(aedan) tempête d'effluves, furies vésuve

my pope, father of all
papa, mon père, la figure de proue de tous les navires, le maître de mes odyssées. il m'a entraîné au hockey de force quand j'avais huit ans, et j'ai fini par adorer : il n'a raté aucun match, il venait avec maman puis les bébés jusqu'à ce qu'il ne puisse plus se déplacer autant. premier supporter, premier aussi à qui je racontais mes histoires d'amour, parce que lui aussi avait connu l'adolescence des jeunes garçons, conseiller et confident. sa maladie est tombée comme un choc : plusieurs mois à avoir du mal à l'admettre, à créer ce tabou phénoménal, jusqu'à ce qu'il se mette à en parler simplement. plus grosse perte de ma vie, il a fallu épauler maman, aider les petits, et ça nous a pas mal rapproché avec Faye. épreuve ultime que la perte d'un parent, mais le modèle demeure : avec mes enfants, je veux être mon père, à l'écoute, bienveillant, le ton doux, les compliments par pluies irisées, sans jamais qu'il y ait de gros nuage.
le chien égaré qui jappe, coussinets qui dévalent une rue entière, les passants grouillent, la bête est inquiète, mais malgré tout ça personne ne l'arrête, pas un panneau rouge et blanc qui puisse freiner sa circulation. c'est pourtant une grosse bestiole, pas mal de poils noirs, une cravate beige, et il n'y a qu'une paire de mains venues le caresser pour le freiner. le chiot s'appelle Valjean, appartient à l'une des familles des Hamptons, et il s'est échappé d'un hall d'hôtel. entre mes mains, il s'apaise, j'arrive presque à le porter, jeune mais lourdaud, et c'est un chemisier rosé, un collier de roses d'or, des bracelets aux mille charms fleuris, une odeur de rose même, qui viennent m'aborder. discussion, café, remerciements et larmes, et finalement elle est charmée, me propose de tenir les cisailles dans son immense jardin. ça tombe bien, je cherchais un job fixe, et un plus bel appart, le salaire est cool, c'est une belle compagnie, l'impératrice des roses devient ma patronne, et me métamorphose en celui de ses belles allées.
summertime sadness
c'est un pan de robe qui s'effrite sous le couchant, le tissu était d'un rose lourd, mais sur son épiderme il devient léger, comme une goutte de vin qui l'englobe toute entière, ne dévoile que quelques teintes et de quoi sourire un peu plus quand nos paumes se croisent. ensemble, on passe un été fou, à batifoler sous les étoiles le long des sculptures végétales, et sa chambre se couvre de bouquets fanés. peut-être qu'elle les collectionne ? pour elle, je quitte mon travail, pour elle, je déménage à new york, dans un beau petit appart' en location (j'ai insisté là-dessus, refuse de la voir signer notre porte d'entrée par souci d'équité), et je repars à la chasse au travail. on se mariera trois étés plus tard, jour de joie pour nos deux familles qui s'entrecroisent sous un soleil romantique, belles textures d'un blanc éclatant et bouquet fané du premier rendez-vous reconstitué par un fleuriste expert, balancé dans la foule pour l'augure du prochain mariage.
si mon père m'avait donné la passion du hockey quand j'étais gamin, j'avais transmis bien d'autres goûts pour les pistes aux autres ; soirées récurrentes en discothèques avec ma belle, cours de danse pour notre aîné quand il voulait tester, puis le hockey à son tour, le dancefloor toujours, avec moins de stroboscopes et des cocktails toujours plus extravagants, les soirées de plus en plus rares puisqu'il fallait aussi garder les enfants, des dîners en amoureux quand elle ne voit pas le sien, et puis le théâtre pour notre deuxième enfant, club amateur dans lequel il se plaît, entre deux vers de poésie. le week-end, et parfois même en semaine, surtout l'hiver, on se perd dans l'atmosphère et avec Harrison et Spencer, on va patiner un coup près de Rockefeller, pendant qu'Oscar va acheter les premiers cadeaux de Noël avec sa mère, en revient toujours avec une moustache chocolatée.


en vrac le train de vie enfin apaisé, dysfonctionnement viril débloqué par le secret enfin admis, s'avère qu'il a réussi à procréer uniquement à la fin de son mariage, enfant d'amour à venir, amour tendre mais pas amour passionnel, les trois premiers enfants d'un inconnu qui ne l'est pas tant, l'amant présenté par l'épouse pour qu'il puisse l'évaluer, la vie toujours bien organisée, est resté tard chez sa mère pour à tout prix protéger ses frangins aider la matriarche, déteste l'odeur de la cigarette, ça irrite les narines et les souvenirs, la tombe du père régulièrement visitée et refleurie, y met des éclats de bégonias et quelques fleurs de camélias. soleil masculin qui adore les bords de fenêtre pour s’imprégner d’Helios, le sourire et l’épaule toujours tendus de pair pour aider son prochain.
Harrison a mes cheveux, coupe qu'il s'amuse à singer du haut de ses 10 ans, ça l'éclate, et ça me fait encore plus rire quand il grogne après ma main dans ses mèches. Pile électrique, gamin qui court partout et meuble mille fois mieux l’appart que les tableaux chinés.
Oscar est le chafouin, celui qui boude toujours, même quand son aîné fait de bonnes blagues, 7 piges et il se passionne déjà pour les livres, les monstres, la mythologie, et il écrit même parfois quelques poèmes...
Spencer, c'est sa mère : le même rire cristallin, les mêmes mains pleines de farines, les mêmes gâteaux au chocolat (moins cuits, okay), et surtout, toujours plein d'amoureux (bonne blague, pas vrai ?). Elle ressemble à Maisie au même âge (5 ans) et ça me fascine.