Sang écarlate (Ali)

Né Alison.
Allison vient du prénom germanique Adalhaid, composé de « adal » qui signifie « noble » et de « haid » qui veut dire « lande » ou « combat ».
C'était une guerre pourtant perdue d'avance mais l'enfant qu'il était ne pouvait pas le comprendre, lorsqu'il a entendu la détonation à l'extérieur du pavillon dans lequel ils habitaient, ses parents et lui, et que sa mère l'a attrapé par la main pour le conduire à l'étage. Guerre qui commençait, souffle d'horreur. La penderie pour cercueil alors que les persiennes serviront de mirador au spectacle qui se dessine. Une mère démunie qui hurle, lève les mains pour protéger son visage tandis qu'une lame s'enfonce déjà dans l'abdomen. Tout se déroule avec une atroce rapidité pour des images imprimées à vie sous les paupières du môme qui, pas une seule fois depuis trente ans, n'oubliera le visage de ceux qui lui ont arraché ce qu'il avait de plus cher au monde. Il devait être le prochain mais la sirène hurlante dans la rue voisine aura raison des agresseurs qui s'évanouiront dans l'ombre d'une nuit d'encre sans qu'on ne les retrouve jamais.
Orphelin après l'âge. A une époque où les gamins d'dix ans n'ont pas la côte et où on leur préfère les nouveaux nés. Il y passera deux ans, dans cet orphelinat disgracieux de la Nouvelle-Orléans. Pas les plus belles années de sa vie, avec du recul. Les images qui le hantent la nuit et l'absence d'intérêts que lui portent ces parfaits inconnus ne font qu'accentuer chez l'gamin des troubles post-traumatiques dont il ne parviendra jamais à se défaire. Vérifier trois fois que les serrures sont verrouillées, toujours regarder par-dessus son épaule lorsqu'il marche ou n'ouvrir son coeur à personne sont autant de stigmates qui marqueront ses jeunes années jusqu'à le poursuivre, aujourd'hui encore.
Adopté à l'âge de treize ans par un couple dysfonctionnel qui aura réussi à passer entre les mailles d'un systèmes mal fichus. Enfant de parents divorcés un an plus tard, quittant la Nouvelle-Orléans pour New York sans avoir son mot à dire en compagnie d'une mère déchirée par l'envie de ramener le gosse à l'orphelinat et celui de continuer à l'élever. Amour pernicieux qui ne se distribue qu'à grands renforts de reproches. Enfant esclave d'une mère tyrannique qui le déteste pour tout ce qu'il représente mais l'aime pour tout ce qu'il ne sera jamais. Duo malhabile tout aussi dysfonctionnel que touchant. L'môme grandit, passe la seconde atteint la vingtaine sans jamais prendre le temps de soigner les maux.
Carnets gribouillés à l'encre bleue, des visages qu'il n'oublie pas et qu'il s'impose. Le dessin qu'on lui prête comme une passion alors qu'elle n'est que le réflexe symbolique d'un trauma tatoué sur sa peau. Dessiner pour se rappeler. Dans l'ombre d'une adolescence absente partagée entre mutisme et uniforme dévotion à mère, la vengeance, elle aussi, se dessine lentement.

Devenu Ali.
Allison vient du prénom germanique Adalhaid, composé de « adal » qui signifie « noble » et de « haid » qui veut dire « lande » ou « combat ».
Peut-être que ç'aurait été plus logique de ne garder que -Son finalement car de noble, il ne lui reste plus rien. Alors que la vingtaine s'encanaille et que les autres font la fête, il retrace l'histoire, en remonte les fils et commence à comprendre. Il voit les zones d'ombres, il apprend l'histoire de sa propre famille et comprend les motivations, les desseins et son tragique destin. Parents tués, vies arrachées pour avoir été témoins d'une affaire qui dépasse l'entendement. Parents qui s'étaient vus s'offrir l'opportunité du programme de protection des témoins mais qui l'ont poliment refusé pour ne pas déraciner leur enfant et lui arracher le peu de souvenirs qu'il nourrissait du haut de ses dix ans.
Tout ça, il le découvre sur le tard.
Ecole de police entamée, diplôme presque obtenu alors que s'ouvrent devant lui les portes de la connaissance. La famille Doe, le dossier retrouvé dans les archives et les connexions qui s'entament et se dessinent. La famille Dante comme bourreau, les profils sombres d'une dynastie perfide. La guerre reprend de plus belle. Alors à sa carrière, il abandonne tout. Les sentiments sont arrêtés, le coeur est mis sur pause. Dix ans s'esquissent sans que personne ne puisse vraiment l'approcher. L'ours mal lêché, celui-là même qui gravite très vite autour des plus hautes sphères de ce Monde. Garde rapprochée, sans doute téméraire mais volontaire et ambitieux. Il se bat, aiguise les armes pour obtenir gain de cause.
Vingt ans déjà qu'il attend, qu'il patiente.
Lieutenant de police affirmé et consciencieux. Homme intelligent, coeur pur mais brisé. Mère meurt dans l'absolu silence, tombe qui glisse dans le terreau d'un cimetière isolé avec lui pour seule compagnie. Il ne pleure pas, n'a pas versé une larme depuis ses dix ans. Fort, robuste, fier combattant dressé sur ses deux pieds. Alors quand il rencontre Fitzgerald, il sait ce qu'il lui reste à faire. S'approcher d'un Dante, c'est envahir les troupes ennemies. Flic sous couverture dans l'ombre d'une affaire qui n'existe pas. Tous ignore ses plans, ses envies de vengeance. La famille Doe n'existe plus depuis longtemps. Seul contre tous, depuis toujours. Trente ans se sont écoulés et il n'a jamais oublié, n'oubliera jamais.
Les étoiles se sont éteintes mais pas la galaxie.
S'il doit attendre encore trente ans pour obtenir justice, il patientera.
De lui, ce qu'on retiendra, c'est son ténacité...