regarde les lumières s'éteindre (haisley)

leur mère. sa mère, à elle. uniquement elle. moitié de sang partagé, secret désespéré le bouffant. myocarde grignoté quand il plonge dans les iris de celle qu'il considère comme son âme soeur. la seule le comprenant, la seule le faisant passer avant n'importe qui. avant leur père. ce soir, ambroise a abusé de bien des choses sans prévoir cet instant. finir dans cet état dans les bras de sa soeur inquiète. les traits tirés ne mentent pas. tout ce qu'il souhaite éviter s'étire devant ses prunelles. l'inquiétude dans les yeux de sa soeur, les questions qui s'essoufflent et lui font tourner la tête. son désarroi, sa lâcheté. il respire ce mélange âcre et noirâtre, une culpabilité et une peur terrifiante s'enveloppent pour l'étrangler. l'air lui manque, à chaque instant et les pilules colorées aident à passer au dessus de tout ça. l'espace de quelques minutes, pas plus. chaque descente est de plus en plus douloureuse, encore plus entre les traits de sa soeur.
une veste à peine retirée, avec son aide. les mots s'écrasent contre sa poitrine. la suffocation papillonne jusqu'à ses poumons quand il repense à leur mère. cette mère là, en tout cas. celle qui voulait rentrer, qui aurait tout fait pour rentrer à la maison. celle qui est décédée, combattant une maladie aussi coriace que terrifiante. le coton qu'elle fait glisser sur ses plaies qui rejoignent les autres, la collection s'agrandit à contre coeur. marquer pour mieux oublier les maux qui ne peuvent pas se voir.
léger hochement de tête, malgré tout.
oui. c'est à cause de cet homme qu'il est dans cet état. l'impression de ne plus compter, l'impression d'être rien. rien du tout. puis ces mensonges. j-je passerai toujours avant tout le monde dans ta vie ? le besoin enfantin d'être rassuré par celle qui compte plus que les autres. les questions qu'il détourne habilement. ou pas vraiment. j'veux pas que tu t'inquiètes. tu peux rien faire contre les mensonges de papa. ce héros. ce menteur. difficile de détester un être qu'on a adulé une bonne partie de sa vie. ambroise combat un miroir incassable mélangé à tous ces sentiments dont il ne peut se défaire. j'vais aller me coucher. j't'aime ley, merci. murmure à peine soufflée au bord de sa lèvre tuméfiée. les combats ont été rudes ce soir. ambroise ne cesse de s'enfoncer plus encore dans les tréfonds des vices. l'alcool, la drogue, les combats. il enchaîne sans savoir quand est-ce qu'il s'arrêtera. tout est bon pour oublier, tout est bon pour se sentir exister. le gamin remet sa vie en question, sans saisir où aller. il se perd et s'enferme n'osant même plus chercher de l'aide auprès de ceux qui ont toujours été là pour lui.

@haisley wood