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Thomas & Tokko

It's been a long day without you, my friend And I'll tell you all about it when I see you again

La question fatidique et un peu redoutée par Tokko. Pourquoi. Ce n’était pas facile de répondre de façon concrète à cette question. Ce n’était pas facile de parler de ce qui n’allait pas avec un psychiatre, alors avec Thomas qu’il estimait autant… Tout le défi c’était de raconter les choses sans se mettre à pleurer. Tokko n’aimait pas qu’on le voit dans cet état… Il essayait toujours de faire semblant et de porter un masque en public mais le masque s’était brisé à l’instant même où il avait posé les yeux sur l’autre garçon. Son coeur battait encore si fort de se retrouver en sa présence ! Le silence s’empara de l’endroit comme s’il n’y avait qu’eux sur terre, dans ce café. Ne sachant pas par où commencer, il se contenta d’abord de hausser les épaules. C’était difficile d’exprimer la détresse avec des mots. Les gens ne comprenaient pas souvent… Ils ne retenaient que des actes. Tokko était même déjà tombé sur des professionnels de santé qui s’étaient permis de lui dire qu’il avait l’air d’aller bien. Oui il avait peut-être l’air… Mais c’était facile d’avoir l’air. C’était même plus facile que de laisser tomber toutes les barrières. Ca lui avait même fait du bien de les exploser un instant quand il s’était mis à pleurer entre les bras de Thomas… Mais très vite elles s’étaient à nouveau érigées tout autour de Tokko. La carapace avait la peau dure… « Je crois que je vais avoir du mal à répondre… J’suis pas heureux. C’est tout. » En réalité ça n’était pas vraiment tout mais ça lui paraissait un bon commencement. Il n’avait jamais été vraiment heureux dans sa vie… Il y avait simplement eu des moments moins graves que d’autres. Plus supportables. Voilà. Depuis toujours il supportait sa vie au lieu de la vivre réellement. Ah… les choses auraient pu être tellement différentes, s’il n’avait pas déménagé à tous ces kilomètres de Thomas. Trop focus sur son idée qu’il était, la vision bloquée droit devant empêchant toute vue périphérique, il lui était impossible de croire que ça n’était peut-être pas trop tard. Après tout la seule personne qui avait rendu sa vie plus douce était face à lui… C’était peut-être la chance de recommencer à zéro.
Un serveur finit par les interrompre car ils n’avaient toujours pas commandé. Avant que Thomas ne dise quoique ce soit, Tokko sourit à son ami. « Je t’invite… c’est la moindre des choses. » Il n’était clairement pas à un café près n’est-ce-pas ? Il ignorait les problèmes d’argent de Thomas, ce n’était que de la politesse. Vue la bombe qu’il venait de lâcher quelques minutes auparavant… « Un chocolat chaud pour moi, s’il vous plait. »

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High school Avril 2023 Tokko & Thomas
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J’ai l’impression d’être stupide à poser ce genre de question. La réponse à ma question est évidente quand je l’entend: il n’est pas heureux. Mon cœur se serre une fois de plus dans ma poitrine à l’entente de ses paroles. Même si je m’attendais à une réponse dans ce genre-là, je ne peux pas m’empêcher de me laisser submerger par mes émotions et de me laisser surprendre. Je me mordille la lèvre inférieure en baissant mon regard sur une saleté qui traîne sur la table. « Je suis désolé…». Je ne sais pas trop pourquoi je suis désolé exactement. C’est un mélange entre être désolé pour lui et désolé de poser ce genre de questions. Je ne suis pas du genre curieux d’habitude, enfin si, pour les ragots de mes amis, mais pas pour ce genre de sujet délicat. Sauf que j’aimerais comprendre. Comprendre pourquoi Tokko veut en finir avec la vie. Je suis bien placé pour savoir que la vie ne fait pas toujours de cadeaux à tout le monde, elle est loin d’être rose comme beaucoup le pensent. Mais savoir Tokko dans une telle détresse, ça me retourne littéralement le cœur. Je me dis que peut-être, si il a voulu me retrouver, ce n’est pas juste pour me dire au revoir, mais plus pour me demander de l’aide. Clairement, même si ce n’est pas le cas, je ne peux pas ignorer son appel à l’aide, même indirect.

Nous sommes interrompus par le serveur qui vient prendre notre commande. J’évite le contact visuel avec ce dernier, ne voulant pas vraiment commander, mon portefeuille est vide. Je ne dois même pas avoir 1 dollar sur moi actuellement. Je relève ma tête brusquement vers mon ami lorsqu’il propose de me payer quelque chose à boire. Je secoue la tête. J’ai une conviction: même si je suis dans la merde financièrement, je tiens à ne pas être aidé. Après, Tokko n’est pas au courant de ma situation, mais même dans ces cas-là je ne veux pas. J’aurais l’impression de profiter de lui, c’est hors de question. Je regarde finalement le serveur. « Juste un verre d’eau pour moi s’il-vous-plaît ! ». L’eau c’est gratuit logiquement. Mon regard se repose sur Tokko. « Merci de ton offre, mais ça ira, je n’ai pas très soif, un verre d’eau ça ira. ». Mensonge quand tu nous tiens. Je ne suis pas du genre menteur, mais là je ne veux pas lui exposer mes problèmes, aujourd’hui il s’agit de lui, il est le plus important. Je me racle la gorge un coup. « Je ne veux pas que tu sois malheureux Tokko…tu ne voudrais pas rester à Los Angeles avec moi ? Je veux dire…je ne veux pas te voir disparaître… ». C’est une proposition risquée, j’en suis conscient, mais je ne veux pas le laisser filer. Si je le laisse retourner en France ou je ne sais où, je sais que je ne le reverrais plus jamais et ça, l’idée m’est insupportable maintenant que je l’ai retrouvé.

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Thomas & Tokko

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Ca serait mentir de dire que Tokko n’avait jamais envisagé une seule seconde l’option de rester à New York. Il s’était vaguement imaginé que Thomas pourrait le lui demander… Et il s’était surpris à imaginer une vie auprès de lui. Il n’avait pas poussé sa réflexion assez loin pour savoir ce qu’il pourrait faire de cette seconde chance. Comment il s’occuperait. Où et comment il vivrait. Mais Thomas lui laissait l’occasion d’y réfléchir à nouveau… Peut-être pourrait-il se trouver un talent. Une passion. Un objectif. A vrai dire… L’objectif il l’avait déjà intérieurement. Il ne voulait plus jamais voir Thomas pleurer ou malheureux… Et encore moins par sa faute. Il ne connaissait rien de sa vie d’aujourd’hui mais il avait le pressentiment que tout n’était pas rose. Bon, fallait dire que son ami d’enfance venait de lui annoncer qu’il voulait se suicider… Ca n’aidait pas forcément. Mais même. Il avait l’impression qu’il y avait plus que ça, et ça le chamboulait davantage. « J’en sais rien… C’est… c’est compliqué. J’suis un peu perdu… » Ce n’était pas un non catégorique. C’était comme si Tokko était en train de couler et qu’au lieu de se laisser entraîner comme il le faisait depuis toujours, il commençait enfin à se débattre. Et si…

Le serveur apporta les boissons. Tokko ne fit aucune déduction quant au verre d’eau. Impossible de savoir la situation de son ami d’enfance… S’il savait, certainement que ça serait une raison de plus pour lui de rester. Après tout, il avait de l’argent et il n’en profitait pas tout seul. C’était impensable pour lui que Thomas refuse de s’offrir ne serait-ce qu’un café… Mais ça c’était quelque chose qu’il aurait l’occasion de voir plus tard. Il mit ses mains autour de la tasse pour sentir la chaleur. Il préférait celle qui s’était dégagée de leur étreinte… Mais il ne pouvait pas passer sa vie dans les bras de Thomas, à son plus grand malheur, il fallait être raisonnable. « Peut-être que je pourrais rester… Mais je veux pas… j’veux pas être un poids pour toi. Porter quelqu’un qui est en dépression à bout de bras c’est… fatigant. Je sais d’quoi je parle… » Tout le monde n’avait pas les épaules assez grandes pour ça. Et puis Thomas n’avait rien demandé en plus. Peut-être que par peur d’être un poids ou de l’inquiéter, Tokko allait faire semblant que ça allait… Et peut-être qu’à force de faire semblant, le jeu et la réalité se confondraient pour ne former plus qu’un seul être. « Tu crois que ça pourrait marcher ? » demanda-t-il avec une petite moue triste.

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Je n’entends pas un non catégorique de la part de Tokko, mais je n’entends pas un oui non plus. Je laisse mon regard se balader le long du bord de la table, à la recherche de mes mots. Alors que je réfléchis à une tournure de phrase, le serveur nous interrompt à nouveau. Je remercie le jeune homme et mon regard se pose sur mon verre d’eau. Je me pince la lèvre avec mes dents en pensant que c’est bien triste de ne pas pouvoir s’offrir autre chose qu’un verre d’eau. Mais ce n’est pas grave, j’ai l’habitude de toute façon. Je bois une gorgée d'eau. Tiède en plus, ils n’ont même pas fait l’effort de me servir de l’eau plus fraîche. J’ignore cette situation, soupirant intérieurement. Je reporte mon attention sur Tokko, qui reprend finalement la parole avant même que j’ai pu le faire. Une lueur d’espoir illumine mon regard alors qu’il parle de rester auprès de moi. Enfin, plutôt à New York, pas forcément pour moi, enfin je crois. Je secoue la tête à ses paroles. « Tu ne seras pas un poids pour moi, jamais. Je… je sais à quel point c’est difficile d’être à la place de la personne qui a besoin d’aide et je ne veux pas que tu refuses mon aide. Je suis capable de te porter, j’en suis sûr, ne t’en fais pas. », dis-je sincèrement. Je plante mon regard dans le sien. Je ne sais pas comment lui faire comprendre autrement que je suis sérieux et sincère dans mes paroles.

Je secoue la tête à ses dernières paroles. Maintenant qu’il est là et que je sais qu’il va mal, je ne vais pas le laisser partir. Jamais. Je tends mon bras vers lui pour prendre sa main dans la mienne. Ce simple contact suffit à me faire frissonner. « Bien sûr que ça peut marcher…! Non, je rectifie. Ça va marcher ! ». Je n’ai jamais autant voulu sauver quelqu’un de ma vie. En fait, j’ai toujours vécu l’inverse, j’étais celui qu’on devait sauver de sa misère et même si c’est toujours le cas aujourd’hui, c’est mon tour d’être là pour un proche, pour Tokko. J’attends sa réponse, j’espère qu’il va retrouver un peu d’espoir. Mais soudain, une pensée me traverse. Et si je le laisse partir après notre échange, qu’il oublie ce qu’on s’est dit et qu’il passe à l’acte malgré tout ? Je me tends face à mes propres pensées. Je serre sa main un peu plus. « Dis, je peux rester avec toi ce soir ? », je demande, l’inquiétude regagnant mon visage.

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Thomas & Tokko

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Tokko n’aimait pas l’image d’un Thomas qui le porterait à bout de bras. Même si ce dernier s’en disait capable, c’était une tâche tellement ardue… qu’il était même compliqué de ne pas couler à son tour dans cette position. Tokko n’avait vraiment pas assez réfléchi avant de débarquer ici. Comme une bombe à retardement il s’apprêtait à détruire l’existence de la seule personne qui saurait le garder en vie sur cette Terre… et il n’était pas bien certain d’en avoir vraiment envie. Le jeune homme n’était pas persuadé d’avoir encore assez de force pour adoucir sa dépression et se vêtir de son masque social habituel en présence de Thomas. Il n’était pas sûr de savoir, ni de vouloir sourire en sa compagnie pour le rassurer… Il n’était pas sûr de ne jamais lui envoyer de message alarmant à trois heures du matin. Pas certain de réussir à rester vivant, finalement… Mais sans doute qu’il fallait essayer. Qu’il lui devait bien ça après être apparu d’un coup sans prévenir. Thomas eut le nez fin en annonçant qu’il voulait rester avec Tokko cette nuit. Ce serait mentir de dire qu’il ne songeait pas encore secrètement à se barrer en douceAA pour ne pas imposer sa présence… Alors certainement que de passer la soirée avec Thomas, ça réduisait les risques. Et puis s’il fallait être totalement honnête… Tokko avait envie de passer un peu de temps avec lui. Juste un peu. « Oui bien sûr, ça me ferait plaisir. Mais tu vois… c’est de ça que je parlais. Le poids que ça représente… Je sais que tu veux passer la soirée avec moi parce que t’as peur que je fasse une connerie. Et cette peur-là elle te quittera jamais… » Il se mordit la lèvre à l’idée que Thomas n’aurait peut-être jamais envie de le voir juste pour passer un bon moment, mais toujours pour le surveiller.
Il baissa les yeux vers leurs mains liées. Peut-être que c’était possible. Peut-être que Thomas était réellement son ange gardien et qu’ils ne s’étaient pas retrouvés pour rien. « Merci… de pas m’laisser tomber. T’es vraiment quelqu’un de bien Thomas. » dit-il, la voix un peu tremblante. Ca il n’en avait jamais douté, de sa gentillesse.

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J’ai toujours pensé qu’il y avait de l’espoir pour tout et pour tous dans ce monde. Je suis le premier à l’avoir ressenti à plusieurs reprises, notamment lorsque j’ai été pris en famille d’accueil enfant ou encore quand j’ai décroché ce job à New York. J’en ai bien bavé, je ne peux pas le nier et je croyais avoir perdu espoir à plusieurs reprises et pourtant, j’ai bien fait de l’avoir gardé au fond de moi, parce qu’aujourd’hui je suis là. Je ne dis pas que ma vie est facile aujourd’hui, loin de là, mais elle est mieux qu’avant et j’ai espoir qu’elle s’améliore davantage. Alors étonnement, je suis confiant pour Tokko. Il y a encore de l’espoir pour lui, il suffit d’y croire. J’esquisse un léger sourire gêné lorsqu’il me répond. Je secoue la tête. Non, enfin oui, je m’inquiète énormément pour lui, mais rester avec lui cette nuit nous permettra de nous retrouver et de rattraper un petit peu de temps ensemble, même si ça va aussi me permettre de le surveiller. J’ai peur de rentrer au phare avec mes colocataires et qu’il disparaisse dans la nuit. Surtout que ça voudrait dire que j’ignore son appel à l’aide et ça, je ne pourrais pas me le pardonner. Alors je me tiens là devant lui, à lui proposer de rester avec lui cette nuit. Il accepte, mais la suite de ses paroles me fend le cœur. « Je…oui, mais il n’y a pas que ça. Ça fait des années qu’on ne s’est pas vu, je veux passer du temps avec toi, parce que j’en ai envie. Je suis certain qu’on a plein de choses à se dire. » Oui, beaucoup de choses. Je redoute tout de même le moment où il me demandera ce que j’ai fait avant New York et franchement, je ne sais pas si ce serait approprié de parler de mes galères du passé alors qu’il vient me parler de ses problèmes. Mon regard se fixe sur nos mains, je laisse mon pouce faire de petits ronds sur sa peau. « C’est gentil de dire ça, mais c’est normal de venir en aide à ses amis et d’être là pour eux. » Et mes amis se comptent sur les doigts d’une main, alors je vous laisse imaginer à quel point ses paroles sont sincères.

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Thomas & Tokko

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Peut-être qu’ils en avaient des choses à se dire, oui. Mais manifestement rien de joyeux de la part de Tokko… Et comme le sentiment que Thomas n’avait pas non plus des trucs très cool à énoncer. Après, il avait quand même eu un parcours incroyable en plus d’être devenu un très bel homme. D’un enfant qui n’avait vraiment pas de chance dans la vie, il exerçait à New York un métier incroyable et qui, connaissant Thomas, devait beaucoup lui plaire. Tokko de son côté n’avait pas énormément de choses dont il pouvait être fier… Il avait un peu voyagé avec l’argent de son héritage, oui. S’était pris des râteaux par tous les mecs qui avaient compris la définition du mot asexuel, après s’être toutefois assuré que ce n’était pas parce qu’il n’était pas tombé sur le bon. Au pire, il n’aurait qu’à laisser Thomas parler. Après tout Tokko en avait déjà beaucoup dit de son côté…
Thomas se berçait d’illusions et d’espoir. Il avait réellement l’air de croire que tout serait facile. Mais Tokko savait… Il avait lui-même été proche d’une personne dépressive ; sa mère adoptive. Et il y avait des moments où il avait voulu tout abandonner… Manque de bol sa mère avait abandonné avant lui.

Enfin… Se laisser du temps pour réfléchir ne l’empêchait pas de passer à l’acte s’il en ressentait toujours le besoin. Ce n’était pas comme un piège, même si finalement le fait que Thomas soit désormais lié à tout ça y ressemblait un peu. Ils finirent tous les deux leurs boissons. Tokko paya l’addition, faut dire qu’un verre d’eau ça ne coûtait pas grand-chose et ils sortirent du café dans le silence. Bien. Maintenant, comment on faisait pour rattraper le temps perdu ? En temps normal Tokko serait allé se réfugier dans son lit pour n’en sortir que le lendemain, ou peut-être même la journée d’après encore. Si seulement il se donnait les moyens… S’il faisait l’effort de rencontrer les gens, découvrir des activités. Le souci c’est que la force pour tout ça il ne l’avait plus. Surtout que deux heures auparavant il était persuadé de n’en avoir plus pour très longtemps ici alors ça remettait un peu tout dans une perspective différente. « Je peux te montrer l’hôtel où je suis si tu veux. Et après tu pourrais me faire visiter ? J’suis jamais venu ici. »

Ils prirent alors le chemin de l’hôtel dans un quartier un peu plus huppé de la ville. Il n’avait pas pris non plus le grand luxe, mais on va dire entre les deux, un endroit très sympa dont la facture ferait sûrement peur à Thomas. Il entra en premier dans la chambre, un grand lit double, une télévision, une salle de bains avec baignoire. Plutôt classe. A vrai dire Tokko ne s’était pas émerveillé, ça lui était égal, c’était juste convenable pour les dernières heures de sa vie. « Y’a même un mini-bar. Tu veux un truc ? »

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J’imagine bien qu’on a beaucoup de choses à se dire, pas forcément joyeuses. Si Tokko en est rendu à ce point-là, c’est qu’il y a des événements vraiment pas fun qui se sont passés dans sa vie. Tout comme je redoute le moment où je vais devoir parler de ma vie depuis qu’on s’est quitté. Certes, aujourd’hui j’ai un travail merveilleux qui me plaît énormément, mais j’ai dû passer par beaucoup d’épreuves avant d’en arriver là et ce n’était pas facile. Je suis actuellement toujours en galère, mais moins qu’avant. Je ne me plains pas, parce qu’avant j’étais à la rue et maintenant je peux me payer un mini studio avec mon petit salaire. Professeur, ça paye pas beaucoup, je devrais peut-être songer à trouver un deuxième travail en complément. Mais je m’estime heureux, parce que j’ai un toit sur la tête cette fois.

On finit rapidement nos boissons. Finalement ce verre d’eau n’était pas de refus. Je vais pour payer mon verre, qui n’est pas gratuit comme je le pensais, mais Tokko me devance. Je grimace, je n’aime pas qu’on me paye des choses, même un verre d’eau. Mais je ne proteste pas, parce que ce n’est pas le moment d’apporter de la négativité dans nos retrouvailles juste parce que je veux payer de l’eau. Je lui paierais un autre truc la prochaine fois. Je le remercie quand même. On sort du café et on se retrouve dans la rue, sans savoir quoi faire. Il me propose d’aller voir son hôtel et de lui faire visiter la ville. Ah. Je me perds encore dans la ville, sans internet je dois toujours me repérer sur les cartes et aux plans du métro. J’esquisse tout de même un léger sourire, on va éviter de trop montrer que je suis le gars le plus paumé du monde dans cette ville. « Oui si tu veux, au moins je saurais où tu résides pour venir te voir ! Et euh ouais, je te montrerais les endroits que je connais. », c’est-à-dire le lycée, le métro et mon studio quoi. Si, je pourrais lui montrer la gare, c’est là que je vais pour faire du piano. Ça va être court comme visite.

Je le suis dans la rue, jusqu’à son hôtel. Alors je ne suis pas connaisseur, mais je crois que quand il y a des étoiles et une belle façade, c’est cher. C’est typiquement le genre d’hôtel ou de quartiers où je ne vais absolument jamais. Alors qu’on passe la porte de la chambre de Tokko, j’ouvre grand la mâchoire, on pourrait presque penser qu’elle va tomber par terre. Je tourne doucement sur moi-même, admirant chaque détail de cette grande chambre. Je peux littéralement dire que cette chambre est deux fois plus grande que mon pauvre mini studio sous les toits. Il y a un lit double, chose que je ne connais pas puisque j’ai un lit simple qui me fait mal au dos, il a une télévision, ça non plus je ne connais pas du tout. Et surtout, il a une baignoire, alors que j’ai une vieille douche qui ne me donne pas l’eau chaude tout le temps. C’est un peu flippant je dois l’avouer. Je n’ose même pas imaginer le prix pour une seule nuit, sans doute mon loyer complet pour seulement quelques heures. Je déglutis et je ressens comme un malaise, je ne me sens pas à ma place ici. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de me demander comment Tokko arrive à se payer un tel hôtel, moi en tout cas je ne pourrais pas. Mon ami me propose si je veux quelque chose du mini-bar. Moi qui n’ai jamais bu de ma vie, je n’y connais rien et surtout, vu la taille de la chambre, je n’ose pas imaginer le prix du contenu du mini-bar. Je me gratte la nuque, un peu gêné. « Hum, non merci, ça ira. », je refuse poliment.

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Thomas & Tokko

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S’il y avait bien une chance que Tokko ne réalisait pas, c’était son argent. Oui, il avait les moyens. Mais dans certains cas, et je ne dirais pas tous, l’argent ne faisait pas le bonheur… Surtout quand il provenait d’un héritage. Alors c’est sûr il ne s’en faisait pas pour le loyer, ou l’hôtel cher qu’il venait de s’offrir. Il ne s’inquiétait pas de manger à la fin du mois ou de se retrouver sous un pont du jour au lendemain - de toute façon ce n’était pas sous un pont qu’il était censé se retrouver mais six pieds sous terre. N’allez pas croire qu’il se comportait en gars pourri-gâté. Au contraire, et renforcé par le fait qu’il savait qu’il allait partir, il faisait régulièrement des dons à des associations. Parfois même il était allé donné un coup de main en France aux Resto du Coeur. Des rares moments où il ne pensait pas à ses problèmes, où il rencontrait des gens, faisait quelque chose de bien. Alors oui, il était quand même beaucoup moins impressionné que Thomas alors que ce dernier découvrait la chambre dans laquelle il séjournait. Le professeur de français avait même l’air gêné… Gêne qui fut vite transmise à Tokko qui avait juste l’impression d’étaler son argent (qu’il considérait presque comme de l’argent sale, même si ça ne l’était pas). « Désolé. Je voulais pas te mettre mal à l’aise avec tout ça… La chambre est cool, j’voulais partager. Si… enfin tu peux vraiment dormir ici ce soir si tu veux, c’est hyper confortable. » Il avait l’impression de dire de la merde. Tokko réfléchit quelques instants… il s’assit sur le bord du lit en regardant Thomas, détaillant chaque trait de son (beau) visage. « Thomas… Ca va ? Enfin… L’argent, j’veux dire ? Quand j’y repense au café t’avais vraiment pas l’air à l’aise, t’as pris juste de l’eau… T’es pas obligé de me dire, mais ça va d’soi que si t’as un problème… fin je peux aider. » Thomas avait énormément de fierté il allait sûrement refuser, peut-être même se braquer. Mais peut-être que dans la situation actuelle, de leurs retrouvailles, il allait baisser un peu la garde. En tout cas si Thomas avait vraiment de problèmes d’argent, à partir de maintenant, il n’en aurait plus. Que ce dernier soit d’accord ou non.

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Tokko & Thomas

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Je tourne sur moi-même, découvrant cette immense chambre. Peut-être qu’elle n’est pas si immense que ça, mais de point de vue elle l’est. Tout est vite grand quand on vit dans ce qui ressemble à un placard à balais. Encore une fois je ne m’en plains pas, j’ai un toit sur la tête, je peux m’estimer heureux pour ça. Je m’arrête de tourner et je reste planté au milieu de la pièce, ne sachant pas où me mettre. Tokko prend la parole, il a dû ressentir ma gêne. « Non, non, ne t’excuses pas. J’ai juste pas l’habitude de voir des chambres d’hôtels. Et…je ne sais pas, je ne voudrais pas abuser de ta gentillesse et t’embêter. » Oui, c’est très contradictoire en sachant que je lui ai proposé de passer la soirée ensemble, voire peut-être même la nuit. Mais au vu de cette chambre, j’aurais l’impression de juste profiter de ce luxe qui n’est pas le mien et ce n’était pas mon but premier. Mon but était de rester avec Tokko. Je me mordille la lèvre inférieure et je me décide enfin à bouger du milieu de la pièce pour le rejoindre et m’asseoir juste à côté de lui, sur le lit. Je m’affaisse un peu dedans, surpris de retrouver cette sensation d’un bon matelas. Je n’en ai pas connu depuis plusieurs années, depuis que j’ai fuis ma famille d’accueil en France. Puis, la question fatidique de Tokko est tombée. Comment lui dire sans l’inquiéter ? C’est lui qui a besoin d’aide, mais c’est moi qui laisse transparaître mes problèmes d’argent. Je suis juste un idiot. « Disons que je fais avec ce que j’ai ? Ne t’inquiètes pas, j’ai l’habitude depuis plusieurs années, je mange et je dors sous un toit, c’est déjà ça. Je ne veux pas qu’on m’aide, je me suis toujours débrouillé seul. » Je refuse, déjà parce que j’ignore le montant de la fortune de Tokko donc je ne veux pas lui apporter de problèmes si elle est modeste et que même si je viens à apprendre qu’elle est élevée, je ne veux pas être un profiteur. J’ai toujours eu l’habitude de me débrouiller par moi-même, même si depuis mes 18ans j’ai passé plus de temps dehors que dedans. J’esquisse un sourire qui se veut rassurant à mon ami. Je préfère me concentrer sur sa santé mentale à lui, mes problèmes peuvent attendre.

AVENGEDINCHAINS