Words left unspoken, hearts left broken (( Yerin ))

« Il faut qu’on parle » Une phrase qui n’inspirait jamais de bonnes choses ; Théo l’avait su après avoir lu ces quelques mots que, non, cette rencontre ne se terminerait probablement pas sur une note positive. Un pressentiment qui ne l’avait pas quitté depuis le jour où il avait reçu ce message jusqu’au jour du rendez-vous, se préparant déjà mentalement au pire. Il ne se posait même pas de questions, persuadé que si sa petite amie voulait lui parler, que si elle avait des tas de reproches à lui balancer, que si elle souhaitait s’en aller ou même lui annoncer qu’elle en aimait un autre, il accepterait tout sans rechigner. Qui était-il pour lui demander quoi que ce soit ? Il était le premier à l’avoir délaissée, à l’avoir mise de côté et avec son comportement, il l’avait probablement blessée, comme il avait blessé les autres. Parce qu’il n’était qu’un triple idiot, incapable de prendre soin des personnes à qui il tenait ; au lieu de les affronter, il les éloignait… Involontairement certes néanmoins dans son état actuel, Théo ne parvenait pas à faire face à quiconque, persistant à s’isoler de plus en plus, à remettre chaque tâche à plus tard parce qu’il pensait naïvement que tout finirait par s’arranger. Sauf que c’était faux, son état mental ne cessait de dégringoler et s’il était en mesure de prendre la situation avec tant de recul, c’était car, encore une fois, il ne s’en pensait pas légitime et se disait que c’était mieux ainsi. Des mois en arrière, il se serait battu, il aurait effectué des tas d’efforts pour affronter sa petite amie et lui conter ô combien il souhaitait la garder à ses côtés. Aujourd’hui, il ne savait juste plus ce qu’il voulait. Il peinait déjà à se battre pour lui-même, comment pouvait-il le faire pour les autres ? Evidemment qu’il n’avait pas envie de la perdre, qu’il voulait passer le restant de sa vie auprès d’elle mais si elle ne voulait pas, lui ne pouvait pas l’y obliger. Il ne désirait pas la rendre malheureuse et avec tout ce qu’il traversait, il ne ferait que la blesser d’avantage. Ce n’était pas grave si lui s’enfonçait hors, Yerin, elle était la dernière personne que Théo voulait voir tomber avec lui. Elle ne méritait pas ça, jamais.

Assis à cette table, son verre devant lui, entre ses mains, il fixait silencieusement la demoiselle installée sur la chaise d’en face. Le temps était comme arrêté, comme s’il n’y avait plus qu’eux malgré la lourde ambiance qui semblait régner dans l’atmosphère. Pourtant, oui pourtant, le garçon était heureux de la voir aujourd’hui. Cela faisait un moment qu’ils ne s’étaient pas vus et, même s’ils avaient échangé par message et par téléphone, ce n’était définitivement pas pareil. Il en était le principal fautif, à toujours reporter leurs rendez-vous, toujours trouver des excuses pour ne pas l’inquiéter, pour faire en sorte qu’elle se doute de rien et ne voit pas la loque qu’il était venu. Derrière chaque sourire arboré se cachait en réalité des plaies de plus en plus profondes qu’il ne réussissait pas à panser.  Devant elle, plus que n’importe qui d’autre, il ne voulait pas montrer ô combien il n’était plus cet homme qu’elle avait connu, ce même homme qu’elle avait de suite aimé, parce que lui n’était plus fier de celui qu’il était désormais. Et c’était sûrement le pourquoi il était prêt à tout encaisser, prêt à prendre chaque représailles et la laisser le haïr si c’était tout ce qu’il restait de leur relation à présent. « Qu’est-ce que tu voulais me dire ? » L’interrogea-t-il calmement, ses prunelles toujours plongées aux creux des siennes, l’un de ses doigts qui quant à lui se frottaient contre son verre ; un geste qui montrait que, en dépit de tout, il y avait cette part dans son cœur qui appréhendait la réponse. Théo avait beau joué au fort, à garder ce tendre éclat au bord des lèvres pour l’encourager à parler, il ne l’était pas tant en réalité. Il savait mieux que personne que s’il la perdait elle aussi, les derniers murs qui restaient de son monde s’effondreraient à leur tour, n’y laissant plus que les morceaux brisés de son âme.  
 

Jamais Yerin aurait pensé qu’un jour, tous les deux, ils en viendraient là. Être assis l’un face à l’autre pour une dernière fois. Oui, une dernière fois, car lorsque la jeune femme avait envoyé ce message à son petit-ami : « Il faut qu’on parle. » ce n’était pas pour lui partager de bonnes nouvelles ou lui parler de tout et de rien comme ils avaient pu le faire avant. D’ailleurs, à quand remontait leur dernier réel date ? Le regarder dans les yeux lui était difficile, mais détourner le regard, elle ne pouvait pas non plus. Comment avait-il pu la tromper ? Elle qui avait pensé qu’il serait la personne avec qui elle passerait le reste de sa vie et qu’ensemble il fondrait une famille. Avait-elle était aussi crédule ? Pourtant, Théo ne lui avait jamais semblé être ce genre d’homme, d’être le genre d’homme à aller voir ailleurs alors qu’il était en couple. Pourquoi ses sentiments avaient-ils changé à son égard tandis que celle de la coréenne restait intact, toujours aussi fort. Si fort qu’elle avait l’impression qu’en ce moment même son coeur était sur le point d’imploser et que sa poitrine allait se fissurer en mille morceaux à cet instant précis. Pourquoi Théo lui avait fait cela ? Si elle savait qu’elle se trompait.

Depuis qu’elle était assise, la jeune femme n’avait pas touché à son verre, à vrai dire ce qu’il lui fallait maintenant était de s’enivrer pour réellement réussi à laisser ses mots déchirants franchir la barrière de ses lèvres. Malheureusement dans ce petit café sympathique, l’alcool n’était pas présente dans leur carte de suggestion. Silencieuse, se mordant l'intérieur de la lèvre, son petit-ami brisa le silence en posant cette question qui la troubla. Etait-ce réellement la bonne chose à faire ? Mettre juste un terme comme ça ? Quel autre choix avait-elle ? Accepter le fait qui la trompe avec son ancienne voisine et continuer à faire comme si de rien n’était ? Non, Yerin en était tout bonnement incapable et elle n’avait pas envie d’entendre de la bouche de son petit-ami cette dure réalité qu’il en préférait une autre. Elle préférait donc tout arrêter, même si cela était particulièrement douloureux. « En réalité, je ne sais pas trop comment te dire cela. » À cet amorce, on pourrait penser que la jeune femme pourrait lui annoncer une grossesse. Si seulement, mais la probabilité était faible puisque leur dernier rapport remontait un bien trop loin et la jeune femme avait déjà eu la chance d’avoir la visite de mère nature.

Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres, alors qu’elle décida de boire le contenu de son verre en espérant se donner un peu d’énergie pour annoncer cette mauvaise nouvelle. « Je ne sais pas, mais je ne veux pas tourner autour du pot non plus. » Son regard perdu un instant sur son verre se releva pour contempler ce visage qu’elle n’aura plus le loisir de contempler telle une œuvre d’art. « Rompons. » lâcha-t-elle d’une voix nouée, luttant pour retenir les larmes qui menaçaient de  monter à ses yeux, une tâche bien difficile à accomplir, mais la Im ne voulait pas craquer devant lui. Même si la douleur intense de cette décision comprimait son cœur d’une manière déchirante. « Je crois… Je crois qu’il est temps de mettre un terme à notre relation, Théo. » Avant qu’elle ne finisse blesser en apprenant de sa bouche à lui qu’il en aimait une autre. Elle ne pourrait pas le supporter, elle se sentirait humiliée et terriblement idiote, c’est pourquoi même si cela lui faisait très mal, elle avait décidé de prendre les devants.

Pourquoi ? Comment ? A quel moment ? Des questions qui ne cessaient de tournoyer dans sa tête, alors que le jeune homme songeait à la tournure qu’avait pris son existence ces derniers mois. Il était pourtant si heureux par le passé, peu facilement affecté par ce qui l’entourait, toujours le premier présent pour ses proches, mais tout ceci semblait avoir disparu. Sa motivation d’antan n’existait plus, il ne réussissait pas à voir la lumière au bout du tunnel, seul son ciel qui se teintait de gris semblait sombrer, un peu plus chaque jour. Yerin était celle qui lui permettait de garder la tête hors de l’eau, de se rattraper avant de toucher le fond, mais que ferait-il si elle choisissait de s’en aller, elle aussi ? Il le mériterait après tout, Théo en avait conscience. Il était celui qui n’avait pas pris soin d’elle, qui n’avait pas entretenu leur amour et n'avait fait que repousser leurs rendez-vous. A chaque fois. Non pas parce qu’il ne voulait pas la voir, ni parce qu’elle ne lui manquait pas – c’était certainement tout le contraire – hors il ne désirait pas qu’elle le voit dans un tel état. Elle avait toujours été capable de discerner le moindre de ses maux, parce que devant elle, il n’était pas en mesure de lui mentir trop longtemps, et il ne souhaitait pas l’inquiéter. Tout comme il devinait déjà ce qu’elle lui dirait, elle lui conseillerait d’arrêter le baseball – une situation qui l’effrayait rien que d’y penser, peinant à imaginer sa vie sans ce sport qui l’avait toujours passionné – et il n’était pas certain d’être prêt à l’entendre. Toutes ces petites choses étaient ce qui les avait éloignés ces derniers mois, Yerin en avait sûrement eu assez de l’attendre, et il comprenait. Il n’était plus l’homme qu’elle avait connu, elle serait probablement mieux à ailleurs, loin de lui et de ses idées noires. Hors, pourtant, si on l’autorisait d’être égoïste, il souhaiterait la garder à ses côtés, ne pas la laisser lui échapper, pas elle.

L’expression que sa petite amie affichait ne signifiait rien de bon, le garçon le savait, et c’était le pourquoi son angoisse ne cessait d’augmenter, malgré ses traits sur son visage qui ne laissaient rien transparaître. Puis, la sentence tomba. Les mots résonnèrent violemment dans son esprit, tel un miroir qui s’éclatait en mille morceaux sur le sol. Il avait beau s’y attendre, cela ne voulait pas dire qu’il y était préparé. Yerin souhaitait rompre, et réellement, cette décision lui déchirait l’âme, la sensation d’un poignard planté en pleine poitrine. Il devait lui dire que lui n’avait pas envie de rompre, qu’il était prêt à changer, à se rattraper, qu’elle était tout ce qu’il avait, puis que, sans elle, sa vie n’avait plus aucun sens mais… « D’accord. » Pas même une interrogation, pas même un pourquoi, il se contentait simplement de se rétracter puis d’accepter. Car elle était tout ce qu’il avait, car il s’était fait la promesse de la rendre heureuse mais il s’en savait incapable à présent, et que si elle préférait poursuivre sans lui, il devait respecter son choix. « Si c’est ce que tu veux, faisons ça. » Ses lèvres formèrent une esquisse rassurante, alors qu’en réalité, ses mains tremblaient fébrilement sous la table, se questionnant déjà sur son avenir. Comment allait-il tenir si elle n’était plus là ? Plus les jours passés, plus il perdait courage et plus il se demandait à quoi bon continuer. La réponse était pourtant simple, il pouvait juste tout arrêter, néanmoins si cette décision était si facile à prendre, il l’aurait déjà prise depuis longtemps. Lorsque l’esprit était malade, cela devenait un véritable parasite, et c’était d’autant plus compliqué, quand on ne se rendait même pas compte de ce démon qui dévorait notre être tout entier, un peu plus chaque jour.

Pourquoi Yerin n’osait pas lui demander clairement si le jeune homme la trompait ? Pourquoi semblait-il s’éloigner d’elle, l’éviter et parfois même lui mentir ? Pourquoi agissait-il ainsi depuis quelques mois maintenant, sans raison particulière ? Son comportement et les différentes situations qu’elle avait pu observer l’avaient amenée à penser qu’il la trompait. Jamais la jeune femme n’aurait pensé avoir un jour une telle pensée. Elle avait toujours cru que son histoire avec Théo ne connaîtrait jamais de fin, qu’elle construirait sa vie à ses côtés. Il faut croire que ses pensées n’étaient que vaines, un futile espoir qui s’était dissipé dans la réalité que oui même l’amour pouvait avoir une fin. Elle se sentait idiote face à cet homme pour qui rien ne semblait poser problème, alors que sa tête était sur le point d’exploser face à ce flot de questionnement qui tambourinait son cerveau. La coréenne ne voulait pas souffrir, elle aurait pu affronter la situation de front, mais elle décida de fuir, laissant la sentence tomber : la demande de rompre. Sa décision n’était pas faite de gaieté de coeur, loin de là. En cet instant, son cœur se brisa en morceaux, et elle devait prendre sur elle pour ne pas laisser les larmes venir.

Les mots tant redoutés étaient dit, mais la réaction de Théo n'était pas celle à laquelle Yerin s’attendait. D’accord... Avait-elle bien entendu ? Son cœur se serra dans sa poitrine alors que l’incompréhension et surprise s'emparèrent d’elle face à cette capitulation inattendue. Oui, naïvement elle avait pensé que peut-être il chercherait à la retenir, qu’il ferait quelque chose pour comprendre et sauver leur relation. Mais non, il acceptait sans rien dire de plus. Cela laissa la jeune femme sans voix, la déception et la tristresse s’emparant d’elle, réalisant que leur histoire prenait fin de cette façon si abrupte. Elle se mordilla l'intérieur de la lèvre, rongée par le besoin de lui demander pourquoi il agissait ainsi. Pourquoi acceptait-il si facilement sa demande de rompre ? Est-ce qu’il le désirait aussi réellement ? Mais les mots se coincèrent dans sa gorge, et la seule chose qui sortit fût : « Je… Je te rendrai les affaires que tu as laissées chez moi. » Pouvait-elle réellement les garder, sachant qu’elles ne feraient que lui rappeler sans cesse ce qu’ils avaient été ?

Un autre problème lui vint en mémoire : qu’allaient-ils bien pouvoir faire de Cotton et Taiko, leurs deux chiens qu’ils avaient adoptés ensemble et qui résidaient chez elle ? Une vague d’inquiétude la submergea, avait-elle le droit de le priver de les voir. Les deux chiens étaient autant les siens que ceux de Théo, et elle ne voulait pas se montrer terriblement égoïste en les gardant uniquement pour elle. De plus, comment les chiens ressentiraient le fait de ne plus voir leur père. Ils étaient si proches de lui, à voir la fête qui lui faisait à chaque fois que Théo était là. « Comment on fait pour Taiko et Cotton ?. » La question devait être posée. Allait-il tout comme avec elle, facilement capituler et décider de ne plus les revoir eux non plus ?

Des choses à dire, Théo en avait tellement. Pourtant, il n’y avait que ce « d’accord » qui avait franchi ses lèvres, acceptant l’échec de sa relation sans rechigner. Parce qu’il était le principal fautif dans l’histoire, parce qu’il n’arrivait pas la cheville de la jeune femme, parce qu’elle méritait mieux que cette loque humaine qu’il était depuis des mois, parce qu’il ne parviendrait pas à la rendre heureuse, comme il se l’était autrefois promis. Il n’avait pas le courage, ni même la force de se battre ; il n’était plus en état de penser positivement, car tout ce qu’il entreprenait ne faisait que les tirer, lui et ses proches, vers le bas. Il n’avait plus l’audace de croire qu’avec des efforts et de la patience, il réussirait à changer et corriger ses erreurs du passé… Il était à bout de force, physiquement, psychologiquement, et aussi égoïste que cela pouvait être, le garçon désirait juste abandonner. Puisque c’était beaucoup plus simple comme ça, puisque cela conviendrait mieux à tout le monde, et que cela n’importait plus tant que ça, s’il était le seul à en pâtir. Il était le maître de tous ses maux, personne ne pouvait rien y faire, et personne n’avait besoin de savoir quel genre de démons le hantaient un peu plus chaque jour.

Ses doigts tremblaient contre ses jambes, pas réellement prêt à tout laisser derrière lui, pas prêt de voir son univers s’effondrait une bonne fois pour toute, hors c’était pour la bonne cause. Yerin ne l’aimait probablement plus, Yerin serait dix milles fois mieux sans lui, ce n’était pas grave si elle lui tournait le dos elle aussi ; il avait conscience du ô combien il n’en valait pas la peine. Si c’était ce qu’elle voulait, qui était-il pour la retenir ? Personne. Il n’était plus personne. « Comme tu veux. Tu peux même les jeter, si tu le souhaites. » Théo n’était pourtant pas le genre d’individu à jeter de l’argent par les fenêtres mais si elle s’en allait, aurait-il seulement le courage de la revoir puis accepter le fait qu’elle n’était plus sienne ? Il l’ignorait. Il ne savait même pas s’il tiendrait jusque là, son monde semblant s’enfoncer de plus en plus lourdement sous ses pieds, le cœur en miette et la gorge nouée. « Tu devrais les garder. » La réflexion ne se faisait même pas en réalité… Auparavant, il ne pouvait déjà pas adopter d’animal par lui-même, à cause de son emploi du temps qui le gardait trop souvent occupé, mais encore plus maintenant où Théo peinait déjà à prendre soin de sa propre personne. « Tu sais très bien que je n’ai pas le temps. » Cependant, il ne serait pas contre d’avoir ses boules de poils auprès de lui certains soirs, les serrer contre lui puis oublier l’espace d’un instant ce mal qui le bouffait. Evidemment que ses chiens lui manqueraient, tout comme sa petite amie, néanmoins il n’avait pas la force de retenir qui que ce soit.

Un simple d’accord sans chercher à débattre du pourquoi et du comment la jeune femme avait fini par prendre cette décision. Le jeune homme qu’elle avait tant aimé, et qu’elle aimait encore, ne semblait pas du tout curieux sur les raisons qui l'avaient poussé à demander leur séparation. La suite trouva la même énergie, une sorte de résignation comme un soulagement que la jeune femme ait pris cette décision. En tout cas, c’est ce que Yerin semblait penser alors que le jeune homme lui annonçait qu’elle pouvait tout simplement jeter les affaires qu’elle avait de lui. Elle eut un pincement au cœur, retenant une grimace qu’elle compensa en se mordant l’intérieur de la lèvre. Comment pourrait-elle les jeter ? Cela lui serait tout bonnement impossible. « Comment pourrais-je les jeter. Je te les ferai parvenir. » Non, elle ne pouvait se résoudre à les jeter, tout comme elle ne pouvait les garder. Chaque fois qu’elle poserait les yeux sur ces affaires, elle ne pourrait s’empêcher de penser à lui, et son coeur, lui, ne pourra jamais guérir de cette histoire se terminant aussi tristement.

Si les affaires de Théo était une chose, l’autre concernait leurs chiens. Même si les deux canidés se trouvaient actuellement chez elle, le fait était qu’ils les avaient adopté à deux, de ce fait ils étaient tous les deux leur propriétaire. Ses doigts se crispèrent légèrement sur son verre, elle devrait les garder. Avait-elle réellement bien entendu ? « Tu le penses vraiment ? » Par cette question, la jeune femme voulait avoir confirmation de son envie de ne pas les voir, mais elle ne lui laissa pas réellement le temps de pouvoir y répondre, enchaînant par une autre question. « Je suis autant leur maman que tu es leur papa, même si nous…. » Pourquoi était-ce si dur de prononcer ce mot? Sa gorge se noua un instant, mais elle trouva force de reprendre afin de ne pas laisser ses émotions la submerger alors qu’elle se battait pour ne pas laisser ses larmes couler. « Je ne peux pas t’empêcher de les voir, d’autant qu’ils t’aiment beaucoup et ils ne comprendraient pas. » La disparition de Théo dans sa vie aurait forcément un impact sur eux, tout comme sur elle actuellement qui n’avait pas choisi de rompre parce qu’elle ne l’aimait plus, mais parce que stupidement elle ne voulait pas souffrir davantage. « Je demanderai à quelqu’un de les emmener pour que tu puisses les voir de temps en temps. » Le faire elle-même serait bien trop dur, puisqu’à chaque fois que ses yeux se poserait sur lui, les souvenirs de leur histoire remonteraient en surface et la blesseraient profondément. Elle se sentirait alors fautive de ne pas avoir su entretenir la flamme et l’attention du Hwang sur elle. Elle avait failli, sans savoir réellement comment, le jeune homme s’était juste éloigné d’elle et sûrement s’était-il lassé également. « Tu veux ajouter quelque chose ? » Yerin, de son côté, avait terminé. Elle avait exprimé ce qu’elle avait à dire, même si cela avait été difficile. À présent, elle allait devoir faire le deuil de cet amour sans savoir si elle en serait réellement capable. Il était son premier et réel amour.

« Jette les. Je n’en veux pas. » Son ton se voulait un peu plus catégorique, même si l’expression dans ses yeux semblait toujours aussi détachée. Pourtant, Théo était loin de l’être ; il ne se fichait pas de cette situation, il aimerait la retenir et lui dire qu’il ne voulait pas qu’elle le quitte. Pas elle aussi. Cependant, à aucun moment de telles paroles ne traversèrent la barrière de ses lèvres, parce qu’il n’en valait plus la peine, parce que si Yerin avait pris cette décision, c’était qu’il ne lui suffisait plus et qu’elle n’était plus heureuse à ses côtés. Ce que le jeune homme pouvait comprendre, il ne ressemblait tellement plus à rien ces derniers temps, il n’était qu’une loque humaine incapable de prendre soin d’elle, et encore moins de ses proches. Tout aurait été plus facile s’il choisissait d’arrêter le baseball, s’il abandonnait tout pour son bien à lui, mais également ceux qu’il aimait, sauf que personne ne voulait ça de lui. Il ne ferait que les décevoir d’avantage, et que ferait-il sans ce sport dans sa vie ? Il n’avait toujours eu que ça, il était plus perdu que jamais et voilà qu’aujourd’hui, il perdait un autre de ses repères. Son plus précieux, celui qu’il n’aurait jamais cru voir un jour le quitter, celui auprès de qui il avait auparavant tant de projet, mais à qui il n’avait pas assez dit, pas assez montrer, ô combien il l’aimait. La jeune femme comptait profondément à ses yeux, elle était sa plus grande échappatoire, celle qu’il voulait rendre fière, celle qui faisait battre son cœur sans raison, celle qui ajoutait de la lumière dans sa vie sombre. Toujours. Mais cette lumière ne serait plus, et il devait se faire à cette idée. Yerin ne voulait plus de lui dans sa vie, elle voulait mettre un terme à leur histoire et il respectait son souhait. Peut-être cela aurait été différent si Théo parlait, s’il lui confiait ses démons qui martelaient son âme, s’il lui disait que lui n’était pas d’accord avec elle, que ce n’était pas ce qu’il désirait, seulement il n’avait ni la force, ni le courage d’aller à l’encontre de ce qu’elle voulait.

La bouche ouverte, prêt à lui répondre concernant leurs bébés à poils, l’architecte ne lui en laissa pas l’opportunité. C’était vrai, ils étaient autant parent l’un que l’autre et leurs chiens lui manqueraient, toutefois même pour eux, c’était mieux ainsi. Théo ne voulait pas adopter d’animal par manque de temps, la raison pour laquelle il avait convenu de cette option avec sa petite amie, et à présent, il était certain de ne pas réussir à s’en occuper correctement. S’il n’était pas fichu de prendre soin de sa propre personne, comment pouvait-il prendre soin de ses chiens ? C’était impossible. « Ce n’est pas la peine. Je t’ai dit que tu pouvais les garder. » Comme il lui avait assuré de jeter les affaires qu’elle avait de lui, aussi cruel que cela soit-il, il désirait juste s’en débarrasser. Plus il avançait dans la vie, plus il s’éloignait de tous, et c’était une nouvelle fois ce qu’il était en train de faire actuellement. Il construisait des barrières auprès de tous ceux qui pourraient pourtant l’aider à aller mieux… Seulement, c’était difficile de l’accepter quand nous-même on ne réalisait pas ô combien on avait touché le fond, incapable de remonter la tête hors de l’eau. « Non, si c’est tout bon pour toi, ça l’est pour moi aussi. » Que pouvait-il ajouter de plus ? Encore une fois, sa décision était prise. Pourtant, il avait des tas de choses qu’il aurait voulu demander : des questions qui n’auraient pas de réponse, comme ce pourquoi choisissait-elle de le quitter, s’était-elle lassée de lui, était-il devenu aussi misérable et détestable ? Des sentiments qu’il estimait ne pas avoir dévoilé assez, lui conter à quel point il aimait, à quel point il était désolé, lui attraper la main et la supplier de rester auprès de lui. Des mots qu’il tût volontairement, ne souhaitant pas ajouter plus de poids sur le cœur de sa bien-aimée, ne souhaitant pas être ce garçon collant, incapable d’accepter la dure réalité, alors il se résignait et acquiesçait. « Bonne continuation à toi. » Et sans un mot de plus, sans même vraiment attendre de réponse non plus, il se releva, abandonnant son verre pas terminé sur la table, accompagné de quelques dollars, mais également sa chère et tendre, à qui il tourna le dos définitivement… Ce n’était pas l’envie qui manquait de se retourner cependant il n’en fit rien, gardant ses tourments avec lui seul, les lèvres mordues afin de ne pas flancher, par ce torrent de chagrin qui menaçait de submerger. Une belle histoire qui se clôturait, et peu importait ce qu’il déclarait, ou ce qu’il avait pu montrer, ça lui brisait le cœur.