I don't wanna see what's inside I think that I would rather be blind (haisley)

Âge : 25 ans (02.11.1998)

⟡ I don't wanna see what's inside
I think that I would rather be blind

FT @Haisley Wood 1615483537

(( OOTN )) Tu te fous de moi ? Tes prunelles qui ratissent la pièce s'assombrissent à mesure que les secondes défilent. Vide, comme ton cœur. C'est toi qui es stupide, tu pensais réellement que Jun t'attendrait sagement dans votre QG un soir de fin de semaine ? Comme d'habitude, c'est au moment où tu sens que tu as le plus besoin de lui qu'il disparaît. Sûrement en train de traîner en boite avec une fille pathétique au bras ou en rendez-vous galant organisé par ses parents. Dans tous les cas, il n'est pas là, avec toi. Les pensées en vrac, tu as l'impression de perdre pied alors que tes émotions bouillent de plus en plus violemment, tel le une tempête qui se prépare petit à petit. T'es dans un état lamentable ces derniers jours, tu navigues entre ces moments où tu t'enfermes à double tour chez toi et que tu ne sors pas de ton lit et ceux où tu sors et fais n'importe quoi, avec n'importe qui. Ton paternel, l'origine du problème. Déjà que tu ne le portes pas particulièrement d'affectation - par sa faute, il t'a formaté de cette manière - alors découvrir qu'il a failli à son devoir de fidélité t'enflamme d'autant plus. Tes parents n'ont jamais étaient de vrais parents à tes yeux, ils n'étaient là que pour dorer le blason de ce nom que tu portes lourdement. Mais tu la vois, ta mère, fragile comme elle ne l'a jamais été, prête à sombrer dans ses rêves sombres et ça, tu ne le supportes plus. Ce n'est qu'une question de temps avant que la supercherie ne se dévoile, ta patience déjà minime commençait à s'épuiser et tu es clairement incapable de gérer la situation par toi-même.

Ce feu qui t'anime à cause de ton père, mais aussi par l'absence de Jun te rend malade. Tu devrais quitter l'hôtel qui appartient à sa famille, tu devrais claquer la porte, l'insulter de tous les noms et l'ignorer pendant des semaines, mais tu ne le fais pas, tu n'y arrives pas. Cet suite d'hôtel qui est la sienne ou plutôt, la vôtre étant donné que vous y êtes régulièrement avec la bande, te semble sécurisante, plus que ton propre penthouse. Là, maintenant, tout de suite, tu ne rêve que de te servir dans ces bouteilles bien trop organisées à ton goût. Le verre de cristal dans la main, tu te sers un premier verre que tu vides vite, trop vite même. Un deuxième que tu prends le temps de siroter avant d'allumer le système de son et de lancer la dernière playlist que Jun a pu écouter. Tu ris ironiquement en constatant qu'il s'agit d'une playlist sensuelle, parfaite pour ramener des filles ici. Ça te met d'autant plus en rage et tu ne comprends pas pourquoi. Rien à foutre de ce crétin que tu penses en essayant de te convaincre que c'est la vérité. Un troisième verre en main, tu te lèves pour admirer la superbe vue que t'offre l'hôtel avant de commencer à te déhancher au rythme de la musique. Une heure. Deux heures. Tu n'as même plus la notion du temps ici. T'es agitée et tu ne sais pas quoi faire de ce trop plein d'émotions, ça te frustre, t'es prête à exploser. Les pensées défilent dans ton esprits alors que tu fermes les yeux pour tenter de les effacer, mais ils sont là, à te torturer. Tu t'élances plus fort, persuadée que si tu danses, tu oublieras tout, alors tu tournes sur toi même, fixant le plafond, un sourire sarcastique au coin de tes lippes. Ton myocarde cogne contre ta poitrine, mais t'en as rien à foutre, ça te passe au-dessus. Ta tête tourne et quand la musique s'achève et joue ses dernières notes, c'est plus fort que toi, tu balances violemment ton verre qui s'éclate contre le mur.

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"If u see me crying, it's because my moon is in cancer"

— she was a mess. the kind of girl who staged riots in her own heart. she fought her demons during the day and danced with them at night.

baby jairo :

w/ @novalyn carrington

( OOTN ) Elle déambulait dans ces rues surmontées par les plus hauts sommets, là où les olympiens flirtaient avec la voûte céleste. Le ciel s'était nimbé de sa plus belle parure. L'or envoûtant du soleil couchant se réchauffait d'une teinte cuivrée dissimulée derrière les monts. La belle se faufilait entre les mille et une étoiles filant sous ce spectacle prodigieux. Un pas las claquait sur le bitume asphalté de la cité ardente entre ces corps noctambules. Elle ne levait pas les yeux. Une mélodie et sa frénésie couraient sur ses tympans et enivraient le cœur solitaire de la naïade qui faisait naufrage dans ces eaux usées. Elle admirait les heureux et les damnés disparaître autour d'elle, dansant entre les silhouettes indélébiles de ces inconnus. Elle ne se souvenait déjà plus de leurs visages. Leurs spectres étaient devenus flous et s'évanouissaient de ses pensées troubles. Traversant ce dédale d'une démarche féline, la souplesse de ses mouvements réguliers lui évita d'innombrables collisions entre les malheureux et les pressés.

Haisley ne s'arrêta qu'un instant lorsqu'elle se retrouva au pied de l'empire. Elle admira le seuil en marbre qu'elle avait frôlé cent fois et pénétra rapidement dans l'antre du condamné. Un sourire faux peint sur ses lèvres sucrées, alors qu'elle croisa le regard d'un homme qui la reconnaissait et qu'elle décida d'ignorer. Le chant de la sirène vibrait en diapason dans ses veines et comblait le silence erratique qui l'étreignait ces derniers jours. Une solitude angoissante pénétrait par tous les pores de sa peau et ensevelissait son âme de tourments, faisant surgir ses plus sombres démons. Cette anxiété latente était l'un d'entre eux. Elle n'avait jamais disparu depuis la mort de sa mère et semblait envahir ses chairs. Elle suffoquait lentement de leurs absences répétées et souffrait du mutisme dans lequel chacun s'était enfermé. L'ascenseur la menait à la pointe du gratte-ciel, là où elle effleurait les astres du bout des doigts et où ces étrangers n'étaient que des points sur une feuille de papier. La fille de Métis ne savait pas si elle croiserait l'un de ses amis ce soir-là. Elle n'était pas même sûre de le vouloir parce que son palpitant se fissurait un peu plus dès qu'elle lisait dans leurs yeux ces secrets creusant un fossé infranchissable. Alors, elle regardait les étages défilés et sentait ce nœud resserrer douloureusement ses entrailles. La cage s'arrêta au sommet et les portes s'ouvrirent sur les éclats d'un verre se brisant contre le mur.

Les ténèbres avaient surgi de l'immensité impérieuse et recouvrait la ville de leur noirceur. Les astrées illuminaient l'obscurité sous les ordres du croissant lune, lui, haut-perché dans l'étendue. La poupée de porcelaine avança prudemment et retira d'instinct cette mélopée noyant ses pensées. Elle se paralysa lorsque ses prunelles tombèrent sur sa meilleure amie. Elle se tenait là, au centre de la pièce, dans une robe de satin noir qui n'était pas faite pour être seule. Les ébènes contemplèrent ensuite les morceaux de cristal jonchant le sol, inertes. Le cadavre éparpillé et le sang coulant des aspérités du mur. Elle regarda à nouveau l'assassine, les incompréhensions et l'inquiétude voilant ses iris. « Mais putain Nova... Tu vas bien ? » Prenant soin de contourner les débris étalés sur le bois, elle s'approcha d'elle, délaissant ses affaires sur le meuble de l'entrée. Elle attrapa doucement ses mains dans les siennes afin de ne pas la brusquer et l'attira un peu plus loin, l'éloignant du chaos qu'elle avait créé. Elle les observa un instant, s'assurant qu'elle n'était pas blessée, avant de reporter son attention sur la cadette. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Une âme plongeant dans une autre. Les orbes chocolatés plantés dans ceux de la chimère pour les profondeurs du néant, ne parvenant plus réellement à lire autre chose en elle que ce noir illusoire. L'éloignement avait causé une fracture qu'elle tentait désespérément de surmonter.

Âge : 25 ans (02.11.1998)

Le silence. Lourd. Pesant. Étouffant. Les basses cognent contre les murs de la suite d’hôtel, mais toi, tu n’entends plus rien d’autre que ce son strident qui te torture les tympans. T’as envie que ça s’arrête. Que tout s’arrête. Pourquoi t’es si seule Nova ? La solitude t’enveloppe de ses doux bras que tu veux repousser de toutes tes forces, mais t’y arrives pas, t’as plus de force. À bout de souffle, tu n’es plus que l’ombre de toi-même. Ténèbres qui ne te quittent jamais, tu ne sais même plus qui tu es. "T'es importante que parce que je t'ai donné ton nom, je ne te dois rien alors tais-toi et reste à ta place". Voix grave qui ne cesse de répéter ce que ton esprit tient désormais pour acquis. Ouais t’es rien, t’es personne Nova. Souvenir des traits durcis de son visage, l’assurance dont il a fait preuve en te crachant cette réalité que tu acceptes. Tu comprends pas. Tu partages son sang, sa génétique et sa chair. Tu comprends vraiment pas. Lumière de sa vie lorsque tu as poussé tes premiers cris d’existence, innocence que tu pensais qu’il protégerait coûte que coûte. Tu le maudis, lui, son nom de famille, son héritage, son prestige. Tu maudis le monde. Tu te maudis toi-même. Pauvre naïve, regarde-toi un peu, t’es pathétique avec tes mains tremblantes, tu contrôles plus rien. Les prunelles dans le vide, t’as l’impression que le temps s’est arrêté et ton âme hurle de douleur. Ça fait mal, trop mal. T’es impuissante, tu sais pas comment gérer tout ça et t’as même plus envie d’essayer. Alors c’est tout ? C’est fini ? Tu vas te noyer dans cette noirceur et perdre pied pour la dernière fois ? Qui aurait cru que Novalyn Carrington perdrait de sa grandeur pour n'être finalement qu'une petite fille apeurée qui n'attend plus d'être sauvée.

Ses mains qui s’agrippent à toi et tu ne le remarques même pas. T’es pas là, t’es loin, trop loin. T’as besoin qu’elle te force à faire quelques pas et d’entendre le son de sa voix pour réaliser qu’elle est là. – Ley. Ça t’échappe sans que tu ne le veuilles vraiment, comme un murmure presque inaudible à tes oreilles. Retour à la réalité qui te gifle violemment. Le regard d’abord fuyant, t’essaies de reprendre tes esprits, de comprendre où tu te trouves et ce qu’il se passe avant de le plonger dans celui de la brune dont l’inquiétude déborde. – C’est rien, je vais bien. Mensonge que tu essaies de te faire avaler plus à toi-même qu’à ta meilleure amie. Comment lui dire que tu ne te sens plus à ta place nulle part ? Et si tu la décevais au même titre que ton père ? Et si elle finissait par te fuir ? L’imaginer te tort l’estomac et te donne la nausée. Tu veux pas la perdre. Non, tu peux pas la perdre. Pas elle. Tu peux pas lui dire, Nova. Tu dois la protéger de ton obscurité au risque de l’entraîner avec toi. Tu l’as déjà fait avec son aîné, celui avec qui tu partages tant de secrets. Si elle savait… Si elle savait elle ne resterait pas une seconde de plus à tes côtés, pas vrai ? Tu récupères tes mains et places une mèche de cheveux derrière ton oreille, un léger sourire collé aux lippes. – J’crois que j’ai un peu trop bu, le verre m’a glissé des mains en dansant. Je t’en sers un ? Innocence mal jouée, tu cherches un moyen de t’échapper ou plutôt de lui échapper. Tâche ardue, voire impossible, Haisley te connaît si bien que tu as peu de chance de mener ce plan à bout. Tu lui tournes pourtant le dos sans attendre son avis et te diriges vers le bar de l’hôte des lieux dans l’espoir qu’elle ne t’accable pas de questions dont tu n’as pas les réponses.

@Haisley Wood :twoh:

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baby jairo :

w/ @novalyn carrington

Son regard était noir, vide. Le néant s'était couché sur l'aube et avait chassé toutes les étoiles se reflétant dans la profondeur de ses onyx. Il n'y avait rien, plus rien, rien d'autre qu'un champ de cendres et de poussières. Un désert obscur et froid teinté d'ombres difformes dans lesquelles se dissimulaient les ténèbres. Haisley plongea dans la noirceur de ses iris et fût instantanément paralysée par une intense solitude qui lui écrasa la poitrine. Elle suffoquait, contemplant de ses yeux effrayés le chaos qu'elle avait laissé entrer. Elle serra ses mains dans les siennes, espérant apaiser les battements douloureux d'un cœur brisé en mille morceaux. Elle tentait de la ramener de l'enfer dans lequel elle semblait s'être elle-même enfermée à double tour. Une angoisse écœurante lui rongeait les chairs et nourrissait l'anxiété qui pulsait dans ses veines. Epuisée. Fatiguée. Elle ne parvenait plus à calmer un palpitant usé par le stress et ses tourments. Les traumatismes qu'elle avait enfoui lui murmuraient à nouveau de sombres histoires qui prenaient vie dans ses cauchemars. C'était souvent cette silhouette fine aux longs cheveux corbeaux qui s'éloignait en silence, la réveillant en sursaut. Une larme se dérobant sur sa joue et l'esprit nauséeux comme séquelle éternelle de cet état de panique.

Je vais bien. Trois mots qui sonnaient creux. Un mensonge lui déchirant l'âme et blessant davantage l'innocente. Le tranchant de sa langue claquant sur son palais avait traversé ses vêtements et s'était violemment planté sous ses côtes. Les paroles acérées de la succube avaient égratigné ce dernier morceau de confiance qu'elle gardait précieusement en elle et avait ouvert une plaie béante qui ne saignait pas. Elle encaissa ce sourire sans saveur qu'elle lui offrit et la regarda s'échapper sans dire un mot. Nova s'enlisait dans ses illusions. Un masque d'argile rose était venu camoufler le mal qui la consumait depuis de longs mois. Haisley l'admirait bien qu'elle n'osait l'approcher. Elle souhaitait l'effleurer du bout des doigts ce soir, mais craignait de fissurer les défenses qui lui rendaient la vie plus supportable. Elle rêvait de le briser, de la retrouver derrière ce voile ébréché. La distance lui semblait désormais trop grande et le manque trop étouffant. Elle la regardait à nouveau s'éloigner, lui tourner le dos. Une sensation désagréable courant dans son bas-ventre comme une nausée prenant son élan face à cette dure réalité. Les prunelles attirées par les traces de sang coulant des aspérités du mur et les éclats de verre jonchant le sol, éparpillés sur le massif. Le cadavre d'une colère morte gisait là.

Haisley accrocha ses ébènes à la nébuleuse qui menaçait de disparaître à tout instant. « Tu dansais seule ? » Les yeux glissant sur cette robe de satin noire et ces bas de dentelle éveillèrent son scepticisme, alors qu'elle croisa les bras. Le piège se refermait sur cette mante religieuse laissant les secondes défiler. « Tu sais quoi ? Je vais faire semblant de te croire et prétendre que tout va bien puisque ton verre t'a juste glissé des mains. » L'ironie du chant de la sirène faisant offrande d'une issue sertie d'argent mais dont le ton trahissait l'exaspération. Elle n'avait pas besoin de savoir ce qui l'avait poussée à éclater ce cristal d'orfèvre, ni de connaître la raison de la solitude qui pesait encore sur ses épaules. Elle voulait le savoir, elle voulait partager avec elle le fardeau qu'elle semblait porter, mais elle était capable de vivre avec ces secrets si elle n'était pas prête à lui en parler. « Mais tu ne peux pas continuer à me mentir, Nova... » La détresse dans sa voix. Le chagrin dissimulé dans les mille nuances autrefois pétillantes de ses pupilles parce qu'elle était sérieuse. Haisley ne surmonterait pas leurs mensonges comme elle l'avait fait jusque-là, se détruisant doucement pour eux alors qu'ils ne le voyaient pas.

Âge : 25 ans (02.11.1998)

L’idée ne t’est pas étrangère. Elle est là, elle flotte dans l’air juste au-dessus de ta tête, mais t’arrives pas à l’attraper. Inaccessible, elle s’éloigne petit à petit et s’évapore en silence dans un coin. Cette idée, pourtant, elle aurait pu t’éviter bien nombre d’inquiétudes si tu avais décidé de la suivre. Petite voix intérieure que tu as balayée d’un revers de main, elle te sommait de ne pas avoir peur et de te livrer pleinement à ton alter égo féminin, celle qui t’a déjà vu dans tous des états, celle à même de te comprendre. T’y arrives pas, toujours pas. C’est pas la raison qui te guide, mais tes craintes et tes doutes. Ils s’accrochent à toi et te paralysent, se fondent en toi pour créer cette image de toi que ton paternel dépeint. La vraie toi. Un bocal vide dont l’existence n’a aucun sens sans lui. Il est entré dans ta tête avec une facilité déconcertante pour te faire croire que toute cette confiance que tu avais n’était qu’artifice. Ses mots ancrés dans ton esprit comme une tache indélébile, venus dans le seul but de renforcer tes barrières déjà solides. Protection que tu as bâtie toutes ces années simplement pour supporter l’absence de toute affection et reconnaissance parentales. Ce mur déjà bien haut qui était invisible aux yeux de tes amis parce qu’ils étaient les seuls autorisés à voir en toi. Ce mur qui t’empêche de communiquer avec ces mêmes personnes aujourd’hui. Tu veux pas qu’ils te voient et qu’ils se rendent compte qu’ils se sont trompés sur ton compte. Tu veux pas lire la déception dans leurs yeux là où régnait la fierté auparavant. Rends-toi à l’évidence Nova, t’es plus cet astre brillant digne d’être à leurs côtés, juste une épave dont on veut se débarrasser. Tu te sens si laide que t’arrives même pas à te retourner et à lui faire face, t’oses pas croiser son regard de peur qu’elle y découvre tout ce que tu prends pour acquis.

- Seo est pas là si c’est la question. Bien sûr que tu dansais seule, comment pouvait-il en être autrement ? Cette danse obscure qui t’enfonce davantage dans le néant, jamais tu n’aurais proposé à quiconque de t’accompagner. Désirer un partenaire serait bien trop égoïste, tu ne veux faire de mal à personne. T’es personne pour entraîner quelqu’un d’autre dans ton malheur et quand bien même, aucune âme ne voudrait de la tienne. Vérité qui t’écorche un peu plus, mais qui te saute aux yeux. T’as pas le droit de souhaiter l’aide d’Haisley, t’as pas le droit de lui demander de te tenir la main pour porter ton fardeau à deux. Et si elle découvrait l’étendue des dégâts en toi ? Le dégout. C’est exactement comme ça que tu imagines la première émotion que tu pourrais lire sur les traits fins de son visage de poupée. T’es si obnubilée par ce qu’il pourrait arriver que tu te rends pas compte de ce qui arrive déjà. Tu veux pas la faire fuir, mais c’est toi qui lui imposes cette distance à laquelle elle assiste, impuissante. Cette lèvre que tu tortures pour éviter que ta langue ne se délie alors qu’elle affirme l’évidence. Haisley ne te croit pas, elle sait que tu lui mens.

Comment est-ce que tu pourrais encore m’aimer
Alors même que je ne m’aime plus ?
Si je te laisse entrer dans mon monde obscur
Et que j’éteins l’étoile brillante que tu es
Comment est-ce que je pourrais vivre ?

Tu réponds pas, tu préfères le silence à un énième mensonge. Tu pourrais, pourtant, c’est pas ce qu’il y a de plus difficile à faire. Liste mots mis bout à bout pour former une scène imaginaire, quelques émotions que tu laisserais traîner pour te donner plus de crédibilité. Ouais, tu pourrais. Mais tu veux pas. Tu l’as déjà tant fait et ça te ronge chaque jour. Alors tu vas faire quoi, Nova, pour t’en sortir ? T’es dans une impasse. Ton remède qui se trouve à quelques mètres de toi, mais que tu ne t’autorises pas à prendre. Flacon fragile contenant ton antidote qui va éclater à la seconde où tu y colleras tes doigts. Tu ne la briseras pas, pas toi. Tu ne la mérite pas, Nova. Pensée destructrice qui s’immisce si fort en toi que ton myocarde loupe un battement. T’essaies de toutes tes forces de rester concentrée sur la liqueur sombre que tu verses dans les deux verres intacts. Sa voix délicate et suppliante qui parvient à nouveau jusqu’à tes oreilles pour annoncer l’irréfutable. Tes mains qui s’arrêtent brusquement dans leur course, bouteille qui manque de tomber de justesse. Ce flot d’émotions qui tourbillonne en toi et que t’arrives pas à contrôler. Tu vas exploser, Nova. Mais t’as pas le droit. Tu veux pas qu’elle soit un dommage collatéral, tu peux pas. T’arrives même plus à distinguer précisément les détails de ce qui t’entourent, tes prunelles noyées par ce chagrin que tu repousses sans cesse. - Mon père se tape une autre femme. Et ça se compte en plusieurs années. T’es plus calme que tu ne l’aurais pensé lorsque tu lui fais face. Tu pensais pas être capable de le lui dire, mais c’en est trop. T’es lâche, Nova, tu lui dis pas tout. Tu lui dis pas l’essentiel. Tu blâmes ton père en lui révélant ses fautes au lieu de partager tout ce qu’il te fait vivre depuis que tu l’as confronté. - Cette nana, c’est Kelly. Au-delà d’être l’associée de ton père depuis plus de vingt ans, c’est aussi une amie de longue date de la famille, la confidente de ta mère et sûrement son seul soutien dans sa dépression. Ironique quand on y pense, les deux protagonistes te donnant d’autant plus la nausée. Comment ont-ils pu faire une chose pareille ? Secret enfoui depuis une éternité et sans aucune honte. T’es sérieuse Nova ? Et tes secrets à toi alors ? Ironique quand on y pense parce que là, c’est toi-même qui te donne la nausée.

@Haisley Wood :twoh:

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w/ @novalyn carrington

Tu es tombée ce soir,
Et je t'ai regardé sauter.
T'envoler dans le noir,
Tu étais condamnée.

T'avais besoin d'avoir mal,
D'une douleur lancinante, brutale.
Tes os se sont brisés.
Ton cœur s'est écrasé.

Mais Nova,
Tu n'es jamais tombée.
Je serai toujours là,
Pour te rattraper.

Son silence se muait en un poison lent et insidieux. Il se glissait sous sa peau et lui réchauffait le ventre d'une douce brûlure. Il lui torturait l'esprit et faisait renaître les doutes qu'elle tentait d'éteindre, réanimait ses angoisses et lui nouait l'estomac. Le vide flottant autour d'elles lui était devenu insupportable. Le venin se répandait en elle et pulsait dans ses veines amandines, alors qu'elle restait paralysée. La peur soudaine de la voir s'éloigner si elle s'approchait d'elle. Haisley s'était figée et contemplait la peinture abîmée mais belle, tellement belle malgré les cicatrices, exposée devant elle. Le tableau d'une danseuse étoile dont le ballet invisible n'était applaudi que par sa plus vieille amie. Nova dansait seule ce soir. Elle était seule entre ces murs hantés par de vieux souvenirs et leurs fantômes. Leurs éclats de rire résonnaient encore entre ces briques rouges. Les entendait-elle ? Pourquoi était-elle seule ce soir ? Une amertume dans le fond de la gorge, Haisley l'entendait crier alors que ses lèvres ne bougeaient pas. Tout lui échappait. Elle lui glissait à nouveau entre les doigts et s'éloignait un peu plus à chaque pas qu'elle faisait pour s'en rapprocher. Elle hurlait, elle courait. A bout de souffle, elle s'enlisait dans la terre, le sable, dans ses peurs qui l'assommaient. Le sol s'effondrait sous ses pieds et elle la regardait partir. Elle lui tournait le dos et disparaissait dans les tréfonds de son âme. Ce soir, Haisley ne bougeait pas. Non, ce soir, elle admirait sa meilleure amie de ses prunelles noires, sans vie, d'une tristesse dévorante et d'une culpabilité grande, trop grande pour être cachée. Nova dansait seule, torturée par ses démons, et l'aînée ne parvenait pas à les voir ni à les chasser. Mais ils étaient là, tout autour d'elles, et elles plongeaient dans l'immensité de ces ténèbres pernicieux. Elle était seule ce soir. Mais pourquoi es-tu seule, Nova ? Pourquoi n'as-tu pas appelé, n'as-tu pas crié ?
Elles étaient deux ce soir, mais elles étaient désespérément seules.

Son palpitant s'était éteint. La frénésie ne cognait plus dans sa poitrine. Il était mort, broyé sous la violence de ses mots. Le choc l'avait mise à terre et sa vue se brouilla en quelques secondes. Le monde s'effondrait sous le poids de la vérité et sa tête tournait sous des lancements douloureux. La nymphe se jeta dans les précieux onyx de celle qui lui avait volé la moitié de son âme, cherchant une réponse ou au moins cette étincelle qui trahissait un nouveau mensonge. Tout était à la fois confus et sombre. Elle se sentait perdre pied au beau milieu de l'obscurité. Une nuée de frissons lui traversa l'échine. Elle eut soudainement froid. Elle n'hésita pourtant plus à franchir ces limites imposées par la jeune femme qu'elle aimait plus encore, s'approchant d'elle et déposant sa main sur la sienne d'un mouvement lent. Elle attrapa cette bouteille à laquelle la naufragée semblait s'accrocher et la déposa sur le bois, l'attirant ensuite contre elle. Ses bras glissèrent autour d'elle et l'enlacèrent prudemment. L'étreinte anesthésia son cœur endolori, alors qu'elle posa sa tête contre la sienne, laissant son souffle chatouiller une mèche de cheveux corbeaux dont le parfum l'inonda d'un profond bien-être. « Je suis désolée... » Je suis désolée que ton père soit un connard. Je suis désolée que la chute ait été si longue et si douloureuse, que t'aies à affronter une réalité si cruelle, que ta confiance se soit envolée. Je suis désolée que tu sois obligée de regarder ton monde imploser et de ramasser les pots cassés d'un père trop égoïste pour te protéger. Mais plus désolée encore que tu penses devoir traverser ça seule. Trois mots lourds de sens qu'elle lui susurra à l'oreille comme une façon de l'apaiser, de lui offrir la possibilité de se taire ou de se livrer. Elle la serra un peu plus contre elle, elle la remerciait. D'arrêter de fuir, d'arrêter de mentir. Ses tourments s'en allaient dès lors qu'elle retrouvait cette âme jumelée à la sienne, celle qu'elle avait reconnue à l'instant où elle avait posé les yeux sur elle il y a des années. Elle se décolla à peine pour observer ce visage d'enfant qu'elle savait maintenant brisé. « Tu veux en parler ? » Elle se pinça les lèvres. « Ou on peut danser ? On peut même aller tagger la porte de cette pétasse. » Sans avoir besoin de la moindre explication. Un morceau de soleil brûlant dans ses orbes cuivrés, désireuse de lui arracher un sourire pour lequel elle pouvait se damner.

Âge : 25 ans (02.11.1998)

Tu vas souffrir Nova. Ce ne sont pas des paroles en l’air, non, c’est la réalité. Tout, absolument tout ce que tu as ressenti jusqu’à présent te semblera être d’une aisance affligeante à côté de ce qui t’attend. Tu t’en doutes. Tu le sais. Les conséquences de tes actes et de tes choix attendent sagement dans un coin, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne s’impatientent et que la lumière du jour ne leur manque. Peu de temps avant que ce feu qui crépite en toi depuis bien trop longtemps ne t’avale en ne laissant que de la poussière cendrée derrière elle. Lesdites conséquences brûlantes te suivent plus près encore que ton ombre et plus les jours avancent, plus tu sens leur présence, t’as l’impression qu’elles te réchauffent l’épiderme sans que tu ne puisses les arrêter ou les ralentir. Tu le sais. Tu le sens. Mais tu continues. Parce qu’il vaut mieux que ce soit toi, plutôt qu’elle. Si sa lumière s’éloigne de toi, tu ne sauras plus quel chemin emprunter et tu te perdras dans l’obscurité, les os tremblant de froid et te maudissant d’avoir poussé ta seule source de chaleur hors de ta vie. Et même si l’idée que ça puisse arriver un jour t’insupporte, tu continues de t’enfoncer dans tout ce qu’elle ne sait pas. Toi, plutôt qu’elle, sans hésitation. Te priver de sa lumière au lieu de l’aspirer et de l’entraîner dans ton enfer, de la voir s’éteindre. La protéger coûte que coûte pour qu’elle ne puisse jamais voir la laideur qui noirci ton âme. Chaleur que tu ressens instantanément lorsqu’elle pose sa main sur la tienne et dont tu t’imprègnes profondément. La garder en mémoire pour t’en rappeler lorsque toute la vérité aura trouvé son chemin et lui parviendra. Pourquoi fallait-il que ce soit aussi compliqué ? Pourquoi tu n’arrives pas à la regarder dans les yeux, Nova ? Pourquoi tu refuses de déverser le poison qu’on t’a forcé à ingurgiter pour qu’elle puisse devenir ton antidote ? Parce que tu l’aimes, sombre idiote. Tu l’aimes plus que n’importe qui sur cette foutue Terre, plus que ta propre existence. Et on ne fait pas de mal à ceux qu’on aime, right ?

Distance réduite, bras qui t’encerclent, parfum sucré de ses cheveux qui te chatouille les narines, t’as l’impression d’être rentrée à la maison, d’être chez toi. Haisley a ce pouvoir de savoir ce dont tu as besoin sans même que tu ne le saches toi-même. Haisley savait comment repousser les flammes et réduire tes blessures sans même connaître l’étendue des dégâts ou la raison de leur naissance. Reconnaissante, t’as envie une nouvelle fois de délier tes lippes, de laisser ce qui te ronge prendre vie devant ses yeux, tu sais que ça te fera du bien. Mais pas à elle. Il ne t’en faut pas plus pour te débarrasser de cet éclair de lucidité, non pas en l’a balayant simplement, non, tu l’enterres pour qu’elle ne puisse plus jamais refaire surface. Tes bras qui reproduisent les gestes de la douce et qui s’accrochent, s’accrochent si fort que les jointures de tes mains blanchissent et deviennent douloureuses. Le myocarde vibre, l’intensité augmente lorsqu’elle prononce ces trois mots. Foutu Nova. T’as jamais eu autant envie de crever qu’à cet instant précis.C’est pas à toi de t’excuser, ni pour mon père, ni pour moi, parce qu’aucun de nous ne le mérite. T’excuse pas, ça me glace le sang, ça m’écrase le muscle battant, ça me broie les tripes et ça secoue tellement mon âme que le bleu des ecchymoses naissantes s’y installe. Fais pas ça, Ley, ça fait mal. Jamais ces mots ne doivent m’être destinés, je n’en suis plus digne. Encore moins maintenant alors que tu choisis de te murer dans le silence. – Je saurais pas quoi te dire de plus, rien que d’y penser, ça me donne la nausée. Tu donnerais n’importe quoi là pour avoir de quoi oublier, juste la dose nécessaire pour que tes pensées n’en soient plus, laisser uniquement l’euphorie t’emporter loin, si loin de ton chaos. Désir interdit mis sous silence, attaché, bâillonné puis enfermé à double tour pour être certaine que ton âme sœur n’en sache jamais rien. Mais ouais, t’aurais clairement pas dit non à la divine poudrée ou à quelques-uns de ses enfants colorés. – Si j’vais chez elle, y’a pas que la porte qui va prendre et je t’avoue que la prison ne m’attire pas plus que ça, l’orange n’est pas ma couleur, ça me donne un teint terne. Tentative d’humour pour ne pas penser à ton cœur sur le point d’exploser, pour écarter temporairement de ton esprit cette réalité où tu n’es pas digne de l’âme peinée qui te fait face. – Ou peut-être que je devrais ? J’suis sûre que ton père me laissera pas croupir là-bas. T’as intérêt à me rendre visite tous les jours ! Tu le vois dans ses yeux, billes faites de perles que tu affectionnes tant, le choc, la tristesse et la colère s’y mêlent et forment ce même délicieux mélange prêt à détruite n’importe quelle vie qui habite tes prunelles. Haisley et toi, ça a toujours été ainsi, plus qu’une amitié solide et durable malgré les épreuves de la vie, t’as lié ta vie à la sienne et vice versa. Elle ressent ce que tu ressens en aspirant tes émotions – visibles – comme une éponge et vice versa. J’peux pas, Ley, j’peux juste pas. Pas cette fois. L’affliction est trop importante, le chagrin trop ancré, le déchirement trop bruyant, le calvaire s’est trop installé et le tourment est trop présent. J’peux pas me défaire d’un bout de ça et alourdir tes épaules, juste pour me soulager un peu, j’veux pas que tu ressentes tout ça, j’veux pas te laisser des cicatrices ou te briser.

– Ley… La tendresse prend le dessus sur tout le reste l’espace de quelques minutes, elle déborde de tous les pores de ta peau pour glisser jusqu’à l’âme de ton univers et se fondre en elle, apaiser l’inquiétude qui se lit sur chaque trait de son visage de poupée. – Peu importe ce qu’il se passe demain, les jours ou les semaines d’après. N’oublie jamais à quel point je t’aime. Parce que tu penses peut-être que ça va rattraper tes erreurs ? Que ton amour infini va suffire à combler le vide qu’elle va ressentir à cause de tes silences ? Qu’elle ne va pas te quitter pour se préserver de ta noirceur ou encore que tu ne vas pas lui faire du mal ? T’es naïve ma pauvre fille. Non, t’es minable. Tout ce que tu crains va prendre forme dans la réalité à un degré que tu n’imagines même pas, parce que tu vas faire bien pire. Ouais, tu vas souffrir, Nova. Ce ne sont pas des paroles en l’air, non, c’est une promesse.

@Haisley Wood :twoh:

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"If u see me crying, it's because my moon is in cancer"

— she was a mess. the kind of girl who staged riots in her own heart. she fought her demons during the day and danced with them at night.

baby jairo :

w/ @novalyn carrington

Les onyx disparates brillaient dans le noir. Ce n'était pas le reflet des étoiles qui réchauffaient ses ténèbres et son mal, ce n'était que l'éclat explosé d'une lune pâle agonisante sur le tarmac. Il était trop tard, trop tard pour compresser la plaie béante creusant sa poitrine lacérée, trop tard pour recoller les morceaux éclatés de son cœur brisé, pour essuyer les mille et une larmes qui étaient tombées, trop tard pour la sauver. Une souffrance insatiable avait rongé ses chairs, ses os, sa moelle, avait dévoré son âme et cette dernière once de vie pour ne laisser qu'un corps froid, nécrosé par les vestiges d'une centaine de bleus déchirant sa peau meurtrie. Le croissant immaculé avait illuminé ce regard vide et elle avait cru trouver au fond de ses prunelles cette partie d'elle qui s'était rendue invisible. Ce n'était que la lumière de l'astre abîmé qui disparut lui aussi derrière les tourments de quelques nuages ombrageux. Ses fragments obsidiens étaient éteints et devenaient insupportables à regarder. L'obscurité enveloppait toutes ces cavités, étouffait ses illusions et ses poumons sous un amas de cendres volatiles mais encore chauds, poignardait son palpitant désespérément accroché à l'infime espoir de la retrouver ce soir, quelque part, noyée sous ce tapis funeste et écrasait de toutes ses forces cet amour brûlant dans une lenteur oppressante.

La douleur s'intensifiait lorsqu'elle contemplait l'être aimé s'éloigner. Nova aussi avait choisi d'oublier, de tout oublier, d'oublier de lutter, de respirer, de crier, de les oublier, de l'oublier elle. Elle avait choisi de ne pas hurler à s'en décrocher la mâchoire lorsque l'esprit du malin l'avait poussée du bord de la falaise. Lui avait-il mimé de se taire ? S'était-il glissé dans ses veines endolories pour l'endormir et l'obliger à mentir contre un court instant de répit ? Il lui murmurait lui aussi à l'oreille. Haisley l'entendait lui parler durant toutes ces nuits où il la maintenait éveillée dans cette grande maison, l'écho des rires et des pas de l'enfant qu'elle avait été résonnant à foison. Elle choisissait une fois encore de ne pas l'écouter et de ne pas en vouloir à sa poupée désarticulée si, pendant une minute, elle avait pu entendre le silence de son affliction et de ses maux. La cruelle insomniaque l'enviait d'avoir peut-être pu goûter à cette bouffée d'air iodé au bord de l'océan et d'avoir ressenti la caresse d'une eau tiède sur ses pieds nus enfoncés dans le sable. Ce second souffle lui échappait, ce silence qu'elle peinait à trouver dans une nuit d'ébène absolue la percuta violemment lorsque leurs corps fracassés s'entrechoquèrent. Elle entoura de ses bras cette silhouette faite d'or et de brouillard et la serra contre elle. Une étreinte douce, affligeante, mordue par le vieux disque rayé du chagrin qui tournait en boucle et soudain brutale sous l'assaut de deux mains s'aggripant férocement au tissu de son blouson. La frénésie simultanée de deux tambours battant à l'unisson, alors que les effluves mélancoliques de son parfum arrimaient ce moment; Ses peurs s'étaient envolées, ses doutes évaporés et cette douleur, constante et lancinante, s'était enfin calmée. La pulpe de ses doigts glissa jusqu'à sa nuque, effleurant son épiderme et plongeant dans cette longue chevelure noire qu'elle caressa. Nymphe protectrice de la progéniture sacrée d'une entité divine l'emprisonnait de sa promesse éternelle. Elle était là, elle serait toujours là, mais elle ressentait ce geste à la fois tendre et désespéré comme un adieu qu'elle n'était décemment pas prête à affronter.

Naïve, la colombe s'était pensée hors d'atteinte haut-perchée sur cette branche grattant le ciel, blottie contre son hirondelle. Elles dansaient ensemble, rebondissant sur les rafales de vent ne désirant que les séparer. Ici bas, leurs âmes continuaient de valser, mais leurs corps refusaient de bouger. Toute la souffrance qu'elle avait tenté de refouler ressortait maintenant par tous les pores de sa peau craquelée. Les tourments avaient ressurgi dès qu'elle avait commencé à parler. La colère pulsait dans ses artères et cet élan de haine ruinait ses pupilles habituellement si éclairées. Elles étaient pourtant ternes et sans saveur depuis quelques semaines, confrontées à l'hiver qui avait détruit la beauté de son art. Elle l'écoutait et la regardait sans parvenir à sortir le moindre son de sa gorge. Le noeud qui s'y était formé la faisait suffoquer. Sa poitrine ne se soulevait plus. Comment était-elle supposée vivre dans un monde où elle n'était pas à ses côtés ? Comment faisait-elle pour respirer ? Elle se posa soudainement ces questions parce qu'elle était en vie et, bien que les ecchymoses étaient douloureuses, elles étaient surmontables lorsqu'elle était là. Tout lui semblait supportable, alors qu'elle avait encore eu l'impression de mourir en frôlant les pavés d'une rue sertie d'inconnus. « J'peux pas vivre sans toi. » Un aveu lâché brusquemment dans le chaos qui les rattrapait déjà. Un message laissé à la dérive et emporté par les vagues de l'immensité, mais elle ignorait qui le trouverait ou s'il s'effondrerait dans les bas-fonds de l'éternité. Elle était égoïste, mais elle ne pouvait pas la regarder s'en aller. Nova avait déjà creusé un fossé insaisissable et la seule pensée de l'imaginer enfermée dans un endroit où ils seraient nombreux à l'empêcher de la voir lui provoquait des secousses. « Je pourrais faire n'importe quoi pour être avec toi... et ça inclut de porter cette horrible combinaison orange qui a été choisie dans le seul véritable but de provoquer une crise cardiaque à Iris Apfel. » Une phrase emprunte de vérité, allégée par la suite afin de ne pas la faire fuir. Haisley était pourtant sérieuse. Elle était capable de l'insoupçonné. Elle avait supporté des épreuves et en portait aujourd'hui les cicatrices. Novalyn était la seule famille qu'elle avait choisi au-delà des années qui n'avaient cessé de filer et elle renforçait aujourd'hui les troubles que sa mère avait causé en la quittant. Leurs vies étaient liées à l'image de cette fusion dans laquelle elles se confondaient, se comprenaient d'un regard. Ce regard dans lequel elle ne voyait que destruction.

Mais un sourire étira à peine ses lèvres rosées et son coeur s'était remis à battre sous la mélopée qu'elle lui chantait à l'oreille. Il tapait sur ses tympans, criait plus fort que ses démons. Elle refusait de croire que tout allait mal, que les pilliers s'effondraient et que la ville tombait si elle parvenait à prononcer ces mots. La naïade relâcha son étreinte et attrapa ses mains dans les siennes, entremêlant leurs phalanges à la façon des infinités. « Je sais, je ne l'oublierai pas. » Elle plongea dans ses jaspes et resserra ses doigts s'imbriquant parfaitement dans les siens. « Tu es celle qui a besoin de l'entendre, et je t'aime Nova. » Elle aimait tout d'elle. Elle l'aimait d'un amour inconditionnel.