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FAQ
t’es pressé jairo, trop pressé. retard accumulé alors que t’as rien à branler de tes journées, la soirée où t’es censé écouler les derniers grammes de la came russe qu’on t’a confiée a déjà commencé. si t’arrives pas à refourguer le stock en totalité, tu peux dire adieu au renflouage de tes comptes bancaires, et bonjour aux couilles électrocutées. t’as aucune envie de tester la patience du mec qui t’a embauché comme revendeur, le gorille t’égorgera d’un simple revers de main comme il boit son café. alors tu traces sur le bitume à travers les gouttes de pluie, vision réduite par la météo dégueulasse de ce mois de novembre. blouson de cuir et casque vissé sur la tête, t’as pas eu le temps d’enfiler le reste de l’attirail. les godasses et le pantalon ne protègent pas suffisamment, tant pis pour la belle présentation en arrivant. tu t’engages dans une ruelle peu fréquentée, tentes des raccourcis pour éviter la circulation dense de new-york. alors quand la forme se dresse devant toi à quelques mètres de là tu ne le vois pas immédiatement. t’as rien anticipé, focalisé sur le besoin d’aller vite, de fendre le torrent d’eau qui s’abat sur vous pour arriver à destination en un rien de temps. le freinage est trop tardif, et la route humide fait perdre aux roues leur adhérence. tu ne contrôles plus grand chose quand l’engin glisse, dérape, se couche. alors c’est comme ça, que tu vas crever ? merde. on retrouvera le sac à dos rempli de drogue étalé à côté de toi, image éternellement associée à ce poison qui détruit les veines et les cerveaux. bof, ça ne changera pas grand chose. personne ne saura vraiment qui t’étais à ce moment là, comme ils n’ont jamais su qui t’étais avant la révélation de the cosmo. ton corps est projeté sur le bord de la route pendant que ta précieuse bécane, prunelle de tes yeux, achève sa course un peu plus loin. il te faut quelques secondes pour relever ton buste, percevoir le responsable de l’accident planté au milieu de la route. “t’es complètement malade espèce de connard ??? tu sais combien elle coûte cette bécane ???” tu beugles hors de toi sous la flotte en retirant ton casque.
@Jamie Cushin
collision (jamie)
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Après moi, le déluge.
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y’a rien qui semble bouger chez l’autre, silhouette immobile sur la route. ce n’est que quand tu te relèves pour l’approcher qu’il daigne enfin s’intéresser à toi. le gars se met même à t’engueuler. c’est une blague ? il te reproche de te soucier davantage de ta bécane alors que tu viens probablement de lui épargner un séjour à l’hosto potentiellement fatal ? tu sens tes veines brûler tellement fort que tu n’serais pas étonné de les sentir exploser. splash. surtout, t’as envie de hurler que ta moto compte bien plus que la vie de la plupart des gens. “c’est …” la seule chose qui t’restes, la seule chose qui t’appartient encore. tout le reste liquidé, vendu, pour maintenir le train d’vie excessif que ta nouvelle situation ne te permet plus d’assumer. jairo, t’as même plus d’chez toi. ta bécane, c’est le dernier vestige de ton ancienne existence, celle du luxe et de l’abondance. la seule possession à côté de laquelle tu peux te tenir fièrement en affirmant qu’elle est à toi. plus que ça, c’est le seul exutoire pour t’évader efficacement sans avoir besoin de t’enfiler trois pétards dans les poumons. de censurer le cerveau trop bruyant, de l’faire taire d’un coup de vent. la vitesse en paravent, le col du blouson qui claque contre le cou, les lumières qui défilent sur la visière, le moteur qui s’emballe. ça déclenche un tas de sensations plaisantes auxquelles t’es pas prêt à renoncer. alors quoi, tu vas lui expliquer tout ça ? perte de temps inutile. il ne comprendrait pas, personne ne te comprend jamais. à la place, t’approches ton visage du sien, menaçant. “plus que la tienne, ça c’est sûr l’éclopé. j’regrette déjà d’avoir manœuvré pour t’éviter. clairement, si t’avais su que ton acte d’évitement serait si bien accueilli, t’aurais plutôt opté pour un strike. “putain. tu jures, toujours aussi agacé. le regard qui se reporte sur le bâton entre ses doigts. il a l’air déjà bien amoché, ça n’aurait probablement pas changé grand-chose pour lui. “j’aurais pu t’faire la deuxième jambe pour respecter le parallélisme. classe, digne de toi à n’en pas douter. ton pied vient balayer la canne sur laquelle il s’appuie pour la projeter sur le sol, en guise de petite vengeance minable. tu viens probablement de perdre trois points sur l’échelle de la moralité mais jairo, t’en es clairement plus à compter les points perdus. plutôt ceux qui te restent. plus beaucoup, du coup.
@Jamie Cushin
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Après moi, le déluge.
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