my thoughts get dark, but you shine so bright (jaiva)

Plus vite. Plus fort. Toujours plus. Encore. Tes pensées s’entrechoquent exactement à la vitesse que tu le souhaites. Les talons de tes escarpins se lèvent et claquent contre le sol au rythme d’une musique endiablée. Tu te sens légère, telle une plume qu’un souffle délicat vient de lancer dans les airs. Tes doigts fins repoussent tes longs cheveux ébènes qui flottent et retombent sur tes épaules nues. T’as du mal à respirer en réalité, le mélange de tabac froid, d’alcool divers et de sueur se mélangent et ne forme qu’un jusqu’à tes narines, mais insouciante que tu es à l’heure actuelle, tout cela n’a aucune importance. Rien n’est important, pas vrai Nova ? Quelques jours seulement que tu es de retour à New-York, l’antre de ton enfer et pourtant, absolument rien n’a changé. Ou peut être que si, tout n’est que plus noir et chaotique. Mais n’est-ce pas l’habit qui te sied le mieux finalement ? Les dents qui s'insèrent dans ta lèvre inférieure peinte d’un rouge aussi sombre que ton âme, tu as l’impression de voler sur cette piste de danse, un déhanché des plus sensuels que tu manies à la perfection. Les regards glissent sur ta silhouette telle une tentatrice qui joue et titille les vices les plus meurtriers de ceux qui t’entourent. Mais toi, Nova, t’en as rien à foutre. Tu planes si fort que tu n’es même pas consciente de cette foule dans laquelle tu t’es engouffrée. Peu importe le monde qui t’entoure, tu ne sens pas la chaleur des peaux qui t’effleure, elles restent aussi glacées que ton penthouse lorsque tu y es rentrée à ton retour. Tu continues de te faufiler parmi les mortels telle une ombre à peine visible. Situation dans laquelle tu te plais, du moins, pour le moment. Personne n’est au courant de ton départ de Rome, personne n’est présent pour t’imposer des limites déraisonnables que tu repousserais violemment d’un revers de main. Il n’y a que toi et ta solitude qui dansent à l’unisson comme si rien n’existait autour de vous. Que pourrais-tu leur dire de toute façon, si ce n’est leur faire croire, comme à ton habitude, que tout va bien, que rien ne t’atteint. La vérité ? Elle fait bien trop mal. Elle t’arrache le myocarde, muscle flétrie qui ne bat qu’à peine. Le stricte minimum. Tu survis plus que tu ne vis, Nova, mais encore une fois, t’en as strictement rien à foutre.

Il te faut plusieurs secondes avant de te rendre compte que sa main se pose sur le bas de ton dos pour arrêter ta course. L’inconnu te sourit comme s’il venait de gagner au loto et ça te fait marrer de savoir qu’il pense t’avoir pour acquise. Les idées embrouillées, t’es incapable de te rappeler son nom, mais qu’importe, ce n’est pas ce qu’il attend de toi ce soir. Tu ne peux qu’imaginer les images qui se jouent dans sa tête, comme tous les autres. Le chasseur qui n’est en réalité qu’une proie et tu te délectes du moment où il s’en rendra compte. Mais pas tout de suite, là, c’est toi qui pose les règles et qui joue. Tu veux pas chuter de si haut, tu veux rester la déesse écarlate de son royaume encore un peu plus. Quelques heures de plus avant de le jeter en pâture et de lui faire regretter d’avoir croisé tes prunelles ce soir. Une victime de plus que tu dépouilles jusqu’à la fin. Lui qui pense avoir accès à tout ce qui fait de toi, toi. Lui qui pense qu’il effacera le rouge de tes lippes pour les transférer dans ton cou et toutes les parcelles de ton épiderme. Lui qui pense que tu vas t’accrocher à ses draps en hurlant son nom. Ou peut-être que c’est exactement ce qu’il va se passer ? Comme la veille. Et la nuit d’avant. Et toutes celles que tu collectionnes à New-York depuis que tu es rentrée. Pourquoi tu ne rentres pas chez toi, Nova ? Pourquoi tu fuis ? Non, ce n’est pas ça, tu refuses de l’admettre. Tu préfères suivre l’étranger jusque dans la ruelle de cette boîte minable pour récupérer ton dû. L’élixir blanc que tu n’as finalement jamais abandonné. Le seul et unique amour de ta vie. Le seul que tu désires également. Bientôt à ta portée pour la deuxième fois de la nuit, quantité plus importante à présent. Parce que ça suffit plus. T’as besoin d’oublier. De tout oublier. Pour ne pas te rappeler ta vie misérable. Ton échec cuisant. Ton retour pathétique. De loi, à mesure que tes pas t’approchent de ce qui semble être un deal, tu essaies de deviner lequel des deux individus est celui qui va te délivrer de ton cauchemar cette nuit. Un sourire victorieux sur les lèvres, tu mises sur celui que tu trouves être le plus mignon des deux. Mais Nova, t’es tellement perchée que tu t’rends même pas compte que cette ombre dont tu découvre les traits est plus familière que tu ne l’imagines.