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comme presque tous les matins, ce mec est un vrai métronome. ne déroge jamais à ses habitudes. il s’assoit à cette table dans le coin gauche, commande son chocolat chaud -que la serveuse annonce toujours avec fierté- et esquisse ce sourire qui retient un peu trop l’attention. t’as pris pour habitude de suivre sa routine de loin par ennui, d’guetter les gestes que tu pourrais désormais anticiper. ceux qui stimulent l’hémisphère droit de ton cerveau, propice à l’imagination. tu lui as inventé une vie au fil des semaines, passe-temps un peu triste que tu développes depuis que t’es devenu un chien galeux de la société dorée. depuis que les heures s’écoulent trop lentement, que ta vie s’est transformée en un ballet pathétique. il est trop jeune pour avoir un boulot, manière d’bouger trop modeste pour être un cliché conforme à sa plastique, du genre instagrameur. probablement un étudiant dans un domaine d’intello qui dénote, ingénieur en aéronautique. ça claque ça, ingénieur en aéronautique. un gars trop absorbé dans ses bouquins pour s’préoccuper des relations, qui s’ferme comme un huître à la moindre tentative d’intrusion. amoureux d’une meuf de sa classe sans jamais avoir osé faire le premier pas, qui fait avec elle exactement la même chose que tu fais avec lui. le mateur creepy et silencieux. aujourd’hui il est stressé, ça s’voit parce qu’il a failli faire tomber sa tasse en l’attrapant. et tu t’emploies à trouver une cause à son trouble, avant d’être frappé d'une illumination. tu t’rends compte jairo, que tu fais vraiment, mais vraiment pitié. qu’il devient impératif de t’prendre en main, à commencer par aller communiquer avec monsieur point d’interrogation plutôt que de t’contenter de lorgner dans sa direction comme un vieux stalker qui nourrit des idées salaces. alors c’est le jour où tu lèves ton cul d’ton siège pour venir échouer en face de lui, laisser retomber ta carcasse sans un bruit et surtout, sans lui demander la permission. “t’veux pas t’laisser surprendre par autre chose qu’un chocolat chaud fadasse ? j'commande.” tu demandes avec une pointe de compassion. parce que tu l’as aussi classé dans la catégorie de ce genre de personnes qui n’laissent pas beaucoup de place à la surprise, un peu control freak sur les bords. qui préfèrent se complaire dans un chemin tout tracé sans déborder plutôt que d’risquer des déceptions en s’aventurant à travers champ. m’enfin jairo, vu tes capacités analytiques le mec est peut-être un mannequin à succès imbu d’sa gueule qui passe ses soirées dans des jacuzzis remplis de champagne en compagnie de meufs botoxées, avec un miroir accroché au plafond qui surplombe son lit.
@Ariel Ortiz
le jour où. (ariel)
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Après moi, le déluge.
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Doux réveil, Ariel s’extirpe de son lit le sourire aux lèvres, désireux de prendre une bonne douche pour se laver des stigmates de la nuit. Il a ses petites habitudes, des petites manies qui selon lui, lui permettent de passer une journée plus agréables. Il avait donc laissé l’eau chaude couler sur sa peau, le temps d’être plus frais et fringuant pour sortir à la vue de tous. Une fois prêt, un jean passé, un sweat blanc et des baskets noires, il avait pris le temps de dompter sa crinière et de mettre du parfum. Maintenant, direction son café préféré, se situant dans Manhattan. Impensable de prendre la voiture. Non, rien de mieux que ses pieds pour le conduire où bon lui semblait. Il aimait marcher, sentir l’air frais sur sa peau. Et puis, il n’était qu’une bonne dizaine de minutes de marche de l’établissement où il souhaitait se rendre. Pas de quoi fouetter un chat en somme. A présent installé sur la banquette, sourire aux lèvres, impatient de commander son chocolat chaud et de prendre une petite viennoiserie. Il n’avait d’ailleurs quasiment plus besoin de commander puisqu’il prenait toujours la même chose. Ce matin, tout serait différent et ça, il n’en avait pas conscience. Il était dans ses pensées, les yeux rivés sur son téléphone, application de rencontres ouverte, en train de swiper des profils à l’idée de trouver un gars qui le brancherait. Pour l’instant, pas de poisson qui donnait envie de sortir la canne à pêche. Et puis, une présence se fit sentir. Tes sens en éveil tu avais levé la tête pour te rendre compte qu’un beau garçon te faisait face. Tu pris soin de lire sur ses lèvres. Il te proposait de te commander quelque chose pour changer de ton éternel chocolat chaud. Tu avais souri, amusé par cette proposition. Tu avais rapidement plongé la main dans la poche de ta veste pour y sortir carnet et crayon. Tu aurais pu l’envoyer bouler. Mais finalement, tu te laissas tenté. Après tout, ce n’était pas non plus un grand risque.
– Allez soyons fou ! Je me laisse tenter ! Surprends-moi !
Tu n’avais pu t’empêcher de lui faire un petit clin d’œil amusé. Tu espérais que ton handicap ne le freinerait pas. Mais après tout, ce n’était pas contagieux. Tu étais à présent impatient de voir ce qu’il allait te ramener. Avant qu’il parte, tu ne pus t’empêcher d’écrire ces quelques mots.
– Je prends aussi un croissant habituellement, tu veux peut-être aussi changer ça ?
La situation t’amusait. Cette journée commençait différemment mais ce n’était pas pour te déplaire.
@Jairo Kleeman
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y’a comme un moment de flottement à la suite de ta suggestion, un truc un peu gênant qui t’laisse penser que tu viens de faire le bide de l’année. le gars demeure silencieux, s’contente de fouiller sa veste. nécessairement, tes billes se portent sur le téléphone qu’il délaisse sur la table. tu reconnais sans trop d’mal cette application pour en avoir usée et abusé avant de te lasser. une première faille dans la vie que tu lui avais imaginée, exit la petite meuf de sa classe. quand les feuilles commencent à noircir, t’as du mal à capter jairo. tu t’dis que c’est un peu rapide pour qu’il te file son numéro, mais ma foi tu t’tiens prêt à envoyer un sms à camila pour te vanter d’avoir battu tous les records établis entre vous. sauf que ce ne sont pas des chiffres qu’il trace, mais la réponse à ta question. tu fronces le nez une seconde, te demandes s’il ne peut pas parler ou si c’est juste un délire de sa part. t’as déjà vu des kinks plus étranges que ça. peu importe, il te lance un défi et c’est tout ce que tu retiens, le reste n’est qu’un détail qui se règlera au fur et à mesure de la matinée. deuxième faille dans ton scénario, m’sieur point d’interrogation ne semble finalement pas si réticent à un changement. parfait. tu fais glisser tes doigts jusqu’aux siens, agrippes son stylo pour lui emprunter l’objet. ton index tapote sur l’écran de son téléphone, montre le profil du mec qui est apparu en gros plan. puis t’écris deux mots en travers de la page de son carnet, soulignés de trois traits. “MAUVAIS COUP.” pas la peine qu’il perde son temps inutilement, t’as déjà testé et c’était franchement pas mémorable. et dans un sourire agrémenté d’un haussement d’épaules, tu reposes le bic avant de t’lever pour approcher le comptoir.
après un échange de deux / trois banalités, tu passes aux choses sérieuses. “chocolat supplément miel. supplément cannelle. double dose de chantilly.” tu marques une pause, réfléchis quelques secondes avant d’ajouter. “et des p’tits morceaux d’biscuit là s’il te plaît.” le détail qui fait toute la différence. pli au milieu du front, la serveuse semble déstabilisée par ta commande. “t’es sûr de toi ?” t’as jamais testé ce mélange jairo, une grande première pour une situation toute aussi inédite. t’as eu beau faire le malin tout à l’heure, tu passes généralement la même commande toi aussi. varies à l’occasion sans prendre trop d’risques, par des modifications légères. “pas du tout. mais bon c’pas grave, c’est pas moi qui vais l’boire. pour moi ce s’ra le classique.” tu t’marres pendant qu’elle se livre à un roulement d’yeux dans les orbites. ça va, au mieux l’expérience est un succès auquel tu pourras goûter et au pire, il recrache. “avec un cookie noisettes.” elle griffonne, disparaît en cuisine pour transmettre les informations. tu fais demi-tour, prends de nouveau place sur la banquette en face de lui en attendant que la serveuse rapporte ta commande. “c’quoi ton nom du coup ? t’as une gueule de dylan, c’comme ça que je t’appelle depuis trois semaines.” tu débites les mots sans faire gaffe, persuadé qu’il peut t’entendre. c’est qu’il a bien répondu la première fois.
@Ariel Ortiz
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Après moi, le déluge.
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Depuis qu’il venait prendre son café dans cet établissement, c’était bien la première fois qu’une personne venait engager la conversation avec lui. Ariel n’allait pas s’en plaindre. Il était du genre sociable et faire de nouvelles connaissances était toujours quelque chose d’appréciable. Et puis, le gars en face de lui avait l’air plutôt cool et sympa. D’ailleurs, le jeune athlète ne mit pas longtemps avant d’accepter son invitation à vivre une petite fantaisie. Il l’avait observé depuis quelques jours voire semaines, il n’y avait aucun doute là-dessus. Il avait donc pu se rendre compte qu’il prenait toujours la même chose. Il voulait lui faire vivre une nouvelle expérience gustative. D’ailleurs, le jeune Ortiz en avait profité pour répondre à cette petite provocation en lui demandant s’il comptait changer la viennoiserie qu’il prenait au petit-déjeuner. En l’attendant, il avait sorti son téléphone pour se connecter sur une application de rencontres. Il ne se cachait pas et assumait son homosexualité. La commande ne fut pas si longue que ça, le garçon savait parfaitement ce qu’il voulait pour le surprendre. Une fois de retour à la table d’Ariel, il n’avait pu s’empêcher d’être curieux, il lui avait donné un petit conseil en écrivant deux mots soulignés d’un trait sec : « mauvais coup ». Ortiz ne put s’empêcher de rire face à cette remarque, rangeant finalement son téléphone.
– Merci pour l’info !
Il était revenu assez vite, il n’y avait à présent plus qu’à attendre que la commande arrive. En attendant, il avait repris la parole pour rendre cette rencontre plus officielle. Il lui demanda donc rapidement son prénom. Son instinct n’était pas très bon puisqu’il s’était planté quant au sobriquet choisi par ses parents. Mais ce n’était pas si grave. Ariel reprit donc son carnet pour griffonner à nouveau dessus.
– Râté ! Je m’appelle Ariel et toi ?
Le jeune homme avait souri, impatient d’apprendre son prénom. En tout cas, Ariel avait vu juste, il l’avait observé depuis quelques temps maintenant. Il aurait pu prendre peur, mais il n’en fut rien. Il fallait dire que son sourire calé sur sa gueule carrée le rendait agréable. Et puis, il ne risquait rien en étant dans un café à cette heure matinale. Mais il ne put s’empêcher de lui poser cette question.
– Et pourquoi donc m’observer depuis trois semaines ? T’as flashé sur moi ?
Petit sourire mesquin et un air narquois. Après tout, Ariel pouvait bien le taquiner.
@Jairo Kleeman