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(cyres) Night out

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Cyrus & Ares
Night out


Alcool, cigarette, noix de coco et ton parfum qui se mélangent dans la pièce, cocktail explosif et détonnant qui me donne envie de plus jamais rien sentir d’autre. Besoin de m’écarter pour pouvoir te laisser fumer en paix, parce que si j’écoute mon corps et mon esprit plus-si-brumeux-que-ça, je vais jeter ta clope par la fenêtre et me remettre à poser ma bouche partout sur toi. Question idiote qui m’échappe, ta réponse me fait sourire. Ça se transforme en éclat de rire quand tu réponds à l’autre partie, me rassure sur les évènements à suivre. En réalité, je m’en fous pas mal, des clichés sur les danseurs. J’y connais pas grand-chose, à la danse, hormis ce que Stevie me raconte quand elle est décidée à le faire. On pourrait comparer la boxe à un genre de danse, mais c’est probablement pas du tout pareil. Et au fond, ça n’a aucune putain d’importance. Tout ce qui m’importe, là, c’est la façon dont tu me regardes, dont tu te rapproches, dont tes mains entrent en contact avec ma peau. Tout s’efface, n’existe à présent plus que nos corps, nos souffles, nos lèvres. Endurant, on l’est apparemment tous les deux, et la nuit se fait longue. Des peaux qui ne se séparent plus vraiment, des êtres qui ne font plus qu’un, encore et encore, un nombre incalculable de baisers et de soupirs échangés. Et puis on s’écroule, l’un sur l’autre, ou l’un dans l’autre, je ne sais plus vraiment. Les yeux qui se ferment, à l’heure où ils devraient s’ouvrir, après un échange de regard qui me fait dire qu’il y a autre chose, quelque chose qui fait sonner toutes les alarmes sous mon crâne, qui me hurle que ma main devrait pas se poser comme ça sur ta joue, qu’il y aurait pas dû y avoir ce baiser sur ton front avant que tu fermes les yeux...

Peut-être que c’est les rayons du soleil, ou un bruit dans la maison, je sais pas trop. Mais mes paupières bougent, se soulèvent. Inspiration, les narines et les poumons qui se gonflent de ton odeur, parce que t’es encore juste là, entre mes bras. Le cœur qui s’accélèrent, mais pas de la même façon qu’hier soir. J’ai pas beaucoup dormi, mais y’a plus d’alcool qui tienne, j’ai l’esprit clair et ce qu’on a fait est en train de me faire vriller. Je me détache lentement, marche jusqu’à la salle de bain attenant à ma chambre. Longue douche froide, le front qui se colle contre le carrelage au mur, les yeux qui se ferment. Putain, mais qu’est-ce que j’ai foutu ? J’ai cédé à des pulsions pourries, ai laissé mes désirs prendre le dessus sur ma raison, t’ai laissé te glisser sous mes draps alors que j’aurais dû tourner les talons dès que je t’ai vu. Putain mais quel con. Même l’eau froide réussit pas à me calmer, j’ai la rage. Contre toi et tes yeux à la con, contre moi tout entier. Ça me prend la tête, j’ai envie de casser un truc, bonjour la masculinité toxique. J’éteins l’eau, attrape une serviette, sors. Je prends des fringues sans faire attention au bruit que je peux bien faire. C’est pas comme si j’avais envie que tu prennes tout ton temps pour te réveiller, plutôt le contraire. Je veux que tu te casses, je veux oublier ce qu’il s’est passé, faire comme si j’avais pas salement merdé. Jean enfilé, je ramasse tes fringues, les balance sur le lit sans vraiment faire gaffe à si t’es réveillé ou pas. J’attrape un t-shirt, le passe, cherche une chemise.

« Faut que j’aille chercher Stevie. J’te dépose quelque part ? »

Chemise trouvée, laissée ouverte par-dessus mon haut, je te lance un regard rapide. Pas trop le sourire pour une fois, l’agacement a du mal à passer. Je marche jusqu’à ma table de chevet, attrape mon téléphone laissé en charge. Je suis carrément en avance sur l’horaire donné à ma petite sœur, mais ça m’angoisse de rester ici, parce que j’ai des putains de flash de cette nuit et que j’ai juste envie de recommencer. Abandonner l’idée que c’était juste la faute de l’alcool, rien que pour te voir à nouveau t’abandonner à moi. Mon regard croise le tien, je le détourne, m’occupe en attrapant un sac, y lance un carnet neuf, un peu plus grand que celui que je glisse dans ma poche, ajoute quelques crayons. Tout pour pas croiser tes yeux, pas céder. J’ai l’impression d’être complètement à côté de la plaque, et je sais pertinemment que Stevie va me demander ce qu’il se passe. Je déteste lui mentir, le fais que par nécessité absolue, et ça m’emmerde de devoir le faire aujourd’hui. J’espère juste qu’elle sera trop absorbée par le truc que tu lui as proposé et qu’elle remarquera rien. Je m’arrête, bloque. Elle connaîtra personne, va vouloir du soutien et une présence amicale. Donc je vais devoir être là. Te regarder évoluer au milieu de tes pairs pendant des heures. Pas pouvoir te décrocher un mot. Et merde...

AVENGEDINCHAINS
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Cyrus & Ares
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Il fait sombre. J'ai le corps complètement engourdi. Tu te remues dans le lit, je sais pas si c'est ça qui me tire du sommeil lourd dans lequel j'étais plongé, mer de plomb qui me tenait les chevilles, le coeur, le cerveau, m'évitant de tout de suite me rendre compte à quel point j'avais pu merder la veille. Pas de gueule de bois tout de suite, mais je déplie les bras, les yeux qui me garantissent que t'es plus dans le lit, et rapidement, y a les courbatures, y a les maux de tête, y a le ventre un peu à l'envers. Merde. J'ai la master class dans quelques heures, et même si je ne suis pas censé danser, j'ai tiré ta soeur à se pointer, je lui ai promis une belle victoire, parce que j'ai toujours envie de vaincre, et je peux pas la laisser tomber, la laisser perdre. Comme si j'entraînais un boxeur, comme si j'étais au coin du ring, ma place était de l'autre côté de la pièce, loin des miroirs dans lesquels son reflet s'exercerait. J'allais avoir besoin de toute ma voix, j'espérais donc que mes lèvres desséchées allaient s'humidifier toutes seules comme des grandes, que les pensées allaient arrêter de résonner en boucle dans ma tête. Sale lendemain de soirée, du genre à me faire regretter tous les verres avalés. C'est un peu à cause du premier type à avoir froissé mes draps, puisque c'est lui qui avait distillé l'idée d'un peu moins sortir, d'un peu moins boire, d'un peu moins fumer ; maintenant, quand je reprenais mes consommations habituelles, j'en payais le prix fort à chaque fois. Impossible de bouger tout de suite, même si je voudrais bien me casser avant de croiser tes yeux, tes mots. Pas vraiment du matin, ça c'est pas non plus tout à fait nouveau, j'ai jamais supporté qu'on m'interpelle avant mes trois premiers cafés. Dos qui se cambre pour faire craquer omoplates puis sentir vibrer les côtes et les clavicules, la porte qui se rouvre, sans que je puisse vraiment savoir combien de temps s'est écoulé depuis que tu m'as laissé tranquille dans ton propre lit. Pas vraiment le temps de réfléchir dans tous les cas, puisque déjà tu me balances mes fringues, sourcils froncés sur mon visage. Okay, au moins tu élimines les doutes, on regrette tous les deux. Probablement même pour une raison identique : la gamine que je dois coacher tout l'après-midi. T'as l'air frais pour un lendemain de soirée ; j'ai pourtant un souvenir vivace des verres que tu enchaînais bien plus facilement que moi. La bouteille qui trône dans un coin, vidée à soixante pour-cents par ta bouche, les quarante restants étant dues à mes propres lippes, est la preuve ultime des derniers dérapages ; à moins que ce ne soit les lignes rouges qui parsèment le bas de mon ventre, mon dos dans ton miroir aussi, quand je me redresse, sans un mot. Pas vraiment pudique de me relever à poil devant toi, comme si ça me permettait de marquer un territoire, vieux réflexe de mâle qui secoue les épaules pour faire croire qu'il a du cuir à la place de la peau. Caleçon vite enfilé, le reste des tissus suivent, jolie farandole de couleurs pâles qui me rappelle brièvement que j'avais trouvé ma tenue plutôt belle hier soir, que je m'étais dit que j'allais sans doute facilement trouver un type dans lequel me couler pour me délester de quelques obsessions. Finalement, ça avait été toi ; toi aussi qui t'étais jeté en moi, constat douloureux au lendemain mais qui n'avait aucune cesse de me répéter que j'avais aimé te sentir en moi.

Pas le bon moment pour choper un nuage d'hormones, t'as pas l'air tout à fait décidé à remettre le couvert ; et ce serait une très mauvaise idée, je suis obligé de le reconnaître même si mon corps tendu réclame un peu plus de caresses, ce qui n'est pas coutumier des lendemains de one shot auxquels je suis d'habitude davantage dans l'optique de fuir dès l'aurore venue. Mais il y a quelque chose de particulier ; en plus du fait que tu sois le... tuteur ? d'une de mes élèves, bien sûr. Je hausse les épaules quand tu parles. "Non. A plus." Pas besoin de m'étaler, déjà je m'enfuis de ta chambre, les lacets pas vraiment faits, mais empressé de quitter ce coffre-fort de luxure au plus vite, et surtout l'empreinte de ton regard sur mes traits frustrés. La porte de ta maison ne s'ouvre pas ; j'ai pas tourné la clef dans la serrure, je le fais en finalisant mes noeuds de lacets d'une seule main, et puis je m'engouffre dans l'air frais. Les yeux rapidement fermés, puis les bras qui partent de chaque côté, aère chaque parcelle de mon corps, morceaux de peau vaguement offerts à la rue et à la vue. Soleil qui vient nimber ma peau alors que j'articule mes pas ; l'avantage de ma position, c'est que je ne suis pas super loin du studio de la master class, puisque New York est globalement très bien desservie. Je serais arrivé bien avant toi, j'aurais le temps d'en faire mon royaume, de te donner l'impression que c'était toi qui étais de trop ; puisque c'est ce que tu avais fait ce matin. Je détestais qu'on ne marche pas à mes règles, et il y avait aussi un peu de rage vis à vis du fait que j'avais moi-même choisi de les bafouer la veille dès le premier baiser, dès ma première main sous ta braguette et... Putain, non, je dois penser autre chose, impossible de bander en pleine rue juste en revisualisant chaque scène de la veille. Bus attrapé bien vite, heureusement un peu vide, le regard baissé, les écouteurs tirés de mes poches pour écouter de la musique classique, un truc aux notes bien lancinantes pour ne penser qu'à l'articulation des violons.

Un changement et trente minutes plus tard, je suis déjà en plein coeur du studio, les murs sont gris, manquent de personnalité, là où la Juilliard a su jouer de mille couleurs et de beaux tags artistiques. Il y a quelques équipes au complet, des danseuses qui s'étirent dans tous les sens, des coaches qui fument dehors, des agents pour les candidates les plus en vogue, qui sont au téléphone, menacent et rigolent dans la même phrase. C'est pas le premier stage auquel j'assiste, mais c'est bel et bien le premier pour lequel je n'ai pas hâte de voir arriver mon poulain. Alors, je fume une clope, discrètement, espérant ne pas voir ta voiture se garer déjà, espérant aussi qu'on ne captera pas dans la journée les regards en coulisses qui glisseront forcément vers toi parce que c'est pas une situation à laquelle je suis habitué ; de la fumée qui se noie dans les nuages, en devient un, et puis les minutes qui passent. J'en profite pour écrire à Max, pour lever les yeux au ciel, léger sourire qui devient vite une grimace quand il insinue des trucs que j'aime pas du tout. Moi, séduit ? Hahaha, certainement pas. J'attaque ma troisième cigarette d'affilée, le stress qui fait battre mon coeur très vite - mais c'est uniquement parce que je suis en colère contre lui, contre toi, beaucoup contre moi -, et puis la conversation prend fin, je range mon smartphone, m'adosse contre un mur. Quand je disais que je n'avais pas envie de te voir arriver, ce n'était pas nécessairement pour que tu décides de me fausser compagnie pour de bon en me rendant ridicule ; pourtant, ta soeur avait vraiment envie d'être là, j'avais vu les étoiles dans ses yeux et son immense sourire quand je lui en avais parlé, et t'avais pas l'air du genre à lui refuser grand-chose. Mes traits se froissent un peu plus. Tu vas finir par être en retard, et ça, c'est carrément insupportable. Mon pied qui bat un rythme muet sur le sol en béton, m'attirant quelques regards familiers ; les types comprennent vite que je suis pas d'humeur et ils s'aventurent pas à venir me tailler la bavette. Mon regard est fixe, sur l'entrée du parking, et si ce matin j'avais décidé de t'accorder uniquement mes pupilles courroucées par ton manque de respect et un traitement du silence intransigeant, je comptais bien rugir quand vous finiriez par vous pointer. J'aimais pas gueuler sur les gamins, surtout quand ce n'était pas eux qui conduisaient ; tu risquais d'avoir à subir quelques tempêtes, de ce simple fait.
AVENGEDINCHAINS
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Cyrus & Ares
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Enfoiré de merde. Putain d’alcool qui me fait prendre des mauvaises décisions. Putain de boîte surpeuplée qui m’a donné bien trop chaud. Putain d’yeux qui m’ont hypnotisé. Putain de... De toi. Et de moi. Parce que c’est pas vraiment à toi que j’en veux, c’est carrément à moi. T’es parti sans te retourner et ça m’a soulagé, mais la panique s’est faite immense presque aussitôt la porte d’entrée claquée derrière toi. Monté dans ma voiture, incapable de démarrer, j’essaie de discuter avec Napo, mais ça n’a pas franchement l’effet escompté. Déjà en temps normal, notre relation est aussi fusionnelle qu’explosive, mais là on a l’air tous les deux à bout et forcément, ça foire. J’en viens à dire un truc que je regrette aussitôt, jette mon téléphone sur la banquette arrière, démarre le moteur. Je tremble de partout, sais plus vraiment si c’est toi qui me mets dans cet état ou ce que je viens de presque dire à mon frère. Un cocktail détonnant des deux, certainement, qui fait complètement disjoncter mon cerveau. J’ai envie de péter un câble. Mais je peux pas. J’ai pas le temps pour ça. Il faut que j’aille chercher la petite, que je l’emmène à ce truc à la con auquel tu seras aussi, qui lui a fait m’envoyer à peu près un million de messages depuis que t’as proposé tellement ça la réjouit, et puis qu’ensuite je la ramène chez ces abrutis qui lui servent de parents. J’ai pas le temps de me mettre à hurler, de me cogner la tête contre un mur, ou d’aller défoncer des sacs de sable. Pas le temps du tout. Peut-être après, quand je l’aurai déposée. Ou ce soir, après 8 heures de bagnole qui vont complètement me crever. Soupir, mâchoire serrée à m’en faire péter les dents. Pas grand monde sur les routes de campagne que j’emprunte, je me permets d’accélérer. La vitesse m’aide un peu à me calmer, même si mon vieux pick-up monte pas très haut, mais je me refuse à le faire quand l’un des gamins est là. Là, l’histoire est différente. Personne dont j’ai la responsabilité, énervement total, j’accélère encore un peu. J’ai des flashs de nous qui m’envahissent, me laissent pas tranquille, même si y’a pas et y’aura jamais de « nous ». Et puis y’a Napoleon. Qui m’en veut, à qui j’en ai voulu l’espace d’une seconde alors qu’il a rien fait. Y’a les poings de notre géniteur, les pieds de leur génitrice. Y’a le placard sombre et la peur et le sentiment que je serai jamais assez, que tout ce que je fais est mal. Encore une preuve hier soir, pas foutu de faire les choses bien. Pas non plus capable d’assumer ce matin. Incapable, idiot, inutile. Et tout à coup, bruit d’enfer.

Ça tourne, le métal hurle et ma tête me lance. Yeux fermés, mains crispées sur le volant comme si ça allait changer quelque chose. Ça arrête de bouger, je prends une immense inspiration, ouvre les yeux. Un fossé, de l’herbe, ma voiture au fond, moi dedans. Elle est sur le côté, mais heureusement la porte conducteur est celle qui est libre. Je l’ouvre, m’en extrait avec difficulté. Ça tangue un peu, légère douleur aux côtes, mais je sais que je peux largement m’en sortir. Sortir ma bagnole de là, en revanche, c’est impossible. Ça a pas l’air de fumer, pas de risque trop important, donc. J’ouvre la porte arrière, m’engouffre à l’intérieur dans une position bizarre, fouille comme je peux... Victoire. L’écran est complètement pété, mais mon téléphone s’allume, plutôt bon signe. J’appelle un taxi, parce que tout ce qui m’intéresse là, tout de suite, c’est de rejoindre Stevie et de réussir à l’emmener à son truc de danse. Coup de fil terminé, j’arrive à trouver mon sac, en sors des mouchoirs. Le sang qui a coulé de mon nez est rapidement essuyé, comme si de rien n’était. Je sais que j’aurai une jolie surprise en enlevant mon t-shirt tout à l’heure, peut-être même des bleus sur les jambes, mais rien de visible. Rien qui pourrait inquiéter ma petite sœur, la distraire de ce qu’elle doit faire aujourd’hui. J’ai l’impression que le taxi met des heures à arriver, j’y saute et donne l’adresse de la maison où j’ai passé mon enfance. Bien évidemment, ma petite sœur est complètement paniquée et énervée quand on arrive, mais elle m’engueule en utilisant ses cordes vocales et je me retrouve finalement à sourire alors que je devrais pas. Tant pis. On repart en sens inverse, elle me répète à quel point elle est stressée, à quel point elle va me tuer si on arrive en retard, à quel point c’est important pour elle, tout ça. Je sais pas trop pourquoi, parce que t’as juste évoqué un stage, mais je l’écoute avec attention, souris, essaie de pas me concentrer sur la douleur qui commence à se faire vive maintenant que l’adrénaline est redescendue. Je pense que j’ai au moins une côte cassée – pas ma première, je connais la douleur exacte, sais la gérer – et des hématomes un peu partout. Le reste, j’en ai aucune idée, mais ça a l’air d’aller. Si y’avait eu quelque chose au niveau de la tête, je serais incapable de garder les yeux ouverts. C’est plutôt encourageant, du coup. On est à peine arrivés à l’école qu’elle saute hors de la voiture et se met à courir. Je règle la course puis me mets à la suivre d’assez prêt, faisant fi des douleurs diverses qui se réveillent dans mon corps. Tout ce que je veux, c’est qu’elle puisse assister à ce truc, même si j’ai aucune envie de te voir, même si on a une demi-heure de retard sur l’horaire fixé, même si ma voiture est dans le fond d’un fossé à l’extérieur de New Haven. La première chose que je vois, forcément, c’est ton regard courroucé. Heureusement, Stevie est déjà en tenue et se met aussitôt à s’échauffer, air coupable sur les traits après t’avoir présenté mille excuses. Respiration sifflante, à bout de souffle alors que ce genre de course me fait pas grand-chose d’habitude, bras autour de mon torse, je file droit vers toi, prêt à affronter les flammes de l’enfer si ça veut dire que je peux défendre ma petite sœur.

« Lui en veux pas, c’est ma faute. Ça fera juste un truc à rajouter à la liste. Elle est prête et motivée. J’ai juste... Eu un contretemps. »

Quinte de toux qui me prend subitement, quelques gouttes de sang qui terminent dans ma main, que je plonge aussitôt dans ma poche, laisse absorber par le mouchoir qui s’y trouve. Lèvres essuyées pour en effacer les dernières gouttelettes rouges, regard vers Stevie pour m’assurer qu’elle n’a rien vu.

« J’imagine que je peux pas rester. Prends soin d’elle, s’il te plaît. »

AVENGEDINCHAINS
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Cyrus & Ares
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Ça m'arracherait sans doute la gorge de l'admettre, mais quand je reconnais ta tête débarquer dans un taxi qui accélère en trombe sur les derniers mètres, j'ai un petit soupçon de joie. Je sais pas trop à quoi c'est dû, clairement pas à ton respect des horaires puisque vous avez la moitié d'une heure de retard, que les premiers échauffements ont déjà commencé. Stevie ouvre sa portière à la volée, la voiture pas encore arrêtée, dévale les quelques mètres qui nous sépare, ses cheveux qui la suivent dans le vent comme une cape, ses grands yeux qui trahissent qu'elle arrive pas trop à savoir si c'est encore okay, si elle peut rentrer à l'intérieur ou si elle doit rentrer chez vos parents. Elle reparle, c'est déjà un bon signe, je suppose. "Tu peux y aller. Va t'échauffer avec les autres." Petit elfe qui danse déjà en sautillant et en s'éloignant, avant que je la hèle, la faisant se retourner. "Stevie ! Si on te demande où tu étais, tu dis qu'Ares voulait te parler dehors. Okay ?" Hochement de tête, oui, elle a pigé, elle sait que personne n'osera trop venir m'emmerder pour trente minutes de retard, pas quand d'autres gamines dont celle du prof du jour sont venues s'entraîner il y a sept minutes, et qu'il les a accueillies avec un immense sourire, les bras ouverts, les muscles tendus, reprenant presque à zéro l'entraînement. Je ne l'avais jamais croisé, ce type-là ; bon, après, on était pas mal nombreux dans une ville aussi artistique que New York. Et j'avais plus de chance de repartir avec deux titres d'honneur à l'issue de la séance, les deux remis à Stevie évidemment. Mon regard quitte le couloir, je pivote presque au ralenti, tu me coupes déjà la parole en t'excusant à sa place encore, et puis tu tousses, je vois des gouttes carmin, je fronce les sourcils. "Pas si vite." Non, je vais pas te laisser t'enfuir après m'avoir fait attendre dehors comme un beau diable bien stupide pendant trente minutes. Pas même si hier tu m'as fait jouir quatre fois, pas même si la gueule de bois m'ordonne de pas gueuler, et que tu sais très bien que je suis dans cet état-là - enfin, pas très bien, non, je retire, t'as peut-être pas eu le temps quand tu m'as chassé. Mais pourtant, je reprends presque direct, sans m'attarder sur ma main qui est bloquée sur ton bras. Mes yeux sont des sphères d'orage, des boules d'électricité si ardente que ça ferait presque cramer tes tissus dans mes pensées pour me rappeler la façon dont ton corps se déplaçait, le mouvement de chaque os, de chaque muscle. "T'es un putain d'irresponsable, Cy. Si tu me fais ce coup-là encore une fois, je vais la chercher moi-même. T'as vu comme elle avait peur, merde !" Ma voix tempête un peu trop fort, sans doute pour masquer que ça m'inquiète de te voir tousser du sang, pas trop que je suis spécialiste des crachats humains, mais je sais que c'est pas bon signe. Je remarque vite la suite. Le dos un peu voûté, le regard fuyant, les mouvements douloureux. Mes sourcils se froncent encore plus, adoptent presque les lignes de mon nez. Je passe une main dans mes cheveux, dans ma barbe, je frotte mes yeux. Manque bâiller, te rappeler combien la nuit a été sans repos. Mais non, je me contente d'adoucir mon ton. "Évidemment que tu vas pas rester. T'as vu l'état dans lequel tu es ?!" Je secoue la tête, me demande si vous êtes tous de cet acabit-là, si l'autre frère Lavaughn que je vois parfois sur les grands panneaux publicitaires est aussi puéril, si il y en a d'autres, des plus petits, des plus grands, quelle tête ils peuvent avoir quand ils sont pris sur le fait.

"Je vais aller prévenir Nicks - c'est le prof - que je reviens dans deux heures. Stevie danse, elle a pas besoin de public, mes encouragements la stresseront plus qu'autre chose. Et elle reviendra." Je m'éloigne de toi une seconde, te dépasse de quatre mètres, reviens presque en courant. "Si tu bouges, je te retrouve et je finis ce bordel sur ton corps." Je sais pas si c'est la bonne formulation, sans doute pas, parce qu'après les heures nichées contre le sein de Nyx cette nuit, ça peut prêter à confusion, que t'as l'air dans le flou, et que par conséquent tu verras plus facilement le double sens. Rapide signe à ta soeur, elle comprend pas, penche la tête, rappelée à l'ordre par son professeur que j'interpelle, lui fait des signes comme si on parlait nous aussi cette langue, heureusement on dirait qu'il capte, il les ajuste en les imitant pour Stevie - je ne savais pas Nicks savait communiquer en langue des signes. Je repars presque aussitôt, te cherche du regard sur le parking, déjà enflammé de pas t'y retrouver. "Bastarde, pou isoun ?" Formule grecque qui m'échappe, glisse entre mes lèvres, alors que j'ai envie de grogner, de demander au ciel de baisser un peu la luminosité aussi, avec ses foutus appels de phare azurs qui me strient le cerveau. Rapide regard vers le soleil, ma mère qui doit briller dans un rayon, je comprends aussitôt, pivote. T'es debout, appuyé contre un mur à l'ombre. "Bien." J'aboie presque, mets de nouveau un peu de coton par-dessus mes mots pour pas les faire résonner dans ma tête ou dans la tienne. "Sto dromo... On y va. Viens." Je te tends le bras, parce que je t'ai vu galérer à sortir du taxi. T'as les côtes douloureuses. Je t'ouvre la portière, t'aide à t'installer et à t'attacher, même si tu grognes, même si tu m'insultes quelques fois au passage, me contente de secouer la tête, de heurter nos nez sans le vouloir, puis je prends place à ta gauche. "Je t'emmène à la clinique. Ils feront un check-up, si t'as pas la thune je paierais pour toi." La voiture démarre, je m'immisce entre deux véhicules dans une démarche un peu risquée mais maîtrisée qui me vaut malgré tout quelques klaxons auxquels je réponds d'un simple bras d'honneur au feu suivant. "Les gens ne savent plus se tenir, ici. Bon..." Mes yeux se perdent sur le rétroviseur, puis sur toi plus franchement. "Tu comptes me dire ce qu'il s'est passé, Cy ?"
AVENGEDINCHAINS
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Cyrus & Ares
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Autorisée à aller s’échauffer, même pas un dernier regard pour moi que déjà ma sœur s’élance, visiblement soulagée. Je m’apprête à aller attendre quelque part, me foutre sur un banc, sortir un carnet et laisser ma main décider toute seule de ce qu’on va dessiner. Sauf que non. Parce que tu poses la main sur mon bras, me retiens. Tu me traites d’irresponsable et je baisse les yeux. Pas besoin de toi pour me le rappeler, je pense que je m’en veux assez comme ça. N’empêche que ça fait mal de l’entendre. Parce que merde, j’essaie de faire de mon mieux, de faire ce qu’ils ont jamais fait pour aucun d’entre nous, pas de jouer au petit papa mais juste de prendre le rôle qui a toujours été le mien, celui du frère qui en a quelque chose à foutre. T’as raison, elle avait peur, mais je sais que c’est déjà fini, elle était juste stressée de pas pouvoir participer. Maintenant qu’elle y est, qu’elle est dans son élément, y’a plus rien dans sa tête que la danse, c’est carrément sur. Je préfère pas répondre, parce que de toute façon y’a rien à dire. Cyrus l’irresponsable, je préfère que tu me voies comme ça qu’autrement. Y’a beau y avoir ma chemise entre ta paume et ma peau, la chaleur qui s’en dégage est à deux doigts de me faire vriller. J’ai envie de te plaquer contre un mur et de te faire encore hurler, juste histoire de relâcher la pression, juste pour que t’appuies partout là où ça fait mal et que ça finisse par faire du bien. Mais faut que je me sorte tout ça de la tête, parce qu’il y aura plus jamais rien, que c’était juste une nuit et qu’on va reprendre le cours de nos vies comme si de rien n’était. En commençant par toi qui vas soutenir ma sœur pendant que je m’éloigne, parce que tout ça c’est pas mon monde. Yeux levés au ciel face à ton commentaire sur mon état. J’en ai vu d’autres, c’est ni mes premières cotes cassées ni mes premiers bleus. Le sang, je sais pas ce que c’était, mais si y’avait un truc de perforé là-dedans je le sentirais. Et puis merde, ça te regarde pas que je tienne debout ou non, c’est pas comme si on avait une importance quelconque aux yeux de l’autre. J’ai fini la soirée et la nuit en toi, plusieurs fois, mais ça veut pas dire que ça te donne le droit à un ticket d’entrée dans ma vie. Sauf que tu me prends de court, m’impose un truc dont je veux absolument pas, agis avant que je puisse te dire d’aller te faire foutre. Parti, revenu pour me menacer de façon au moins aussi effrayante qu’un panda roux, puis parti à nouveau, me voila tout seul comme un con. J’ai envie de me tirer de la, de pas te laisser l’occasion de revenir. De prendre mes jambes à mon cou, sans penser un peu plus aux tiennes dans la même position. Force extérieure, étrange et étrangère qui me retient la, me fait m’adosser à un mur, parce qu’on va pas se mentir c’est un peu difficile de rester debout. Tu me rends le bras, me dis qu’on s’en va. Je le prends pas, buté, pas besoin d’aide. Je sais très bien me gérer tout seul, gérer la douleur. Pourtant je te suis, docile, ne prends même pas le temps de me plaindre. J’ai envie de t’envoyer chier quand tu m’aides à m’installer, parce que j’ai pas besoin de toi, mais y’a un truc dans ton regard qui m’en dissuade, alors je me contente de grogner pour signifier mon mécontentement. Grognement qui devient en râle en t’entendant parler de clinique.

« J’ai les moyens, commence pas. Et j’ai pas besoin d’un médecin, alors fais demi-tour. »

Tu conduis d’une façon qui me plaît bien et qui me fait marrer, parce que c’est moi que t’as traité d’irresponsable, alors que tu fais ce genre de truc. Plutôt marrant.

« Ouais, ça doit être les gens, ouais. »

Yeux levés au ciel, fin sourire aux lèvres parce qu’il y a un truc qui me fait marrer dans ta façon d’agir, même si ça me fait aussi chier. T’as l’air décidé à ce que je voie un médecin et ça me gonfle d’avance. Ils vont m’ausculter alors que je sais déjà ce que j’ai, me dire qu’il y a pas grand-chose à faire parce qu’on peut pas plâtrer les côtes, vouloir quand même faire une radio et voir que c’est pas mon premier rodéo. Et ça, ça va me soûler. Perte de temps, d’énergie, et pendant que tu me fais chier avec tout ça, Stevie est toute seule. Je sens ton regard sur moi, refuse de le rencontrer, yeux rivés sur la route qui s’étire, parce que si je te regarde je vais m’énerver. Je suis pas con, t’es en pleine gueule de bois – j’en ai vu et assez pour savoir à quoi ça ressemble – et j’ai pas trop envie de te hurler dessus dans ce genre d’état. Est-ce que j’ai envie de te dire ce qu’il s’est passé ? Pas vraiment. J’en suis pas fier et j’ai pas envie de t’entendre encore dire à quel point je suis irresponsable. Je le sais déjà, pas besoin de toi pour la piqûre de rappel. Mais y’a un truc qui me fait dire que tu me lâcheras pas, alors je desserre un peu la mâchoire, me mets à parler.

« J’étais pas dans un état correct pour prendre le volant. J’étais énervé, j’ai fait de la merde, ma voiture est dans un fossé. J’ai du attendre le putain de taxi pour aller chercher Stevie et ça nous a foutus en retard. »

Version un peu édulcorée, pour surtout pas te dire que c’est en parti les souvenirs de ton corps et de tes sons qui m’ont déconcentré, parce que j’ai pas envie que tu saches ca. Cette fois je trouve ton regard, sérieux mais pas menaçant, fatigué, aussi. Soupir.

« Maintenant est ce qu’on peut, s’il te plaît, éviter l’hôpital ? J’en ai pas besoin, je sais déjà ce qu’ils vont trouver et dire, c’est juste une perte de temps. Stevie a besoin qu’au moins une personne qu’elle connaît soit pas loin. Elle va déjà pas comprendre que je sois pas là, alors si toi aussi tu la laisses j’ai peur qu’elle panique et qu’elle réussisse pas à se concentrer. »

Ma fratrie, toujours ma priorité nº1, parce qu’au fond il n’y a que ça qui compte. Si Napo aime sa liberté, préfère être loin de toutes ces conneries, je suis l’inverse complet. Pour moi, c’est leurs vies avant la mienne, leurs rêves avant les miens. Et puis merde, j’ai pas besoin d’aide.

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Les rues de la ville défilent en concordance avec mes pensées : trop vite, beaucoup trop vite, comme si j'avais pas ces putains de migraines depuis genre... Le réveil ? Ce même réveil qui m'avait vu partir de ta chambre à moitié à poil encore, m'égarant dans les rues et dans les reflets lancinants du soleil, avec pour seul mot d'ordre : m'éloigner de toi le plus vite possible. A présent, la vitesse me faisait mal, me donnait des doutes, de ceux qui n'auraient même pas dû exister. Pourquoi je me souciais du fait que tu craches du sang et que tu galères à marcher droit ? Sans doute parce que ma mère m'aurait soufflé de te porter secours. Pas en tant que gendre - beurk, je ne comprenais même pas que ça ait pu me traverser l'esprit - mais en tant qu'être humain dans le besoin. Pourtant, t'arrêtes pas de parler fort, de te plaindre, et même si tu souris en me regardant conduire, j'ai envie très fort d'ouvrir la fenêtre pour te faire avaler un peu d'air et te faire taire. Rien que vingt secondes, rien que le temps que je me rende compte que c'est pas une connerie, que c'est toi qui les racontes, les conneries. Que tu pouvais pas juste te poser dans un coin, sur un banc, en plein soleil, et échapper à l'insolation et aux infections de toutes tes blessures. "Ferme ta gueule, Cyrus." T'aimes pas ton prénom, je suis sûr au moins de te faire grimacer là-dessus. "T'as le visage de travers, t'as l'air complètement dans le flou, et tu craches du sang. M'en branle que ça te plaise ou pas, tu me laisses te larguer à la clinique et tu me fais pas chier. Compris ?" Évidemment que t'as pas compris, sinon t'aurais déjà arrêté de me les briser menues depuis qu'on est entrés dans l'habitacle, depuis que t'as rejeté mon bras parce que... parce que quoi d'abord ? J'avais eu l'air d'un canard, tout ça juste pour t'aider à pas forger ton visage dans le béton encore brûlant. Mais j'aurais mieux fait de m'abstenir, de te laisser te planter dans un coin, et de m'occuper de ta soeur. Elle était beaucoup moins casse-couilles, même quand elle parlait. Tu m'expliques ce qui s'est passé, j'écarquille les yeux vite fait, surtout je secoue la tête parce que je trouve que t'as été irresponsable, mais ça je te l'ai déjà signifié et ça n'a rien arrangé. Un dialogue apaisé vient des deux côtés, comme dirait ma mère. Est-ce que j'étais vraiment obligé de penser à elle chaque seconde quand j'étais en pleine gueule de bois ? C'était un peu humiliant. "La prochaine fois, tu m'écris et tu me laisses aller la chercher. Ça t'évitera de..." De quoi, déjà ? De ressembler à un zombie - bon, un zombie pas mal, un zombie doué de ses doigts et de pas mal d'autres trucs, mais on avait décidé d'un silence commun de ne plus évoquer la nuit passée - ? De foutre pour de bon ta soeur en retard ? De me faire m'inquiéter ? Non, ça c'était risible, ça me fait ricaner à mon volant, tapoter le cuir en rigolant doucement, en attendant que le feu en face vire au vert. Je peux pas m'inquiéter pour toi alors que je m'inquiète même pas pour moi. Que je m'inquiète même pas pour les autres. Il n'y a que Maxime qui m'inquiète, pour qui je puisse me faire du souci. Les autres c'étaient rien que des rats qui vivaient dans les mêmes égouts que moi.

"Tu sais, Cy..." Le surnom qui revient, c'est bon signe, ça veut dire que j'ai moins envie de t'étriper, même si le travail est déjà presque mâché à ce niveau-là, parce que tu te débrouilles très bien tout seul pour tout ruiner, apparemment. "...Faut vraiment que t'arrêtes de prendre ta soeur pour un gros bébé ambulant. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans votre vie, je tiens pas à le savoir - ça t'évitera de m'envoyer chier. Mais ça l'emmerde clairement. Si tu lui parlais comme à la jeune femme qu'elle est au lieu de la traiter comme une petite fille, peut-être qu'elle voudrait bien se confier un peu plus." Haussement d'épaules, j'appuie sur mes lèvres, fin sourire. "Je dis ça je dis rien. Mais en tout cas, elle est au courant qu'on s'est cassés, elle a même fait coucou. Alors ça va aller, elle va survivre le temps qu'il faudra. Arrête de me péter les couilles et contente-toi de remercier le ciel d'être encore en vie." Et dans le ciel, y a ma mère, sans doute sous la forme d'un nuage solitaire au loin. C'est plutôt marrant de t'imaginer remercier ma mère, comme si elle avait été ton ange gardien et pas juste de la vapeur d'eau un peu plus lourde. La voiture continue sa route, j'allume la radio pour meubler l'arrière du décor, et puis j'aspire de l'air frais par ma fenêtre entrouverte dès qu'on est à un feu. Ça roule bien aujourd'hui. Je pourrais presque te dire que tu as de la chance. Que ça n'arrive pas tous les jours, un chemin vers le premier hôpital venu sans aucun bouchon. Mais t'as l'air préoccupé, tu te rongerais presque les ongles - et je te jure que ça me dégoûterais, même si je l'ai toujours fait aussi. Alors je lève les yeux au ciel. "Si on fait demi-tour maintenant, je vous ramène ce soir et on fait un détour par une clinique. C'est pas négociable. C'est les examens maintenant ou dans trois heures, si t'as envie de la voir danser." Je sais même pas pourquoi je plie, sans doute parce que t'as l'air de bouder entre deux sourires et que j'aime pas quand tu fais la gueule ; et ça, je sais pas pourquoi non plus, je sais juste que ça me fait super peur et que c'est carrément déraisonnable. Ça doit être les restes d'alcool de la veille. Ou bien peut-être juste que c'est un effet chimique du corps post-orgasme, qui veut que je garde la source de l'endorphine en vie et en bon terme. M'ouais. Pas convaincu, ni par l'un ni par l'autre, mais tu t'es redressé, sans que je sache si c'est pour accepter, me dire d'aller me faire voir chez les grecs - beurk, papa -, ou abandonner tes poursuites à mon encontre, admettre que tu as mal et que tu as besoin de médicaments.
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Mon prénom sonne comme une insulte dans ta bouche, peut-être encore plus que le ta gueule que tu viens de me lâcher. Sûrement parce que je t’ai dit hier de pas m’appeler comme ça. Ou peut-être aussi parce que le ton qui tu y associes ne me plaît pas des masses. J’aime pas qu’on me donne des ordres, pourtant je t’obéis docilement, ferme ma gueule, te laisse parler. Ça m’empêche pas de lever les yeux au ciel quand t’insistes, me dis que je vais vraiment finir à l’hôpital. J’ai pas envie d’y aller et je crois que je commence à flipper de ta détermination à m’y emmener. Peut-être parce que c’est un peu la première fois que je laisse quelqu’un me voir dans ce genre d’état, que je suis pas habitué à ce qu’on essaie de prendre soin de moi. Habitué à le faire seul, à pas vouloir inquiéter qui que ce soit. J’aime pas ça, causer du souci. Je suis celui qui règle les problèmes – ou du moins qui essaie – pas celui qui les crée. Pas besoin d’être dans le fond de ton crâne pour comprendre que t’es encore probablement en train de m’insulter silencieusement, maintenant que tu sais que je me suis juste planté tout seul comme un connard. Tu finis pas ta phrase, et je me surprends à avoir envie que tu la termines. Ça m’évitera de quoi, Ares ? D’être en retard ? Je crois que j’aimerais bien que ce soit pas ça, ce que tu penses. Et puis non, j’aimerais rien du tout. C’est pas comme si ton avis sur moi avait un quelconque intérêt à mes yeux. Le seul avis qui compte, c’est celui de mes frères et sœurs. Pas le tien. Toi, t’es personne. Tout comme je suis personne pour toi. Juste deux mecs qui se sont rencontrés comme ça, qui auraient pas dû se croiser dans de telles circonstances, qui auraient pas dû se mélanger comme ça. C’est pas parce que tu veux m’emmener à l’hosto que ça va changer quoi que ce soit. T’es pas mon mec, juste un type. Tout ce qu’on a en commun, c’est Stevie.

« Ça aurait été encore plus long de te faire venir. J’étais plus proche de New Haven que de New-York. Et je pensais pas que j’allais foirer à ce point en partant. »

C’est pas comme si j’avais prévu de péter un câble à ce point. J’avais pas prévu que cette foutue nuit me mettrait dans un tel état, que me confier à Napo serait pas la meilleure idée qui soit parce qu’il était pas complètement dans un bel état non plus. Je pouvais pas deviner l’effet que ça aurait. Tu recommences à parler, à me lâcher des trucs qui me donnent envie de hurler. Je sais pas à quoi tu joues, mais ça me plaît vraiment pas, ce que t’es en train de dire. Tu parles comme si tu nous connaissais, alors que tu sais rien. T’as beau te cacher en disant que tu veux rien savoir, y’a un mensonge là-derrière. Si tu voulais rien savoir, t’insisterais pas comme ça. Tu m’indiques de remercier le ciel et ça me fait pousser un rire sans joie, rictus qui reste sur mes lèvres, bien loin de mes sourires habituels.

« Tu l’as dit, tu connais pas ma vie. J’ai personne à remercier. Quant à ma sœur, t’as aucune idée de ce que tu dis. Tu sais pas et tu te permets de juger. T’aimerais que je me permette ça, moi ? Je t’ai pas demandé d’essayer de régler tous nos problèmes. Tout ce que je veux, c’est qu’elle aille mieux quand elle va à Juilliard, pas que ce soit pire. »

Rictus disparu, air aussi sérieux que triste sur mes traits. J’ai pas eu sa garde, j’ai enfoui les raisons bien loin pour pas éclater la tête de quelqu’un en sortant du tribunal, et ça me hante. Je les ai toujours tous protégés autant que j’ai pu, mais j’ai l’impression qu’elle, j’ai pas réussi à le faire assez. Je me suis tiré alors que j’étais le seul avec qui elle pouvait communiquer quand elle était en crise. Je l’ai laissée dans cette situation de merde que j’ai connue, ces moments où je pouvais pas m’exprimer. Je tourne la tête, regarde par la fenêtre sans vraiment voir. Tu continues, insiste, veux vraiment m’emmener voir un foutu médecin. Je soupire, refuse d’abdiquer, tourne les yeux dans ta direction.

« C’est du mutisme sélectif. Ce qu’elle fait. Réponse physique à un traumatisme, incapacité à parler dans une situation sociale. Je lui ai appris la langue des signes, parce qu’on me l’a apprise à moi quand j’étais gamin. Elle a rien subi, je m’en suis assuré, mais ça a jamais été la joie non plus. Alors ouais, je la protège, parce que je sais très bien ce qu’il se passe dans le fond de son crâne. Je connais la panique, la peur de pas être compris, l’angoisse de pas pouvoir exprimer ce qu’on veut. Moi je savais pas parler, elle elle sait pas toujours gérer. Alors ouais, je vais continuer à m’inquiéter pour elle et à gérer ses angoisses, parce que je le fais depuis qu’elle a poussé son premier cri. »

Yeux à nouveau sur la route, joue mordillée, voix un peu cassante quand je reprends, mains qui s’agitent pour signer, parce que ça me rassure mais que je sais que tu comprendras pas, besoin d’être mon propre interprète.
« C’est pas mes premières côtes cassées, je sais qu’il y a rien de plus que ça. Le sang c’était rien, si ça avait été grave j’en aurais craché beaucoup plus que ça et je serais pas capable de te parler. Alors s’il te plaît, Ares. Tu m’emmènes où tu veux, je m’en tape, mais pas à l’hôpital. »

Murs et ambiance aseptisés, odeur à la fois indescriptible et reconnaissable entre toutes, j’ai jamais aimé les hôpitaux. Parce que ça voulait dire soit un nouveau petit à gérer, un nouveau pion dans le jeu à la con des deux autres barjots, soit un tour aux urgences en cachette, camouflé par une sortie « père-fils », quand il avait un peu trop abusé. Jamais le même hôpital, parce qu’il était pas assez con pour éveiller les soupçons, et puis le petit discours bien rôdé pour me faire flipper, me dire que je reverrais pas mes frangins si j’ouvrais trop ma gueule. J’avais fini par arrêter de dire quand j’avais trop mal, préférais me soigner tout seul plutôt que de subir les menaces et les regards interrogateurs. Tout ce que j’espère, c’est que tu vas accepter. Pas poser beaucoup plus de questions, parce que je sais que je serai incapable d’y répondre, mais juste abandonner ton idée de merde. Tu veux que je lâche Stevie pour aujourd’hui ? Ok. Mais je foutrai pas les pieds à l’hosto.

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Concours de soupirs et d'yeux noirs que tu m'adresses, je les cerne à travers le rétroviseur et en tournant la tête, une fois de temps en temps, juste pour m'assurer que t'es pas déjà mort, juste pour m'assurer que tu me détestes toujours autant - parce que c'est bon signe, ça veut dire que t'es en vie, c'est comme la respiration qui fait de la buée sur un verre. Et puis, tu me donnes un autre signe que ça va finalement pas si mal ; tu te lances dans une longue tirade, dans laquelle tu me fais comprendre que je ne sais pas grand-chose, me remettant à ma place de professeur de danse complètement désabusé, comme si tu ne m'avais pas aidé à devenir autre chose en quelques heures. Je m'en foutais pas mal qu'on ait couchés ensemble, mais on avait aussi dîné avec ta soeur, tu m'avais parlé d'elle, tu m'avais promis qu'on ferait des efforts ensemble pour l'en sortir. Alors putain, Cy, pourquoi tu t'amusais à me repousser si fort ? Je devais faire le point là-dessus, mais la bouche entrouverte, tu me doubles, me balances une nouvelle salve, et la voiture ralentit quand je comprends. Je comprends votre enfance, je comprends pourquoi tu la protèges autant - je trouve toujours pas que ce soit super sain, mais c'est pas exactement le bon moment pour en parler. Tu sais qu'avec ce genre de confessions je pourrais faire un signalement, demander une enquête, peut-être même témoigner dans un procès puisque j'ai vu ta soeur faire ce mutisme sélectif comme tu me l'as expliqué ; mais ça servirait à rien, ça sert jamais à rien, et je veux pas m'immiscer davantage dans votre vie. T'as l'air de gérer. La gamine, quand elle parle, est intelligente, je sais qu'elle va à l'école, elle a des copines, elle a l'air en bonne santé, pas une blessure, rien, sinon je m'en serais rendu compte. Alors je préfère la fermer. Emmagasiner quelques nuages noirs, quelques malédictions à ton encontre, de m'avouer tout ça juste après m'avoir rappelé que j'étais rien d'autre qu'un inconnu, rien d'autre qu'un con avec qui t'avais perdu une nuit ; les phalanges blanchies sur le violent, j'ai la colère qui monte, mais je veux pas la laisser exploser, pas quand t'es quasiment mourant, parce que c'est pas une victoire noble. Alors je la ferme, je te laisse continuer, les yeux fixés sur la route, me supplier presque de faire demi-tour. Je ne pense pas que tu te rendes compte à quel point tu me donnes envie de te détester et de me détester dans la même foulée. Drift assumé et sans doute très dangereux sur le béton, mais pas une voiture à l'horizon. Ma main s'est posée sur ton épaule pour te maintenir en place, que tu ne te cognes pas dans la vitre, et déjà elle se détache, mal à l'aise comme je ne devrais pas l'être ; mais je le suis parce que bordel, hier t'étais en train de me faire un bien fou, et là tu voulais juste qu'on se comporte comme des inconnus, et moi aussi d'habitude, mais là c'était compliqué parce que j'étais amené à te revoir et que je câblais complètement, l'envie de foncer dans un mur si ça me permettait d'y voir plus clair parce que j'aimais pas m'inquiéter pour quelqu'un d'autre.

Les panneaux redeviennent familiers, et pour cause ; c'est ceux qu'on a vu dans le sens inverse il y a quelques minutes. Le silence est lourd, j'ai monté le volume de la radio pour pas t'entendre respirer, juste le temps d'absorber mes ondes de colère pour pas les laisser t'abandonner au bord de la route, à faire du stop pour retourner dans l'enfer d'où tu étais sorti. Et puis mes doigts tournent sur le volume. Le réduisent au néant. Mais la colère continue. "T'es un vrai enfoiré, de m'avoir dégagé comme tu l'as fait ce matin." Mes yeux croisent les tiens, s'attardent sur ta mâchoire, ta bouche, ton nez. Pas le bon détail, mais tu m'as donné le goût des traits avec ton carnet rempli savamment de dessins divers et variés, l'autre soir. Bien avant les verres, bien avant nos bassins qui se frottaient, bien avant les ruelles illuminées par des baisers sauvages. "Je suis pas un romantique, mais même moi je ne me comporte pas comme ça. Là, c'était vraiment un move de sale con." Je hausse les épaules. Je sais même pas pourquoi je te dis ça, je sais même pas pourquoi je te pose la question. Je sais pas pourquoi on a pris la route de chez moi, alors que c'est typiquement l'endroit dans lequel je veux pas que tu rentres, parce qu'il y a mes trophées, parce qu'il y a mes médailles, parce qu'il y a des photos de ma mère, de ses yeux qui ont fait les miens, de son nez qui est devenu le mien, et que je refuse que tu la vois, parce que tu mérites pas de la voir. Pourtant, dans son nuage solitaire, ça la fait ricaner, tout ça. Parce qu'elle te trouve sans doute bien. Parce qu'elle doit se dire que t'es un chic type, de protéger comme ça ta soeur. Elle n'a jamais aimé que j'en veuille à Polyna, elle disait que j'étais trop bien pour me permettre ce genre de colères. Et trente ans plus tard, j'étais plus en rogne que jamais. Elle avait raison, ma mère. J'aurais mieux fait de digérer mes frustrations.

Le trajet reste globalement silencieux, on arrive devant chez moi, devant les jardins et la grande fontaine qui a coûté des milliers à tous les résidents sans qu'on en parle vraiment. C'est chic, ça fait grand standing, alors les vieux ont adoré, et moi je m'en battais pas mal les couilles. Je me gare au rez-de-chaussée, le long d'un buisson bien fourni, je te fournis pas d'explications quand je sors de la voiture - y a un panneau à mon nom sur la place, avec mon immatriculation, et t'es pas si con que ça quand même. J'ouvre ta portière. "Viens. C'est pas une clinique." J'avance de quelques pas, t'auras qu'à fermer la porte avec tes genoux, et je te proposerais pas de l'aide pour marcher deux fois, merci l'air con. Ma porte est la deuxième, azur qui donne sur le couloir ouvert, comme un gigantesque motel avec plein d'escaliers, résidence particulière qui renferme des appartements immenses et lumineux - et le mien a six pièces, ce qui me fait une salle de sport et une salle de danse séparées. Clefs que je pose sur le buffet, je m'avance dans le salon, détache un rideau pour couvrir mon étagère et les récompenses dorées, renverse tous les cadres - désolé, maman - pour que tu ne puisses pas la voir, tire un fauteuil. "Installe-toi là." Je regarde même pas si tu le fais, je referme la porte à double-tour, vilain réflexe qui fait peur sans doute, mais si c'est pas verrouillé, j'ai toujours peur que quelqu'un rentre, sans doute un autre traumatisme d'enfance dont je voudrais pas te parler. Trousse de premiers secours bien alimentés, avec pas mal d'ajouts collectés au fil des années, des blessures, des gamins que j'ai pu soigner aussi. "Enlève ton sweat." Tu me regardes, je te regarde. "Tu vas pas me faire le coup de la pudeur, Cy ? Je t'ai vu sans rien d'autre que la volonté de me faire jouir, alors arrête tes caprices et enlève ce putain de sweat." Soupir qui se perd dans mes mains que je prépare déjà au moins pour soigner les premières plaies. Tu n'as pas voulu de l'hôpital, alors t'en auras sans doute rien à faire de l'amabilité de l'infirmier de secours.
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Boule dans la gorge, pierre dans l’estomac à mesure que je parle. Je parle trop, je le sais, et ça me tue. Parce que j’ai l’impression d’avoir trahi un secret, alors que ça devrait pas en être un. Mais cette histoire, c’est pas juste la mienne, alors c’est pas à moi de la raconter. Petit, je parlais pas parce que j’étais terrifié de ce que ça pourrait avoir comme conséquences. Adulte, j’ai parlé pour récupérer la garde des petits, mais y’a certains trucs que j’ai toujours gardés pour moi. Et maintenant, je ferme à nouveau ma gueule, parce que c’est pas à moi de dire certains trucs, et parce que ça changera rien. Ça changera pas ce qu’il s’est passé, ça changera pas ce que Stevie vit au quotidien. Ça a changé les choses pour Greg, seul truc un peu bien que j’aie réussi à faire dans ma vie. Pourtant, malgré mon silence ou mes mensonges habituels, cette fois, je suis honnête. Pas à te dévoiler absolument tout, mais au moins un peu, parce que je sais que tu bougeras pas si je te donne pas de raison suffisante. Et puis tout à coup, ta main sur mon épaule, coup de frein, dérapage, volant qui tourne à fond. Pas le truc le plus agréable qui soit, pourtant immense vague de soulagement qui s’empare de mon corps entier, parce que ça y est, t’as cédé, tu changes de route. Pas d’hôpital, pas de médecin, et merde je pourrais pas en être plus heureux, je pense. Silence, à part la radio qui m’éclate les oreilles, mais je me plains pas. Risque que tu change d’avis et que tu m’emmènes là-bas. Ta main est déjà plus sur mon épaule depuis longtemps, mais elle a laissé comme un genre de trace brûlante, impression qu’elle partira plus jamais vraiment. Ça me fait chier, j’aimerais qu’elle disparaisse presque autant que j’aimerais que toi, tu disparaisses. Sauf que… Sauf que je sais plus, en fait, si c’est vraiment ça que je veux. Le volume qui baisse soudainement, je tourne la tête vers toi, juste une seconde, avant que tu te mettes à cracher tes mots. Et puis les yeux qui fixent à nouveau la route, même s’ils la regardent pas vraiment. Je sais que j’ai merdé, j’ai pas besoin de t’entendre le dire. Pourtant ça rend la chose un peu plus réelle et ça fait mal de l’admettre mais j’aurais aimé que ça se termine autrement, ce matin, que ma panique prenne pas le dessus. Je sais pas quoi te répondre, parce que j’arrive même pas à analyser ce qu’il se passe dans ma propre tête. Canines qui maltraitent l’intérieur de ma bouche, pendant que mon cerveau s’active à trouver un truc à te répondre, un truc qui me fasse pas passer encore plus pour un connard, même si je pense que tu me rangeras plus jamais dans une autre catégorie que celle-ci. Et puis…

« Je sais. »

Y’a que ça à dire, au fond. Au moins j’ai la décence de reconnaître mes conneries. Mais c’est fait, c’est passé, et je peux pas revenir dessus, même si j’aimerais. Et puis on replonge dans le silence, même la radio ferme bien son clapet. La voiture s’arrête, je regarde un peu autour, je reconnais pas du tout l’endroit. Visiblement, t’habites là, si j’en crois les indices. Alors ça me fait lever un peu les yeux au ciel que tu me dises que c’est pas une clinique. Je pense que j’avais compris. Tu me proposes pas d’aide cette fois et je t’en remercie silencieusement. J’aime pas qu’on m’aide, mais j’aime pas dire non non plus et je commence à en avoir marre des regards haineux qu’on se lance depuis tout à l’heure. Parce que si j’avais pas tout fait foirer hier et cette nuit et ce matin, on n’en serait pas là. On aurait pu se regarder dans les yeux sans que ça me fasse vriller, on aurait pu être courtois, civils, peut-être même avec un soupçon d’amitié. Sauf que maintenant c’est plus possible et ça me fait chier. Parce que de ce que j’ai vu de toi, t’es le genre de mec avec qui j’aurais bien aimé traîner. Plutôt sympa, mais qui se laisse pas marcher dessus, avec une bonne répartie…. Mais j’ai cédé au désir, à mes pulsions, et maintenant c’est plus pareil. Parce que quand je te regarde c’est pas de discuter, dont j’ai envie. Je te suis en silence, mains dans les poches, jusqu’à ce que j’imagine être ton appartement. Plutôt bien deviné, je te regarde faire ton petit manège la tête penchée sur le côté, pas mal de questions en tête mais aucune que je poserai. Je suis pas du genre.à m’immiscer dans les secrets des gens, parce que ça laisserait la porte ouverte sur les miens et que j’ai tout sauf envie de ça. Docile, je m’installe où tu me dis de le faire, te suis des yeux quand tu vas fermer la porte, quand tu reviens avec une trousse de soins. Sourcil haussé. Tu comptes me soigner ? Tu vas être déçu, je pense qu’il y a pas grand-chose à faire. Pour autant, j’obéis, parce que t’as été assez cool pour pas m’emmener à l’hosto et que je sens que tu vas vite changer d’avis si je fais pas exactement ce que tu me demandes. Chemise enlevée, mon t-shirt qui suit peu de temps après, grimace légère quand il faut lever les bras, jamais agréable les côtes cassées. Heureusement que mon foutu airbag fonctionnait pas – joie des voitures pourries et un peu trop vieilles pour être vraiment sûres – parce que sinon j’aurais probablement le nez pété aussi. Rapide coup d’œil vers le bas, déjà un gros hématome qui s’étale, deux ou trois coupures de pas grand-chose, pile ce à quoi je m’attendais, au fond. Tu te mets au travail, j’essaie de pas trop regarder, parce que t’avoir aussi près de ma peau ça me rend dingue. Tes gestes ont pourtant rien à voir avec ceux d’hier, mais ça me fait peut-être encore plus d’effet, parce qu’il y a autant de douceur que de colère et je crois que si je me retenais pas je t’attraperais pour t’embrasser comme t’as jamais été embrassé.

« Pourquoi t’en as quelque chose à foutre ? Tu l’as dit, je suis un enfoiré. Un sale con. Ça me va, d’être juste ça. Alors pourquoi tu veux absolument que j’aille bien ? Tu devrais en avoir strictement rien à foutre. »

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Cyrus & Ares
Night out


Grognements de ta bouche quand tu lèves le bras pour te débarrasser de tes fringues, obtempérant sans trop de résistance finalement. Je n'ai pas la blouse d'un médecin, mais ça a dû t'arranger hier, c'était toujours ça de moins à retirer. La pièce qui se nimbe autour de moi des râles de la veille, les soupirs accordés à la nuit pour témoigner d'une empreinte laissée sur ton matelas par nos deux corps emmêlés d'une façon qui m'était inédite. Inédite, délicieuse, parfaitement délectable, parfaitement mémorable, parfaitement nécessaire désormais. Mais est-ce que j'allais oser m'offrir de cette même façon à un parfait inconnu ? Ou est-ce que ce qui avait fait la malédiction de cette couchée était justement aussi son plus gros point fort, celui qui faisait de toi pas un total étranger, quelqu'un dont je connaissais le prénom, la façon dont la bouche s'enroulait autour de la paille d'un milk-shake, la chaleur des paumes quand on s'était serrés la main, une fois. Oui, t'étais pas un simple promeneur attiré par une notification bruyante jusqu'à mon pieu, que j'aurais dévoré jusqu'au matin avant de vouloir m'endormir et me dépêtrer de tout cet amas de chair et d'os. C'était une étrange sensation que de revoir quelqu'un dont on avait déjà eu le goût sur la langue. Je n'y étais pas exactement habitué, pas avec les hommes en tout cas. Et ça me semblait infiniment différemment de l'époque à laquelle je sortais avec des danseuses plus âgées, et que je les revoyais tous les soirs. Non, c'était moins intime. Moins dérangeant, en un sens, et beaucoup plus aussi à la fois. J'ai les mains qui glissent sur ton corps de nouveau, mais cette fois y aucune volonté - enfin, aucune volonté sciemment recherchée - de te sentir te tendre sous mes doigts ; non, là j'essaie de réparer plus que de créer. Les étincelles entre tes muscles sont affaiblies, on dirait une machine dont la dernière révision remonterait à plusieurs décennies. Je ne m'attarde pas trop sur tes cicatrices, parce que j'ai l'impression qu'il y en a beaucoup, que je veux pas que tu m'en parles pour l'instant, parce que t'en as pas trop l'envie dans tous les cas non plus. "Tu t'es sacrément amoché quand même." J'ai un juron qui vient siffler, se glisse entre mes lèvres sans que j'essaie même de le retenir. T'avais prévu de continuer à vivre normalement avec tout ça. Autant les côtes cassées, je ne peux rien y faire, et tu veux pas non plus te traîner vers un type dont c'est le métier, autant les plaies ouvertes et les tâches de sang, si on peut les faire disparaître c'est déjà un plus.

Et puis tu bombes un peu le torse, quelques secondes, et je me prépare à un jet d'acide qui brûlerait ma peau et mes organes, parce que je sais que t'es encore sur la défensive, alors même que j'essaie de te faire aller bien, alors même que j'ai cédé et fait demi-tour sans avoir à t'attirer dans une clinique. Ta question sonne bizarrement, elle me fait pencher la tête, froncer les sourcils, et mes doigts s'immobilisent rien qu'une demie-seconde, avant de reprendre leurs travaux sur le chantier de ton épiderme. "J'en sais rien, je suis un sale con aussi, ça doit être de l'entraide, je suppose que je veux pas que tu souffres." Je secoue la tête. Oui, c'est plus ou moins la bonne réponse. C'est la seule qui me vient. "Stevie mérite pas de te voir morfler. Je crois comprendre que vous avez déjà votre quota à ce niveau-là. Et puis..." Lèvres mordillées, un éclat de rire, une tentative de calmer l'atmosphère, de te faire baisser pour de bon les gardes. "Tous les moyens sont bons pour t'attirer à moitié à poil chez moi. Et je te ferais dégager encore plus rapidement que toi ce matin." Ce sera de bonne guerre, et mon éclat de rire part en écho contre ta peau, la percute et me revient presque en pleine gueule, chargé de ton odeur en plus. Je tousse doucement, et puis je me concentre pendant encore quelques secondes, tentant de bander au mieux ce qui peut l'être - et je parle évidemment de tes plaies. Je me redresse en baissant doucement ton bras, les doigts sur le biceps tendu sous la peau. Mon regard balaie la pièce derrière pour pas se poser sur ta silhouette dévoilée. Les cadres baissés, photo de ma mère quand elle était jeune, belle comme le jour, et plus âgée, splendide comme une nuit. Des photos de moi bébé avec elle. Une seule photo de nous trois, ma mère, ma soeur et moi. Je la regarde moins, parce que Polyna ne ressemble plus à cette gamine innocente depuis longtemps. Raclement de gorge un peu gêné. Pas le bon moment de me refaire l'album de famille. Mes yeux retrouvent les tiens. "Je te laisserais t'occuper de ce que t'as aux jambes tout seul comme un grand. Mais soigne-toi, Cy. M'oblige pas à m'énerver encore." Parce que t'auras pas vraiment le choix, que je verrais bien la semaine prochaine que tu boîtes encore, que j'ai été suffisamment clément pour pas t'obliger à enlever ton pantalon chez moi, suffisamment clément aussi pour pas que t'aies à me faire une crise devant les urgences. "Et pour ta voiture... Ça va aller ? T'as une solution en attendant ? Pour Stevie et... les autres ?" Parce que vous êtes une fratrie nombreuse, je l'ai déjà entendue en parler. J'ai déjà vu un gamin à l'arrière de ta voiture, et il te ressemble mais pas comme un fils, plutôt comme un frère que t'aurais élevé pour substituer à des parents défaillants. Je me lève, range le bordel dans la trousse, la jette sur une étagère comme je le fais avec tout d'habitude ; les boxers jetés dans la malle, les chaussettes directement dans la machine, les couverts dans l'évier, un CD terminé sur la bibliothèque. J'aime le bruit, j'aime quand ça claque. Je me relève en toussotant, gêné par ce rappel que c'était bien, les claquements de toi contre moi. Remplis deux verres d'eau, reviens en vidant le mien d'une traite. "L'atelier se termine dans trois heures. Tu devrais aller te reposer, t'as une tête effrayante. Prends mon pieu ou mon canapé, je vais bosser rapidement sur des exercices pour la semaine prochaine. On part d'ici dans une heure et demie, ça te laissera une bonne heure pour regarder ta soeur briller. Okay ?" Pas besoin d'attendre d'approbation, je me pose sur une chaise, écarte un cadre sur mon bureau de la main, le redressant par habitude, et déjà mes yeux se posent sur l'écran ; d'abord, sur ton reflet dans celui-ci, puis, les pixels colorés arrivés, directement sur le contenu de mon PC, sans vraiment réussir à me concentrer, la tête pleine d'un tourbillon de ma mère, de ta mère, de ta soeur, de ma soeur, de nos pères, de tes blessures, des bruits de la veille, de l'excitation, de la colère, de l'inquiétude aussi, des ballets désorganisés qui s'enchaînent dans mes synapses et me donnent l'envie de taper du poing sur la table pour les faire fuir, ou de couper les projecteurs en fermant les yeux. Paupières lourdes, la tête entre mes mains, quelques secondes, le temps de reprendre le bon rythme, d'arrêter d'agir comme si j'étais quelqu'un d'autre.
AVENGEDINCHAINS
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