On ne se rend compte des choses qui comptent que quand on nous les arrache

(( OOTD )) nuit troublée, sommeil difficile à trouver alors que tes pensées sont embrouillées. Véritable chaos dans ton encéphale, des mots qui ne cessent de se rejouer comme un vieux disque rayé. Sa voix enchanteresse résonne comme un échos, entaillant ton cœur au lieu de l'enchanter. Et quatre lettres, quatre caractères qui semblent être marqués au fer rouge sous tes paupières. nova. Âme délaissée tout un mois alors qu'elle criait à l'aide, n'ayant que ton silence comme réponse à ses maux. Protecteur devenu source de ses malheurs, héros devenu antagoniste, meilleur ami devenu celui lui affligeant le plus de souffrance. Message vocal laissé par la brune a pour effet d'une lame poignardant la poitrine, entaillant la chair, faisant saigner le myocarde. Ne pas te sentir à la hauteur, comprendre que tu ne l'es pas. Tu ne l'es plus depuis un moment. Poupée qui part à la dérive, prête à sauter d'un pont et toi, trop loin pour pouvoir la rattraper. Te retrouvant parfois derrière elle, la poussant finalement dans le vide. Scène évidemment imaginée pour expliquer la conséquence de tes actes (ou plus exactement l'absence d'actes) sur elle. La nuit est longue, l'âme est tourmentée de ne plus avoir de nouvelles. Inquiétude qui pointe le bout de son nez et le téléphone sans cesse checké depuis, au cas où elle écrirait. T'es naïf, Jun. Idiot serait un mot plus approprié alors que t'es scotché à ton portable jour et nuit dans l'attente d'un signe de sa part qui ne viendra jamais. Parce que tu n'es qu'un con qui ne sait pas y faire, qui ne voit rien, aveugle face à ce que ton coeur te crie pour t'alerter. Des vêtements sont enfilés pour t'échapper de ton propre cauchemar éveillé, confrontant l'air frais des derniers instants du règne de l'astre lunaire sur la ville. Une bonne heure à marcher sans but, errant dans les rues vides de Manhattan pendant que le soleil se lève doucement. Ne plus vouloir être un lâche, ne pas vouloir voir s'en aller la seule personne te comprenant mieux que quiconque. ta flamme jumelle. ne pas être certain de réussir à lui exprimer ce que tu ressens alors qu'elle t'a explicitement dit l'avoir désiré. Pourquoi ne pas lui avoir demandé de rester, jun ? pars pas. Je sais que c'est une occasion rêvée, que c'est ce que tu veux depuis toujours, mais reste. Parce que j'peux pas vivre sans toi, parce que j'suis qu'un égoïste qui te veut auprès de lui. Alors reste. parce que t'es raide dingue de cette femme même si tu ne le comprends pas encore. Le seul à ne pas réaliser cet amour pourtant évident, brûlant.

De retour dans ta suite, tu t'enfermes dans la salle de bain pour te glisser sous l'eau chaude de la douche. Tu te perds une énième fois dans tes pensées, perdant ainsi quelques minutes sous le jet. La chaleur apaise le corps, détend les muscles. T'aimerais avoir quelque chose sous la main pour calmer tes pensées affolées. De nouveaux vêtements enfilés, tu t'empares d'un stylo pour gribouiller quelques mots sur un post-it à destination de ta colocataire. "j'ai un truc à faire, m'attend pas pour le p'tit dej." mot laissé à un endroit stratégique pour être certain qu'iris le voit, tu te vêtis de ta veste en cuir pour sortir à nouveau. Tu ne sais pas quand tu reviendras, ni dans quel état. Tout dépendra de ta confrontation avec nova. Vous, semblables à deux étoiles s'entrechoquant non sans bruit, provoquant sans aucun doute une supernova. Explosion qui ne laissera aucun d'entre vous indemne.


moto chevauchée, adrénaline qui s'empare de tout ton être quand l'aiguille augmente plus que de raison sur le compteur. Les chiffres défilent sous tes yeux, protection est laissée à la maison, te croyant sans doute immortel pour prendre un risque pareil. à qui tu manquerais ? même ton propre père te méprise. Engin abandonné devant l'immeuble, tu traverses le hall jusqu'à l'ascenseur, direction le dernier étage. La peur s'empare de toi au fur et à mesure que les mètres entre vous disparaissent. Elle possède un pouvoir que personne d'autre n'a, cette emprise sur toi unique. Elle peut t'écraser en une fraction de secondes si elle le voulait, te briser comme personne ne l'a jamais fait. Dressé devant la porte, quelques seconde s'écoulent. T'es hésitant. T'aurais pas dû venir à cette heure là, la belle sans doute encore dans les bras de Morphée. Le poing s'écrase tout de même contre le bois de la porte, retombe le long du corps. Tu peux plus faire marche arrière. Ne sois pas un lâche, ne donne pas raison à ton père, ni à jairo. Bats toi. Pour elle. Porte à peine ouverte que ta main vient violemment la frapper, geste uniquement fait au cas où l'idée de la refermer lui viendrait à l'esprit.

« tu m'as pas laissé le choix. Il faut qu'on parle. S'il te plaît. » tu la supplies presque, arrivé à un stade où tu ne sais plus quoi faire pour qu'elle t'écoute. Parce qu'elle t'a bloqué sur le portable, chose qu'elle n'avait jamais faite auparavant.

(( OOTD )) Nuit troublée, sommeil difficile à trouver alors que t’allumes cette énième clope pour en tirer quelques bouffées et laisser la fumée s’évaporer dans l’air frais de New-York. La brise joue avec tes longs cheveux ébènes qui se soulèvent et retombent sur ton dos. Tes iris fixent un point au loin que t’arrives même pas à distinguer dans cette sombre couverture qui s‘est abattue dans le ciel. Douleur provenant des orbites rougies et gonflées, marques laissées par cette tristesse qui te ronge depuis trop longtemps, chagrin qui vient de s’alourdir et qui t’écrase les épaules. T’as encore passé la journée enfermée dans ta tour d’ivoire, les draps recouvrant ta peau de moitié, le visage enfoui dans un oreiller devenu victime de ton désarroi. Quand ce n’était pas pour pleurer toutes les larmes de ton corps, tu te servais de l’innocente pour hurler à t’en exploser les poumons. D’habitude, t’évites d’en arriver jusque-là, t’as juste besoin de composer son numéro pour qu’il te tire par le bras et qu’il vienne te sauver. Mais là, tu fais quoi ? T’es encore au bord du précipice, prête à tomber et à t’écraser au sol. À la différence, que là, c’est en partie à cause de lui. Le muscle battant fissuré de toute part, il est venu y mettre le coup fatal, brisant l’organe comme personne ne l’avait jamais fait. On ne pourra pas dire que t’as pas essayé Nova. Noyée dans cette flaque de souffrance, t’as voulu tendre la main, t’as voulu crier haut et fort que t’es détruite, que tes membres sont paralysés par ses hématomes invisibles qui représentent chaque humiliation de ton paternel. Chacun de ses mots acerbes qui t’enterrent plus profondément à chaque fois et d’une violence que tu n’aurais jamais imaginée. T’as essayé de montrer tes plaies et de demander de l’aide. Une fois. Deux fois. Un nombre incalculable de fois. Tu l’as appelé. À chacune des sonneries, tu nourrissais l’espoir d’entendre le son mélodieux de sa voix. À chacun de ses silences, il est parti avec un bout de toi et maintenant, il ne reste plus rien. C’est pas grave, Nova, c’est pas grave. Il va venir. C’est sûr, il va venir. C’est important, il louperait pas ça. Incantation que tu n’as cessé de te répéter à chacune de ses absences, parce que c’est Jun. Il t’abandonnera pas. Pas lui. Pauvre conne. Ouais, t’es qu’une pauvre conne. Il veut plus de toi, Nova. C’est fini. Dès que t’as su pour le poste, c’est lui que t’as voulu joindre, c’est avec lui que tu voulais d’abord partager la nouvelle. Parce que t’es tellement stupide que même après 4 semaines d’absence totale, tu pensais qu’il serait aussi enthousiaste que toi. Pas parce que tu veux partir, mais parce que t’as l’impression d’avoir enfin réussi quelque chose par toi-même. Sans ton père. Sans ton nom. Tu le connais, Jun, tu sais ce qu’il va te dire, pas vrai ? Ça peut pas en être autrement, c’est Jun. Ton Jun. Il va être fière de toi, t’encourager à continuer sur cette voie, te dire qu’il n’en attendait pas moins venant de toi, que tu le mérites, mais surtout que tu dois pas t’en aller, que lui sans toi, ça n’existe pas, pas de Jun sans Nova et que s’il le faut, il hésiterait pas à sillonner l’Italie à tes côtés. Opportunité rêvée. Espoir de pouvoir renaître de tes cendres. Petit rayon de soleil dans ta nuit sans étoiles qu’il a éteint en quelques mots. Absence justifiée à demi-mot par des inepties, tentative de changer de sujet, d’amoindrir les faits, appuyant toujours un peu plus sur tes plaies saignantes. Promesses non tenues, abandon, mensonges. Et là, c’est toujours pas grave, Nova ?

Mégot que tu balances par-dessus bord avec insouciance, les pieds nus sur le sol froid qui t’emmènent à l’intérieur, direction prise vers ta salle de bain. Dernier regard lancé sur l’écran de ton ordinateur qui projette l’annonce des fiançailles que tu fermes d’un revers de main, cœur qui se déchire si fort que t’as l’impression de l’entendre. Les gouttes brûlantes qui s’abattent sur ta peau n’arrivent pourtant pas à faire taire tes pensées invasives. Il te l’a pas dit. Ni avant, ni après. Il a disparu pour être avec une autre. S’il n'était pas à tes côtés, c’est parce qu’il lui tenait la main quelque part. S’il n’entendait pas tes appels, c’est parce qu’ils riaient trop fort ensemble. La ferme. La ferme. - La ferme ! que tu cries en fermant les yeux, mais cette voix insolente hausse le ton, te pousse à bout. Il t’a exclu de sa vie, Nova. Il n’a plus besoin de toi. Tout s’écroule instantanément, ta colère, ton chagrin, ta volonté de t’accrocher à lui. Tu laisses glisser ton dos contre le carrelage jusqu’à toucher le sol, encerclant tes genoux de tes bras. T’y arrives plus, Nova. La douleur est trop forte. La solitude trop présente. Les blessures trop profondes. Trop nombreuses. C’est bien trop pour une seule personne. Tu veux plus ressentir ça, tu veux plus rien ressentir. Y’a que comme ça que tu pourras survivre. Enfouir tes souffrances, les enterrer, les ignorer, si tu ne les vois pas, elles n’existeront pas, elles ne seront pas réelles. Ton regard change d’expression, effaçant toutes émotions et les traits crispés de ton visage se détendent enfin. Un bocal vide, c’est ce que te répète si souvent ton père dernièrement, comme une berceuse que tu ne peux oublier. Tu décides de choisir la facilité et de lui donner raison, c’est exactement ce que tu vas être à partir de maintenant.

Valise quasiment terminée, tu arpentes le penthouse pour préparer ton départ pour l’Italie. Séjour d’une semaine que tu espères être suffisant pour te donner l’envie d’y retourner définitivement parce que c’est la meilleure chose à faire que tu penses. Qui te retiendra si ce n’est pas le cas ? Personne, Nova. Mais c’est pas grave, t’y penseras plus une fois installée là-bas, tu pourras tout recommencer. L’astre solaire qui pointe le bout de son nez et que tu t’autorises à admirer quelques minutes, silence apaisant ruiné par les coups portés à ta porte. Tu n'attends personne, encore moins à cette heure-ci. La poignée baissée et tirée, t’as pas besoin de voir l’entièreté de son visage pour savoir que c’est lui, mais tu veux pas. Tu vas te rendre compte qu’il te manque terriblement et ça, tu veux pas. Tu peux rien faire Nova, parce qu’il anticipe et s’assure que tu refermes pas la porte avec son poing. Parce qu'il te connaît si bien ? Ou parce qu'il se doute qu'il ne mérite même pas que tu lui ouvres cette porte. Tu l’entends dans sa voix le désespoir, dans ses mots, telle une supplication qui t’effleure à peine. - C’est aussi ce que j’voulais tu te rappelles ? Que tu me parles. Mais tu l’as pas fait, t’as rien voulu me dire. Voix posée, ton glacial, tu ne laisses transparaitre aucune des émotions qui te torturaient quelques heures plus tôt. T’exploses pas, Nova, t’es calme, trop calme même. C’est pire, bien plus destructeur. Comme si ça te touchait pas, insensible, indifférente. - Et moi, j’ai essayé de te parler. Quand t’étais plus là. Tant de fois. Et aussi quand t’es revenu. Mais tu ne m’as jamais écouté. Chaque mot est choisi avec soin, faire court pour qu’il s’en aille au plus vite, pour ne pas craquer. Il doit partir. Il n’a plus le droit d’être ici. Il a manqué la possibilité de s’expliquer. Il t’a déjà fait tant de mal. – On n’a plus rien à se dire, maintenant rentre chez toi Seo. Distance que tu creuses d’autant plus à l’évocation de la première partie de son prénom, celle que tu n’utilises quasiment jamais, préférant la seconde partie, celle qui t’es réservée. Mais t’es plus le Jun de Nova. Il y a cette autre femme dorénavant, celle qu’il t’a cachée, celle pour qui il t’a menti, celle qui a réduit en cendres vos promesses et tu peux rien faire contre ça.