été là, sûrement pour cette raison d'ailleurs qu'elle continue de le voir encore alors que les mois ont glissé entre eux. Sa seule longue "relation" en réalité, elle n'enchaîne jamais plus de quelques nuits, se lassant assez vite. Pas lui. Il est si facile à vivre, pas prise de tête et très bon dans ce qu'ils partagent, pourquoi fuir ?

La nuit passée à ses côtés a été formidable, comme toute celle que tu passes avec elle. Vos corps sont comme deux aimants impossibles à séparer lorsqu’ils se retrouvent à proximité l’un de l’autre. Tout te plait chez elle, dès le premier jour où tu as croisé son regard, t’as voulu la faire tienne pour une nuit, puis une deuxième, une troisième et tu as finalement arrêté de compter. Un an déjà qu’elle partage régulièrement tes draps, se sauve quand le plaisir prend fin pour éviter toute ambiguïté entre vous mais ce matin, c’est différent. Elle est là, endormie à tes côtés, c’est inattendu, ça te fait un peu flipper, t’as peur qu’un malaise s’installe entre vous, que votre relation change alors qu’elle vous convient très bien comme ça. Et tes pensées auraient pu s’arrêter là mais tu continues à la regarder, tu repenses à la discussion avec Théa et t’as cette idée complétement stupide qui nait dans ton esprit. Pour le moment, tu chasses ces pensées de ton esprit alors que la brune commence à se réveiller. Tu ne peux t’empêcher de sourire, elle est belle Pez, terriblement séduisante, encore plus en tenue d’Eden dans ton propre lit. Tu ignores si ça la perturbe autant que toi qu'elle se réveille à tes côtés, tu ne veux pas la brusquer alors tu tentes de détendre l'atmosphère avec un trait d'humour parce qu'après tout ce n'est pas la fin du monde si ? Parfaitement bien, j'dois dire que c'est plutôt agréable de se réveiller avec une aussi belle femme dans mon lit, ton côté charmeur prend le dessus, tu ne peux pas t'en empêcher et doucement ton doigt effleure la peau nue de son bras. Tu m'as pas dérangé, de toute façon, j'crois qu'on était pas en état de faire autrement hier soir, vous aviez bu tous les deux, même si tu te souviens parfaitement de vos ébats dans les moindres détails, tu n'es pas certain qu'elle aurait été en état de conduire. D'ailleurs, t'es pas obligé de te sauver tout de suite, maintenant que t'es là, autant en profiter.. Corps qui se rapproche du sien, tu viens lui voler un baiser avant d'en déposer plusieurs dans son cou. Mais t'es distrait par tes pensées, tu repenses à Théa et à ce qu'elle t'a dit, pire encore ce que toi tu lui as dit alors tu te recules doucement dans un soupire et te redresses dans le lit en te raclant la gorge. J'crois que j'ai fait une connerie.

T'as encore du mal à le réaliser, toi, dans ses draps, au petit matin. Pièce qui te semble étrangère puisque tu ne la vois que peu éclairée d'habitude, pourtant le soleil s'est invité dans la chambre et illumine le visage de l'homme, t'offrant une vue particulière et loin de te déplaire. Tu dois avouer que sa réponse te soulage, si tu te sens perdue dans cette situation, tu n'imagines même pas l'état d'esprit de ton hôte. L'ambiance reste légère, comme cela a toujours été le cas avec lui et ça te rassure de savoir qu'aucun froid ne s'est jeté sur vous, après tout, il aurait pu croire qu'elle était restée volontairement.

- Mais quel charmeur ! Je prends le compliment, de quoi bien commencer la journée ! Ce doigt joueur qui se balade sur ton bras, tes prunelles qui se plongent dans les siennes et cette lèvre que tu tortures en la mordillant, ça te rappelle cette tension qui brûlait entre vous la veille, désir qui remonte malgré ta retenue.

- On n'aurait pas dû ouvrir cette bouteille de vin en fin de soirée. À moins que c'était que votre plan pour me tenir en otage Maître Barnes ? Tu ris à ta plaisanterie et te souviens d'avoir accepté cette bouteille innocemment, sans savoir que c'était ce qui allait t'assommer.

Les mots ne sont pas nécessaires pour lui donner une réponse explicite, tu t'accroches à ses lippes avant qu'il ne préfère l'épiderme de ton cou. Des frissons qui te parcourent le corps et un sourire qui se dessine sur ton visage. Tu ne vas sûrement pas refuser une telle offre, ayant largement le temps avant de commencer ta journée de travail. Tu n'y as jamais pensé avant, mais maintenant que tu te retrouves dans cette situation, tu te dis que l'idée te le voir au réveil est loin d'être dérangeante. Pensée qui te perturbe, ce n'est pas dans tes habitudes et ça t'effraie même alors tu la balayes d'un revers de main imaginaire et tu te focalises sur la chaleur des baisers qu'il t'offre. Moment exquis qui se rompt dans un soupir et une confession. Une connerie ? T'as beau y réfléchir, tu ne vois pas ce que ça pourrait être et tu n'as pas l'impression que cela te concerne directement. Le travail, peut-être ?

- Tu as envie d'en parler ? Partager des informations sur vos vies personnelles ne fait pas vraiment partie de votre relation et tu ne sais pas trop comment réagir, surprise toi-même par cet aveu, décidément, c'était la matinée des nouveautés ! Ce qui ne t'empêche pas de te redresser à ton tour et de te pencher vers lui, sincèrement inquiète sur ce qui le tracasse. Peut être qu'en lui proposant d'être une oreille attentive, il allait se sentir mieux et puis, peut-être que tu pouvais l'aider à voir les choses sous un autre angle.

La surprise de la trouver dans ton lit au petit matin laisse place à ton côté séducteur qui reprend rapidement le dessus pour camoufler le malaise qui s'installe tout doucement en toi. La voir dans ton lit, sous les rayons du soleil du matin, ça te fait quelque chose, tu n'arrives pas à le nier même si tu te persuades qu'entre vous ce n'est que physique. Je sais comment te parler pour que tu ais envie de rester un peu plus longtemps, que tu murmures en laissant ton doigts faire des vas et viens sur la peau nue de son bras avant d'y déposer quelques baisers. Peut être bien.. Léger sourire au coin des lèvres qui se dessine, tu relèves les yeux vers elle en calant ta tête sur ton bras. Je regrette pas de l'avoir ouverte cette bouteille.. T'étais encore une fois exceptionnelle hier soir.. Ton corps se rapproche du sien, tes lèvres viennent trouver la peau de son cou mais rapidement elle vient te voler un baiser auquel tu réponds sans retenu. Main qui descend le long de son bras avant de venir doucement masser son sein, tu intensifies le baiser et tu aurais sans doute étais plus loin si les souvenirs de la veille ne te seraient pas revenus en pleine figure. Coupé dans ton élan, tu pousses un long soupire contre sa peau avant de lui confier que tu as peut être fait une bêtise hier. J'ai recroisé mon ex hier.. Que tu commences en te raclant la gorge en te passant une main sur le visage. J'crois pas que je t'en avais déjà parlé, j'suis resté dix ans avec elle avant qu'elle me quitte. Tu lâches un petit rire nerveux en te redressant dans le lit. J'sais pas pourquoi j'te parle de ça, c'est ridicule. La recroiser t'a fait l'effet d'un électrochoc, la voir heureuse a réveillé une jalousie que tu pensais éteinte, et quand elle t'a annoncé la grande nouvelle, tu t'es retenu de toute tes forces pour ne pas faire une scène. Enfin bref, elle m'a annoncé qu'elle était fiancée et j'ai dit que moi aussi.. Tu grimaces en secouant doucement la tête en repensant à cette connerie monumentale. Sauf qu'elle m'a invité à diner, moi et ma fiancée imaginaire..

- Tu me connais si bien maintenant. Vérité qui te fait prendre conscience de la réalité de tes propos. Ethan est le seul homme que tu fréquentes depuis si longtemps, pas l'unique, mais le plus ancien. Ce lien particulier que tu ne partages avec aucun autre de tes amants alors même qu'il n'y a rien de sérieux entre vous, juste ces moments à la volée que vous partagez le temps de quelques heures, le temps d'assouvir ce désir qui ne s'éteint jamais entre vous. Tu n'y avais jamais pensé avant de te retrouver dans son lit au petit matin.  

- Je peux l'être autant de fois que tu le souhaites que tu lui lâches d'un air séducteur avant que ses lèvres ne retrouvent leur place initiale, là où elles se mêlent aux tiennes dans une danse endiablée que seuls vous savez manier. Moment qui s'intensifie, la tension monte en rythme avec le désir que tu ressens pour lui, t'es prête à tout donner à nouveau pour goûter un peu plus à sa peau, mais le brun en décide autrement en partageant ses pensées avec toi. Alors il avait quelqu'un dans sa vie dans le passé et durant dix ans, ça te surprend à vrai dire, tu ne l'as jamais imaginé être en couple avec quiconque. Tu laisses pourtant le silence planer de ton côté, préférant l'écouter et lui laisser la parole jusqu'au bout.

- Tu lui as vraiment dit ça ? Mais pourquoi ? Réponse que tu arrives assez facilement à imaginer, sûrement pour lui montrer qu'il a avancé et s'est posé avec quelqu'un, histoire de garder la face. Une question qui te brûle les lèvres, mais que tu ne poses pas. Est-il toujours amoureux d'elle ? Ca te semble assez évident s'il lui a fait croire qu'il était sur le point d'épouser une femme imaginaire. Tu n'imaginais pas non plus qu'Ethan savait être jaloux et dans une autre situation, ça te ferait rire.

- Et j'imagine que t'as accepté... Tu comptes faire comment ? C'est pas comme si tu allais rencontrer la femme de ta vie avant le dîner. Tu tires un peu plus la couette vers toi pour cacher ta nudité alors même que ton corps n'a plus de secrets pour lui, geste qui est davantage un automatisme qu'une certaine forme de pudeur. Cette lèvre que tu mordilles en prenant conscience de ce qu'il te raconte, il avait peut de chances de s'en sortir sur ce coup et tu as beau réfléchir, tu ne sais pas vraiment quoi lui dire pour l'aider.

Jamais tu n'aurais pensé la revoir autant après cette fameuse soirée où tu l'avais dévoré du regard les trois quarts du temps. Tentation irrésistible, tu l'as voulu rien que pour toi ce soir là, dans ton lit, brûlant de désir l'un pour l'autre pour finalement vous retrouver déjà le lendemain pour une nouvelle nuit torride. Ces nuits se sont enchainées, sont devenues habituelles mais à chaque fois elle s'éclipsait après vos ébats, une routine qui fonctionnait bien entre vous mais ce matin tu te rends compte que ça te fait du bien de l'avoir à tes côtés au réveil. Elle est la seule que tu as envie de voir régulièrement, qui te manque quand elle n'est pas là mais tu préfères taire ces pensées, te persuader qu'entre vous c'est purement physique. Lèvres qui retrouvent les siennes dans un soupire de plaisir, tu laisses tes mains se balader sur son corps nu, profitant de sa présence un peu plus longtemps, essayant de contenir cette envie irrésistible qui parcourt tout ton corps. T'es coupé net dans ton élan quand les flashbacks de ton face à face avec Théa te reviennent en pleine figure. Les mots s'échappent sans que tu ne puisses les retenir, un besoin d'en parler à quelqu'un, d'énoncer à voix haute la connerie que tu as inventée alors qu'en même temps une idée germe dans ton esprit. Parce que j'suis con et trop fier pour admettre que moi j'ai pas avancé dans ma vie ? Tu hausses les épaules avant de te laisser lourdement retomber sur le coussin, plaçant ton bras derrière ta tête. Je sais pas, c'est sorti tout seul quand elle m'a annoncé ses fiançailles. C'est stupide, d'autant plus qu'on a rompu parce que je voulais pas lui offrir tout ça.. Un mariage, une famille.. T'étais persuadé d'avoir tourné la page mais t'es forcé d'admettre que ce n'est pas le cas au vu de ta réaction. Ouais j'ai accepté, que tu murmures, songeur, en fixant le mur en face de toi. J'me disais que tu pourrais peut être.. m'accompagner ? Le regard qui se tourne enfin vers elle, tes yeux qui la supplient de ne pas refuser. On s'connait bien tous les deux, ça devrait pas être très compliqué de jouer au parfait petit couple ? Ton corps pivote doucement sur le côté pour la regarder alors que ta main trouve son ventre sous la couette. J'veux pas que tu te sentes obligée mais réfléchis y d'accord ?