quand je serais chaos (reggie)

"Please, may everyone welcome the great... the magical... the pretty... the wonderful and only Miss Mizuno !"

Tonnerre d'applaudissements, dans le public et même devant certains écrans. Nelly Mizuno, nom d'emprunt de Sakura Mizuno, belle brune japonaise aux talons rouges et aux robes rosées, est un coucher de soleil sur tous les écrans japonais et américains. Animatrice d'une des émissions de téléshopping les plus connues des deux continents, elle rayonne sous les caméras, sous les projecteurs, le maquillage impeccable, la diction parfaite, les blagues à la fois douces, raffinées et pourtant populaires ; c'est bien simple, le monde entier des années 90 ne pourrait jurer que par Nelly Mizuno.
D'une main, elle chasse les fausses boucles brunes qui tombent en cascade de jais sur ses épaules ; de l'autre, elle adresse un signe. Les gamins assis à même le sol, attendant la rubrique jouets impatiemment - surtout en ces temps de Noël qui approche - rougiront, heureux d'imaginer que c'est à eux que Nelly fait un signe. La réalité est toute autre.

Assis, au milieu du public, les cheveux laqués et soigneusement coiffés, dans un costume trop grand pour lui rayé de bleu et de noir, qu'il faudra rendre à la fin de la journée - la location est déjà bien assez chère comme ça ! -, Reginald sourit à sa tante.
Nelly est son monde entier, Nelly sent les pétales de roses et la poire, et Nelly ne hurle jamais.
C'est bien différent de la maison.


"Please, may everyone welcome the wonderful... the fantastic... the extraordinary... the handsome and only Mister Reggie Mizuno !"

Il s'est fait une cape de sa couette, gamin qui s'agite dans sa chambre. Le poste radio qui diffuse une musique pop du moment, pas tout à fait le rêve comme jingle d'entrée dans l'émission fictive qu'il a inventé... Mais au moins, ça cache les bruits. Reginald n'entend presque plus les cris, en bas. Papa et Maman qui se disputent, encore et toujours. Il ne sait même plus de quoi c'est parti cette fois. Probablement d'une bêtise ; ils se chamaillent toujours pour des bêtises. Enfin, ils se chamaillaient. Désormais, tout a changé ; les insultes sont plus vicieuses, plus brûlantes, et Reggie le voit sur les joues de sa mère, sur les yeux de son père. Ils se font du mal : pire, ils jouent à se faire du mal, et ça leur fait du bien. C'est malsain, lui a glissé un jour Nelly. Mais toi et moi ce sera toujours différent.

Menteuse. Sakura ne lui fait plus de chocolat chaud, Sakura ne joue plus avec lui à construire des boutiques en Lego. Sakura ne lui offre même plus un mot ou un sourire ; Nelly est partie faire carrière en Europe, animer une chaîne entière de téléshopping. Elle s'était déjà déracinée, les avait entraînés dans sa course, le reste des Mizuno, avait vu en la naissance de Reggie (c'est trop américain, Kioshi, on sait que tu veux intégrer ton fils mais quand même...) un présage du résultat de leurs meilleurs choix. L'Amérique avait ouvert ses bras, les avait tous enlacé, et Sakura devenue Nelly rayonnait.

Kioshi Mizuno et Naoko Mizuno, née Iwamoto Naoko, avaient eu moins de chance. Moins de soleil. Rapidement, ils s'étaient renfrognés. Puis avaient fait subir mille changements d'éducation au gamin ; tantôt stricts, tantôt absents, ils lui ont appris à se balancer sur un pied, et surtout à ne jamais trop se confier sur les sentiments. Pas de je t'aime moms, encore moins de je t'aime pops, l'amour était banni du foyer ; même eux ne s'embrassaient plus le matin, ne dormaient plus ensemble.


"Ayo, Keith."

L'air fatigué, les cernes qui s'allongent, boutique de tapis bleutés sous les paupières. Les années passent, les cris continuent, les insomnies s'étalent et les cauchemars ont disparu. Reginald a quatorze ans, maintenant ; de maison, il n'en a plus vraiment. S'estime à la fois pensionnaire des parents Jackson, à la fois obligé de rendre compte à ses parents à lui. Ils ne s'inquiètent jamais, mais trouvent toujours une remarque pour percer le coeur. Quand Reginald a avoué à son père qu'il ne voulait pas partir dans une carrière comptable comme lui, la main s'est levée. Le ton s'est durci, et il a compris. Tu n'auras pas le choix, Reggie.

Pas le choix, il s'y fait. Sa vie s'organise autour du reste. Le skate, la pâtisserie du bout de la rue, les soirées avec Keith, les journées avec Keith. Meilleur ami ultra-fusionnel depuis des années maintenant. Ils ne se perdent jamais de vue plus de deux jours d'affilée, et c'est entre les murs des Jackson que Reginald trouve son salut, son repos. Keith est le premier à savoir pour les garçons aimés. Keith est le premier à qui il raconte secrets, conquêtes, découvertes, expérimentations. Keith en rit, Keith réconforte, Keith enrage, et c'est leur amitié qui se charge de toutes les nuances imaginables.

L'université vient, et Mizuno s'inscrit à Columbia, pour suivre un cursus de comptabilité à la demande de son père. Keith n'est pas avec lui, mais les campus sont proches, et eux encore plus ; les secrets continuent de se distiller, et si chacun commence à vivre soirées et amitiés de son côté, ils se perdent peu de vue. Un jour, une dispute éclate, et c'est aussi intense que leur amitié, ça fleurit de roses qui piquent et ont germé pendant des années. Ça leur fait du mal, à tous les deux. Ça les éloigne un temps, et le manque de son ami, Reggie pense en dépérir.

Puis Keith revient. Keith est de nouveau là, fondation de l'univers entier, frère d'âme, frère adoré, et peu importe les secrets, peu importe les curieux regards des parents qui se sont rencontrés, Keith et Reggie se sont fait des serments, gamins, et il faut les tenir.

Keith ne dit même rien quand, trois ans après sa prise de poste en tant que comptable d'une grande confiserie, Reggie plaque tout. Il est honteux, il n'ose pas en parler autour de lui, son père lui fait la morale, lui demande de ne plus jamais revenir. Tu es la honte de la famille. Il l'entend, en souffre davantage, et pourtant lui se sent heureux, s'éclate dans un métier qu'il trouve tout aussi noble, si ce n'est plus ; chocolatier au sein de la même entreprise dont il avait géré les chiffres, Reginald pour la première fois s'est séparé du stress. Reginald n'a plus de pensées noires. Reginald n'est plus écrasé sous la tension que le regard des autres faisaient naître. En atelier, lui s'éclate, lui crée, lui sourit. Et tant pis si ça déplaît aux autres ; il a toujours été doué pour cacher les murmures.

psychedelic mandala les apparences épousées par le passé / détaché de ce qu'il renvoie, grand calme, rat de bibliothèque, séducteur invétéré qui se calme depuis l'homme cacaoté, avatar d'Hélios, aura bain de soleil, sensibilité inouïe, haut potentiel intellectuel, sweet but ferm, proud, passionné, aux clubs préfère les bars tamisés, anémoi d'onirisme, geek (street fighter addict, animal crossing-typed quarantine, MMORPG boyfriend), ravenclaw, harry potter lover, faiblesse sucrerie.