never trust or love a wild thing.
âge ~ un an qu'il a perdu le compte, un an qu'il aurait aimé que le compteur soit remis à zéro ; litanie incessante, larmes ravages qui continuent de couler le soir venu, et pas même les
29 bougies soufflées dernièrement n'ont pu le sauver de ses propres Furies.
date et lieu de naissance ~ un
20 mars 1996, équinoxe de printemps, températures qui se réchauffent et pétales qui fleurissent partout dans la belle ville
d'Aix-en-Provence ; bébé qui serrera la première fois ses doigts au long des cris de ses comparses, enfant triplé, enfant dont les yeux s'ouvrent sur le papier peint d'une résidence secondaire.
nationalité(s) & origine(s) ~ franco-américain, sur les papiers, dans le coeur les rameaux qui s'étalent ; papa était franco-belge, maman britannico-américaine, et ils ont su accorder bien des langues pour unir leurs couleurs.
métier/études ~ ancienne vedette de l'émission
Un jour chez les Arnauld, qui s'est étalée bien plus d'un jour, bien plus d'une saison. ancien enfant star, il a entamé, les caméras rangées suite au premier drame de sa vie,
des études de psychologie. études validées, joli cabinet offert à New York par maman ; porte fermée, jamais rouverte, depuis ce soir-là ;
psychothérapeute d'un an et demi à peine devenu chômeur, donc. orientation sexuelle ~ il n'avait jamais vu que par Lui, l'amour de jeunesse, au point d'en oublier comment le coeur bat avec l'inconnu ;
homosexuel réservé, peu aventureux, il se cloître dans son donjon, est son propre dragon.
statut civil ~ sujet sensible : il est
veuf, monosyllabe trop vive pour l'instant, destin insolent qui une fois de plus se joue de lui en le conjurant à de monstrueuses tragédies.
statut monétaire ~ la dynastie Arnauld règne sur le pays français depuis des décennies ; aucun souci de ce côté-là, en témoigne le bel appartement familial dans lequel il se cache, trop seul.
jeunesse dorée et fracturée. quartier de résidence ~ Manhattan, à en croire ce qu'on voit depuis les fenêtres.
groupe ~ child of the earth.
all night long slow down the song
La buée et la pluie se reflètent dans tes yeux fâchés
Si tu disparais demain, mon cœur se sera vidé
Printemps qui germe, vient percer l'hiver qui avait trop duré. Les coeurs antarctiques fondent, les jardins se couvrent d'un tapis de fleurs, Isis descend et coud ses arc-en-ciels à même les herbes. Derrière une fenêtre, les cris s'enchaînent, les souffles se font lourd. Une tempête se prépare, un orage au tonnerre sans pareil, on l'annonce depuis des jours ; les abeilles battront des ailes et se feront emporter, les oiseaux chanteront comme pour annoncer la descente des lumières au coeur même du manoir. Ils sont trois. Trois à naître, chacun à un peu plus de quarante minutes d'écart, trois travaux d'Héraclès, ils sont trois à être bruyants. L'orage tombe enfin, les nuages noirs couvrent l'azur, et sur la palette naît un peu d'indigo. Madame Arnauld a donné naissance à trois sourires, à trois larmes aussi, sur le visage de son mari. Triplés qui ne se sépareront jamais, triplés que tout opposerait physiquement s'il n'y avait pas ces yeux bruns. Coeurs assortis, caisses de résonance, tout le monde célèbre pendant les jours qui suivent, même celle qui a donné vie aux trois prodiges, elle danse, elle valse, de ses talons tape le parquet fraîchement ciré ; l'orage dure cinq jours, les célébrations en font autant.
Trois paquets frais de linge, l'un sent la lavande (ce sera pour l'aîné), l'autre la violette (la cadette), le dernier n'a que l'odeur du savon qu'on forge à même les calanques, pas très loin d'ici. Barbara est le dernier né, le dernier coup de crayon fantaisiste d'un père qui aime les extravagances, sur les papiers. Prénoms conventionnels passent dans les seconds rangs, sont oubliés, Barbara William Jefferson Arnauld, et ses iris s'ouvrent à peine sur le monde, éblouis de lumière, que déjà on le berce sur le rocking-chair qui sent le bois musqué, en lui murmurant des bénédictions. Barbie, on t'aime, Barbie, tu iras loin, ô Barbie. Mots qui sont soufflés, qui caressent la peau comme des plumes, et il se sent bien, déjà bébé, pleure rarement, ce qui inquiète ses parents, parfois, car son frère rugit, sa soeur hurle. Ils sont trois, déjà, trois pour toujours. .( ( et à l'Apocalypse ils furent 4 ) ).
Avant toi c'était moins bien, demain tu vas me manquer
C'est beau mais ça me rend dingue, et je n'cesse de me demander
Silence, on tourne, enfin surtout dans sa tête à lui. Il est créatif, Barbara, s'évade pendant des heures dans des univers dont l'onirisme lui est soufflé par des sirènes qu'il rejoint dans son bain pendant des heures. Ulysse pas encore désabusé, il écrit, il dessine, il peint, il fait du n'importe quoi, surtout, tente de créer de nouvelles couleurs sur ses tablettes. Neuf ans, les triplés les ont soufflé la semaine dernière, et chaque année qui passe est plus chaude que la précédente ; trop jeunes pour être écoanxieux, ils jouent dans le jardin un peu plus tard chaque soir, capturent des criquets et donnent des noms aux étoiles qu'ils ont trouvé ensemble. Elles étaient là quand ils se sont couchés dans l'herbe, mais ils les ont débusqué, le décident collégialement. Ça fait un an, maintenant. Un an que les caméras se sont jetées contre les murs, sur les tables, dans les placards, enregistrant presque tout de leur vie. Aix-en-Provence leur manque, ils supplient les parents d'y aller, on leur promet oui, à la fin de la saison. Il est petit, Barbara, ne sait pas si on parle du printemps ou bien de ce show télévisé qui se prépare, mais il pense au printemps, et ça le rend infiniment mélancolique, du haut de ses trois pommes, d'imaginer que le printemps prendra fin. Il a des papillons dans le ventre, des fleurs écrasées dans la paume, du soleil dans les yeux. Alors, un soir, il pleure. Pendant des heures ; et quand il pleure, sa soeur se met à le faire aussi, et puis leur frère les rejoint ; cacophonie de larmes qu'on met des heures à calmer, et puis finalement, on leur tire la vérité, la raison derrière la tragédie.
Le printemps prend toujours fin. Barbara l'apprend ce soir-là. Il a du mal à comprendre, mais il l'entend, se le répète bien des heures après encore, au coeur de la nuit, quand les inconnus s'en vont, cessent d'épier les moindres faits et gestes. En 2023, bien des années après, le gif des triplés qui pleure reste ancré dans la pop culture ; le printemps prend toujours fin reste ancré dans sa tête à lui, qui compte dans son jardin chaque heure une rose fanée de plus.
J'pense à ça quand j'te vois fâché
Si j'te prends la tête, c'est que la mienne va exploser
Furie qui coule, qui s'étale sur ses joues et sur ses mots, confiture dégueulasse qui cerne la moindre seconde qui passe. Il hurle, Barbie, et il attend que ses érinyes personnelles en fassent de même, derrière lui. Sa soeur se joint au chant des loups, et puis son frère s'écarte, se met devant eux. Avec les parents, avec Seth, le type qui est là depuis trois jours, qui se dit caméraman mais qui n'est même pas fichu de respecter les bons angles. A seize ans, on comprend. Surtout quand ça fait sept ans qu'on joue les personnages principaux dans une comédie de boulevard, surtout quand ça fait deux années qu'on te supplie de t'en tenir à des scripts. Barbara a enchaîné les crises d'angoisse, ses traits sont frappés, ses yeux chantent le nom des démons qu'il ne côtoie que depuis peu. Seth se tait, baisse la tête. Les parents hurlent, puis s'apaisent, et hurlent de nouveau. Ça dure des heures, et puis finalement, Madame Arnauld hoche la tête. C'est la dernière saison. Après ça, on arrête tout. Ils hochent la tête, les deux plus jeunes, et leur aîné lui se tire dans sa chambre, met du metal à fond sur le petit poste que son frère lui a prêté.
Ils tiennent leurs promesses, sans surprises ; et Barbie en fait de nouvelles, se lie par un serment à Seth, contre l'avis de ses parents. C'est un poil trop rebelle, apparemment, parce que Seth a trois ans de plus, qu'il est majeur, et Barbara a beau leur répéter que dans un an ils seront dans la même situation, rien n'y change. Alors, il grogne, joue les Cerbères souvent, surtout contre son frère qui l'a abandonné, celui-là même qui part tous les soirs rejoindre une nymphe sous les yeux de Nyx. Un soir, il sort aussi, Barbara. Rejoint Seth, essoufflé, dans la cabane. Lui promet un premier baiser, dans un an. Puis un mariage. Puis tous ce que les adultes sont censés faire, apparemment ; un appartement, un chien, pourquoi pas un enfant. Seth rougit, et ça fait rosir aussi Barbara, ils rient ensemble jusqu'à minuit, puis ils se séparent.
Serment tenu. Le soir même de leur anniversaire, Barbie abandonne sa famille à vingt-deux heures treize précisément, s'évade de la belle maison pour retrouver le joli sourire de celui à qui il a promis bien des trésors. Nuit bijou, dans son écrin, brillante, scintillante, infiniment précieuse, cygne fragile aux plumes de diamant, dans un coin de sa mémoire. Ils s'embrassent le long d'un lac désert, et puis s'embrassent encore et encore.
Ce soir dans un taxi, notre histoire m'a fait perdre la tête
J'aimerais te voir sourire, pourquoi j'me sens si bête?
Huit années s'écoulent, et on ne parle du mariage que depuis quelques mois maintenant ; les parents Arnauld veulent le célébrer en grandes pompes, c'est le premier de leurs enfants à s'enorgueillir d'une alliance, et même si elle n'est pas aussi noble que ce que les autres strates leur aurait souhaité, elle rend Barbara heureux. Il sourit fort, souvent, même pendant les cours de psychologie, une autre bataille remportée auprès de ses parents, cette fois-ci avec l'appui de son père. Installés à New York dans un joli penthouse offert par monsieur Arnauld, le couple continue de s'aimer, de se consumer. Les flammes sont chaudes, elles sont colorées, le tableau est incandescent. A en faire pâlir Aphrodite elle-même. Parfois, Barbara remarque de la tension, mais ça disparaît vite, comme un nuage poussé par le zéphyr, alors il ne s'en préoccupe pas. Décroche son diplôme un jeudi, se marie un vendredi ; ils ont pris la fuite la veille de la grosse cérémonie, leurs mains s'envolent ensemble, croisées, jusqu'à l'une de ces forêts cachées dans le pays. Ils se font mille promesses, le temps d'une nuit, et par-dessus se jure de les tenir, le long d'un nouveau lac argenté. Il y a deux cygnes, dans la forêt. C'est bon signe, il paraît, et ça fait sourire un peu plus fort Seth, qui offre une constellation toute entière à Barbara, en la pointant du doigt au-dessus de leur tête, juste avant de s'embrasser. Tableau parfait.
Beau tableau aussi que celui du lendemain, lorsqu'ils se réveillent noués, et s'embrasent des aurores au crépuscule, loin de leur forêt secrète, dans des costumes taillés sur mesure. L'estrade est belle, la fête est grandiose, monsieur Arnauld pleure, madame Arnauld rit avec le père de Seth. Ils dansent ensemble, boivent, sans doute beaucoup trop. Deux heures du matin, et Seth dispose six shots, les colore de liqueurs et de sirops. Ils boivent, rient un peu fort, se font de nouvelles promesses, celles-là plus brûlantes, plus indécentes, et la salle se vide enfin.
Dernière valse sous les stroboscopes. Ils sortent, rejoignent le parking, l'air est frais, ils s'embrassent, s'enflamment, Barbie refuse de prendre sa voiture, demande à ce qu'on appelle un taxi. Seth refuse, puis concède, grogne, flamme qui danse, balayée du vent, menace de s'éteindre. Mains entremêlées qui se détachent quand le taxi arrive. Barbara penche la tête en voyant son mari - ça lui fait bizarre de l'imaginer couvert de ce mot - monter à l'avant de la voiture. Il rit avec le chauffeur ; alors, Barbie se dit que c'est une histoire d'alcool, qu'il ne faut pas réfléchir davantage. On donne l'adresse, il faut traverser le Bronx, puis le Queens, c'est l'affaire d'une trentaine de minutes, alors on demande à ce qu'il y est un peu de musique. "Trop fort, c'est notre danse d'ouverture !" On chante un peu, et puis je le regarde, le trouve beau, sous la nuit, sous le jour, sous les lampadaires, sous les ombres. Je le trouve si beau que je ne regarde que lui, que ses traits, que ses angles, que ses courbes, me surprend à le désirer davantage ; c'est intime, comme pensée, intime mais bouleversant. Et tout s'arrête en une seconde. Priorité fauchée, problème de signalisation, on ne le sait pas encore à ce jour ; le taxi percute de plein fouet un van qui arrivait par la gauche. Les pneus crissent, le verre explose, le klaxon est enfoncé. Lumières éblouissantes, bruits assourdissants, mais il ne s'évanouit pas, Barbara, non, il a le regard aussi figé que le myocarde, planté uniquement sur l'époux déjà mort à l'avant.
Les détails médicaux, il les rejette, ne cherche pas la vérité comme on lui conseille, ne cherche pas à mettre des mots. Il pleure, constamment, s'embourbe dans un béton sombre, aussi noir que celui qui a fait crisser les pneus, il manque d'air, constamment, le souffle coupé, traumatisé. Se rappelle uniquement leur dernier baiser, les mains détachées. La musique, le klaxon. Et il frissonne.
C'est beau mais ça me rend dingue, et je n'cesse de me demander
Qu'est-ce que tu m'as fait, oh qu'est-ce que tu m'as fait?
la suite ténèbres enveloppants, la bouche de Scylla embrassée, et puis le dégoût, non, son âme ne peut être qu'à lui, ce fantôme, ce spectre qui hante les nuits et les jours. hypersensibilité des sens, se complaît dans la lumière mais déteste les bruits sourds, déteste les mouvements brusques. pas un seul vrai sourire depuis la tragédie. pas une seule journée sans froisser les draps de son côté à lui, comme pour se donner l'illusion. cabinet de thérapie fermé, patients balayés, conscience professionnelle qui s'est noyée dans son inconscience à lui. joue avec le feu, souvent, sans jamais faire crépiter de cigarettes. récemment basculé dans un monde de littérature, les bouquins avalés lors des nuits blanches, pour les habiter. mots comme seul réconfort, lui qui est bavard et se parle à lui-même tout au long de la journée.
cause we're ready for the fame.
~ liens recherchés
MISTER DRIVER le chauffeur de taxis, qu'il soit expert ou débutant, VTP ou licencié, qui a conduit cette nuit-là. lui s'en est sorti, le corps indemne, mais l'esprit agité de nombreux cauchemars. c'est en thérapie qu'ils se croisent, fruit du hasard dans une ville surbondée, en thérapie que leurs yeux s'accrochent. barbara ne sait pas quoi en penser ; la rage au coeur, celui-ci au bord des lèvres, il a envie de le détester, et en même temps le voit être brisé.
NAÏADE AUX BRAS OUVERTS elle est dans sa vie depuis des années maintenant, amie fidèle, épaule solide sur laquelle ses larmes se sont souvent arrimées. elle l'a empêché de sombrer, bien des fois, l'a laissé être sous les projecteurs, détestant qu'ils soient braqués sur elle. s'est longtemps demandée si elle n'avait pas été amoureuse de barbie, et puis s'est ravisée, le voit comme un prolongement d'elle-même. repoussée ces derniers temps, sauvagement aiguisée par ses phrases et ses phases, mais elle demeure, phare.
ANCIENS PATIENTS ceux dont il a voulu se détacher quand il a pris son envol, ailes brisées qu'ils ont (ou pas forcément !) compris. certains le remercient, tentent de garder contact malgré tout, de l'accompagner dans son deuil par des plats de lasagnes laissés hebdomadairement, et puis d'autres lui en veulent, s'en veulent aussi d'avoir confié des secrets à quelqu'un en qui ils n'ont plus la moindre confiance.
A DAY WITH THE ARNAULDs ! qu'ils soient fans ou pas de l'émission qui a duré près de sept ans, qu'ils soient attirés, papillons de nuits, par les lueurs des Arnaulds, voulant graviter autour d'eux en espérant y grappiller un peu de succès ; amitiés sincères ou intéressées, souvenirs d'enfances américains ou des villas dans le monde, voyages partagés ou bien nuits de confessions, tous les moments hors du temps qui ont pu être capturés devant la caméra et que barbara visionnerait aujourd'hui les jours où ça va un peu mieux, pour s'occuper.