(( Investigation )) Ft. Jairo

tw : langage vulgaire. macchabé.

((ootd )) + Octobre 2023 - Contrairement à ce que l’on avait tendance à songer, Jay n’était pas passionné par le travail qu’il effectuait, c’était simplement l’unique chose qui lui permettait de ne pas se perdre dans des pensées néfastes. Lorsqu’il travaillait, il ne réfléchissait à rien d’autre qu’à l’affaire sur laquelle il était, son esprit était occupé mais aussi, c’était vrai, il souhaitait enfermer toutes ces vermines qui couraient dans les rues, les empêcher de commettre l’irréparable une nouvelle fois. Il n’était pas un héros, il ne le serait jamais, toutefois s’il pouvait sauver une potentielle future victime, en arrêtant le meurtrier présumé, il se démènerait toujours pour l’attraper. Ce n’était pas simple, il l’admettait, tout comme retrouver un énième corps sans vie n’était jamais une partie de plaisir, malgré le manque d’expression qu’il affichait souvent. Hors, la plupart du temps, il bouillonnait de l’intérieur, ça lui mettait la rage au ventre et le rendait furieux, parce qu’il ne comprenait pas - et ne comprendrait sûrement jamais - comment on pouvait commettre un acte aussi atroce. Et c’était la raison pour laquelle il ne lâchait pas cette affaire, puisqu’il n’était pas en mesure de se défaire de ses doutes, puisqu’il était certain que ces trois dossiers étaient liés, et que lorsqu’il songeait aux précédentes victimes, il ne pouvait pas rester les bras croisés. Jairo lui avait listé les déchets abandonnés dans sa poubelle et, oui, il s’était bien posé des questions sur sa capacité à se rappeler de détails aussi futiles - bien que sur l’instant, il s’était également demandé si le garçon racontait la vérité - hors résoudre l’enquête était plus important. Lui n’avait pas le temps pour des formalités futiles, pour se montrer poli ou dieu ne savait quoi d’autres, et tant pis si son attitude dérangeait ; lui s’en fichait.

Et le bourru de travail qu’il était n’avait pas quitté les lieux pour rentrer, il avait d’autres projets en tête et, même si cela n’avait rien de passionnant, il s’arrêta donc à plusieurs reprises, dans le but de fouiller les poubelles. Après tout, il n’avait pas interrogé le jeune Kleemann sur le contenu de sa poubelle, si c’était pour ne rien faire de ces informations. Certains diraient sûrement que Jay exagérait, qu’il en faisait trop, qu’il ne trouverait rien en se salissant les mains de la sorte néanmoins têtu, le détective de police ne désespérait pas. Sans détermination, évidemment qu’il n’arriverait à rien, hors c’était pourtant bien son entêtement qui l’avait conduit où il était à présent. Une voix résonna dans ses oreilles mais le garçon n’y accorda aucune attention, balançant à terre le magazine qu’il venait de sortir, puisque ce dernier ne lui apporterait pas grand-chose, si ce n’était des potins pour lesquels il n’avait pas d’intérêt. Concentré dans ses tâches, il fronça les sourcils à la vue de ce chat qui sauta dans le sac - sérieusement, comme si c’était le bon moment. Ni une ni deux, il l’attrapa par le cou avant de le reposer plus loin ; un geste qu’il réitéra plus d’une fois, non pas sans dommage. L’animal n’eut aucun scrupule à le mordre soudainement, visiblement pas d’accord avec les actions de l’officier. Une attaque qui, sous la surprise, le fit grimacer et l’empêcha de remarquer le doigt soigneusement volé par le dénommé M’sieur Moustache.

Sous l’exclamation du jeune homme, Jay détourna instinctivement ses iris en sa direction avant de reporter son attention sur le voleur, les pupilles légèrement écarquillées par ce qu’il tenait dans sa gueule. Non pas par dégoût - même si ce n’était jamais agréable à regarder - mais plus par peur de voir les preuves détruites à cause d’un stupide chat. Sans hésiter, il se redressa avant de se diriger vers le coupable, lui saisissant d’une main la peau de son cou tandis que, de l’autre, il faufila ses doigts aux extrémités de sa gueule, l’obligeant ainsi à ouvrir la mâchoire. Le morceau de chair s’écrasa ainsi sur le sol et lui n’attendit pas pour le ramasser, non pas sans avoir utilisé le tissu de ses vêtements, avant de le glisser dans une petite pochette plastique. Le garçon en face de lui paraissait bien pâle et, d’une certaine façon, Jay pouvait entièrement le comprendre. Lorsqu’on n’était pas habitué à croiser des morts régulièrement, que cela soit dans le milieu médical ou dans la police, c’était forcément choquant. « Vous allez bien ? » L’interrogea-t-il, après avoir rangé la preuve dans sa poche, les yeux rivés vers son interlocuteur. Il restait neutre cependant, en réalité, les pensées fusaient dans le fond de son être, parce qu’il était enfin parvenu à trouver quelque chose, parce qu’il se souvenait distinctement des victimes précédentes et de l’atrocité de leur mort, et que malgré tout, il était incapable de rester insensible face à tant d’horreur.