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L'âme dans l'eau (Ares)

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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Trente-et-une minute, c'est le temps qu'il faut, à pied, pour parcourir la distance qui sépare le foyer New Alternatives et l'école non moins célèbre Juilliard, sur la presqu'île de Manhattan. Trente-et-une minutes, c'est tout autant de temps qu'il lui avait fallu pour sentir son estomac se nouer, tomber jusque dans ses chaussures et remonter ensuite jusqu'à sa gorge. Qu'est-ce que tu fiches, aussi ? Il avait rencontré Ares sur scène, la toute première fois. Il l'avait remarqué, parmi tous les autres. Sa mâchoire solide, ses épaules larges et ses clavicules parfaitement dessinées sous le marcel qu'il portait. Il n'avait jamais oublié la silhouette puissante qui se projetait dans l'air avec l'aisance de n'importe quel oiseau. Il l'avait retrouvé sur le gram, avait commencé à le suivre et à s'intéresser à lui. Il avait suivi ses aventures, depuis l'écran de son téléphone. A plusieurs reprises, il avait hésité à répondre à ses stories ou même à le contacter et puis, il était arrivé dans sa vie, trois ans plus tôt, et la question ne s'était même plus posée. Trente-et-une minutes, c'est le temps qu'il faut à Ingo pour se rendre compte qu'en trois ans, beaucoup de choses ont changé. L'homme qu'il était avant n'a plus rien à voir avec celui qu'il est aujourd'hui. Bien moins d'assurance, bien moins de talent également. La danse avait été rangée dans une remise bourrée de souvenirs que lui n'acceptait pas et ne voulait pas pour leur couple. Depuis qu'ils s'étaient séparés, Ingo avait recouvré l'envie d'étreindre cette passion éteinte mais n'avait pas encore eu le courage de s'y résoudre. Aussi, les récents échanges avec Ares lui avait donné envie de mettre un terme à ses hésitations. Lance toi, qu'il s'était dit l'avant-veille avant de pousser la porte d'un studio de danse. C'était le premier cours qu'il suivait depuis plus de trois ans. Une bénédiction. Alors ce rendez-vous, il l'attendait avec autant d'impatience que d'excitation.
Trente-deux minutes plus tard, il est là, devant l'imposant bâtiment de fer. Il voit les gens qui en sortent, se surprend même à rêver d'y appartenir en se rappelant pourtant de sa maigre position. J'suis personne, tout du moins, il n'est plus personne depuis qu'il doit tout reprendre à zéro. Berta se moquerait bien de lui si elle le voyait, tremblant, penaud et trempé d'appréhension... il se tortille sur ses jambes, danse d'un pied à l'autre en tirant frénétiquement sur sa cigarette - mauvaise habitude - sans quitter des yeux la porte principale. Il va apparaître, et il le reconnaîtra aussitôt. En attendant, il louche sur son téléphone et observe l'heure. Vingt-heure-deux, il n'est pas en retard, il n'est pas en avance non plus. Rendez-vous pour une autre vie...
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Esprit tourmenté qui ne l'est plus de pixels, il a fallu penser à autre chose, penser surtout à ces élèves, ceux qui lèvent, plus haut, ceux qui courbent le dos et froissent les muscles. Exercice qui vaut intempéries, os orageux qui leur réclament parfois du repos. Ares n'est pas un mauvais professeur, pas l'un de ceux qui leur créera des courbatures durables, intemporelles. Lui ne croit qu'en la satisfaction de l'instant, consommation exacerbée depuis des mois, depuis la première fois qu'il a posé son regard sur un autre qui le comprenait. La bestiole enragée s'était calmée en lui, avait cessé de battre des ailes, de vrombir des branchies, elle avait arrêté de lui demander d'hurler à la lune. Et c'était tant mieux ; Sélène la première s'était lassée, dès le lever, de devoir entendre les injures qu'il boursouflait de ses lèvres, happant le peu d'air pur pour y jeter toute la tension du monde. Au jardin des Hespérides, il avait fait de nouveau patienter son monstre de colère, l'avait attaché au fil d'Ariane, espérant que cette fois il ne s'évaderait pas. Pas avant la prochaine visite, en tout cas ; car Ares aimait aussi cette part plus sombres, il s'était habitué à la rage, à ce qu'elle le consume, certains soirs d'été, et il ne pouvait pas imaginer son monde sans cette colère déterminée, cette colère qui le poussait à prendre de nouveaux partis, à toujours se renouveler, peintre aux multiples pinceaux cassés.

Sur le sol giseraient bien des poils, colorés des quelques peintures sur lesquelles il n'avait pas jeté son dévolu : mais en attendant, il y avait le reste de l'art, il y avait les arabesques tracées par les membres, il y avait les encouragements à distribuer comme autant de félicitations. Ares était juste, Ares n'aimait pas les lauriers que l'on balançait à tout-va, et ses élèves s'étaient faits à cette idée. Ils n'auraient pas à subir son courroux s'ils s'épargnaient ses lueurs trop intenses. Pas la joie sans la colère ; il était neutre, parfaitement neutre, et c'était ça qui l'avait fait briller, dès les premières heures à la Juilliard. "C'est bon pour aujourd'hui, vous pouvez y aller." Zénith depuis longtemps mordillé, le ciel s'est parée de lueurs orangées puis il s'est éteint, la nuit a posé ses jalons et lui s'est changé, dans le vestiaire, tissus conventionnels qui ne le gêneront pas s'il faut danser mais qui lui donneront un air plus certain, la main levée en saluant les cinq-six élèves qui étaient là. Ses champions, ceux qui feraient vibrer le coeur de l'arène, un de ces jours. ceux qui venaient plus tôt, partaient plus tard. Rapide coup de déodorant, eau passée sur le visage. Il n'aime pas cette tension, pourtant il l'a épousée, dès le premier message, dès le premier compliment, il s'est retrouvé emmêlé en des lianes qu'il ne comprend pas ; il dira que c'est de passion, dévoué corps et âme, doigts et mots, à son art, à sa muse qui le balance. Et il y en a une autre, ce soir-là, devant les escaliers d'acajou de la Juilliard, quand il le rejoint, le reconnaissant de loin sans pour autant jamais l'avoir vu. "Salut, le flamant." Appellation sortie de son nom sur le réseau où il l'a harangué, il y a quelques jours. "T'es prêt, on y va ? Si on te parle dans les couloirs, tu baisses la tête, tu marmonnes vite fait." C'est son territoire, à Ares, pourtant il sait qu'il franchit ses propres interdits, en faisant rentrer un inconnu dans les dédales mnémoniques de l'école ; ça ne l'empêche pas de tenir la porte à Ingo, de le laisser rentrer le premier, avant de grimper deux à deux les lourdes marches de bois rouge.
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Il sait même pas pourquoi il est là, même pas pourquoi il a foncé tête baissée dans cette folle idée que de rencontrer un illustre inconnu rencontré sur les réseaux. Pas son délire, d'ordinaire, même si, comme tous les homosexuels de New York avant lui, il est inscrit sur pléthore d'applications de rencontre (l'amour 2.0). Mais ce soir, c'est différent, c'est même pas un rendez-vous, ou alors, ça l'est... il l'ignore, au fond. Et c'est peut-être ce qui rend le processus d'autant plus compliqué à accepter. Il est célibataire depuis peu, Ingo, et sa dernière relation n'a pas été de tout repos. Rentrer à la maison, même si ça lui a fait du bien, le ramène forcément à tout le temps qu'il a perdu pour lui. Aujourd'hui, c'est un échec, demain, ça sera juste une tentative de réussite supplémentaire dans l'historique de sa vie.
Le mec sort, pas moins beau qu'en photo, faut l'dire. Ce qu'il dégage, Ingo saurait même pas le décrire. Il se sent minuscule à l'instant même où, de sa voix grave et suave, il use du surnom qu'il lui a trouvé dès les premiers échanges. Il en rougirait presque, le môme. Il baisse les yeux, intimidé au possible alors que le professeur lui ouvre la porte d'une école qu'il aurait rêvé de fréquenter un jour, si seulement il en avait eu les moyens. Il ne relèvera pas la tête du chemin, se contentant de suivre les instructions de l'homme qui marche près de lui. Non, Ingo ne tentera même pas de regarder les décors ou d'inspecter les lieux. Comme souvent, étranger dans un monde qui ne lui appartient pas. Affabulateur au demeurant. Et lorsqu'ils arriveront à destination, dans une salle aussi grande que trois chambres au refuge, Ingo se sentira à nouveau rapetisser. Le coeur gros, il lève les yeux sur Ares à nouveau, sans courage aucun. Tu vas rire mais... il écarte les bras sans jamais le quitter du regard. J'ai pas pensé prendre de quoi me changer. putain t'es venu pour danser, à la base, non ? Tout du moins, c'est ce qui était prévu... mais dans leur monde à eux, parfois, un mot en cache un autre. Et t'espérais quoi ? Qu'un homme de sa trempe, sa carrure et son importance lui fasse du gringue sur internet et le convie à un date ? La blague... Y a pas genre un casier d'objets perdus dans lequel je pourrai piocher un juste-haut-corps ? il rigole à moitié, pas très fier de lui. Putain, c'mec t'a pris au sérieux, vraiment. Et il s'rend compte qu'en retour, il a agit comme un gamin... comme toujours.
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Ils marchent, côte à côte, à pas de loups, parce que si son invité n'ose pas arpenter les salles du royaume de ses yeux, Ares veut quand même lui offrir le luxe de découvrir l'école, il prend des couloirs plus longs, l'entraîne à passer devant des salles plus grandes, toujours allumées. Il l'écoute parler, secoue la tête, un instant. Non, il ne va pas rire. Cette situation ressemble à quelque chose qui l'agacerait pas mal, en temps normal. Pourtant, il ne perd pas son fin sourire, continue de marcher devant, d'un air certain. ne marque une pause, un instant, que devant un groupe qui s'entraîne encore, à l'intérieur d'une pièce aux cent miroirs, la lumière bien allumée, trop studieuse. Lui préfère esquisser ses mouvements dans l'ombre, pour laisser le soin aux projecteurs seuls de faire briller.

"Tu peux danser comme ça, j'pense." Et il se rend compte rapidement du malaise, de l'impression qu'il renvoie, vieux type pas tout à fait agréable qui roule des épaules, se fait passer pour le pacha de la danse. Il a envie de se dire eh, redescends mon vieux, de se rappeler que c'est quelqu'un d'un peu paumé, à côté de lui. Pas besoin d'le connaître des masses pour s'en rendre compte, ça se voit au regard fuyant, aux messages accrocheurs et à la langue qui fourche à peine plus quand la rencontre des corps se fait. "Sinon... J'te filerais un truc propre de la Juilliard, on n'est clairement pas à un uniforme près." C'est vrai, après tout. Si le département théâtre s'était retrouvé noyé de belles subventions pour des costumes chicos, des décors colorés, si le département musique avait eu droit à de sublimes nouveaux violons, l'un des professeurs de danse pouvait bien s'accorder le luxe de dispenser une tenue. Il s'approche un peu plus de la vitre, la professeure leur fait signe, à l'intérieur, et il répond d'un signe de tête. Parle plus doucement, quand la musique s'arrête. "Tu vois, eux sont pas dans mon cours. Ils ont pris la spécialité des danses du monde. Moi, j'enseigne l'improvisation." Il parle dans son jargon, Selinofoto, espère que le flamant comprendra, et puis ils se remettent en marche, dépassent des casiers, des salles d'eau, et même l'une des cafétérias, qui fait vide, plongée dans le noir. Pendant dix secondes, il se demande si ça ne serait pas la parfaite scène pour un ballet hors du temps, comme celui qu'ils se sont promis à mots muets. puis il se ravise. C'est la première fois que le brun vient à la Juilliard. Autant lui donner une bonne impression. Alors, ils continuent de marcher, s'arrête devant la grande porte rouge à battants qu'il connait si bien. Trois interrupteurs, comme exigé pour les travaux, cette année. Il n'en allume qu'un, lumière qui naît est de crépuscule presque, très tamisée, sauf devant les miroirs. Ares s'écarte, articule quelques pas, va un peu plus vite, maintenant qu'ils sont dans leur monde, sans regard de l'extérieur. Pas de risque qu'on prenne Ingo pour ce qu'il est ; un intrus. Il n'y a qu'eux, la danse, et cette drôle d'affection née juste de sales aventures avec d'autres garçons. "Tu viens, flamingo ? je vais te filer un truc pour te changer." Nouvelle porte qui se ferme, il a attendu quelques secondes pour le ramener à la réalité, les quelques secondes qui généralement font briller les yeux des élèves la première fois qu'ils viennent. Plafond de verre qui donne les teintes d'un coucher de soleil, avec les premiers astres qui s'alignent ; la porte fermée, ils sont dans les vestiaires, l'odeur d'ammoniaque partout, chaleur encore des douches précédentes. Ares farfouille dans son casier à lui, en sort le justaucorps qu'il aurait dû porter, en début d'année, pour s'acquitter de ses tâches professorales, et le tend à l'autre. "Tiens, c'est du neuf. T'auras qu'à le garder. Prends pas trop de temps, je t'attends dans la salle. okay ?" Un signe de tête, un demi sourire, et porte à nouveau.
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Impressionné, il l'est. Etranger, encore plus. Ici, ce n'est pas chez lui, il ne devrait même pas y être et pourtant, invité par Ares, il erre dans les couloirs, le regard vissé au sol. Bien sûr qu'il se sent maladroit, bien sûr qu'il se sent intimidé. Non pas que l'homme en question soit particulièrement impressionnant, c'est juste que ce qu'il se passe à présent lui échappe complètement. Deux-trois messages échangés et pourtant, son myocarde cogne si fort contre sa poitrine lorsque l'éphèbe lui répond d'une voix lasse, presque monotone... tu peux danser comme ça, non, bien sûr que non. Accoutré comme il l'est, il ne pourra pas vraiment faire étalage de ses véritables skills. Quelques pirouettes, sans doute, mais pas d'écart, pas d'arabesques et encore moins de battements sans prendre le risque de déchirer le jean sensible de son futal. Quel con, il se sent pris au piège, quelque part, comme s'il était venu dans un but bien précis en oubliant que leurs échanges n'avait rien de charnel, de sexy ou même d'érotique. Non, il s'agissait juste de danse. Alors pourquoi prendre le temps de choisir des vêtements inconfortables mais qui le mettait en valeur ? Pour plaire à qui ? A l'homme qui l'accompagne, marche près de lui et l'abreuve de quelques mots ? Sans doute, maladroit et malhabile. Lorsqu'Ares le fait s'arrêter près d'une vitre, Ingo relève les yeux. Le groupe à l'intérieur est concentré, tout à son oeuvre. Il les envie, c'est vrai. La danse n'a jamais été pour lui que le meilleur moyen de s'exprimer, de s'enfermer. Son cocon, sa bulle, plus que ça, même, son adn. Il avait tout lâché pour cet enfoiré, il n'aurait jamais dû. Qui sait s'il sera encore capable d'enchaîner trois pas sans se casser la figure. L'improvisation, c'est pas mon fort. il dit à voix basse alors qu'il regarde les gens évoluer sur une musique dynamique qui lui parvient en arrière fond. Il admire les jambes tendues, les muscles crispés. Des pointes aux omoplates, tout est en parfaite équilibre dans ce cours. Des années d'études, sans doute, tout ce qui lui a manqué, tout ce dont il est passé à côté. Aujourd'hui, être danseur est un rêve qu'il ne touche même plus du doigt. Autrefois, sans doute, plus maintenant. Il a perdu trop de temps à aimer, quelle cruelle ironie. Ares l'arrache alors à ses rêveries, l'amène jusqu'au vestiaire et, à peine y est-il entré, qu'il sent son ventre se tordre. Sans un mot, sans un regard, il attend, patiemment, que l'homme lui tende un vêtement qu'il reconnaîtrait entre milles. Il sourit à peine lorsqu'Ares lui demande de ne pas traîner. Merci. qu'il articule, à peine. La porte se referme et Ingo s'assied sur un banc. Putain mais tu fous quoi ici mon vieux. qu'il s'invective en observant le drapé du tissu qu'il tient entre ses mains. Il n'a plus porté de justaucorps depuis des lustres et pourtant, il s'en rappelle encore la sensation. Seconde peau, c'est ça. Il enlève t-shirt, pantalon. Il enfile le vêtement, sent son corps si heurter par manque d'habitude. Il se sent ridicule, c'est vrai. Il n'ouvre pas encore la porte, prend un instant pour respirer doucement. Tu peux le faire, il essaie de se convaincre alors qu'il finit par pousser le battant et rejoindre Ares dans l'immense salle de danse. Les miroirs l'accueillent en premier et l'image qu'il y voit lui arrache un hoquet de surprise. Toi, dans une autre vie, celle à laquelle il n'a jamais eu droit. Il retient sa respiration, s'observe. Les muscles qui se dessinent sous le gris du tissu, il n'a rien perdu du corps qu'il avait. Il passe une main dans sa crinière, relève les yeux vers Ares, intimidé, toujours. Wow, c'est incroyable... qu'il prononce en s'avançant doucement. Il tend son téléphone à l'homme, playlist ouvert, musique sélectionnée (fight song) comme un pied de nez à tout ce qu'il a manqué. J'suis pas doué en impro', je t'ai prévenu. Je veux bien te montrer ce que je sais faire mais je te garantie pas que le résultat soit à la hauteur de tes élèves. il tique, rougit malgré lui. Malhabile, mal à l'aise. Il voudrait pourtant faire preuve d'un peu plus d'assurance, témoigner de tout ce qu'il sait encore faire. Souplesse, poids du corps, cadre, il connait tout ça par coeur, il n'a pas oublié... tu n'as pas pu oublier.
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Le plus jeune est captivé par son reflet dans le miroir, secondes qui s'écoulent, Ares reste bien immobile, laisse le temps à l'admiration. Il sait qu'il fait bon s'éprendre de Narcisse, parfois, qu'il est beau de reconnaître sur les traits de sa silhouette les muscles saillants éprouvés après la danse, ou bien les angles qui s'échauffent quand c'est avant le ballet. La peau ne s'est pas encore parée d'une pellicule qui fait luire, sueur d'effort et sueur surtout des muscles qui se les jouent pinceaux, dessinateurs de l'oeuvre d'art éphémère qui prend fin au dernier son du violon. À la dernière explosion des cymbales. quand la musique prend fin, la danse cesse ; et là, Ares pour l'instant se contente de taper dans ses mains, une fois. Comme pour rappeler au flamant rose qu'ils ne sont pas venus en expédition miroir mais bien pour un test de danse. Car c'est de ça dont il s'agit, pas vrai ? D'un test, d'une répétition ; et le terme en lui même surprend le professeur, puisqu'il implique qu'il y aura représentation. Ne peut-il pas se gargariser d'être le seul public imaginable ? Pourquoi faut-il qu'à chaque fois, il se pâme d'espoir avant même d'avoir vu la silhouette se décharner au fil des notes ? Ares secoue la tête.

Le retour de Polyna dans sa vie l'éprouve sans doute plus que de raison. Il doit être un peu fatigué. Mais il ne peut pas demander à Ingo de rentrer, lui dire qu'il faudra repousser, ou bien qu'il faudra se parer d'une petite paire de ciseaux à ongles pour décimer ce qu'il reste de ses vestiges oniriques. Non, il ne peut pas ; bestiole de fureur, créature de colère, mais jamais il ne provoque la destruction. Téléphone étranger qui glisse entre les mains, peurs familières qui se faufilent aux oreilles, il hoche la tête, appuie, et puis premières notes. Ingo se met à danser ; le temps se suspend, Ares n'entend ni les taxis de la rue voisine, ni le piano entêtant de la salle au bout du couloir ; Ares n'entend ni les cris de rage de Polyna, ni ses colères à lui, étouffées à même l'oreiller. Non, il n'est concentré que sur le corps, que sur les pieds, les mains, les jambes, ce curieux bric-à-brac de chairs et de peaux qui s'agite, qui s'anime, qui resplendit. La copie est imparfaite, évidemment, comme le sont toutes celles qu'il voit se matérialiser devant ses yeux à longueur de journée. C'est ce qui fait la beauté de l'instant ; dans une minute, l'erreur sera indiquée, corrigée, la danse initiale aura cessé d'exister. La musique se prolonge, les mouvements s'enchaînent, rondes et pivots, rares instants d'hésitation qui planent sur les yeux qu'on ne peut plus suivre, quand le rythme accélère. Iris qui ne se percutent plus ; Ingo est dans son monde, Ares n'est qu'observateur omniscient, divinité s'il en est une en cet instant, comme réservé au jugement dernier.

Le son se tait, le dernier pas du plus jeune marque un dernier bruit, et puis c'est au tour de la respiration, légèrement perturbé. "Okay. Okay." Ares sourit. tend le téléphone, une bouteille d'eau aussi. Pas fraîche, les packs sont dans un coin de la salle, on attend encore le mini frigo commandé il y a quelques semaines. "Bois un peu, ça te fera du bien. Quelques minutes, parfois, c'est tout un monde. pas vrai ?" Comme pour montrer qu'il n'y a pas la trace de colère, qu'il n'y a pas d'agacement, parce que son visage trompe, souvent, puisqu'il s'émerveille peu, s'énerve beaucoup. pas là. "C'était... Très bien. Vraiment, très bien. Tu as un meilleur niveau que pas mal des premières années et pourtant ils sont déjà eux aussi très bons." Tape amicale dans le dos, s'étire en parlant, les jambes lourdes et douloureuses de la journée, et puis lui aussi happé par son palais des glaces, reflet des muscles, reflets des cheveux, halo capillaire marqué par les Furies quand il les détache. "Tu n'avais pas dansé depuis combien de temps ? Je pense que tu devrais reprendre." Il enchaîne les deux, ne marque pas de pause, sourit à son reflet, jette un coup d'oeil à ses dents aussi, pas de trace de la salade avalée en deux temps trois mouvements avant le dernier cours. Le ton placide, enthousiasme réservé, et puis il lui parle de dos, guette ses réactions par les prunelles versées à même la surface réfléchissante.
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Et comme d'habitude lorsque les premières notes éclosent et attrapent le myocarde qui bat sous la poitrine, Ingo s'oublie. Parce que la danse, fatalement, c'est juste ça. S'oublier, s'abandonner complètement à un art aussi subjectif qu'abstrait. C'est une arabesque avec jambe d'appui tendue, ce sont quelques pas chassés, deux-trois pirouettes et tours piqués qui s'accompagneront volontiers d'un premier contact avec le sol, de pointes tendues et de muscles bandés. La danse, pour Ingo, c'est pourtant plus qu'un art. Une façon de vivre, qu'il dit souvent pour plaisanter. J'ai appris à danser avant même de savoir marcher, c'est comme ça qu'il le présente sur les réseaux sociaux et quelque part, c'est sans doute vrai. Tout son corps est dédié aux mouvements qu'il exécute avec plus ou moins de peine. Vieille machine qu'il faut remettre en route, quelques rouages à huiler mais dans l'ensemble, le corps reprend vite ses habitudes. Du développé au soutenu, de la troisième à la quatrième position, les bras en seconde puis en couronne... tout lui revient. Tu n'as pas oublié, comment le pourrait-il quand il n'a jamais réellement exposer qui il est que lorsqu'il danse. Exit les histoires d'amour, puisque dans sa vie, il n'a jamais eu que deux passions. Deux passions qui ne se sont jamais conjuguées car trop contradictoires pour certains. Aimer ou danser, il a passé sa vie entière à faire le choix. Chaque homme qui est entré un jour dans sa vie n'a fait que l'extraire des salles qu'il fréquentait, des cours qu'il prenait. Tu passes trop de temps à la danse, comme une accusation subtile que l'être chéri était, sans cesse, relayé au second plan. Alors Ingo s'épanouissait dans l'amour, au détriment de la danse. Aujourd'hui, la situation a changé, le foyer est à nouveau sa maison et la danse reprend sa place, docilement. Lorsque les dernières notes explosent en lui, le souffle est court, presque coupé. Il se reconnecte à la réalité et au regard dur et sévère de l'homme qui lui fait face. Pas un sourire, pas une once de tendresse. Non, quelques mots lancés, une bouteille d'eau proposée. Ingo l'accepte avec plaisir, en détache le bouchon et la porte à ses lèvres. L'homme se dresse face à son reflet. Envoûtant, c'est bien le terme qui caractérise l'inconnu. Ingo l'observe, à la dérobée. Aussi impressionné qu'attiré. Il s'exprime avec simplicité, sans même s'attendrir de compassion ou d'empathie. Le danseur lève les yeux vers son professeur, le coeur qui tambourine contre sa cage thoracique. Je n'avais pas dansé depuis plus de deux ans, en tout cas. lorsqu'il était entré dans sa vie pour tout foutre en l'air, lorsque l'amour avait eu un goût âcre et toxique. Poison pernicieux qui avait tout brisé, tout détruit. Il passe une main sur son front qui suinte, plante ses orbes dans le reflet de l'homme. Je cherche encore une école où suivre des cours... j'ai des moyens limités. comme une excuse, sempiternelle rengaine. S'il voulait, il pourrait, mais entre les cours, le stage et les horaires, il n'a de temps à consacrer que dans son nouvel objectif. Il ne sourit pas, incapable de savoir s'il doit se montrer proche ou non de l'homme prostré juste à ses côtés. Si près et pourtant si loin. Ai-je été suffisamment doué pour t'inviter à danser à ton tour ? qu'il demande, se souvenant de leur échange, curieux aussi. Pour la première fois depuis longtemps, un homme qui partage cette même passion l'attire.
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm Il voit dans le reflet le flamant courber le cou, sans doute un peu rabroué par le manque d'enthousiasme, sans doute un peu gêné de ne pas avoir eu droit à une salve d'applaudissements. Ares s'en veut un peu, se mordille la lèvre, gêné comme il l'est trop rarement. Il ne sait pas trop quoi dire, aimerait trouver les bons mots, à la fois le féliciter, car les ports de bras, de tête, de jambe, tout était loin d'être archaïque ; il a remarqué le semi-brisé aussi, le temps d'une envolée rapide, geste technique que ses élèves parvenaient difficilement à effectuer. Et puis surtout, bien loin du jargon technique, Ares a remarqué l'enthousiasme, le sourire brisé uniquement par la langue mordue dans les gestes où il fallait encore plus s'appliquer. Alors il reste devant le reflet, à voir l'autre baisser la tête, et puis finalement leurs regards se croisent. Deux ans, c'est très long. Même s'il a gardé une excellente forme physique, même si la danse ne s'oublie jamais vraiment ; deux ans, c'est long, et il se doute que sous les tissus collants, les muscles doivent être chauds. "C'était une très belle prestation. tu as un excellent niveau." Ça manque peut-être de chaleur, mais Ares n'aime pas les carburants ni les brasiers, parce qu'il se sait très vite consumé en cas de colère ; mais les mots traduisent une pensée, dessinent avec abstraction ce qu'Ingo doit retenir.

Tu devrais reprendre. Comme si c'était une sentence, une punition, ou bien au contraire, un oracle, une bénédiction. Impossible de savoir ce qu'il peut se passer dans la tête du plus jeune, impossible même de savoir ce qu'il aimerait entendre, ce qui le ferait fuir. Oiseau inconnu au plumage splendide qui maintenant lui demande à son tour d'esquisser quelques mouvements, juste après avoir évoqué quelque chose d'autre qui le trouble. Ares se frotte l'arrière de la tête, attache ses cheveux en se regardant dans le miroir, bestiole brouillon qui en impressionne les plus novices aventuriers, de sa barbe hirsute, de ses yeux furieux, de son pelage long. "Passe les concours d'entrée de la Juilliard pour le second semestre. Pour les places abandonnées par les autres. C'est en décembre, les résultats tombent en janvier." Il quitte son reflet, Narcisse, se rapproche du flamant, plante ses yeux directement dans les siens cette fois. "Si tu promets de t'entraîner ici au moins un soir par semaine, je verrais ce que je peux faire pour appuyer ta candidature." Bien loin du népotisme, le flamant lui-même lui a confié que son plumage n'avait rien de doré ; Ares est professeur des arts, et en ce sens est censé insuffler la création en chacun des artistes bercé par mille muses qu'il vient à rencontrer. Il a toujours trouvé que la Juilliard était trop sélective, trop limitée ; alors impossible à ses yeux de refuser à ce précieux oiseau l'envol tant attendu.

De ses doigts il allume l'énorme poste qui traîne là, entre deux steps d'échauffement et l'armoire des objets trouvés ; chanson de nuit (noche) qui vient hanter la salle entière, alors qu'il donne les pas, offre un second rythme à la nuit qui naît du piano, Nyx furieuse puis calmée, amoureuse puis trahie, et lui valse, offre sur une scène imaginaire la représentation d'un crépuscule, sentant le regard du flamant sur son corps qui s'agite, qui se dévoue, s'offre entièrement à l'interprétation. Pas le moins du monde essoufflé, pas le moins du monde perturbé, il invente, crée comme il le fait toujours, et quand ses yeux se posent parfois sur le flamant qui attend dans un coin, observateur, il se demande si la nuit venue son plumage reste aussi frais de rose ou s'il se pare de nuances plus violacées.  
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm L'éphèbe se rapproche dangereusement de lui, quitte son propre reflet pour assoir son autorité au plus profond des iris du jeune danseur. Le trouble l'attrape, l'enveloppe et le comprime. Son derme se part d'un tremblement à peine perceptible alors qu'il entend l'homme lui faire un premier compliment. Il sent son souffle se couper, se restreindre, comme s'il manquait d'air. Impressionné par l'homme qui lui fait face, figure d'autorité entre ses murs, enseignant avant tout. Il retient sa salive, ravale difficilement le peu d'air qu'il arrive à attraper alors que l'homme lui demande de tenter les examens d'entrée à la Juillard. Rêve illusoire, sans doute inatteignable pour le jeune homme qui, après des années d'introspection et de trouble, a compris qu'il valait mieux suivre une autre voie. Voie plus raisonnable que la danse, trop éphémère et incertain. Il avait entamé une formation pour devenir vétérinaire, en parallèle d'un travail déjà très prenant. Cours suivis en soirée, trois fois par semaine. Aurai-je seulement le temps pour la danse ? Il s'interroge, c'est vrai... mais au fond, il le sait déjà. T'as plus personne à aimer, donc t'as du temps et puis, peut-être est-il venu l'heure de se montrer égoïste. De suivre sa propre voie, d'écouter ses désirs. Il hoche la tête, offre à l'adonis un sourire sincère. D'accord. qu'il dit, en premier lieu. Je te promets de venir une fois par semaine... mais comment ? Est-ce qu'il lui offrira l'accès à l'école ? Est-ce qu'il l'aidera ? Trop de questions restent en suspens et Ingo n'ose pas les poser. La chance qu'on lui offre lui semble démesurée et il refuse de donner l'impression d'hésiter. Laisse toi porter, tu verras bien, après tout, il ne risque rien à écouter son coeur parler, pour une fois. L'homme se décale, lui offre pour simple réponse une musique douce qui s'élève et allume une lumière qu'Ingo ne connaissait pas. Le talent lui est offert sur un plateau, comme une démonstration de tout ce que la danse a de plus vertigineux et impressionnant. Les cheveux relevés, les muscles bandés, voilà que l'homme se met à tournoyer dans l'espace en l'occupant de la plus belle des manières. Les gestes sont précis, naturels et légers. L'expérience parle presque autant que le talent. Leurs yeux se croisent, de temps en temps, lors de la prestation de l'apollon qui exécute là une prestation des plus incroyable. Ingo est fasciné, captivé. Le souffle lui manque, le temps se suspend. Il a le sentiment de le voir voler sans aucune difficulté... alors silencieusement, presque religieusement, il laisse le tableau se peindre sous ses yeux admiratifs. C'est comme observer la naissance de l'univers.
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(OOTD) vendredi soir, 20:00 pm C'est le cygne blanc qui devient le cygne noir, plumage qui se pare d'onyx, les ailettes qui pourront déchirer tout sur leur passage. C'est l'histoire de la déchéance, puis d'une seconde naissance. D'un roi qui a tout perdu, qui finit par remettre les mains sur sa couronne, et qu'importe si l'or s'est teint de quelques nuances carmin en chemin ; tout ce qui compte, c'est le confort du trône, tout ce qui compte, c'est l'oeil agile qui va sonder le peuple. L'envol vers le zénith, puis la chute qui fera tout résonner, dessinera à même le derme de la planète un énorme cratère, symptôme d'une explosion symptôme surtout d'une nouvelle création. Cygne noir redevenu blanc, dans ses derniers instants, au fil des touches de piano, au fil des cordes qui s'agitent pour, lancinantes, faire deviner la suite de la mélodie. Tout s'arrête brusquement, en même temps que le cygne offre son dernier souffle, incline le cou, puis disparaît dans les profondeurs du lac. Ares ferme les yeux, respire quelques instants dans le silence. Il n'a plus l'habitude de tout ça, de danser devant quelqu'un, encore moins devant un inconnu. Alors pourquoi l'avoir fait aujourd'hui ? Peut-être à cause de la confiance aveugle en cet autre dont il esquisse à peine le portrait, se reconnaissant en lui plus que de raison.

Souffrances opposées mais deuil commun, celui de la vie d'avant, celui d'une nostalgie, un jour. il n'y en aura plus la place, seule pourra régner, dans les temps de disette, la saudade. Pour le reste... Les larmes se noieront dans le lac des cygnes. Il rouvre les yeux, pousse un dernier soupir, comme s'il s'en voulait d'avoir laissé le fil de la composition se dénouer, comme s'il n'avait pas juste improvisé l'histoire en en sachant pertinemment la fin. Il rouvre les yeux, pousse un dernier soupir, et capte les prunelles de celui qui lui fait face. "Voilà." Pas grand-chose de plus à dire, il se relève, avait joué l'agonie du cygne d'obsidienne à même le sol sans s'en rendre compte, réajuste les tissus sur sa peau, cache le peu de son torse qui s'est exposé. Il sait pourquoi il a dansé, il connaît les deux raisons. Il y avait la monnaie d'échange, le flamant avait dansé donc il fallut que le cygne fasse de même. Il y avait la volonté de l'admiration dans les yeux, de cette fichue admiration qui laissait germer des empires entiers, transformant le monde en jardin d'aspirations. Il adorait cueillir les fruits de l'admiration, Ares, s'en gargarisait comme d'un vilain pêché dont il voulait ignorer les effets ; mais ils étaient bien là, et son corps entier était brûlant de voir l'admiration derrière les cils d'Ingo. "Ça t'a plu ?" Comme un cyclope gardien des Hespérides, il se sait très proche du fruit défendu, a déjà croqué dedans en s'enorgueillant de l'admiration du plus jeune, et pourtant il en veut plus, il en réclame plus, et ça le fait rire quand il s'approche, récupère la bouteille d'eau tendue plus tôt. Il n'en a pas vu d'autres alors il boit à même le goulot. "Je te préviens, flamant, je suis intransigeant. Mes élèves ont souvent mon nom à la bouche dans les couloirs parce que je suis sans doute l'un des plus durs, l'un des plus exigeants. Je sais que t'as le niveau, que tu peux t'en sortir." Deux nouvelles gorgées, le doigt dressé comme pour signe d'attendre, qu'il n'en a pas fini. "Tu dois juste promettre que même le soir où tu commenceras à me détester ne signera pas la fin de tes efforts. on est d'accord ?" Main tendue, dos bien droit, silhouette entière qui se dresse face à celle du flamant, regard fier, comme pour signer un accord entre leurs deux royaumes de plumes. 
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